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Le foot langui sous Roche

La Roche-sur-Yon, chef lieu de la Vendée, rêve de devenir une place forte du football. Elle possède un joli stade mais son équipe peine à retrouver l’ambiance des folles soirées de D2 dans les années 1980.

Auteur : Richard Coudrais le 13 Sept 2018

 

 

Le stade Henri-Desgrange ne manque pas de surprendre le promeneur quand il flâne dans les rues de La Roche-sur-Yon. Une immense tribune à deux niveaux s’élève jusqu’au ciel et donne à croire, vu de l’extérieur, qu’un club immense y a élu domicile.

 

 

À l’intérieur, la tribune majestueuse fait face à une autre, toute petite, certainement un vestige d’une autre époque. Autour de la pelouse se love une piste de vélodrome qui donne certes la réponse au pourquoi du nom du stade, mais éloigne le public des choses du terrain. La grande tribune a été érigée en 2004 et avait porté la capacité de l’enceinte à 9.000 places. Le projet avait pour objectif de relancer le foot dans la ville de Napoléon. Malheureusement, la Roche Vendée Football est toujours, en 2018/19, en National 3, cinquième niveau du football français.

 

 

Old Firm sur Yon

Pourtant, la Vendée est une terre de foot et son chef-lieu a connu de belles heures, notamment avec la rivalité qui opposait les Rouges du FC Yonnais aux Bleus de l'AEPB. Le premier a vu le jour dès 1932 et a élu très tôt domicile au stade Desgrange. Le second est créé après la guerre, en 1947, dans un village voisin, le Bourg-sous-la-Roche. Au cours des années soixante, ce village est absorbé par la grande ville et en devient un quartier [1]. Ainsi, à l’instar d’autres villes moyennes comme Vannes ou la napoléonienne Ajaccio, La Roche-sur-Yon (45.000 habitants dans les années 1970-80) abrite deux clubs de haut niveau amateur.

 

C’est en 1975, le jour de la Toussaint, que les rivaux se rencontrent pour la première fois. 4.000 spectateurs sont entassés dans le petit stade Eugène Ferré du Bourg-sous-la-Roche pour une rencontre de Division d’Honneur remportée par le FCY (1-0), but sur penalty de Jean-François Gautron.

 

En dépit de cette défaite, l’AEP Bourg accède à la troisième division à la fin de cette saison 1975/76. Le FC Yonnais le suit un an plus tard et, durant une décennie, les deux clubs se disputent le leadership du foot vendéen sur les terrains du groupe Centre-Ouest de la D3. Cette rivalité est plutôt saine puisque les deux clubs terminent souvent ensemble en première partie de tableau. En 1983, le FC Yonnais se classe deuxième derrière la réserve du Toulouse FC. C’est le ticket pour la deuxième division.

 

 

L’OM et Saint-Étienne mordent la poussière

L’aventure de la D2 démarre dans l’euphorie. Pour le premier match à domicile, le 30 juillet 1983, les Yonnais reçoivent l’Olympique de Marseille, qu’ils surclassent 2-0, buts de Pasquereau et Founini sur penalty. L’exploit n’est pas mince puisque cet OM des Bracci, Rubio, Boubacar, Olarevic et autres Pascal ne concèdera qu’une seule autre défaite au cours de la saison, et terminera en tête pour retrouver l’élite.

 

Le FC Yonnais terminera en revanche à une 17e place synonyme de relégation. Malgré onze victoires, l’aventure est déjà terminée. La D2 reste toutefois à la Roche puisque l'AEP Bourg vient d’accrocher l’accession. Comme son rival un an plus tôt, l’AEPB a terminé deuxième derrière la réserve du TFC. Si le FCY s’est payé l’OM, l’AEPB s’offre son gros morceau de début de saison, l’AS Saint-Étienne, tout juste relégué. Ce 26 août 1984, devant 10.144 spectateurs, les hommes de Christian Letard s’imposent 2-1 (deux buts de Philippe Bausson) face aux Castaneda, Oleksiak et autres Roger Milla. Mais le parcours de l’AEPB est tellement similaire à celui du FCY un an plus tôt que les Bourgadins terminent également à la 17e place. C’est le retour en D3.

 

 

Fusion sans effusion

Contrairement au FC Yonnais, l'AEPB ne reste pas longtemps à l’étage inférieur. Il obtient une nouvelle accession dès 1986. Le club bourgadin assure cette fois son maintien et signe un long bail dans l’antichambre de l’élite. Disposant de peu de moyens, incapable d’attirer un grand nom même en semi-retraite, l’AEPB occupe souvent le bas de tableau, arrachant son maintien d’un petit point (1987/88) ou étant repêché à cause de la faillite d’un concurrent direct (1988/89).

 

En 1989, la municipalité yonnaise propose de fusionner les frères ennemis. L’AEPB absorbe le FCY et devient La Roche Vendée Football. Un mariage arrangé qui n’apporte rien de significatif sur le plan sportif. La Roche VF reste sur le fil du rasoir et se bat chaque année pour assurer son maintien.

 

 

 

En 1992/93, l’ancien international François Bracci succède à Jean-Paul Rabier à la tête de l’équipe. Un grand nom qui déçoit très vite. L’équipe vendéenne perd ses sept premières rencontres dans un contexte où chaque point compte un peu plus que d’habitude. La deuxième division procède en effet à un sévère écrémage pour passer de deux groupes à un seul. Ainsi, pas moins de quatorze clubs (sept par groupe) sont relégués en fin de saison. Une montagne de trop pour la Roche VF qui n’a remporté que trois petites victoires en tout et pour tout. C’est le début d’une longue dégringolade d'une formation qui se retrouve finalement en DH en 2007. Et qui, après un récent sursaut de quatre saisons de CFA2, se retrouve de nouveau aujourd’hui en Nationale 3.

 

 

Vendée terre de foot ?

Ils sont nombreux aujourd’hui à regretter la fusion de 1989, nécessaire aux yeux des politiques, mais qui n’a finalement apporté aucun bénéfice sur le plan sportif. Le FC Yonnais et l’AEP Bourg ont grandi dans une rivalité qui était leur moteur. La Roche VF d’aujourd’hui manque d’émulation. Ce ne sont pas les bons clubs susceptibles de s’ériger en rivaux qui manquent en Vendée. Notamment Les Herbiers, équipe de National 2 qui a défrayé la chronique en 2018 en atteignant la finale de la Coupe de France 2018. Mais aussi Le Poiré-sur-Vie et Luçon, même s’ils ont dû déposer le bilan, respectivement en 2015 et 2016.

 

Le stade lui-même est aussi un motif de déception. Il est né de quelques hésitations politiques qui souhaitaient à la fois un beau stade pour le foot et le rugby, mais aussi un vélodrome dans une région qui aime beaucoup le cyclisme sur piste. Il ne satisfait finalement ni les amateurs de ballon (rond et ovale), ni les passionnés de vélo, qui ne voient que trop rarement leurs champions tourner sur la piste.

 

Récemment, une fusion avait été envisagée entre la Roche VF et le club de Luçon. Reverra-t-on un jour l’OM ou Saint-Étienne mordre la poussière à Henri-Desgrange?

 

 

[1] C’est en 1964 exactement que La Roche-sur-Yon absorbe le Bourg-sous-la-Roche, mais aussi la commune de Saint-André d’Ornay, fief de l’Etoile Sportive Ornaysienne dont la section féminine, créée en 1978, deviendra l’un des clubs majeurs du foot féminin en France. Il s’appelle aujourd’hui l’ESOFV La Roche-sur-Yon.

Réactions

  • RabbiJacob le 13/09/2018 à 12h36
    Merci pour ce joli papier. La référence au groupe centre-ouest de D3 du début des années 80 me rappelle quelques souvenirs d'enfance.

    La question de ces clubs qui fusionnent "contre-nature" est intéressante. J'ai l'impression qu'ici et là le succès est rarement au rendez-vous.

  • Toni Turek le 13/09/2018 à 12h45
    Début des années 90, on avait La Roche et Ancenis en D2. Toute une époque...

  • JeanBen le 13/09/2018 à 13h24
    Joli papier

    Juste une petite coquille :
    Et qui, après un récent sursaut de quatre saisons de CFA2, se retrouve de nouveau aujourd’hui en Nationale 3.

    C'est le même niveau CFA2 et National3, le 5è comme tu l'indiques au début du papier. Et c'est leur 6e saison à ce niveau il me semble (ils étaient là un an avant Le Mans). Et pour info, la première année du Mans en CFA2, ils sont tout proches de monter. Ils perdent la "finale" du groupe à Cholet lors de la dernière journée alors qu'une victoire les envoie en CFA.

  • Richard N le 13/09/2018 à 13h37
    Merci pour la précision JeanBen. Je savais qu'avec tous ces changements de noms, je finirai bien par me mélanger les pinceaux !

  • greenflo le 13/09/2018 à 13h43
    Le stade Henri-Desgrange, mes premières émotions de foot pro lors de ces fameuses saisons en D2. Je n'ai malheureusement pas du voir souvent une victoire des locaux à l'époque.
    C'était souvent un enfer l'hiver tant le stade était ouvert au 4 vents mais repartir avec une défaite et les orteils gelés, ca forme la jeunesse.

    Parmi les souvenirs éparpillés:
    -Un 32eme de finale de coupe de France perdu au TAB contre Toulouse, alors en L2, et ce dernier penalty raté par les locaux alors que tout le monde était déjà prêt à envahir le terrain.
    -Un derby contre Luçon (ou Fontenay, c'est un peu flou) en dernière journée du championnat de CFA qui aurait permis au locaux de monter, défaite 1-0. Le chemin du retour à se dire qu'il y aura forcément une autre occasion. On l'attend toujours...
    -L'inauguration de cette fameuse tribune, un France-Suède espoir en amical où Julien Faubert avait écœuré son vis à vis devant un stade archi-plein. Ce jour là, on était tous persuadés qu'il finirait au Real, et l'histoire nous a donné raison (mais on imaginait pas que ca se passerait comme ça).

    Parlons en de cette tribune, tellement incongrue dans ce stade totalement vétuste.
    A la base, si ma mémoire est bonne, le projet avait été monté par la gauche locale afin de torpiller le projet de la droite de construire un véritable nouveau stade ainsi qu'un vélodrome couvert.
    Les élections départementales ont donné raison à la gauche, et au final, c'est la rénovation de la tribune et la conservation de l'antique vélodrome qui a été planifiée.
    Le projet de la droite était probablement un gouffre financier sans nom: Le vélodrome couvert aurait peut être accueilli un championnat de France ou un championnat d'Europe et Basta. Quand au stade moderne , aurait il pu sauver la Roche VF?


    Juste au niveau émulation, il y a au niveau de la ville, une (petite) rivalité entre La Roche VF et l'ESO La Roche (enfin l'ESOFV désormais) , mais de mon temps, c'était surtout dans les équipes de jeunes que ça se chambrait gentiment. Les équipes premières se sont retrouvées dans la même division a quelques reprises ces dernières années suite au déclin de la Roche VF.

  • revlog le 13/09/2018 à 13h43
    Merci pour cet article.
    Effectivement je trouve la question des fusions de clubs intéressante, je pense que toutes les villes moyennes se sont un jour posé la question de la fusion de leurs clubs (en oubliant parfois que deux canards boiteux n'ont jamais fait un canard qui marche correctement)

    En Bretagne, beaucoup de villes comptaient deux clubs, souvent un laïc et le club de la paroisse, qui se détestaient cordialement. Les fusions ont souvent été houleuses, avec des dirigeants qui ne pouvaient pas se blairer (en mode tu as vendu un âne malade à mon cousin, on va se faire la guerre pendant des siècles)
    Ils ont été un peu contraints et forcés de travailler ensemble par les élus locaux. Avec les années et les tentatives successives, beaucoup de fusions ont dû finir par se faire, mais il reste encore des "petites" villes avec deux clubs à des niveaux plus que potables (Pontivy, 15000 habitants, avaient encore il y a quelques années, un club en CFA et un en CFA2)

    Bref je trouve cette question passionnante pour ce qu'elle soulève en matière de micro histoire des territoires (le foot n'étant finalement qu'un prétexte à quelque chose de plus large)

  • Ba Zenga le 17/09/2018 à 14h49
    Merci Richard pour ce nouveau joli reportage. Par contre, ce serait bien que tu arrêtes d'écrire des fictions qui racontent des défaites de l'OM, tout le monde sait pertinemment que c'est impossible!

  • Richard N le 17/09/2018 à 22h48
    @Ba Zenga
    Heureusement que je suis là pour en parler, de l'OM. C'est un club tellement sous-médiatisé que sans moi, tout le monde l'aurait déjà oublié...

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