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Sur l'air du déclin

A la faveur d'une campagne européenne 99/2000 décevante de la part des clubs français, la théorie du "déclin" a fait son retour. Cette vieille rengaine qui accumule les fausses vérités sert surtout de prétexte à certains pour justifier un système élitiste et accuser la fiscalité française. Courage, l'avenir n'est pas si sombre.

Auteur : Jamel Attal le 21 Mars 2000

 

 

Dans le numéro 25 des CdF, nous avions soutenu l'idée que pour faire face à la fuite en avant du foot business, le foot français ferait mieux de cultiver ce qui fait sa force (équilibre sportif, solidarité, finances saines, formation, savoir-faire technique…) plutôt que de courir après des chimères en voulant à tout prix s'aligner sur les Grands d'Europe. Les éliminations successives des clubs français en UEFA et les déboires de Bordeaux et Marseille —dans une Ligue des champions qui fait merveille dans son rôle de filet à gros poissons— ont été l'occasion d'entendre quelques commentaires acerbes de certains dirigeants, prompts à accuser la fiscalité et/ou la gestion collective des ressources à la française, à la manière des entraîneurs qui se cachent derrière l'arbitrage pour expliquer une défaite… Le diagnostic même du déclin ou de l'affaiblissement ne résiste pas vraiment à l'analyse.

 

 

Ma petite entreprise paye trop d'impôts

La dénonciation d'une fiscalité trop pénalisante est fréquemment remise à l'ordre du jour, aussi bien par les joueurs, les patrons de club, les journalistes ou récemment l'UNFP. Concernant les joueurs eux-mêmes, dont la carrière courte justifierait des aménagements, signalons que l'inflation des salaires des plus cotés d'entre eux atteint de tels sommets qu'on peut difficilement s'inquiéter de leur avenir, dussent-ils vivre 150 ans et quel que soit leur taux d'imposition. Ou alors, pourquoi ne pas envisager de telles dispositions pour les boys-bands et les top-models? Lorsque des dirigeants invoquent une fiscalité salariale pénalisante, ils ne pensent en fait qu'à ces stars cher payées qu'ils peinent à retenir ou à attirer, certainement pas aux sans-grade de leurs équipes ni aux anonymes de toutes divisions qui eux pourraient légitimement espérer des aménagements fiscaux et des dispositifs d'aide à la reconversion. Les dirigeants qui réclament une harmonisation fiscale européenne (par le bas bien sûr) cherchent surtout à entrer dans la course aux gros profits.


D'autre part, avant même de trouver excessifs les prélèvements sur les salaires, il faudrait peut-être s'interroger sur ces salaires eux-mêmes. Leur augmentation exponentielle comme celle du montant des transferts ont accentué les inégalités et le problème dépasse alors largement celui de l'imposition, dont les effets sont marginaux en comparaison.


Enfin, le problème se pose aussi en termes politiques. Au moment où les salaires des vedettes atteignent des niveaux totalement indécents, où les fruits d'une croissance radieuse sont si inéquitablement répartis, comment seraient interprétés des privilèges nouveaux accordés à de si absolus privilégiés? Puisqu'elle remettrait en cause le système de l'impôt sur le revenu, une solution globale est politiquement difficile à imaginer actuellement… Il reste celle d'aménagements spécifiques, avec l'hypothèse déjà exprimée de sociétés au nom des joueurs, chargées de la gestion de leurs "droits d'image" et soumises à un régime permettant de compenser les écarts de prélèvements par rapport à nos voisins. Le joueur-PME est d'ailleurs un modèle dont on se rapproche, avec des joueurs dotés de leurs sites web, exploitant leur nom comme une marque, commercialisant leur propre merchandising et négociant tous les droits les concernant (y compris les droits d'auteur sur les images de leur buts, comme l'ont suggéré récemment les agents de Michael Owen!)… La seule chose que les stars ne pourront constituer à elles seules, ce sera encore une équipe de football.

 

 

Retour de balancier

S'il est clair que la Ligue des champions est bien devenue cette ridicule usine où s'épuisent les équipes les moins dotées en effectifs (et non les moins talentueuses) et que les clubs nationaux auront du mal à y prétendre à plus qu'une participation, on peut d'abord espérer que nos futures équipes engagées ne connaîtront pas toutes une "année sans", comme Lens, Metz, Bordeaux et Marseille lors des deux derniers exercices. Après tout, n'oublions pas que la belle constance européenne du foot français des années précédentes n'était pas si ancienne, et que ces performances ont été obtenues avec nos qualités, dans les mêmes conditions d'infériorité économique. Attendons encore une ou deux saisons avant de tirer des conclusions fermes, d'autant que les 8,1 milliards de la manne audiovisuelle vont progressivement être distribués et contribuer à limiter les écarts en armant mieux l'élite (sportive) nationale.


Surtout, il est de plus en plus évident que les évolutions brutales post-Bosman ne sont pas définitives et qu'une inversion de tendance apparaît de plus en plus probable. Si la Commission européenne impose en effet un contrôle de gestion, permet aux fédérations de limiter le nombre de joueurs "étrangers" dans les clubs et de réformer le système des transferts, la donne serait à moyen terme profondément transformée (voir notre article). L'effet le plus radical de l'arrêt Bosman ayant été ce creusement spectaculaire des inégalités, cette salutaire intervention politique provoquerait un retour du balancier et la reconstitution des équilibres européens. Dans ce contexte restauré, le football français retrouvera l'intégralité de ses moyens et pourra faire valoir ses propres atouts; il sera même en meilleure position, les évolutions y ayant été menées avant nos voisins. C'est alors que le fameux "retard" français pourrait bien se révéler une sérieuse avance… Evidemment, cette transition devrait advenir aussi vite que possible, les handicaps risquant de s'aggraver entre-temps, notamment par le biais des points UEFA et des places européennes attribuées.

 

La situation n'est donc pas aussi sombre que certains voudraient le faire croire, elle pourrait même s'inverser. En définitive, les discours sur les handicaps nationaux insurmontables relèvent plus de l'opportunisme et de la démagogie que d'une réalité objective. Les dirigeants qui les prononcent avec constance ont peut-être du mal à accepter tout ce qui fait la spécificité du football hexagonal, au risque de ne même plus s'appuyer sur ses fondements. Protégeons-les contre eux-mêmes!

 

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