Maillot extérieur de l'équipe de France : le décryptage express
L'équipementier des Bleus a présenté sa dernière production. Une resucée des précédentes, qui continue à ressembler plus à un polo de minigolf qu'à un maillot de football. On a traduit le message du visuel officiel.
Dans un monde un peu moins grave, l'idée de la "marinière" aurait duré à peine plus longtemps qu'une première page du Parisien Magazine figurant Arnaud Montebourg en acheteur français. Mais chez les équipementiers sportifs, la pauvreté d'un gimmick n'empêche en rien sa déclinaison ad nauseam.
Succédant à Adidas, qui s'était livré à un jeu de massacre graphique sur le maillot de l'équipe de France, Nike avait surenchéri en commençant par supprimer... sa couleur traditionnelle. Depuis, les Bleus sont gris bleu. Le genre de liberté qu'aucune fédération majeure ne tolérerait pour son équipe nationale (lire, pour l'italienne, "L'Azur que rien ne délave"), mais sur laquelle la nôtre – peut-être embarrassée par le contrat exorbitant signé avec la marque américaine pour une équipe qui l'a fort peu justifié depuis – a fermé les yeux. Contre 43 millions d'euros annuels, l'équipementier peut s'offrir les fantaisies qu'il souhaite (pour un historique du maillot des Tricolores, voir le superbe visuel de Football Attic).
Arrivons à ce maillot extérieur présenté hier, qui reprend donc le motif de la rayure horizontale, cette fois en mode camaïeu pâlot. Prenant le relais des gars du marketing, les chefs de pub se sont comme à leur habitude emparé du produit pour l'habiller de fadaises. Le mot d'ordre visant à rendre les internationaux plus accessibles et plus humains n'était manifestement pas parvenu jusqu'à leurs oreilles, ils ont obéi à un dogme en vigueur depuis plusieurs années: le footballeur professionnel doit tirer la gueule et afficher une morgue invraisemblable, si possible en nous regardant de haut, les bras croisés. Bien vu: ce mélange d'arrogance et de bienveillance, c'est exactement ce que l'amateur de foot attend en ce moment.
Enfin, pas de suppositoire sans un bon enrobage. Et pas de publicité autour du sport sans son lot de philosophie de bazar, entre poster motivationnel et devise de Skyblog. Ayant probablement eu du mal à choisir entre leurs trouvailles, nos créatifs ont préféré tout mettre. Félicitations toutes particulières à l'auteur de "Nous risquerons tout. Ni plus, ni moins", dont on ne saura hélas s'il est stupide, ou s'il nous prend pour tels.
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