Feuilles de match et feuilles de maîtres
Qui a dit que football et littérature étaient incompatibles ? Voici le forum où vous pourrez parler de vos lectures récentes et anciennes, liées ou non avec le ballon rond.
Un conseil de lecture ? Une bonne librairie ? =>> "You'll never read alone", le Gogol Doc: http://bit.ly/11R7xEJ.
Un conseil de lecture ? Une bonne librairie ? =>> "You'll never read alone", le Gogol Doc: http://bit.ly/11R7xEJ.
-
Red Tsar le 11/05/2022 à 18h14Oui, probablement le vrai meilleur ami de l'homme que le yack. Il peut porter de lourdes charges sur de longues distances, sur des terrains variés. Il peut se nourrir de lichen et de neige à la place de l'eau. On peut se réchauffer contre lui. Il peut fournir du lait, du lainage et, comme tu dis, même ses excréments sont utiles ! Par contre, n'ayant pas grandi dans un séminaire de Jésuites, ma source, c'est la BD Jonathan de Cosey (on a les références qu'on peut).
Tesson donne une image très positive de l'animal, sobre et courageux. À un moment, Munier le qualifie de « seigneur ».
Je te mets là un extrait qui, au passage, est assez représentatif du ton général de l'ouvrage :
« Par superstition, je ne parlais jamais de la panthère, elle surgirait quand les dieux – le nom poli du hasard – jugeraient l'instant propice. Ce matin-là, Munier avait d'autres préoccupations. Il voulait s'approcher des yacks sauvages dont nous avions repéré de lointains troupeaux. Il vénérait ces bêtes, et parlait d'elles de sa voix murmurante.
— On les appelle les drung, c'est pour eux que je reviens ici.
Il voyait dans le taureau l'âme du monde, symbole de la fécondité. Je lui racontais que les Grecs antiques les égorgeaient pour offrir le sang aux esprits souterrains, la fumée aux dieux et les meilleurs quartiers aux princes. Les taureaux faisaient intercession, le sacrifice valait invocation. Mais Munier s'intéressait aux temps de l'âge d'or, précédant les prêtres.
— Les yacks viennent des époques immémoriales : ce sont les totems de la vie sauvage, ils étaient sur les murs paléolithiques, ils n'ont pas varié, on dirait qu'ils s'ébrouent d'une caverne.
Les yacks ponctuaient les versants de leurs grosses bourres de laine noire. Munier les fixait de son regard clair et triste. Dans un rêve éveillé, il semblait compter les derniers seigneurs donnant sur la crête un défilé d'adieu.
Ces vaisseaux loqueteux portant des cornes surdimensionnées avaient été massacrés au XXe siècle par les colons chinois et l'on trouvait à peine l'ombre de leurs troupeaux à la périphérie du Chang Tang et au pied des Kunlun. Depuis l'éveil économique de la Chine, les services gouvernementaux pratiquaient l'élevage intensif. Il fallait nourrir un milliard et demi de concitoyens que l'uniformisation des standards de vie planétaire ne pouvait décemment pas priver de viande rouge. Les agences vétérinaires avaient croisé les yacks sauvages avec les espèces domestiques et créé le datong, une espèce hybride conjuguant robustesse et soumission. Une race parfaite pour le monde global : reproductible, uniforme et docile, calibrée aux voracités statistiques. Les spécimens rapetissaient, se reproduisaient beaucoup mais diluaient le gène primitif. Pendant ce temps, quelques survivants de la race dangereuse continuaient à promener leur mélancolie hirsute dans les confins. Les yacks sauvages étaient les dépositaires du mythe. Parfois, les éleveurs d'État en capturaient un spécimen pour revivifier les générations domestiques. Le destin du drung ressemblait à une fable moderne : la violence, la force, le mystère et la gloire refluaient en ce bas monde. »
Edit : après vérification, et malgré les centaines de citations et de titres balancés au fil de l'ouvrage, rien dans le bouquin sur le père Huc et sa Tartarie. C'est une Tartarie de Tarascon ou quoi, ton truc ?
-
Balthazar le 11/05/2022 à 18h23Ton argol
Ô yack
Désole
Julien Gracq
-
Franco Bas résilles le 11/05/2022 à 18h23Je crois que je suis un peu plus âgé que toi, Red...
Sinon, les survivants de la race originelle qui promènent leur mélancolie hirsute vis-à-vis des variants consommables en masse, domestiqués et abâtardis pour l'abattage, oui, je soupçonne que cela résume bien les idées de l'auteur...
(Edit : merci !)
(Edit 2 : pas ma faute si Tesson est inculte et ignore ses prédécesseurs)
-
Franco Bas résilles le 11/05/2022 à 18h24Merci, ça m'émeut
-
Milan de solitude le 11/05/2022 à 18h33Argol
De yack
Gloriole
De FIAC
-
Pascal Amateur le 11/05/2022 à 18h41C'est moi qui suis
Ton argol
L'yack qui chante
en fa en sol.
-
Franco Bas résilles le 11/05/2022 à 18h48(Approximatif)
Le gros yack
il est comac,
son argol
c'est du pétrole.
-
John Six-Voeux-Berk le 11/05/2022 à 18h54Et voilà, bravo : quand je penserai au « Chateau d'argol » je verrai s'élever un Taj Mahal de bouse au-dessus de la forêt bretonne.
-
Franco Bas résilles le 11/05/2022 à 18h59Les process d'écoconstruction ethniques ne sont pas sans noblesse. Même en Bretagne.
-
Red Tsar le 11/05/2022 à 19h05Toujours ces problèmes de lisier en Bretagne.