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Reims-Saint-Étienne 1956

Les matches de légende – Dimanche, Reims se rend à Saint-Étienne. Il y a cinquante-six ans jour pour jour, aussi lors d'une 7e journée, les deux équipes disputaient un match parmi les plus palpitants de l'histoire de notre championnat octogénaire...

Auteur : G. Charbonnier et J. Tomas le 28 Sept 2012

 


La mine contre le champagne, l’industrie contre l’agriculture, le premier chez le second. Un choc. Saint-Étienne, le leader du championnat de France se rend chez son dauphin, Reims, le grand Reims.

 

L’AS Saint-Étienne réussit jusque là un parcours sans faute: six matches, cinq victoires et un nul, meilleure attaque avec vingt-six buts. Pourtant, la victoire a été laborieuse contre Metz (2-0) à Geoffroy-Guichard. Le public, habitué au meilleur, a sifflé plusieurs fois les siens. Cette stérilité est révélatrice pour Jean Snella: Kees Rijvers, l’attaquant hollandais est indispensable. Son absence contre Metz a montré que Rachid Mekloufi, vingt ans, est un buteur, pas un meneur de jeu.

 


[AS Saint-Étienne 1956/57 - image en provenance de footnostalgie.free.fr]

 

 

Reims, de son côté, doit surmonter l’absence de plusieurs titulaires (Armand Penverne, René Bliard, Michel Leblond, Raoul Giraudo). Kopa, lui, est parti au Real Madrid à l'intersaison, après la finale de Coupe d'Europe perdue par le Stade. Albert Batteux a choisi un jeune, venu de Nice, surprenant champion de France en 1955, pour le remplacer: Just Fontaine. L’essai est concluant, l’avant-centre rémois mène au classement des buteurs et le club champenois, avec la meilleure défense (quatre buts encaissés), est placé sur le podium derrière les Stéphanois. Le duel Mekloufi-Fontaine est attendu: le meilleur partira favori pour le poste d’avant-centre en sélection. Paul Nicolas, directeur de l’équipe de France, et Pierre Pibarot, son entraîneur, ont d'ailleurs annoncé leur présence à Delaune, le match se jouant une semaine avant un test important pour les Bleus, face à la Hongrie de Ferenc Puskas.

 


[Stade de Reims 1956/57 - image en provenance de footnostalgie.free.fr]

 

La semaine se passe différemment d’un club à l’autre. Les Rémois, malgré le match éprouvant à Sedan (victoire 4-0), se sont envolés à Lisbonne pour jouer et perdre contre Belenenses en amical. Aussi, les jambes sont lourdes et l’entraînement de la fin de semaine est léger au Parc de Pommery où le groupe a ses habitudes. Autre dynamique dans le Forez. Rijvers et Eugène N’Jo Léa ont récupéré de leurs bobos. Snella double même l’entraînement jeudi. La confiance règne. Certes Reims a une grosse équipe mais la presse locale, les joueurs ne partent pas perdant, bien au contraire. Car le style rémois plaît. Batteux fait jouer ses gars avec style, sans bétonner. René Domingo, le capitaine affirme "Avec l’équipe de Reims, on est certain de bien jouer." Et puis, si Reims a atomisé Sedan le dimanche précédent, les Verts ont fait mieux sept jours avant dans les Ardennes (6-2). Bref, le match promet d’être ouvert et prolifique en buts.

 

 

Stade de Reims-AS Saint-Étienne : 4-5 – Stade Auguste-Delaune, Reims
Buts :
Fontaine (17e, 21e, 35e), Glovacki (83e) pour Reims
N'Jo Léa (1e), Rijvers (25e), Mekloufi (27e, 73e, 90e) pour Saint-Étienne

 

 


Les équipes

 

 

 

Au poste de gardien de but, René-Jean Jacquet a succédé à Paul Sinibaldi, désormais retraité, dès la fin de la saison précédente et dispute, à vingt-trois ans, sa première saison en tant que titulaire.


Devant lui, Robert Jonquet est la clef de voute du système défensif rémois, performant en ce début de saison, même si l'absence du milieu défensif international Penverne inquiète, d'autant que le seul joueur disponible pour le remplacer est le jeune amateur Jean Davanne, dix-neuf ans.


Au milieu, Hidalgo et Vincent, les deux ailiers sont chargés d'apporter vitesse et d'élargir au maximum le jeu pour servir au mieux le duo d'attaque Fontaine-Glovacki.

 

 

 

Jean Snella, n'ayant aucun absent à déplorer, aligne son équipe-type, celle qui séduit et surprend en ce début de saison. Après un très bon 2-2 ramené de Nice, champion en titre, dès la première journée, les Verts restent sur cinq victoires de rang avec au passage un spectaculaire 6 à 3 contre Marseille et deux succès d'envergure à l'extérieur (7-1 à Nancy et 6-2 à Sedan).

 

Claude Abbes, incontestable titulaire dans les buts stéphanois depuis février 1954, dirige une défense où les anciens Domingo et Wicart accompagnent les jeunes, champions de France amateurs la saison précédente, à qui Snella avait promis du temps de jeu pour cette nouvelle saison. Ce sont Richard Tylinski (dix-neuf ans), René Ferrier (vingt ans) ou Jean Oleksiak (vingt-et-un ans).

 

La force de l'équipe se situe en attaque, où Rijvers mène le jeu derrière Mekloufi et N'Jo Léa. Ce trio a déjà marqué dix-huit des vingt-six buts de l'équipe lors des six premières journées.

 

 

 

 

 

Fontaine, un triplé en première

La partie a débuté depuis moins d'une minute, et les Verts mènent déjà 1 à 0, Gégène N'Jo Léa profitant d'un carambolage impliquant le gardien rémois et deux de ses défenseurs. Reims entend revenir immédiatement mais doit subir les contres stéphanois. Ainsi, à la 5e minute, N'Jo Léa, de nouveau plus vif que Jonquet, place une frappe lourde, déviée par Jacquet sur la barre transversale. Avant la fin du premier quart d'heure, deux buts, un de chaque côté, pour Rijvers, d'abord, Hidalgo, ensuite, sont refusés, pour hors-jeu.

 

A la 17e minute, Fontaine, fort remuant depuis le coup d'envoi, échappe à Tylinski sur le côté droit et arme une frappe puissante qui passe au dessus de Claude Abbes, peu inspiré dans sa sortie et battu pour la première fois. Le gardien remplaçant de l’équipe de France, visiblement nerveux, cède de nouveau face à Fontaine, auteur cette fois-ci d'un débordement sur l'aile gauche, avant de glisser la balle sous le corps du Stéphanois. 2 à 1 pour Reims après vingt-et-une minutes de jeu, et on n'a encore rien vu.

 

Ce sont d'abord les Verts, par Rijvers, profitant d'un bon travail de Lefèvre, qui égalisent avant de reprendre l'avantage, dès le coup d'envoi. Une passe de Glovacki pour Fontaine est interceptée par le capitaine de l'ASSE, Bill Domingo, qui voit l'appel de Mekloufi, lancé derrière la défense rémoise. La vitesse du natif de Sétif fait le reste et il glisse le ballon, à ras de terre, hors de portée de Jacquet.

 

À dix minutes de la mi-temps, Fontaine inscrit son troisième but, celui de la seconde égalisation rémoise. Une réalisation chanceuse, Justo ratant sa volée du gauche sur un centre de Glovacki, ce qui eût pour effet de lober à la fois les défenseurs stéphanois massés devant le but et Abbes, encore bien hésitant.

 

Avant la pause, les Verts prennent le contrôle du jeu, accumulent les corners et pensent reprendre l'avantage quand Lefèvre profite d'une erreur de Schollhammer dans sa propre surface, mais voit sa frappe repoussée par Zimny au prix d'un spectaculaire grand écart. La dernière occasion de cette mi-temps inoubliable est pour Fontaine, en contre-attaque, dont la course est stoppée par Abbes, plongeant dans les pieds de l'attaquant et réussissant ainsi sa première action positive du match.

 

 

 

La victoire arrachée

En début de seconde mi-temps, le jeu devient plus haché, les Stéphanois se repliant et laissant le contrôle du ballon aux hommes de Batteux, qui tente un coup tactique en demandant à Vincent et Hidalgo d'échanger leurs positions. Idée profitable au premier cité, empêché par Wicart en première mi-temps, et bien plus à l'aise désormais face à Wassmer. C'est alors Abbes, enfin au niveau qu'on lui connaît, qui empêche le score d'évoluer par trois arrêts superbes devant Fontaine, Hidalgo et Vincent.

 

Les Verts retrouvent tardivement leur jeu de contre, qui avait assommé la défense rémoise en première mi-temps, à moins de vingt minutes de la fin: Mekloufi, servi par le subtil international néerlandais, Kees Rijvers, leur redonne un avantage... qui ne tient pas plus de dix minutes. À la 83e, au terme d'une intense période de domination rémoise, Schollhammer, l'arrière gauche à qui Batteux venait de demander de se positionner à l'avant, expédie un centre à hauteur de l'entrée de la surface de but. Abbes, imaginant Glovacki hors-jeu, ne sort pas immédiatement, ce qui permet à l'attaquant de se jeter tête la première vers le ballon, qu'il touche suffisamment pour le pousser dans le but. 4-4.

 

À l'issue du match, acteurs comme spectateurs s'accorderont pour estimer qu'un match nul eût été le résultat le plus conforme à cette partie de laquelle personne ne méritait de sortir perdant. Il reste pourtant assez de temps, après le quatrième but du Stade, pour vivre de nouvelles émotions fortes: quatre-vingt secondes après son but, Glovacki reprend de la tête un centre de Fontaine. Le stade croit au but mais Abbes, d'un réflexe incroyable, détourne en corner. Dans la dernière minute, Domingo fait suivre le ballon à Lefèvre, qui attire deux défenseurs, feinte la passe vers Gégène et la glisse finalement pour Mekloufi, qui évite Jonquet et trompe Jacquet pour inscrire son troisième but personnel.

 

Cette rencontre exceptionnelle se conclut donc sur le score de 5 à 4 pour les Verts, qui remporteront en fin de saison leur premier titre de champion de France. Nicolas et Pibarot titularisent Fontaine en sélection la semaine suivante en amical face à la Hongrie. Justo auteur de 30 buts en 31 matches de championnat s'installe comme l'avant-centre de l'équipe de France, déjà tournée vers la Coupe du monde suédoise de 1958...
 

Réactions

  • osvaldo piazzolla le 29/09/2012 à 18h15
    oui, je suis d'accord. je voulais dire par là que Fontaine n'a pas vraiment "gagné le duel". je voulais dire que les graves raisons politiques tout à l'honneur de Rachid (qui a quand même vécu en live le massacre de Sétif, hein) ont privé Mekloufi d'une coupe du monde où il est probable qu'il aurait tout déchiré. Quant à la haine de Batteux, c'est Mekloufi qui le dit (il est possiblement parano, mais être un arabe qui a ouvertement choisi le FLN dans la france des annes 60s, je pense que tu rigoles pas tous les jours). Il le dit dans son interview à poteaux carrés.

  • C. Moa le 02/10/2012 à 14h01
    Un peu HS, mais sur la photo de l'article on lit "le match Lens - Sedan (3-2) sera sans doute rejoué (faute technique de l'arbitre)".

    Késako ?

  • Lubo le 02/10/2012 à 20h03
    Je n'ai que des bribes de l'article de L’Équipe du match concerné, voici ce que j'en ai compris :

    Sedan a marqué un pénalty par l'intermédiaire de Célestin Oliver. Mais son coéquipier, Cuenca, était entré dans la surface avant la frappe. L'arbitre, Monsieur Miel, a annulé le but alors que le règlement voulait qu'il donne le pénalty à retirer.
    Les sedanais ont posé une réserve immédiatement et le match a effectivement été rejoué : lien

  • C. Moa le 03/10/2012 à 10h45
    Merci Lubo. Drôle d'histoire.
    Il s'agit donc d'une erreur de l'arbitre vis-à-vis du règlement, et non une erreur du genre carton rouge intempestif, ballon rentré/pas rentré ou je ne sais quoi; le genre de polémiques qu'on voit de nos jours.

    En 56, les arbitres ne connaissaient pas le règlement, de nos jours, ce sont les commentateurs !

La revue des Cahiers du football