Le PSG vaut un milliard (prix à débattre)
Minichro – Forbes estime que la valeur du PSG a progressé de 992% pour atteindre le milliard, des supporters s'en félicitent. Mais qu'est-ce que cela signifie?
La minichronique pose une question, elle n'y répond pas toujours et, à la fin, elle en pose une autre.
* * *
Le supportérisme est aussi devenu économique. Certains supporters se félicitent désormais des performances financières de leur club, voire en tirent un sentiment de fierté ou de supériorité. C'est du moins ce que suggèrent plusieurs réactions à la donnée très brute livrée par L'Observatoire du sport business.
D'autres attribuent une bonne note à la "gestion" par les dirigeants, surtout dans un contexte ingrat (la "Ligue des fermiers"). Attention à la magie des chiffres: +992% et la deuxième place d'un top 10 mondial, c'est spectaculaire, mais il faut se demander ce que ce chiffre veut dire.
On parle de valorisation, c'est-à-dire de l'estimation d'une valeur théorique de l'entreprise. Presque un milliard d'euros, selon Forbes et sa méthodologie particulière – qui peut être discutée, et ne produit… qu'une estimation. D'un club comme d'un joueur, on sait ce qu'il vaut seulement au moment où il est vendu.
Si la progression de la valeur du PSG depuis 2012 est indiscutable, il faut la pondérer. Cette valeur était au plus bas au moment de la reprise par QSI (pour 70 millions d'euros). Et ce top n'est pas celui des valorisations elles-mêmes: sur ce plan, le club n'apparaît pas dans le top 50 publié par Forbes l'an dernier.
La cause première de cette progression est, bien sûr, l'injection massive de liquidités par l'actionnaire. La quatrième place de Manchester City, seule autre équipe de football, seule autre marque non-américaine dans ce top 10, n'est pas un hasard: City et le PSG sont aussi en tête des dépenses en transferts entre 2008 et 2018.
Ces investissements ont enclenché un cercle vertueux. Le recrutement d'un effectif de très haut niveau, avec des stars internationales, et l'exposition qui en résulte ont permis d'augmenter les revenus (billetterie, sponsoring, marketing, etc.), d'investir dans l'effectif, de développer les infrastructures. Donc de "valoriser" l'entreprise.
Les principaux objectifs économiques sont atteints, la "marque" PSG est devenue mondiale. Même si la croissance des recettes est moins forte depuis 2014, elle a permis de gérer les contraintes du fair-play financier et de réduire la part des sponsors liés à l'État du Qatar.
Il faudrait toutefois consulter bien d'autres indicateurs pour évaluer la performance économique réelle des dirigeants, en regard des moyens. On peut dire, a minima, que PSG a bien géré sa nouvelle richesse.
Au-delà de l'économie, la question devient: a-t-il tiré de sa puissance financière des bénéfices sportifs à la hauteur de ses investissements? Pour y répondre, les données ne sont cette fois pas très utiles. Chacun peut livrer son estimation.