PSG: l'ombre des doutes
Qu'est-ce que c'est que ces Norvégiens rapides, techniques, et même pas spécialement grands? Les Parisiens avaient montré une certaine désinvolture avant leur déplacement à Trondheim, avouant ne pas connaître leurs adversaires. Les présentations sont faites. On s'étonne de cette arrogance qui rappelle celle des clubs italiens dans les années 90, tout surpris de se faire secouer par des équipes françaises qui comptaient quelques futurs champions du monde. Pourtant, étant donné les qualités tactiques et techniques de Rosenborg, une étude approfondie n'aurait pas été inutile.
Après une défaite significative sur de nombreux points, où en est le PSG?
Brouillard sur les objectifs
Difficile de savoir à quelle hauteur sont placés les objectifs du club parisien. On avait cru comprendre que la saison de transition, c'était la saison dernière, mais voilà que Bergeroo évoque ces derniers temps une "équipe en reconstruction". L'entraîneur parisien parle maintenant d'un délai de deux ou trois ans avant d'arriver à niveau. C'est une échéance risquée dans la mesure où les contrats des meilleurs joueurs dépassent de plus en plus rarement cette durée. Dans trois ans, faudra-t-il une nouvelle saison de transition? Cet effectif est certes composé de nombreux jeunes, mais tout de même pas exclusivement, et leur potentiel est tel que cette raison n'est pas suffisante.
Les objectifs du club cette saison, comme le titre et les quarts en Ligue des champions, impliquent que l'équipe atteigne rapidement un rendement suffisant. De plus, les investissements gigantesques consentis durant l'été placent mécaniquement et immédiatement la barre très haut. Dans ce contexte, combien de temps le staff parisien pourra-t-il se cacher derrière ces arguments?
Des lacunes durables?
Ce que le championnat laissait entrevoir, y compris lors des victoires parisiennes, a été confirmé de façon assez cuisante pour cette entrée dans la LDC, c'est-à-dire des limites dont on ne sait encore si elle sont seulement temporaires. Car les premières impressions flatteuses des débuts de championnat sont fréquemment refroidies à l'approche de l'automne. Le deuxième mois de compétition agit souvent comme un révélateur du vrai niveau des équipes, dans un sens ou dans l'autre.
Or, le PSG 2000 semble souffrir d'abord d'un net déficit dans la maîtrise du jeu, ne réussissant pas à laisser les clés à un ou deux meneurs, et reste dans les dispositions de l'équipe de contre qu'il fut déjà l'an passé. Le 4-4-2 très en vogue un peu partout, avec deux milieux offensifs excentrés, a tendance à laisser l'entrejeu sans réel leadership. Okocha qui revient de blessure a du mal à y trouver sa place, Ali Benarbia est resté intermittent et lorsque Stéphane Dalmat est moins bien, c'est toute l'équipe qui semble souffrir. La série de défaites à l'extérieur souligne cette carence: dans des conditions plus difficiles, l'équipe se décompose trop vite.
La défense en procès
Les inquiétudes les plus grandes touchent la défense. Après avoir pris un unique but par match jusqu'à la cinquième journée, son compteur s'est affolé à Troyes et en Norvège. L'impression de visu est même plus alarmante que les statistiques: si Jimmy Algerino semble avoir les moyens de remettre les choses en ordre sur le côté droit, Sylvain Distin est à la peine sur l'autre flanc. La défense centrale elle-même fait les frais d'une étrange baisse de régime, et doit intégrer un Déhu en perte de repères.
L'association Rabesandratana-El-Karkouri ne retrouve pas ses assurances, surtout du fait du Marocain qui semble avoir égaré son football pendant les vacances. Un grand coup dans l'ego pour celui dont les déclarations fracassantes (sur son niveau ou son salaire) du début d'année avaient suscité quelques antipathies. Il est aujourd'hui aligné par nos confrères, depuis Jean-Michel Larqué qui s'acharne (il devient méchant avec l'âge) à L'Equipe qui se moque. Ce n'est pas totalement usurpé.
Une attaque sur des charbons ardents?
Le bilan offensif est évidemment le plus satisfaisant, avec un Laurent Robert en pleine réussite et deux pointes qui pèsent sur les défenses. Anelka, surmédiatisé, a montré quelques échantillons de ses qualités, et Christian confirme les siennes. Mais ce dernier supportera-t-il longtemps de rester dans l'ombre de son associé? Les commentateurs ont très peu souligné la bonne entame du Brésilien. Son énervement, furtif sur le terrain lorsqu'il est "oublié" par ses partenaires et clairement exprimé au moment de sa sortie prématurée mercredi soir, indiquent que l'entente pourrait ne pas rester cordiale... Pendant ce temps, on n'accorde à Laurent Leroy que des bouts de matches, sans considération pour son excellente saison précédente aux côtés de Christian.
Bergeroo devra aussi gérer les frustrations grandissantes au fil de la saison, et tâcher de conserver un état d'esprit positif...
Un engagement trop faible
L'âge moyen de l'équipe est effectivement une explication du manque de maturité tactique constaté, mais une autre observation s'impose: contre Rosenborg, le PSG a montré un très net manque de combativité et d'engagement en comparaison de son opposant. Les duels du milieu de terrain ont été largement perdus et la construction des actions vers l'avant a été assez aléatoire. Avec un effectif largement pourvu en récupérateurs de qualité (Luccin, Ducrocq, E. Cissé, plus Okocha, Dalmat ou même Déhu), le rendement dans ce secteur devrait être bien meilleur.
Il est prématuré de conclure déjà au manque d'abnégation de cette formation, à un syndrome "de la grosse équipe", mais il faudra bien s'interroger sur sa capacité à se faire violence, rencontre après rencontre. On a pu constater ces dernières années à quel point la solidarité et la volonté collectives faisaient la différence à ce niveau. Malgré tous ses talents, le PSG n'échappera pas à cette évaluation.
Pour répondre à ses objectifs réels, l'équipe de la capitale devra conquérir rapidement sa marge de progression, et montrer qu'elle peut prendre son destin et ses matches en main. Lyon, qui se trouve dans une position assez similaire, aborde mieux ce tournant de septembre en semblant prendre ses responsabilités. Les Parisiens, s'ils veulent rester à lutte sur les différents tableaux, feraient bien de trouver leurs marques et d'aller au combat...