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Lanaud : 11 secondes !

Ni les consignes de la FIFA, ni le souci d'harmoniser les réalisations, et encore moins le respect du jeu ne retiennent plus les réalisateurs français, qui laminent consciencieusement les matches durant cette Coupe du monde. 

Auteur : Jacques Blociszewski le 7 Juil 2014

 

 

Non, ce titre n’est pas la parodie d’une des plus célèbres unes de L’Equipe, en 1960 : "Hary 10 secondes", suivant le record du monde de l’Allemand Armin Hary, qui allait peu de temps après devenir champion olympique à Rome. Non, 11 secondes, c’est la durée moyenne des plans larges du réalisateur François Lanaud pendant le premier tour de la Coupe du monde au Brésil...
 

Le temps n’est pas encore au bilan de ce Mondial, mais un aspect des réalisations qui nous ont été proposées-imposées nous frappe d’ores et déjà: la durée terriblement courte des plans larges, en tout cas chez les deux réals français, Jean-Jacques Amsellem et François Lanaud. Comme d’habitude, pourra-t-on dire. Les réalisateurs français de foot – dont la maîtrise technique est par ailleurs remarquable et reconnue – sont en effet les champions toutes catégories des excès, du rythme donné à tout prix aux images (quitte à tuer notre vision du jeu), de l’individualisation du foot (nombre élevé de plans sur les visages et de joueurs vus seuls en action balle au pied), de la profusion de ralentis.


Adeptes du découpage intense des rencontres, avec entre 800 et 1.200 plans, certains de ces réalisateurs sont des habitués du +1.000: Laurent Lachand et surtout Fred Godard. Les Français sont "premiers", pour tous les critères d’appréciation cités plus haut, dans les cinq grands pays européens que sont Espagne, Italie, France, Angleterre et Allemagne. C’est-à-dire les premiers pour la déstructuration du jeu collectif…

 


Un plan large de Jamie Oakford durant France-Allemagne.

 


Atomisation du jeu

François Lanaud a pourtant montré qu’autre chose était possible lors de sa belle finale de l’Euro 2012, Espagne-Italie, nous offrant alors une réalisation quasi britannique par sa modération en tout. Cela ne l’empêcha pas de revenir directement à son style habituel après l’Euro, sur Finlande-France. Lanaud était à 23 secondes sur sa finale de Kiev, il est donc tombé à…11 sur le Mondial brésilien.


C’est un réalisateur confirmé, recordman du monde du nombre de caméras sur un seul match: 51 lors de la finale de la Coupe d’Asie 2011 au Qatar! Il a longtemps travaillé pour TF1, puis M6 et maintenant beIN Sports, a réalisé des matches sur toutes les Coupes du monde depuis 1998, et a signé les finales des Euros 2008 et 2012. Pas n’importe qui, donc. Nous n’en serons que plus sévères pour ce score de 11 secondes…
 

Seul Fred Godard fait "mieux" en France avec ses 8 secondes atomisantes pour le jeu. On a beau dire que notre regard, aujourd’hui, s’est habitué à tout, qu’à partir d’un simple fragment peut aisément être reconstitué l’ensemble, et donc que 11 secondes c’est bien assez pour voir les attaques, les démarquages et le jeu collectif, c’est-à-dire beaucoup de ce qui fait la beauté du football. Nous, nous ne le croyons pas. D’autres réalisateurs de ce Mondial non plus, d’ailleurs. L’Anglais Jamie Oakford fait lui… 30 secondes! Son compatriote John Watts est à 25 et l’Allemand Knut Fleischmann à 23.
 


Scotcher le téléspectateur

Sur cette question des plans larges et de leur durée, le parcours de Lanaud intrigue. Car dès 2001, il faisait dans l’ultra-court: 8 secondes sur un – magnifique – France-Portugal amical (non, Fred Godard n’a pas tout inventé…). Plus tard, il s’installa dans des durées à peine plus fréquentables, quelques 14 secondes. Rien de bien réjouissant, certes, mais un peu moins de stress pour nos yeux et nos neurones, un peu plus de respect pour le jeu. 8-14-11 secondes de durée des plans larges: l’idée est au fond toujours la même, celle de scotcher le téléspectateur à l’écran par un semblant d’activité débordante sur le terrain, réelle ou fabriquée. Même si le match se traîne, la formule, elle, a fait ses preuves. Un découpage rapide et serré peut sauver presque n’importe quelle rencontre de l’ennui, donner l’illusion de l’action. Seulement voilà, dans le processus, où est passé le foot?
 

Si Oakford, Watts et Fleischmann, ces vieux routiers du foot télévisé, campent sur leurs positions – question plans larges, en tout cas –, ils ont leurs raisons et une certaine conception du jeu. Mais ça bouge aussi du côté alemano-britannique, chez les deux nouveaux de ce Mondial: Thomas Sohns et Grant Philips. Sohns l’Allemand est à 18 secondes, et Philips l’Ecossais à… 14! Un score inédit – hormis chez les Français – sur les grands événements de ces dernières années. Attention danger, la contamination française – inspiration clips, pub et flashes – est en cours.
 

L’autre réalisateur français sur cette Coupe du monde, Jean-Jacques Amsellem (qui par ailleurs nous abreuve inlassablement de super-loupes harassantes et de vues de jolies filles en tribune) fait lui 12 secondes, battu d’une courte tête par Lanaud, et juste devant Philips.
 


Déferlante techno

11 ou 12 secondes, c’est du pareil au même. Mais là encore, ce qui nous intéresse, à travers cet aspect particulier de son mode de réalisation, c’est l’évolution globale d’Amsellem. Jusqu’à il y a deux ou trois ans, c’était un réalisateur "modéré" en tout –pour un réal hexagonal... Est-ce l’arrivée de Laurent Lachand à Canal en 2011 et la pression que celui-ci a mise avec ses 130, voire 140-150 ralentis qui a chamboulé le relatif équilibre des réalisations d’Amsellem? Toujours est-il qu’il a maintenant allègrement franchi le pas vers une sorte de déferlante techno, à coup de ralentis et de loupes, de plans sur les visages (terrain et tribunes) et de plans larges courtissimes. Avant l’Euro 2012, nous le situions à 17 secondes, il s’est ensuite stabilisé à 15, le voilà à 12. Godard est en vue.


Il arrive que, sur une très grande compétition, dans le cadre de leur travail au sein de l’équipe d’HBS – qui produit les images des Coupes du monde – les Français se calment un peu, voire beaucoup. Ce n’est pas le cas sur cette édition brésilienne, où ils foncent dans leurs travers comme à plaisir. Seuls au monde ou presque… Nous n’entrerons qu’après la finale dans le détail des statistiques des divers réalisateurs. Mais avec les éléments que nous avons, nous pouvons déjà dire une chose: ce Mondial n’aura pas été celui de l’harmonisation des styles de réalisation, pourtant prônée sur ces grands événements et censée éviter que les téléspectateurs du monde entier soient déroutés par de trop grandes différences d’un réalisateur à l’autre.


Maintenant… tous les goûts sont dans la nature: entre les 30 secondes de Jamie Oakford (qui dirigera la finale du 13 juillet, ouf) et les 11 secondes de François Lanaud, que chacun fasse son choix.
 


Méthodologie. La masse de travail que représente pour nous, sur une Coupe du monde, le visionnage et l’analyse de tous les matches (sauf deux à ce jour) ne nous permet pas de procéder à un bilan intégral et scientifique des réalisations, pour autant qu’existe une telle scientificité. Nous l’avons dit plusieurs fois dans ces colonnes: notre travail est, nécessité fait loi, artisanal et entièrement fait main. Cette approche n’a d’ailleurs pas que des inconvénients car, en sortant de la logique informatique, elle oblige à un vrai regard et, nous l’espérons, à une réflexion qui vient accompagner l’établissement des données.
Pour évaluer la durée des plans larges, donc, nous procédons ainsi: sur chaque match, nous chronométrons 20 plans larges (deux séries de 10) et divisons le chiffre obtenu par 20, obtenant ainsi une moyenne. Si une trop grande disparité est constatée entre les résultats des deux séries de 10 – ce qui est rare – nous faisons un troisième test, soit 10 plans larges de plus, pour confirmation.
Les 11 et 12 secondes des réalisateurs français sur ce Mondial sont la moyenne des résultats enregistrés sur leurs 6 matches du premier tour.
Les chiffres que nous communiquons ici ne sont donc pas des données "scientifiques", mais des évaluations que nous croyons et espérons malgré tout sérieuses, précieuses et éclairantes.

 

Réactions

  • Raspou le 07/07/2014 à 09h45
    Merci, une nouvelle fois, de mettre des mots sur mon énervement quotidien. Entre des réals "XXIe siècle" et des arbitres revenus à 1982, ils nous gâcheraient presque cette belle coupe du monde. Au point que je me suis surpris à crier "mais jarte-moi cette grognasse" devant le énième gros plan sur une beauté peinturlurée, qui nous faisait rater la moitié d'une action.

  • blafafoire le 07/07/2014 à 10h27
    Sur cette coupe du monde le positionnement systématique des GP et ralentis pendant les remises en jeu devient insupportables. Les touches, coups francs joués rapidement, dégagements, 6 mètres, etc. sont presque systématiquement rognés au profit de ralentis souvent inutile (car on peut admettre qu'il y a des ralentis "utiles"). La super loupe notamment, quelle plaie. J'ai parfois l'impression que le match est tourné par Christophe Gans, le mec qui a trop regardé de films de kung fu et qui n'a pas compris à quoi servait une baston dans un film. Exit le scénario du match, les acteurs, la continuité : on fait des images pour des gosses de 12 ans et demi.

  • Dastardly le 07/07/2014 à 10h35
    Le choix est vite fait: l'iPad, l'appli MyTF1, et le multicam pour passer en vue "Tribunes"...
    Pas de commentaires, pas de ralentis, et une unique caméra en plan large qui suit le match....
    C'est probablement la seule bonne innovation télévisuelle de ce mondial...

  • vert75 le 07/07/2014 à 10h47
    Peut-on rêver que ces réalisateurs payés à prix d'or et devenus des nababs de la prod et qui se partagent le gâteau de la réal avec quelques autres, en en faisant une chasse gardée, aient le courage de répondre sur leur réalisation, où vont-ils prendre de haut les critiques?

  • vert75 le 07/07/2014 à 10h50
    a noter aussi la mauvaise utilisation de la spider cam qui n'a servi qu'a-à des plans gadgets ou pour les tirs aux buts mais jamais pour suivre le jeu en plan large et dans l'axe de l'attaque... (j'avais posté un long truc à ce sujet sur le fil du journalisme, hélas sans réaction, snif)

  • blafafoire le 07/07/2014 à 10h59
    @vert75

    RMC avait invité l'auteur de l'article ainsi que l'un de ces réalisateurs (me rappelle plus lequel). Face aux critiques il s'était contenté de nier l'impact de la multiplication des images sur la lecture du jeu. C'était même décevant parce que l'on pourrait penser que tout cela est finement étudié et réfléchi, mais lui semblait sortir tout droit de sa régie, mal rasé et avec l'odeur de transpiration et répliquait "oh ben non, quand même, c'est pas si grave, faut qu'ça bouge un peu quoi, on n'est pu dans les années 80". Il semblait d'ailleurs avoir autant d'opinion et d'intérêt pour le foot que n'importe quel pilier de comptoir. Un genre d'idiot utile quoi, à moins que ce soit un mécanisme de défense.

  • Marcus Lupus le 07/07/2014 à 11h09
    Le plus insupportable au-delà du saucissonnage intempestif, c'est le fameux combo ralenti de l'action et réaction des supporters en tribune pendant que le jeu continue.

    En plus de ça, il devient quasiment impossible d'analyser un match avec tous ces plans de coupe, tous les mouvements des joueurs passent à l'as, on a que celui du porteur de balle, tout le jeu sans ballon est occulté, c'est très très frustrant.

    On peut même y ajouter, comme l'a mentionné quelqu'un plus haut, la non utilisation de la spidercam alors que c'est un outil formidable pour apprécier la globalité du mouvement des joueurs. D'ailleurs je peux citer l'exemple d'Oliver Kahn qui à la mi-temps de Pays-Bas Costa-Rica a fait l'ensemble de son analyse tactique du jeu costa-ricien à partir de cette caméra et tous les mouvements du pressing deviennent incroyablement lisible.

    C'est du gaspillage...

  • Bouderbala le 07/07/2014 à 11h18
    J'écoutais la radio hier pendant un long trajet en voiture, et après avoir zappé plusieurs fois entre RMC, RTL, et Europe 1 pour chercher l'émission la moins désagréable possible, je l'ai trouvée sur Inter avec "Si tu ne vas pas à Rio". Julien Doré, Pirès, et deux ou trois autres gars.

    Il a été question du sujet de cet article, vos chiffres furent cités, le diagnostic clairement posé, par rapport à la réalisation britannique notamment, plus friande de plans larges.
    Je crus même un moment que ce fut vous Monsieur Blociszewski qui parliez, mais je crains que votre nom ne fût pas cité malheureusement. Néanmoins j'écoutais avec une attention distraite par les trombes d'eau sous lesquels je fonçais, à travers un trafic parfois dense.

    Bref, la question du "pourquoi ?" fût enfin posée. Pourquoi cette spécificité française ?

    L'un des protagoniste - l'un des frêres Podalydès, je crois, le cinéaste en l’occurrence - a chanté l'habituel refrain de la pauvreté du spectacle dans le foot Français par rapport aux autres grands championnat, et du devoir que s'est imposé Canal + à l'époque de couper au maximum, d'insérer des plans courts, des gros plans, des ralentis, superloupes, camisos, et toutes les trouvailles technologiques possibles, afin de donner du rythme artificiellement à des rencontres soi-disant ennuyeuses, comme on peut le faire en cinéma pour accélérer la trame ou réveiller le spectateur dans une histoire bancale ou soporifique.

    Le constat de départ est évidemment discutable, mais la suite de l'explication plus convaincante. Je n'ai pas lu vos livres, mais peut-être y discutez-vous aussi de ce type d'explications possibles pour cette tendance qui a fait école dans la réalisation télévisée des événements sportifs en France.

    Suivit une discussion sur la place - ou plutôt l'absence du son du terrain - dans les retransmissions.

    Enfin ils ont diffusé un court entretien avec Godard, qui de sa Suisse confiait ne pas regarder le mondial car les matchs y sont "affreusement réalisés", et recommander que l'on enregistre tout sans retransmettre, avant de réaliser et monter les matchs pour proposer la Coupe du Monde à la télévision deux ou trois mois plus tard. En voilà au moins un qui ne perd pas le nord !

    Evidemment je recommande à tout le monde d'écouter le podcast.

  • HumLloriste le 07/07/2014 à 11h29
    Raspou
    aujourd'hui à 09h45
    >je me suis surpris à crier "mais jarte-moi cette grognasse"
    -----
    Exactement pareil ! Qu'il y ait quelques rapides plans de ce genre sur le public à des moments creux ne me choque pas franchement, mais lorsqu'un tel plan de coupe semble s'éterniser, et ce alors même qu'une action est en train de se dérouler, je m'en étrangle !
    Nos brillants analystes des Cahiers ont-ils mesuré la durée moyenne de ces plans ?
    À croire que les réalisateurs attendent que la personne shootée s'en aperçoive et nous gratifie d'un fameux coucou caméra - ha ha, qu'est-ce que c'est amusant - mais quand on veut voir du football on fait quoi ?


    blafafoire
    aujourd'hui à 10h27
    >La super loupe notamment, quelle plaie.
    -----
    Je n'ai pas BeIN. J'ai évité ça, au moins.


    Dastardly
    aujourd'hui à 10h35
    >Le choix est vite fait: l'iPad, l'appli MyTF1, et le multicam pour passer en vue "Tribunes"...
    -----
    Intéressant. Je suis un peu à la bourre question techno. Est-ce qu'on peut voir ça ailleurs que sur un iPad - par ex un PC traditionnel ?
    Et combien coûte cette appli ?


    Bouderbala
    aujourd'hui à 11h18
    -----
    Jean-Luc Godard ? Celui-là même qui nous recommande "d'essayer Marine Le Pen au pouvoir" ??

  • HumLloriste le 07/07/2014 à 11h31
    Et je précise que quand je dis "nos brillants analystes des Cahiers", c'est sans ironie aucune.

La revue des Cahiers du football