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Michel Hidalgo, un regard bleu

Michel Hidalgo a apporté au foot français son premier titre, le championnat d’Europe 1984, mais aussi un style de jeu et une audace entrés dans la légende. 

Auteur : Richard Coudrais le 26 Mars 2020

 

 

Dans les derniers instants du France-Portugal de Marseille en 1984, cette demi-finale de l’Euro arrachée au bout d’une prolongation de folie, il y a, juste après le but décisif marqué par les Français, cette image de Michel Platini qui se relève face au banc de touche après avoir été enseveli par ses coéquipiers.

 

On voit alors Michel Hidalgo s’approcher, lui donner une tape sur la joue et le laisser partir. Il y a, dans ce bref instant capté par les caméras de télévision, une intimité entre le sélectionneur et le capitaine qui ressemble à celle d’un père avec son fils.

 

Il y a surtout le visage de Michel Hidalgo, ce visage qu’on a souvent vu déformé par l’inquiétude, par les larmes, par la colère, mais qui jamais ne s’est départi de ce regard, cet incroyable regard empli de bienveillance.

 

 

 

 

L'humanité et l'audace

On évoque volontiers Michel Hidalgo comme un homme aux valeurs surannées, dont la vision du coaching, humain, joyeux, reposant sur l’intelligence des joueurs, n’aurait plus sa place aujourd’hui. C’est faire peu de cas des convictions qui l’habitaient quand il accéda au poste de sélectionneur, après trois ans d’observation comme adjoint de Stefan Kovacs.

 

Michel Hidalgo n’était pas juste un animateur sympa, ouvert, permissif, porteur d’une utopie footballistique, il était aussi un tacticien audacieux et un coach qui avait une bonne connaissance des hommes.

 

Il était aussi habité d’une certitude, celle que le football physique et défensif imposé aux Tricolores depuis plusieurs décennies ne correspondait pas aux footballeurs français, et qu’il était temps d’aborder les choses avec une autre mentalité, d’imposer – au-delà d’un système de jeu – un véritable style à la française.

 

Michel Hidalgo a bénéficié, pour mettre en place son projet, d’un contexte favorable. Il a pu placer sa barque bleue dans le sillage des Verts de Saint-Étienne et de l’engouement extraordinaire qui accompagnait leur épopée. Il a aussi vu arriver une génération brillante de footballeurs et un chef de file inestimable, Michel Platini.

 

Fernand Sastre, le président de la Fédération, avait assuré au sélectionneur qu’il le laisserait travailler sur la durée. Tout n’a pas été facile pour autant.

 


Coups de poker, coups de grâce

Si les premières années ont permis aux Bleus d’accomplir de notables progrès en se qualifiant pour la Coupe du monde 1978 en Argentine, l’équipe de France a ensuite connu une grosse période de doute entre 1979 et 1981 où elle échoua dans la qualification à l’Euro 1980, puis démarra très mal la campagne qualificative du Mondial 1982.

 

Curieusement, c’est dans cette période troublée que Michel Hidalgo fit preuve d’un cran rare. En avril 1981, les Bleus reçoivent au Parc une équipe belge invaincue dans ce qui est déjà le match de la dernière chance.

 

Alors que Michel Platini et Jean-François Larios sont forfaits, le sélectionneur propose une équipe résolument offensive avec trois attaquants (Soler, Rocheteau et Six) et trois joueurs offensifs dans l’entrejeu (Tigana, Genghini et Giresse).

 

On craint le pire lorsque les Belges ouvrent le score après cinq minutes, mais la suite est somptueuse. Les Français inspirés et entreprenants inscrivent trois buts avant la mi-temps, pour finalement l’emporter 3-2.

 

Sept mois plus tard, la situation est tout aussi critique lorsque les Bleus reçoivent les Pays-Bas au Parc des Princes, avec obligation de vaincre pour décrocher un ticket pour le mondial espagnol.

 

En dépit d’une pression grandissante, Michel Hidalgo renouvelle l’expérience avec trois attaquants (Rocheteau, Lacombe, Six) et un milieu de terrain composé de trois meneurs de jeu (Platini, Giresse et Genghini). Un nouveau coup de poker qui aboutira à la victoire des Français grâce à un coup franc de Michel Platini.

 


Magie du dernier carré

Lors de la Coupe du monde 1982, cette audace allait définitivement l’élever au titre de maître tacticien au service du beau jeu. Après la première rencontre de Bilbao, complètement ratée face à l’Angleterre, il reconduit dès le deuxième match contre le Koweït la formule des trois numéros 10 (Genghini, Giresse, Platini).

 

Hidalgo mise sur l’intelligence de chacun pour se répartir les tâches défensives selon le déroulement de la rencontre. Au deuxième tour, contre l’Autriche, l’indisponibilité de Platini permet à Tigana d’être titularisé.

 

Pour le match suivant, face à l’Irlande du Nord, Platini est rétabli, mais Hidalgo veut conserver Tigana, tout comme Giresse et Genghini. Ainsi naît le carré magique, qui restera l’œuvre majeure de Michel Hidalgo sur le plan tactique.

 

Au fil des années, le carré en question sera réaménagé en intégrant un élément plus défensif, Luis Fernandez, aux dépens de Bernard Genghini.

 

Et c’est à nouveau lorsqu’il est attendu au tournant, lors du France-Belgique de l’Euro 1984 à Nantes, que Michel Hidalgo tente un nouveau coup: le carré magique à cinq hommes. Genghini réintègre le milieu de terrain alors que Fernandez est décalé comme faux arrière latéral. Le résultat est magique, la France bat la Belgique 5-0.

 


Terminus bleu

Michel Hidalgo a toujours été animé par l’idée d’apporter un peu plus que ce pour quoi on l’a assigné. Sa carrière au Stade de Reims puis à l’AS Monaco s’était accompagnée d’un engagement au sein du jeune syndicat des footballeurs, l’UNFP, qu’il présida jusqu’en 1969.

 

Il s’est battu notamment sur le contrat à temps, mettant fin à "l’esclavage" (le mot est de Raymond Kopa) des footballeurs. Entraîneur, il apportait régulièrement son point de vue aux instances, bonifiant l’action de la Direction technique nationale mise en place par Georges Boulogne en 1970.

 

Lorsque la France se préparait à accueillir l’Euro 1984, il n’hésita pas à suggérer aux organisateurs quelques aménagements. Se rappelant combien il avait manqué de solutions à Séville, les règlements limitant à cinq les joueurs sur le banc, il obtint que les sélectionneurs disposent de l’ensemble des joueurs présélectionnés pour une phase finale.

 

Se souvenant aussi combien il lui avait semblé superflu de disputer un match pour la troisième place après la douloureuse élimination de 1982, il demanda que l’on supprime ce match de classement – disposition qui perdure aujourd'hui pour l'Euro.

 

La victoire de la France au Championnat d’Europe 1984 fut l’aboutissement de huit ans de travail à la tête des Bleus. C’est Hidalgo lui-même qui suggéra le nom de son successeur, Henri Michel, plus de deux ans avant son départ.

 

Plus tard, il avouera avoir regretté d’être parti avant le Mundial mexicain, véritable terminus de toute une génération. Peut-être Hidalgo aurait-il su gérer deux leaders à court de forme, ce que n’osa jamais faire son jeune successeur. Michel Hidalgo en aurait eu l’autorité et la légitimité. Et l’audace.

 


Lire l’interview de Michel Hidalgo (2012) sur le site Chroniques bleues.

 

 

 

Réactions

  • Ba Zenga le 26/03/2020 à 19h53
    Superbe hommage, merci Richard.

  • Milan de solitude le 26/03/2020 à 20h27
    Merci pour l'article.
    Comme je l'écrivais sur le fil des Bleus, Hidalgo a une place unique dans le cœur de tous les footeux français, même des jeunes.

  • 12 mai 76 le 26/03/2020 à 22h27
    Je me souviens aussi de son idée de titulariser le jeune Amoros au mundial 82 alors que les plus connus étaient légions. Il savait décider et prendre des risques sous son air si gentil.
    J’ai aimé ce sélectionneur venu tout doucement après Kovaks. Le foot français lui doit énormément, et même plus.

  • RabbiJacob le 26/03/2020 à 23h47
    Merci Richard.

  • Balthazar le 27/03/2020 à 09h07
    Très bel article, merci.

  • Hydresec le 27/03/2020 à 09h38
    Merci pour cet article qui permet notamment de se rappeler qu'Hidalgo était loin d'être un bisounours permissif (il savait se mettre en colère, cf sa gueulante lors du match contre le Koweit).

  • boultan le 27/03/2020 à 11h28
    Bel article.
    (L'évocation du rôle de Fernandez, bouche-trou suractif et opiniâtre comblant les espaces laissés par des milieux plus artistes que défenseurs, fait beaucoup penser au rôle actuel de Matuidi)

  • Julow le 27/03/2020 à 23h24
    Merci pour l'article, chouette.

  • gimlifilsdegloin le 28/03/2020 à 16h55
    Merci Richard, je suis trop jeune pour me souvenir de lui comme sélectionneur (c'est Platini, pour moi), mais mon père a encore des étoiles dans les yeux quand il me parle des années Hidalgo/Platini.

  • Kéruzorro le 31/03/2020 à 00h37
    merci !
    Enfin nous étions en finale de quelque chose...Et je me souviens de rentrer chez moi le soir de cette finale et de traverser le centre ville de Rennes, sans rencontrer personne ! Dans mon souvenir la finale était programmée un dimanche soir...Il faudra attendre encore 14 ans pour enfin voir un engouement populaire !
    Mais bon ... put...que nous étions heureux !

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