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Paris, initiation à la vie

Avec Je suis né la même année que PSG, récit intime et enflammé, Grégory Protche mêle sa propre histoire à celle du club auquel il voue un culte païen. 

Auteur : Antoine Zéo le 31 Juil 2018

 

 

NDLR : collaborateur des Cahiers du foot à l'époque du mensuel, Grégory Protche a repris le collier avec une chronique dans notre revue.

 

Grégory Protche ne parle jamais "du" PSG. Il parle "de" PSG, et c’est toute la différence. Il ne l’évoque pas comme on le ferait d’un club de football professionnel, c’est-à-dire d’une entité associativo-sportive à but vaguement lucratif les bonnes années, composée d’une escouade de mercenaires appelés à tourner chaque saison. Non – ça, c’est ce que serait peut-être "le" PSG. "PSG", lui, est autre chose.

 

Chez Protche, c’est un peu comme la France chez De Gaulle: "Ce qu'il y a, en moi, d'affectif imagine naturellement PSG, telle la princesse des contes ou la madone aux fresques des murs, comme voué à une destinée éminente et exceptionnelle. J'ai, d'instinct, l'impression que la Providence l'a créé pour des succès achevés ou des malheurs exemplaires." On y est: "PSG" n’est pas un club de foot. C’est une puissance à laquelle on se voue, le Parc des Princes étant le lieu de son culte et Safet Sušic, son prophète.

 

 

 

 

Étrange entreprise

Grégory Protche est né la même année que PSG, en 1970, donc: le second de la fusion du Paris Football Club et du Stade saint-germanois, le premier "fils du soldat inconnu et d’une secrétaire anonyme". Étrange entreprise que ce Je suis né la même année que PSG: négligeant toute forme de modestie, Protche s’abandonne à l’orgueil de nous narrer sa propre vie. Ce qui est étrange, c’est qu’il est probable que vous ne connaissiez pas Grégory Protche, alors que généralement, les autobiographies, c’est pour les De Gaulle ou les Ibrahimovic, les membres du cercle restreint des êtres humains ayant accompli de grandes choses. De ces choses ici, point.

 

Protche nous conte une enfance et une adolescence de banlieusard à Savigny-sur-Orge, qui vit chez ses grands-parents, pas pauvres mais pas très loin, entourés de clébards qui, un jour de 1980, renversent la télé et privent le jeune Grégory des retransmissions de Saint-Étienne, de l’équipe de France et du PSG pendant un an, le temps qu’on rachète un poste. Ce sont les années soixante-dix et quatre-vingt, en tonalité déglinguée, libre et légère, où la découverte du football va de pair avec celle de la musique et des femmes, et de l’amour, aussi.

 

 

La prise du Parc

On l’aura compris cependant, le grand amour de la vie de Grégory Protche, c’est "PSG". Premiers matches au Parc avec un ami de sa mère, qui est pour Nantes, puis premiers matches tout seul dans la tribune Boulogne de sulfureuse et parfois sinistre réputation. Pourquoi Boulogne? La réponse semble si simple: "Quand ado, je commencerai à fréquenter la tribune Boulogne et son kop, ce sera moins par adhésion à ses supposées convictions nationalistes et goût pour la violence que parce que, au Parc des Princes, la seule tribune qui fût alors entièrement, exclusivement et sectairement parisienne, c’était Boulogne."

 

Drôle de club que ce PSG balbutiant des années 1980, aux héros si imparfaits – Sušic le dilettante, bon dans les grands matches, médiocre sinon; Fernandez qu’on fait jouer un peu partout – et aux supporters qui doivent encore se battre pour exister dans leur stade, parfois moins nombreux que les Nantais, Stéphanois ou Marseillais. En passant, Protche définit le supportérisme PSGien comme une appartenance négative: on s’en réclame parce qu’on sait que les autres – les provinciaux – détestent les Parigots. La bascule est en 1986, avec le premier titre de champion: "la prise du Parc par les supporters parisiens".

 

 

De Susic à Pastore

C’est une sorte d’autoroman d’apprentissage. Protche y raconte ses initiations à la vie en même temps qu’au football, le PSG étant le lien mystique unifiant ses expériences, jeune insolent viré de tous les lycées qu’il fréquente, désespoir de sa mère puis jeune étudiant vivant de pas grand-chose (pion) et commençant à s’inventer un talent d’écrivain, à une époque – le début des années quatre-vingt-dix – qui autorisait encore ce genre de bohème (6.000 francs de salaire, 2.200 de loyer, soit un peu plus de 300 euros, pour les plus jeunes).

 

Parmi les souvenirs de matches qui ponctuent le récit, le PSG-Juventus du 19 octobre 1983 tient une place particulière: premier choc européen du PSG, c’est aussi le récital de Sušic face à Boniek et Platini. Sušic, comparé à trente ans de distance à Pastore, l’autre chouchou de Protche: "Puissant, lourd et solidement planté dans le sol, Sušic peut de n’importe quel angle du terrain lancer décisivement un coéquipier. Il ne pense qu’à ça. […] Mais si ça passe et que le partenaire n’y est pas, c’est le drame. Ses yeux, son abattement, sa solitude, sa désolation, après. […] Pastore, plus frêle, a un champ d’action plus étroit: le camp adverse. Plus léger, plus rapide, il est plus volontiers ailier que Safet. Parfois aussi isolé que lui intellectuellement, il en veut moins aux autres qu’à lui-même."

 

 

Le besoin de croire

En vérité, Protche décroche de sa passion PSGienne en 1993. Le 27 mai précisément ("fin du monde") quand l’OM gagne la Coupe d’Europe. L’effronté se voue à d’autres amantes (écriture, musique – le rap, grande affaire) et il passe volontairement à côté du PSG des années Raí, l’équipe que tout le monde préfère. Raí (qu’il identifie méchamment "Raï")? "Trop bien, trop souriant, pas assez dépressif et déprimant pour moi". Se sentant nettement plus parisien que français (il le dit dès la première page), il rate aussi, sans peine, la France de 1998. Il revient à PSG dans les années 2000, avec Ronaldinho.

 

À la fin, on en sait beaucoup sur Protche, ses goûts, ses amours, ses peines. Que Pialat et Sautet sont évidemment supérieurs à Truffaut, tout comme Platini est évidemment supérieur à Zidane. On comprendra peut-être aussi, un peu, ce que c’est qu’aimer un club de football, envers et contre tout, drôle de passion (au sens premier: ce que l’on subit et qui fait souffrir) qu’on cherche malgré tout à transmettre (pour Protche, à son beau-fils). Pourquoi? "Le besoin d’héroïser, d’admirer, d’adorer peut-être, de croire en tout cas. D’y croire. De partager. […] D’espoir – que le désespoir et les déceptions nourrissent au-delà du souhaitable. De gratuité – aussi paradoxal que cela puisse paraître s’agissant d’un sport si travaillé par le fric."

 

 

Grégory Protche, Je suis né la même année que PSG, JC Lattès, 2018, 347 p., 19 euros.
 

Réactions

  • fireflyonthewater le 31/07/2018 à 14h02
    Ce résumé me laisse un sentiment bien étrange! Qu'il me donne envie ou pas de lire n'est pas important (après tout c'est un choix personnel) mais a qui s'adresse le livre ? supporters du PSG seulement? Tous les supporters? Je n'arrive pas a me faire une idée.

    Et comment interpreter:
    "la seule tribune qui fût alors entièrement, exclusivement et sectairement parisienne, c’était Boulogne"
    "Raí (qu’il identifie méchamment "Raï")?"

    hmmm ... etrange tout cela...

  • Manx Martin le 31/07/2018 à 14h19
    Ça s'adresse à n'importe qui, je crois. Le plaisir du livre est aussi dans son style (j'aurais sans doute dû le préciser mais les extraits étaient censés le démontrer). Évidemment, j'imagine que si on est 1. supporter du PSG et 2. qu'on approche la cinquantaine, ça doit avoir son goût de madeleine. Mais je l'ai lu sans cocher aucune de ces cases.

    Par ailleurs, Raí c'est juste que ça s'écrit pas Raï (mais il écrit aussi "Ben Harfa", donc soit il fait vraiment exprès, soit l'éditeur n'a pas fait son travail)

  • fireflyonthewater le 31/07/2018 à 15h13
    pas de soucis, j'ai bien compris que le style d'ecriture fait partie de la decouverte (deja en soi, une biographie d'un inconnu ca commence pas mal!).
    Qu'on se mette d'accord, je ne critique ni le bouquin (que je n'ai pas lu) ni ton résumé.

    C'est juste que certain "details" me paraissent étonnant (Boulogne car tribune sectaire + Rai ecrit comme la musique "du maghreh" + Ben Arfa avec un H) ca commence a faire un peu gros non?

  • Manx Martin le 31/07/2018 à 15h36
    Si tu veux dire qu'il n'aime pas les Arabes, je pense que tu te trompes mais alors complètement. Je suis embêté que mon résumé puisse te donner cette impression.

    Sur Boulogne tribune "sectairement" en faveur du PSG, il faut le lire au sens littéral : qui soutient le PSG comme une secte soutient sa religion. Il explique assez longuement que dans les années 70-80, le Parc des Princes était d'une part souvent aux trois-quarts vide (moins de 10000 spectateurs) et que d'autre part ces spectateurs étaient en plus en bonne part des fans des équipes visiteuses. Donc apparemment, quand tu faisais partie des quelques supporters du PSG dans ces années-là, Boulogne était ta maison. C'est tout simplement là que se sont réunis les premiers supporters, puis ultras, du PSG au Parc. D'autres ici pourraient sans doute être plus précis à ce sujet. Par ailleurs, quand il parle des problèmes de Boulogne (les fafs), il ne témoigne évidemment aucune sympathie (pour un mec qui a bossé à Aligre FM, ce serait bien la meilleure).

    Enfin, l'orthographe erronée "Raï" pour parler de Raí (qui se pronone [Ra-iiiiiii]) est assez répandue et ne me semble pas réservée aux racistes... C'est juste que personnellement ça m'énerve quand on n'écrit pas bien le nom des gens.

  • Moravcik dans les prés le 31/07/2018 à 18h54
    Oui je confirme, ayant également connu cette époque : Boulogne était l'unique repaire des premiers ultras du PSG, le Parc n'était pour ainsi dire jamais plein (jamais ne nous serait venu à l'idée, à mon père et moi, de réserver nos places à l'avance), et quand un adversaire populaire se pointait ses supporters dominaient souvent Auteuil (c'était notamment très spectaculaire pour les PSG-Sainté). L'ambiance y était rigolarde dans les virages de Boulogne (où on allait toujours), et les seuls vrais supporters étaient au-dessus, à l'étage, dans le fameux kop.

  • bcolo le 01/08/2018 à 16h09
    Je serais curieux de savoir ce qu'il pense des propos de Zlatan, qui disait en substance que l'histoire du PSG avait commencé à son arrivée (et fini à son départ ?). Entre lui et le champion du monde du plongeon Neymar, la densité de têtes à claques a fortement augmenté ces dernières années. Enfin, j'ai moi aussi du mal à lire des trucs genre Ben Harfa. C'est pas comme s'il n'était pas connu...

  • Milan de solitude le 01/08/2018 à 18h07
    Il paraît que Sarkosy et Mélanchon orthographient aussi "Ben Harfa".

La revue des Cahiers du football