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Un samedi soir à Angoulême

Perdue dans la cinquième division du foot français, l'équipe d’Angoulême abandonne peu à peu l’idée d’une montée en National 2. Cela n’empêche pas le visiteur d’imaginer le glorieux passé du club.

Auteur : Richard Coudrais le 27 Mars 2018

 

 

En cette fin d’après-midi, Angoulême reçoit Poitiers au stade Lebon pour le compte de la vingtième journée du championnat de National 3, nouveau terme adopté pour le cinquième niveau de la hiérarchie du football français, après avoir longtemps été appelé CFA2. Troisième de la poule Nouvelle Aquitaine, l’équipe de l’ACFC (Angoulême Charente Football Club) reste sur une contrariante défaite à Cozes, l’avant-dernier, à cause de laquelle elle se retrouve reléguée à cinq points des coleaders, Bayonne et la réserve des Girondins de Bordeaux. Ce samedi 24 mars 2018, il se trouve que Bayonne et Bordeaux s’affrontent justement pour un duel au sommet, tandis qu’Angoulême reçoit Poitiers, huitième du classement, autant dire en roue libre jusqu’à la fin de la saison.

 

 

Face à l’ovale et aux filles

Angoulême, terre de foot? Pas vraiment. La Charente, c’est déjà le Sud-Ouest et, ici, le ballon ovale prend un peu plus de place qu’ailleurs. Le SA XV, club de roc et de feu, bataille en Pro D2 et supplante l’ACFC dans les discussions. Et ce sont plutôt les filles de l’ASJ Soyaux, une commune de l’agglomération, qui font vibrer le ballon rond au plus haut niveau. Les Soljadiciennes évoluent depuis de nombreuses années en Division 1 féminine.

 

 

Ce soir au stade Camille Lebon, une poignée de courageux a bravé le froid pour voir les hommes d’Hervé Loubat face à Poitiers. Une poignée seulement car, à Angoulême, il n’y a plus de bus qui vous ramène du stade après 19 heures. Le début de match est délicat pour les Bleus d’Angoulême qui se heurtent à une solide opposition poitevine.

 

Bien planqué dans les sous-divisions du foot français, le stade Camille Lebon n’a pas encore subi les infamies du naming. Il porte toujours le nom du mythique président des années d’avant-guerre, un temps où le club survolait les compétitions amateurs. Les deux tribunes latérales, aujourd’hui, peuvent accueillir 6.000 personnes. On accède facilement de l’une à l’autre en passant, derrière les buts, sur de larges marches qui sont en fait les tribunes debout, les “populaires” d’une époque révolue.

 

On s’efforce d’imaginer que ce stade a pu être plein, qu’il a connu la Première Division et même la Coupe d’Europe. Ici on a vu jouer Yvon Goujon, Jean Gallice, Philippe Troussier, Alain Moizan, Steve Savidan… Mais on vous citera ici plus volontiers le nom de Grizzetti, le père et le fils qui furent présents, sur le terrain ou sur la banc, durant les quelques grandes années du club.

 

 

Grizzetti père et fils

L’Italien Angelo Grizzetti fut pendant deux ans le capitaine et meneur de jeu des premières années professionnelles. Au lendemain de la guerre, le Groupement des Clubs Professionnels invite quelques clubs à participer au renouveau du foot français et l’AS de Charente (qui ne porte plus le nom de la ville depuis 1925) est de l’aventure. On lui attribue un statut professionnel et on lui trouve une place dans la deuxième division, alors en poule unique. En provenance du RC Paris, Grizzetti fait la pluie et le beau temps dans l’entrejeu angoumoisin.

 

En 1947, le club atteint la demi-finale de la Coupe de France après avoir notamment éliminé le Red Star et le Stade de Reims, pensionnaires de l’élite. En fin de saison, Grizzetti décida de retourner au RC Paris et ce fut un coup de poignard pour l’ASC. En dépit des dix-huit buts du Yougoslave Slobodan Alempijevic, l’équipe finit la saison suivante à une désastreuse quinzième place et décide de jeter l’éponge, n’étant plus en mesure d’assumer le statut pro.

 

 

Une finale à pile ou face

Et notre match? À la mi-temps, le score est toujours à 0-0 entre Poitiers et Angoulême. Les Angoumoisins ont bien tenté de désarticuler la solide défense poitevine mais ne sont pas parvenus à leur fin. Il se sont même exposés à quelques contres dangereux.

 

Le retour d’Angelo Grizzetti comme entraîneur en 1965 correspond au début d’une nouvelle ère professionnelle. L’AS Angoulême (du nom qu’il a adopté dès son retour en amateur en 1948) fait en effet partie des cinq clubs invités à gonfler le championnat de deuxième division, que l’on a passé, allez savoir pourquoi, de seize à dix-neuf équipes. L’ASA, peu sensible, termine à la douzième place.

 

 

La saison suivante, la formation est prise en main par Jacques Favre. Elle occupe crânement la première partie du tableau et se refait un nom en Coupe de France en atteignant les demi-finales deux saisons de suite. En 1967, la finale lui échappe sur un pile ou face après avec avoir tenu en échec, pendant trois rencontres, l’Olympique Lyonnais, futur vainqueur du trophée. En 1968, ce sont les Verts de Saint-Étienne qui barrent la route du Parc aux Angoumoisins, au terme d’un nouveau match d’appui (1-1, 2-1).

 

La dynamique est plutôt bien exploitée la saison suivante par le nouvel entraîneur, Pierre Phelipon. Si l'aventure en Coupe de France s’arrête dès les huitièmes de finale, le club réalise un très bon championnat grâce à l’efficacité de son avant-centre, un certain Gérard Grizzetti. Le fils d’Angelo totalise en effet pas moins de cinquante-cinq buts en quarante rencontres, un record ahurissant. L’AS Angoulême termine à la deuxième place derrière le SCO Angers et s’ouvre l’accès aux barrages. Lorsque l’AS Monaco vient l’emporter (1-2) à Lebon, on pense l’aventure terminée. Mais au Stade Louis II cinq jours plus tard, un nouveau but de Grizzetti permet à l’ASA de décrocher une victoire inattendue (1-0). Le troisième match se joue de nouveau au stade Lebon: le 2 juillet 1969, Angoulême bat Monaco 2-0 et obtient son accession en première division.

 

 

D’élite et d’Europe

Pendant ce temps, ici, les buts se font attendre. Il y a en effet toujours 0-0 entre Angoulême et Poitiers après une heure de jeu. L’entraîneur d’Angoulême tente un petit coup de poker en effectuant deux changements d’un coup. Les faits lui donnent aussitôt raison: c’est l'un des hommes frais qui ouvre le score d’une frappe limpide qui se loge sous la barre.

 

 

Lors de la saison 1969-1970, Angoulême découvre la première division. Le club charentais y prend rapidement ses aises. Un jeune buteur se fait un nom: Jean Gallice, auteur de vingt-cinq buts. L’équipe dirigée par le duo Yvon Goujon et Mohammed Lekkak termine à la quatrième place loin derrière Saint-Étienne et l’OM, mais bien devant les Girondins de Bordeaux. Et c’est ainsi que la Coupe d’Europe passa sur les bords de la Charente. Le 30 septembre 1970, les joueurs du Vitória Guimarães s’invitent au stade Camille Lebon. Angoulême, battu 3-0 au Portugal, l’emporte 3-1, une belle victoire mais insuffisante pour poursuivre la route. L’ASA vient de vivre les plus beaux moments de son histoire.

 

La dégringolade est rapide. Le club termine à la seizième place, à un point des barrages. La saison suivante, c’est la dernière place et la relégation. Devenu un club de D2 parmi d’autres, Angoulême parvient une dernière fois à s’extirper de son anonymat en 1979. À nouveau grâce à la Coupe de France, à nouveau jusqu’en demi-finale, à nouveau sorti par le futur vainqueur, le FC Nantes. Ce sera le dernier grand moment du foot à Angoulême. Le club est rétrogradé en troisième division en 1984. Il perd son statut pro et entame une chute qui l’emmènera jusqu’en National 3.

 

Et voilà comment on retrouve Angoulême face à Poitiers le 24 mars 2018. Les Angoumoisins s’accrochent à leur but d’avance face à des Poitevins de plus en plus entreprenants. Le temps réglementaire est quelque peu dépassé lorsque Poitiers parvient à égaliser in extremis. L’ACFC perd de nouveau quelques points et se laisse distancer par le duo de tête. La montée ne sera pas pour cette année. Et il va falloir attendre encore un peu pour retrouver les grands moments des années passées.

 

Réactions

  • Toni Turek le 28/03/2018 à 21h16
    +1 complet sur Ba Zenga.
    Je suis toujours fan de tes articles, Richard !

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