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« L'époque de la VHS de foot n'a duré que quelques années »

Il a produit les légendaires cassettes vidéo L'Épopée des Verts, Les Années Platini et Le Foot en folie. Hervé Resse raconte l'ère de la VHS. 

Auteur : Christophe Zemmour et Richard Coudrais le 3 Mai 2023

 

Il a été l'un de ceux qui ont réagi le plus chaleureusement à notre récent article sur les VHS de football. Lui, c'est Hervé Resse, producteur de nombre de ces cassettes vidéo, pour Virgin puis TF1. Rendez-vous fut pris pour qu'il rembobine son parcours et recale les images.

 

 

Qu'est-ce qui vous a amené à faire des cassettes vidéo de football ?

C'est une passion d'enfance qui venait de loin, quand j'avais découvert Pelé lors de la Coupe du monde 1970. J'avais douze ans et comme tous les gosses, j'étais ébloui. J'étais le plus mauvais joueur de foot de mon lycée, celui qu'on prenait en dernier ou qu'on mettait dans les buts pour limiter la casse. J'avais de bons copains et j'étais un passionné de foot. Ma mère me disait : "Arrête, c'est pas le football qui te nourrira plus tard." C'est pourtant grâce à ce sport que j'ai gagné le plus d'argent dans ma vie (rires).

Plus tard, vous travaillez comme psychologue à l'Éducation nationale. C'était assez éloigné du football...

J'ai remporté un jeu télé grâce à mon excellente mémoire et parce qu'il y avait de nombreuses questions sur le Mundial 1970. Je me suis dit que je pouvais mieux gagner ma vie grâce à ça. J'ai été embauché dans une boîte de production pour écrire les questions des émissions "Star Quizz" et "Sport Quizz" sur Canal+. Par un concours de circonstances, j'ai été amené à commenter une cassette vidéo sur les JO de Séoul en 1988. Je suis devenu pote avec Frédéric Winkler, le directeur de Virgin Video, qui faisait déjà des cassettes de foot en Angleterre, des séries sur "Les plus grands joueurs", "Les plus beaux buts". Cela représentait dix à quinze fois le marché français. Ils ont décidé de lancer ça chez nous et j'en étais le commentateur : je ne faisais alors rien de plus qu'écrire et dire le texte en français. 

 

"J'assure à Patrick Le Lay que nous allons en vendre 40.000. Il s'en est vendu 130.000 en un mois !"

 

En mars 1993, Frédéric Winkler et vous êtes embauchés par TF1 Vidéo pour développer le football en cassettes. Le marché était porteur ?

Patrick Le Lay y croyait beaucoup. Lors d'un séminaire à Dinard avec toute l'équipe de TF1 Vidéo, je défends un projet sur lequel je travaille depuis trois ans, L'Épopée des Verts, notre bébé à Frédéric et moi. Le Lay vient nous voir et nous dit : "C'est bien beau votre projet, vous avez l'air de connaître le footballmais on est en 1993, c'est fini Saint-Étienne, c'est l'OM maintenant !" Je lui réponds que, justement, cette épopée des Verts, c'est la nostalgie : les gens n'avaient pas pu enregistrer les matches à l'époque, et d'autres ne les ont jamais vus. J'assure à Patrick que nous allons en vendre 40.000. Il s'en est vendu 130.000 en un mois ! Et, le même mois, 200.000 du Foot en folie. Le levier, puissant, c'était évidemment la publicité TF1 avant et après le match, pendant la mi-temps...

Vous avez profité d'un alignement des planètes : l'épopée des Verts, les années Platini en l'équipe de France, et ces années 1990 où les clubs français ont eu leurs meilleurs résultats en Coupes d'Europe. Avec, dans l'intervalle, l'arrivée de la VHS...

On trouvait déjà des cassettes de sport dans les années 1980, sauf que le contenu était catastrophique. Sur la Coupe de monde 1978, il y en avait où le gars filmait son écran de télé, sans avoir les droits ! Virgin et Polygram sentaient qu'il y avait un marché pour le "hors film", avec la musique et les comiques par exemple. C'était malheureusement un support de qualité médiocre et si on en vendait 5.000, on débouchait le champagne. Mais, à partir de la fin des années 1980, la demande s'est renforcée, à la fois parce que peu de matchesétaient diffusés à la télévision et qu'il y avait pas mal de nostalgie : la France ne se qualifie par pour les Coupes du monde 1990 et 1994, l'Euro 1992 est une déception Et puis les archives n'étaient pas très chères. J'ai eu la chance d'être à l'origine de l'achat des droits : mon travail, aidé par le service juridique de la chaîne, consistait à "nettoyer" les droits et faire en sorte que TF1 ne se retrouve pas avec une plainte pour piratage. 

L'offre télévisuelle de football était répartie entre TF1 et Canal+. Les droits d'exploitation étaient-ils plus accessibles ?

Cela dépendait vraiment des compétitions. La finale de 1993, la première estampillée "Ligue des champions", appartenait à un exploitant de l'UEFA et le reste des matches aux clubs qui recevaient. Je me suis donc débrouillé en réalisant deux cassettes distinctes. Pour Les Années Platini, il fallait mettre de la Coupe du monde, du championnat d'Italie, du championnat de France, de la Coupe de France avec autant de détenteurs de droits différents. Parfois, on préférait aller vers des dossiers plus simples, comme OM : Les années champion ! : il y avait un seul détenteur de droits qui travaillait pour Tapie, il faisait sa cassette et confiait sa distribution à TF1.

 

"Au-dessus de tout, je mets L'Épopée des Verts, parce que cela a été une vraie aventure."

 

Avec quelles maisons de production collaboriez-vous ?

C'est avec la société Gemka Production, qui appartenait à la fille de Serge Kampfprésident de Capgemini, que j'ai le plus travaillé, et réalisé Les Années Platini et Le Foot en folie. Grâce à un producteur, chez eux, nous avions pu contacter Michel Platini, qui était pourtant fâché avec la direction de TF1. La première fois que je le rencontre, dans son bureau aux Champs-Élysées, où il préparait déjà la Coupe du monde 1998, il me dit : "Ça me fend le cœur de bosser avec vous, mais j'espère que vous ne me décevrez pas." On a vendu 150.000 ou 160.000 exemplaires je crois, ç'a été un très gros succès.

Les Années Platini et Le Foot en folie ont été vos deux VHS les plus emblématiques de cette ère ?

Au-dessus de tout, je mets L'Épopée des Verts, parce que cela a été une vraie aventure, ne serait-ce que pour retrouver et numériser les archives, quand elles existaient. Surtout, au départ, Frédéric Winkler et moi avions tout le monde contre nous. Déjà, nous n'étions pas les premiers à avoir eu l'idée. Mais l'idée n'était pas le plus important, il fallait convaincre le club que c'était dans son intérêt, alors qu'il souffrait encore des conséquences de l'affaire de la caisse noire... Le président de l'époque, André Laurent, et son bras droit Philippe Koehl ont fini par dire : "C'est notre histoire, il faut se la réapproprier.Un hasard a fait qu'un responsable m'a présenté un réalisateur argentin, Jorge Dana, avec lequel nous avons commencé à travailler. Il partait en Argentine et avant même le premier montage, il revient avec une interview d'Osvaldo Piazza. 

 

 

Cette vidéo a beaucoup marqué ceux qui l'ont vue...

Aujourd'hui, sur les réseaux sociaux, il arrive que des gens m'interpellent à propos de L'Épopée. C'est comme ça que j'ai eu vent de votre article. Il y a cinq ou six ans, je rencontre une personne très sympa, non-voyante, qui me dit qu'il va au moins une fois par mois à Geoffroy-Guichard, alors qu'il habite à Paris. En rigolant, je lui parle de la cassette et il me répond : "Mais je l'ai vue dix fois !" Il y a six mois, il me met en contact avec des fans de Saint-Étienne. Certains m'ont demandé l'origine et le titre de la musique de fin, parce qu'ils en ont fait une chanson pour les tribunes, en collant des paroles ! Cette histoire m'a aussi permis de rencontrer Jean-Michel Larqué et surtout Thierry Roland, avec qui j'ai eu d'excellentes relations et qui m'a énormément aidé lorsque je suis arrivé à TF1.

 

"C'était toujours une joie de travailler avec Thierry Roland, il était gentil."

 

Vous avez collaboré plusieurs fois avec lui. 

Je suis assez fier de la vidéo Mes Coupes du monde, dans laquelle il racontait à Christian Jeanpierre ses souvenirs depuis sa première en 1962. À un moment, ce dernier lui demande : "Est-ce qu'il vous arrive de penser à votre départ pour la grande prairie, comme vous dites ? - Ah moi, c'est clair : ma mort idéale, je suis dans mon lit, je regarde un match de l'équipe de France de football. On gagne, je m'endors content et je ne me réveille pas." Thierry est mort la nuit qui a suivi le France-Ukraine de l'Euro 2012 C'était toujours une joie de travailler avec lui, il était gentil.

Avec quels autres journalistes de télévision de cette époque avez-vous travaillé ?

Avec ceux de TF1, Christian Jeanpierre, Hervé Mathoux, Yves Kupferminc... j'en oublie forcément. Mais je retiens particulièrement Jean-Philippe Lustyk, qui n'était pas que football, et avec qui je partage de sacrés souvenirs des JO. Lui, c'est le "passionné passionnant". Jean-Louis Moncet également, quel gentil personnage. C'était plus compliqué avec Frédéric Jaillant, parce que c'était le responsable du service. Je lui dois beaucoup sur Le Foot en folie, dont il avait eu idée,même si j'avais trouvé le titre. Il collectionnait toutes les archives marrantes, mais ça ne suffisait pas pour faire plus de trente minutes de film, il avait un peu surestimé le potentiel. Nous avions arrangé les choses en ajoutant,à la fin, des matches avec des scénarios incroyables. Chez Virgin, nous avons aussi fait un bêtisier néerlandais commenté par Patrick Bosso, alors tout jeune.

Qu'est-ce qui déterminait le succès commercial des cassettes ?

Le problème qui se posait était : faut-il acheter les droits des compétitions ? Si on gagne, tout va bien. Nous avions acquis les droits de l'Euro 1992, persuadés d'un bon parcours des Bleus. Pour l'édition 1996, nous avons acheté les droits européens afin de les vendre ensuite. Or le tournoi a été décevant...Nous n'avons même pas réussi à les revendre en Allemagne, alors qu'ils avaient remporté le tournoi. Après trois ans de réussite, c'était notre premier échec. Nous n'avons pas pu acheter les droits de la Coupe du monde 1998 et, sans que cela soit lié, j'ai quitté TF1 le soir du quart de finale. TF1 Vidéo a sorti une cassette de la finale, et Canal a publié le formidable Les Yeux dans les Bleus, qui a très bien marché parce que c'est une histoire complète avec un début, un milieu et une fin, comme L'Épopée des Verts ou Les Années Platini. Un truc incroyable, ç'a été France-Allemagne 1982, on en vendait tous les mois, on écoulait notre stock constamment, au moins jusqu'en 1992. C'était beaucoup pour un match que tout le monde avait vu, qui plus est une défaite.

 

"Je me demande encore comment un mec comme moi a pu entrer à TF1."

 

Certains projets sont-ils restés dans les cartons ?

J'avais rencontré Robert Budzynski à la Jonelière pour discuter d'une cassette sur le FC Nantes. Mais nous n'avons pas donné suite, estimant qu'il n'y avait pas assez de potentiel. C'était difficile, en dehors de Marseille et Saint-Étienne. La cassette des trente ans du PSG, à laquelle j'ai participé pour Canal+ Vidéo, nous n'en avons pas vendu des tonnes non plus. J'ai raté quelques opportunités, comme la cassette Papin Ballon d'Or, produite par la société d'Albert Cohen. Mon seul vrai regret, c'est un projet sur le RC Lens de 1998. J'avais rencontré le directeur général du club, mais nous n'en aurions vendu qu'à Lens, même s'il y avait une belle histoire. TF1 n'est pas une entreprise de charité... 

Il y a pourtant quelques belles éditions du championnat de France dans les années 1990, comme le doublé d'Auxerre en 1995-1996

Auxerre, c'est 30.000 habitants Nous avons quand même fait une cassette La Méthode Guy Roux, en tant que distributeurs. Je le rencontrais pour lui expliquer les détails. Il m'a reçu très gentiment et m'a offert une bouteille de Chablis pour s'excuser de ne pas pouvoir déjeuner avec moi : "Vous n'êtes pas venu pour rien." (rires) C'était un équilibre difficile à trouver. J'avais aussi pensé à faire des cassettes autour de l'Olympique lyonnais, mais le club s'était déjà organisé, il avait sa chaîne de télé. Les choses avaient déjà changé. Cette période VHS n'a duré que quelques années et l'arrivée du DVD a fait que l'intérêt commercial s'est déplacé vers les concerts, les comiques, les films et leurs ressorties avec une belle image et un son de qualité. Il y avait moins de place pour le foot. Même le double DVD Zinédine Zidane. Comme dans un rêve (2002), Canal+ n'en a pas beaucoup vendu. 

Que diriez-vous de cette époque de la VHS de foot, avec le recul ?

C'est une époque totalement révolue, assez sympathique... D'abord parce que c'est ce que j'ai fait de plus abouti, à titre personnel. Ça, c'est le côté émotionnel, les souvenirs que j'en ai. C'était tout de même extrêmement dur en termes de pression, surtout celle qu'on se met soi-même. Je me demande encore comment un mec comme moi a pu entrer à TF1. J'en garde plus de bons que de mauvais souvenirs. Je ne suis parti fâché avec personne. C'est une belle histoire professionnelle. En 1996, je vais au resto, à deux pas du Parc des Princes. En rentrant, je vois au fond une table où il y a, entre autresJean-François Domergue et Michel Platini. Je me dis que je ne vais pas aller l'embêter. À un moment, je sens deux mains sur mes épaules et j'entends : "Comment ça va, Hervé ?" Je me retourne, Michel Platini. J'étais tellement sous le choc que je n'ai pas su quoi dire pour le remercier et le présenter aux gens de la tablée. Moi qui ne suis personne, Michel Platini s'est déplacé pour venir me dire bonjour ! J'étais scotché. Voilà, ça c'est toute ma vie.

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LE FOOTBALL EN BANDE MAGNÉTISÉE

Réactions

  • Le Zouav le 03/05/2023 à 11h36
    Ah, cette cassette Les années Platini ...
    C'est des supers souvenirs de gosse. Je n'avais pas accès au foot à la télé ou au stade étant gamin, et cette cassette, je l'ai sacrément usé. Une partie des commentaires de match, des images et de la voix off est gravé dans ma mémoire.

    La star pour les copains à l'école, c'était zizou ou ronaldo.
    Moi, c'était platoche.

  • Milan de solitude le 04/05/2023 à 02h27
    Bel entretien. La passion transpire, les souvenirs jaillissent.
    Avant le règne de Youtube, j'ai beaucoup regardé la cassette sur la Coupe du monde 1998, la cassette sur l'Euro 2000 et le DVD sur les finales de Coupe d'Europe des clubs champions. C'était bien.

  • dugamaniac le 04/05/2023 à 13h57
    Exactement on sent un mec passionné, super agréable de lire et partager ses bons souvenirs

    Le foot en folie, on adorait avec les copains quand j'étais enfant, merci de l'avoir fait!

  • Sens de la dérision le 04/05/2023 à 15h40
    Tout est incroyable dans cette histoire, jusqu'à cette interview !

  • 12 mai 76 le 04/05/2023 à 18h29
    Alors la cassette des Verts est géniale. On y voit notamment à l’issue du match contre Bordeaux pour le 10 eme titre un grand benêt aux cheveux longs et au maillot vert qui fait l’intéressant derrière Platini et Lopez lorsqu’ils sont interviewés sur le terrain.
    Et malheureusement c’est moi. J’étais un des idiots qui ont envahi le terrain au coup de sifflet final, privant les joueurs d’un tour d’honneur qui leur revenait.
    Je m’en veux encore aujourd’hui.
    Super article en tout cas.

  • Ba Zenga le 05/05/2023 à 10h38
    Oui, c'est ce que je disais à Richard: on s'est fait un petit kiff en écrivant un article sur la nostalgie des VHS de foot et on se retrouve au final à interviewer le gars qui a produit ces cassettes! Comme quoi, la vie des fois.

  • Balthazar le 06/05/2023 à 00h44
    Très touchante, l'anecdote finale. Merci pour ce bel entretien.

  • Mangeur Vasqué le 07/05/2023 à 14h17
    Génial cet entretien eau fraîche, ainsi que l’article sur la cassette VHS. Superbe histoire que celle d’Hervé Resse. Un grand merci Christophe et Richard pour ces merveilleuses tranches de bonheur vintage et les photos !

    Je n’ai pas souvenir d'avoir visionné les cassettes VHS mentionnées (juste quelques bouts) mais j’ai tous ces souvenirs en tête. Il m’arrive encore parfois de mater mes cassettes VHS foot anglais/british, surtout pour des raisons de recherche. Mais mon magnéto Panasonic se fait vieux, il bugue sévère (niveau lecture). Je mate surtout des DVDs à l'occasion, foot anglais essentiellement.

    J’ai vu les Verts à l’entraînement au milieu des années 1970, en pleine épopée, à GG en plus. J'avais même causé à la copine de Rocheteau dans les tribunes ! Les ai vus deux fois, séances spéciales peut-être, je ne me souviens plus exactement mais c’était 2-3 ans avant l’arrivée de Platini (L'Étrat n’existait pas, en tout cas pas sous ce nom ou celui de Centre sportif Robert Herbin). Les clubs faisaient ça de temps en temps à l'époque je crois, entraînements ou décrassages en public au stade, certains clubs en tout cas.

    J’avais un oncle qui habitait Sainté, quartier Montreynaud. Il était policier, haïssait le football et se plaignait sans cesse d’être de service à GG… Il nous faisait rire avec ça, il mimait les spectateurs, qu'il n'appréciait guère... J’adorais quand on s’arrêtait tous les ans à Sainté ou parfois deux fois par an, Pâques et été, en route pour l’Espagne. Mes parents avaient un assez grand appart basique près de Barcelone, long balcon, 100 m de la mer... Acheté des clopeanuts vers 1974-75 à ma grand-mère franco-espagnole, qui leur avait bradé. Avant on allait en camping, petite caravane Digue, pour 5 personnes (!), qui je crois avait coûté 10 000 F. L'appart n'avait coûté à mes parents que le double. Putain, quand on voit les prix aujourd'hui on est vert qu'ils ne l'aient pas gardé... (revendu une misère absolue en urgence années 1980, divorce).

    Ça revient un peu j’ai l’impression ces entraînements de stade ouverts au public, payants ou gratuits. Je suis même allé voir les Mags deux fois s’entraîner à SJP, fin années 2000 et vers 2012… Gratos en plus, manquerait plus de devoir payer pour voir Sammy Ameobi lien se prendre un petit pont par un spectateur !

    Sammy est le petit frère de Shola lien). Le speaker du stade avait demandé si un spectateur voulait participer, bonne chambrée, environ 12 000. Le volontaire choisi était excellent et avait mis la misère à Sammy Ameobi dans un petit match de 30 mns disputé sur une moitié de terrain, côté où était regroupé le public, tribune Gallowgate, le Kop de SJP. C’était certes détendu et les joueurs ne forçaient pas, mais bon... Les supps Mags me faisaient beaucoup rire à l'époque en m'assurant que Sammy Ameobi allait tout casser. Haha, même en D3 à Bolton quelques années plus tard, il avait eu du mal à claquer 2 buts en 20 matchs...

    La première fois que les 2 Ameobi ont joué ensemble, vers 2011, je me souviens du chant "There's Only Two Ameobis". On voyait que Sammy n'y arriverait pas en PL mais les supps Mags y croyaient dur comme fer... C'était la première fois en 60 ans je crois bien que deux frangins étaient alignés ensemble en championnat sous la liquette Mag. La fois précédente il me semble que c'était les formidables frères chiliens Robledo, "George" (Jorge) et "Ted" (Eduardo), surtout Jorge, légende du club et meilleur buteur de D1 saison 1951-52 (33 buts).

    Première fois qu'un non-Britannique remportait cette récompense. Les non Britanniques et non-Irlandais ne pouvaient pas être recrutés par les clubs britanniques faut dire, sauf s'ils avaient vécu ET travaillé au Royaume-Uni au moins 5 ans (et les conditions d'obtention du permis étaient strictes), ce qui était le cas des Robledo (arrivés en Angleterre étant jeune et mère anglaise), ou s'ils étaient du Commonwealth (jusqu'en 1971 en tout cas, ensuite même traitement que les autres étrangers) ou cas exceptionnels (dérogations, ce qui fut le cas de Bert Trautmann).

    Cette loi anti-étrangers fut en vigueur de 1931 à 1978. La CEE déclara alors cette loi non conforme au droit CEE et la FA dut l'abolir, à contrecœur ("The English football authorities were found to be in breach of the rule on free movement required by the European Community (EC), which Britain had joined in 1973."). Abrogation qui permit, entre autres, aux paires Ossie Ardiles-Ricardo Villa et Arnold Mühren-Frans Thijssen de partir jouer Outre-Manche à partir de 1978, respectivement à Tottenham pour les Argentins et Ipswich Town pour les Néerlandais, sous Bobby Robson (1969-1982). Grand cru Ipswich à l'époque (un nom qui donnait du fil à retordre à Thierry Roland et aux gars d'Antenne 2 ! Et nous, collégiens, le nom nous faisait rire), t'avais aussi including Terry Butcher, feu Paul Mariner John Wark, puis Robson fut nommé sélectionneur des Trois Lions. Puis, côté français, Didier Six à Villa en 1984.

    Cette loi avait été approuvée avec enthousiasme en 1930 par la fédération anglaise et était entrée en vigueur un an plus tard. Bon article sur le sujet : lien, eg "By 1930 when the FA and the department of Labour were effectively banning the transfer of foreign players, the Alien Act of 1905 had been superseded by the Aliens Restriction Act 1914 and the Aliens Restriction (Amendment) Act 1919. The 1914 Act was brought in after the outbreak of World War I and obliged “foreign nationals to register with the police, enabled their deportation, and restricted where they could live“. This act was used to deal with those members of British Society deemed “enemy aliens” and in a somewhat grotesque twist of fate some 17,000 German, Austrian and other civilians were imprisoned during the course of the war in the grounds of the Alexandra Palace, the so-called “People’s Palace” managed under a Public Trust for the free use and recreation of the London public."

La revue des Cahiers du football