Le bleu de la polémique
Immanquablement, toute période entourant un match de l'équipe nationale s'accompagne de son lots d'habituelles polémiques: procès du sélectionneur et surtout de sa sélection, critique de la date (...)
Auteur : Jamel Attal
le 29 Fev 2000
Immanquablement, toute période entourant un match de l'équipe nationale s'accompagne de son lots d'habituelles polémiques: procès du sélectionneur et surtout de sa sélection, critique de la date… Beaucoup de bruit pour rien, seule la pelouse méritant de si mauvais traitements.
Si les dates des matches internationaux tombent toujours mal, privant les joueurs de véritables stages productifs (comme l'a justement fait remarquer Laurent Blanc), c'est d'abord à cause de calendriers nationaux et européens de plus en plus encombrés et de clubs de plus en plus gourmands (c'est-à-dire de moins en moins tolérants avec les sélections). On ne peut qu'espérer que la FIFA puisse faire avancer son chantier de l'harmonisation sans trop céder aux intérêts ambiants.
Le plus éternel des sujets de polémique découle de la composition de la sélection, ou plutôt des sélections nationales: espoirs, A' et A dessinent une hiérarchie symbolique porteuse de nombreux conflits. Il y a toujours des déçus, auprès desquels les journalistes vont accourir pour recueillir la première pression de leur amertume. Et dans les clubs, chacun y va de sa liste de prétendants scandaleusement ignorés ou sous-estimés, les coéquipiers et les dirigeants prennent leur défense, les supporters locaux s'offusquent, des complots sont suggérés.
Ces frustrations soigneusement stimulées sont actuellement renforcées par l'existence d'un groupe des champions du monde, qui réduit logiquement les chances de mobilité. En des temps récents, l'équipe nationale était en reconstruction permanente, ce qui facilitait les essais; aujourd'hui, les places sont plus chères, et les "hommes en forme" des trois derniers mois s'accumulent au portillon. Il y a évidemment bien plus d'une vingtaine de joueurs qui peuvent légitimement prétendre au maillot bleu, c'est bien le drame, et les sélectionneurs n'ont pas fini de s'entendre reprocher qu'ils n'ont pas retenu tous les "meilleurs joueurs". Comme le rappelait Emmanuel Petit, le but n'est pas de prendre les meilleurs joueurs mais de composer la meilleure équipe. Le parcours des Bleus en 98 n'a visiblement pas suffi à en faire une évidence.