Top 10 : les Bleus les plus improbables en phase finale
Invités surprise, passagers clandestins ou malentendus... ils ont été sur la liste, mais le voyage s\'est souvent arrêté là.
10. Philippe Christanval, le naufragé
Pur produit de Clairefontaine, champion de France avec l’AS Monaco en 2000, tôt sponsorisé par l'équipementier des Bleus, Philippe Christanval est annoncé comme le futur Laurent Blanc en équipe de France – comme ce dernier il connaîtra d'ailleurs un passage mitigé au FC Barcelone. Roger Lemerre l’appelle régulièrement lors des matches de préparation de la Coupe du monde 2002 et le sélectionne naturellement pour la phase finale, en doublure de Desailly et Lebœuf.
Mais une incompréhension avec Roger Lemerre va tout faire capoter: Christanval se blesse durant l'échauffement du match face à la Russie, mais le sélectionneur est convaincu que la blessure date de plus longtemps, et il reproche au joueur de la lui avoir cachée. Lors du match face à l’Uruguay, Lebœuf se blesse, René Girard envoie Christanval s’échauffer, mais c’est Candela qui finit par rentrer. Pour la rencontre suivante, Lemerre annonce dans la presse un retour de Thuram sur le côté droit, Christanval est tout désigné pour être titularisé, mais c’est une nouvelle fois Candela qui est choisi. La carrière internationale de Christanval prendra fin en septembre de la même année, après un match entaché de bourdes à Chypre.
9. Didier Couécou, à l'arrache
Coupe du monde 1966, Henri Guérin met du sang neuf dans sa sélection en retenant Didier Couécou, jeune attaquant de vingt-et-un ans formé aux Girondins de Bordeaux. Le natif de Caudéran vient de planter dix-sept buts en championnat et peut compter sur ses compères d’attaque De Bourgoing et Robuschi pour assurer son intégration dans le groupe France.
La WorldCup est un fiasco pour la France: un match nul face au Mexique (1-1) suivi de deux défaites face à l’Uruguay (1-2) et l’Angleterre (0-2), pays organisateur. Toute ressemblance avec une autre coupe du monde n’est que fortuite. Didier Couécou ne dispute pas une seule minute et ne fête sa première sélection qu’un an plus tard lors d’un match face au Luxembourg (3-1). Son style à la Tony Vairelles, un peu à l’arrache, ne lui permettra pas de décrocher d’autres sélections.
8. Marc Planus, le 24e homme
Mai 2010, l’annonce des vingt-trois élus pour la Coupe du monde est très attendue et Raymond prend tout le monde à contre-pied en annonçant une liste de trente joueurs, dans laquelle figurent Marc Planus, Yann Mvila et Adil Rami, trois joueurs ne comptant aucune sélection. La présence du défenseur bordelais surprend d’autant plus qu’il traîne une blessure depuis deux mois.
La liste se réduit à vingt-quatre noms quelques jours plus tard... et Marc Planus y figure toujours, conservé en cas de forfait de William Gallas, lui aussi blessé. Les vertiges de Lassana Diarra scelleront le sort du Girondin: Planus est bien du voyage en Afrique du Sud. Sa carrière internationale se limitera à une mi-temps en amical face à la Tunisie, le temps de faire briller son futur coéquipier, Fahid Ben Khalfallah.
7. Michel Stiévenard, la chance qui passe
1960, la France accueille les phases finales du premier championnat d’Europe des nations. Just Fontaine, Raymond Kopa ou encore Roger Piantoni n’étant pas disponibles, Albert Batteux ouvre la sélection à de nouveaux joueurs. Michel Stiévenard, ailier gauche du Racing Club Lensois, fait partie des heureux élus appelés à disputer une demi-finale face à la Yougoslavie. Les Bleus jouent bien et mènent 4 buts à 2 à l’heure de jeu (sans but ni passe décisive du Lensois), avant de s’écrouler en fin de match.
Les Yougoslaves l’emportent 5 buts à 4, la France doit donc jouer la consolante face à la Tchécoslovaquie. Nouvelle titularisation sur l’aile gauche pour Stiévenard et nouvelle déconvenue: une défaite 2 buts à 0. En cours de match, il a même dû jouer milieu défensif pour compenser la blessure d’un de ses coéquipiers. Les Bleus finissent à la quatrième place de ce Final Four organisé sur son territoire et Michel Stiévenard ne sera plus jamais appelé en bleu.
6. Bernard Diomède, le passager du bon wagon
Son passage en bleu fut court mais intense: première sélection en janvier 1998 pour l’inauguration du Stade de France, dernière sélection en juin 1998 pour le huitième de finale gagné face au Paraguay – avec en prime l’inscription de son nom au palmarès de la Coupe du monde. Aimé Jacquet n’avait pas fait de Diomède son premier choix, mais tous les candidats à l’aile gauche se sont effacés les uns après les autres: Reynald Pedros ne s’est jamais remis de son tir au but manqué à l’Euro, Ibrahim Ba a mal digéré son transfert au Milan, Marc Keller s’est enterré à Karlsruhe, Pierre Laigle n’a pas convaincu dans cette position haute face à l’Écosse malgré un but, et Franck Gava a perdu son football à Paris.
À cinq mois de la Coupe du monde, Aimé Jacquet fait donc un dernier essai en sélectionnant Bernard Diomède. Le petit bonhomme se montre suffisamment convaincant contre l'Espagne pour être titulaire lors des matches suivants, puis prendre part à la grande aventure...
5. Philippe Mahut, l'ami messin
Défenseur et capitaine du FC Metz au début des années 80, Philippe Mahut a mis du temps avant de répéter au niveau international les performances qu’il alignait en championnat de France. Malgré deux prestations très moyennes en éliminatoires de la Coupe du monde, Michel Hidalgo lui maintient sa confiance et le préfère à Léonard Specht dans son groupe pour le Mundial 1982.
Le blond défenseur joue le match des coiffeurs face à la Pologne, ce qui restera le meilleur souvenir de sa carrière. Son bilan en équipe de France est médiocre: il connaît sa première victoire lors de sa septième sélection et ne compte que deux victoires pour deux nuls et cinq défaites.
4. Fabrice Divert, le choix de Michel
Premier international français du Stade Malherbe de Caen (à la faveur d’un remplacement de Philippe Tibeuf lors d’un match amical face à la Hongrie en 1989), Fabrice Divert est un buteur régulier du championnat de France, mais il est éclipsé par le duo de stars formé par Jean-Pierre Papin et Éric Cantona. En 1991, il se met d’accord avec les Girondins de Bordeaux en espérant franchir un palier, mais le club est relégué administrativement. Fabrice Divert signe finalement à Montpellier, où il continue de planter sa quinzaine de buts par saison. Ses performances lui valent une sélection pour l’Euro 92, en remplacement d’Amara Simba qui s’est fracturé le péroné.
Après avoir joué les rencontres de préparation et même marqué un but lors de la défaite face à la Suisse (1-2), Platini, le laisse sur le banc de touche durant toute la compétition. Gérard Houllier et Aimé jacquet n’auront pas vraiment l’occasion de lui offrir plus: Fabrice Divert met un terme à sa carrière à l’âge de vingt-huit ans, en raison d’une myoaponévrosite plantaire qui a pourri ses dernières années de carrière.
3. Mickaël Madar, tout sauf Cantona
“Madar, c'est un vrai attaquant, parce que des faux attaquants, on en a plein.” Voilà comment Aimé Jacquet justifie en novembre 1995 la présence de Mickaël Madar dans sa sélection, en vue du match éliminatoire face à la Roumanie pour l’Euro 96. Il entre en jeu à une demi-heure de la fin, offre une passe décisive à Zidane et composte son billet et celui de l’équipe de France pour l’Angleterre.
Sa sélection a de quoi surprendre: il n’a pas marqué un but de l’année et est préféré à Cantona, qui vient de remporter le doublé avec Manchester United. Malgré un but en amical face à l’Arménie, match resté dans la légende pour une histoire de gourmette, Madar ne prend part à aucune rencontre de l’Euro, puis manque le train pour la Coupe du monde 98.
2. Jean Castaneda, le malentendu
Au début des années 80, l’équipe de France se cherche un gardien et voit en Jean Castaneda le profil du candidat idéal: jeune, spectaculaire et titulaire dans une des meilleures équipes du championnat. Malheureusement, ses performances en qualifications n’ont pas convaincu Hidalgo, avec notamment un match catastrophique en Irlande qui aurait pu coûter une élimination des Bleus.
Retenu dans le groupe pour le Mondial, Castaneda a la presse avec lui mais le sélectionneur lui préfère Ettori, laissant au Stéphanois la petite finale face à la Pologne (2-3) qui lui vaudra ce commentaire de Stanley Mathews: “Jusqu'à présent, je me demandais pourquoi Michel Hidalgo faisait jouer Ettori. Après avoir vu jouer Castaneda, je connais la réponse à cette question.”
1. Pascal Chimbonda, la blague de Raymond
En ce mois d'avril 2006, Pascal Chimbonda est élu meilleur latéral droit de Premier League, un an après avoir été chassé de Bastia. Dans la foulée, il reçoit un appel de Raymond Domenech lui annonçant une possible surprise lors de l’annonce des 23 pour le Mondial. Le joueur de Wigan se permet alors de fanfaronner dans la presse: “J´y crois, à l´équipe de France, je la désire même. Si j´ai été élu meilleur latéral droit, c´est que j´ai le niveau. Puis le sélectionneur a dit que la porte était ouverte. Pourquoi ne la serait-elle pas pour moi?” Dans la foulée, il écrit une lettre à son président pour lui annoncer son souhait de quitter le club, oubliant qu’il y avait prolongé quatre mois plus tôt.
Heureusement pour Pascal, la surprise a bien lieu: il est sélectionné au côté de Zidane pour disputer la Coupe du monde. Les Guignols de l’info en font la mascotte de l’équipe de France, rôle dont il ne sortira pas de toute la compétition. Depuis, Chimbonda a gagne le droit d'incarner l'archétype de l'international-figurant: celle d'un joueur sans grandes prétentions, qui a d'infimes chances de jouer, mais qui pour autant ne viendra pas semer la discorde dans le groupe.