Un Stade de France pour le prix de deux
Jean Nouvel a été discrètement indemnisé par le gouvernement et a retiré sa plainte. L'information a été discrètement diffusée…
Jean Nouvel, architecte du projet finaliste non retenu a déclaré à l’AFP qu’il avait été dédommagé par le gouvernement en novembre et avait retiré sa plainte auprès de la Commission Européenne.
On apprend donc avec quatre mois de retard, par une dépêche à peine reprise dans la presse, des accords conclus en toute discrétion pour mettre fin à une procédure assez violente et mouvementée : le recours de Jean Nouvel avait en effet de bons atouts dans les manches de ses avocats, étant données les conditions de l’attribution du marché à l’actuel Consortium — dans la précipitation et contre tous les avis par Edouard Balladur avec les conséquences désastreuses que l’on sait (la fausse nécessité d’un club résident).
En juillet 96, la Cour des comptes et la commission de Bruxelles avaient déjà estimé que l’appel d’offre et le traité de concession étaient trop favorables au Consortium et avaient posé de sérieuses réserves quant à la pertinence financière et la valeur juridique du contrat.
Bien que le montant de l’indemnisation n’ait pas été révélé et qu’il est à craindre que la seule pression des Cahiers du football n’y suffira pas, on peut de toute façon formuler le constat que l’Etat (et rappelons que l’Etat, c’est nous les gars) a payé pour deux Stades de France, ce qui constitue un nouvel élément pittoresque à joindre au dossier.
Enfin, si l’on pouvait avoir du respect pour les réalisations de Nouvel en matière d’architecture, dont nous préférions le projet comme presque tout le monde, on aura compris quelles étaient ses réelles motivations dans ce “combat“ achevé sans gloire : il ne s’agissait pas pour lui de faire la lumière sur les conditions d’attribution d’un marché public aussi important, ni d’obtenir publiquement la réparation symbolique d’un préjudice subi, mais bien de négocier discrètement et chèrement son retrait.
Et en matière de discrétion, on peut compter sur nos médias, qui en cette période d’union nationale ne vont pas risquer de ternir en quoi que ce soit l’image de France 98.