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Feuilles de match et feuilles de maîtres

Qui a dit que football et littérature étaient incompatibles ? Voici le forum où vous pourrez parler de vos lectures récentes et anciennes, liées ou non avec le ballon rond.

Un conseil de lecture ? Une bonne librairie ? =>> "You'll never read alone", le Gogol Doc: http://bit.ly/11R7xEJ.

  • Pascal Amateur le 01/10/2022 à 11h17
    Et toutes les créations de Caton.
    PS : Vous croyez que c'est ça quand raspou parle de "blagues débiles" ? Non. Bien sûr que non, suis-je bête.

  • Balthazar le 01/10/2022 à 21h10
    Chic, un nouveau jeu ! (Mais Julow voudra jamais jouer si c'est toi et le petit prince qui faites les règles...)

  • Raspou le 02/10/2022 à 02h53
    Bon, je commence quand même par mes lectures de ces derniers mois. Des écrivains connus à très connus des années post 45 à 80, mais que je n'avais jamais lus... quelques déceptions, mais globalement beaucoup de plaisir à les découvrir. Je vais essayer de respecter un ordre vaguement chronologique:

    * Hervé Bazin
    Oui, je sais, c'est la honte, mais je n'avais jamais lu "Vipère au poing"... ça vaut le coup! Il y a une rage à la fois jubilatoire et douloureuse, et une profondeur dans l'analyse du conflit avec la mère, de la lâcheté du père ou des frères, de comment tout cela l'a bousillé jusqu'à être "celui qui marche, une vipère au poing". Très fort.
    J'ai enchainé sur "La mort du cheval", qui raconte la suite de l'histoire, et sans être inintéressant (surtout la confrontation finale avec la mère), c'est quand même sensiblement moins bien... C'est un peu redondant et dilué.

    * Louis Calaferte
    Moi qui n'aime généralement pas les écrivains tempétueux, voilà que je les enchaine... Bazin c'est de la douce rigolade, à côté de "Requiem des innocents", une plongée dans les bidonvilles lyonnais des années 40, avec une écriture aussi violente que le fond qu'elle décrit... Et ça marche bien, rien à dire, même si on peut juger l'emphase excessive, c'est vraiment prenant. Du coup j'ai acheté son oeuvre considérée comme majeure ("Septentrion"), mais sans avoir encore le courage de la lire, tant je la pressens tout aussi chargée.

    * Françoise Sagan
    Oui, je n'avais pas non plus lu "Bonjour tristesse"... J'aurais pu m'en dispenser. Le caractère scandaleux s'étant dissipé (on ne voit même plus bien ce qui a pu causer scandale, tant les moeurs ont changé), et si l'on oublie les 18 ans qu'avait l'auteur, ce n'est quand même pas très intéressant, ni dans l'écriture ni dans le propos. Rien lu d'autre d'elle, du coup.

    * Michel Butor
    Mon père avait rencontré Butor vers la fin des années 80, et il en parlait avec beaucoup d'admiration, ce qui n'était pas super fréquent chez Raspou Senior... C'est peut-être par esprit de contradiction que j'ai repoussé longtemps de m'attaquer à "La modification"... A tort! C'est un très beau livre, d'une profonde ambition formelle et d'une grande finesse. Pourtant, c'est une simple histoire d'adultère, et le récit de plusieurs voyages en train entre Paris et Rome qui se superposent, se mélangent, font comprendre par touches où l'on va... Difficile d'en raconter plus, c'est un texte où l'on oscille constamment entre la pensée, le souvenir, le projet, le rêve, sans toujours savoir ce qui est réel et ce qui ne l'est pas, et pourtant c'est un texte très clair, pas du tout confus... Et très cruel à lire pour un homme dans sa quarantaine.

    * Nathalie Sarraute
    Bizarre de la mettre après Sagan, voire après tous les précédents, car ça doit être l'aînée de la bande, mais "Le planétarium" que j'ai lu date de la fin des années 50. Sarraute (la mère, donc) a constitué pour moi un émerveillement adolescent quand j'ai vu sa pièce "Pour un oui ou pour un non" jouée pour la télé par Dussolier et Trintignant: lien
    Toute la finesse des rapports humains, les jalousies au coeur des amitiés, mais surtout le dicible et l'indicible, le sens qui dépasse les mots, etc. Eh bien on retrouve tout ça dans "Le planétarium", ce décalage permanent entre ce que les gens pensent, disent, comprennent, retiennent... Même intelligence extrême, un beau plaisir de lecture.

    * Georges Pérec
    Bon, là, je triche, je me suis plongé dans cette oeuvre-là il y a quelques années... Mais d'évoquer la pièce de Sarraute m'a fait me rappeler Sami Frey interprétant "Je me souviens" - quel grand bonheur de l'avoir vu sur scène.
    Pour ce qui est des romans, j'avais commencé par le premier, "Les choses", une étonnante plongée dans les possessions ou les désirs de possession d'un jeune couple - tour de force de tant dire du psychologique et du sociologique à partir du matériel. Et quoi de mieux que d'écouter l'auteur en parler (en plus il a l'air tellement sympa, il pourrait être branquignol): lien
    Et puis bien sûr le chef d'oeuvre, "La vie mode d'emploi", qui ne pouvait que combler le faiseur de puzzles que je suis: un projet complètement dingue, plein de petits romans entremêlés selon un agencement d'une complexité folle, eux-mêmes sertis dans un projet de tableaux transformés en puzzles puis détruits... Vous ne comprenez rien? C'est normal, lisez le livre, ce sera plus simple (et c'est vrai que livre est simple à lire, on ne sent pas du tout les contraintes formelles que l'auteur s'est imposées).

    * Patrick Modiano
    Je ne connaissais pas non plus, et "Les boulevards de ceinture" m'ont enchanté. L'écriture est légère, presque tendre, très agréable à lire, mais c'est surtout la narration qui est d'une grande habileté: on ne voit pas du tout où ça va, quels sont les enjeux, qui sont vraiment les personnages, et le tableau ne se dévoile que lentement, en une très belle montée finale... Très réussi.
    J'en ai aussi lu un beaucoup plus récent ("L'herbe des nuits", 2012), qui est beaucoup moins bien: le ton reste similaire, la manière de construire l'intrigue aussi, mais pour le coup elle se met beaucoup moins bien en place et le résultat est moins convaincant.

    * Sylvie Germain
    Ma vraie déception du lot (je n'attendais pas grand chose de Sagan, alors que beaucoup de gens dont j'apprécie le jugement sont fans de Germain). Ca faisait des années que je voulais lire son oeuvre, j'ai commencé par son premier roman, "Le livre des nuits", une saga familiale un peu "réaliste-magique" à la "100 ans de solitude", mais dans le Nord de la France... C'est très ambitieux dans l'ampleur et l'écriture, mais j'ai été pas mal déçu: j'ai trouvé ça assez emphatique, voire pompeux, et un peu artificiel.
    J'ai essayé du coup un livre de sa période praguoise, avec "Eclats de sel", et là pardon, mais c'était mortellement chiant, j'ai eu du mal à finir. Perplexe je suis.

    * Pierre Michon
    J'en finis en explicitant le ridicule auquel Balthazar faisait allusion de manière cryptique: je suis tombé dans ma bibliothèque familiale sur "Vies minuscules", de Pierre Michon. J'avais complètement oublié, du moins consciemment, que Balth et d'autres en avaient beaucoup parlé ici; en le lisant, je me suis dit "tiens, c'est le genre de littérature qui devrait plaire à l'autre joyeux turluron", et je lui en ai gentiment recommandé la lecture... Autant dire qu'il m'a pris de haut.
    Bref, peu importe, ce qui compte c'est la qualité de ce texte, pas vraiment un roman mais huit récits indépendants mais qui se répondent, huit vies gravitant autour de celles de l'auteur. C'est merveilleusement écrit, et quatre des huit récits sont très hauts dans le panthéon des textes que j'ai préférés ces dernières années... Paradoxalement, je trouve ça moins convaincant dès que l'auteur parle directement de lui, ça devient moins pudique et fin, plus emphatique, plus démonstratif... Ca ne gâche en rien la qualité générale de l'ouvrage.


    Voilà, la prochaine fois je vous parle de trois copains: de Mitch, dont j'ai acheté le livre sans encore le lire, d'une de mes amies chères (pareil, je dois encore lire son dernier livre), et d'Annie Ernaux, une grande copine de Balthazar. Et je reviens demain pour le jeu.

  • Zamalek le 02/10/2022 à 03h34
    Je me trompe peut-être, mais il me semble que L'Ancêtre de Juan Jose Saer n'a jamais été évoqué ici. C'est inclassable, poisseux, splendide.

  • John Six-Voeux-Berk le 02/10/2022 à 07h12
    « Sylvie Germain »

    Indépendamment de ton jugement, que je partage, je me demande comment tu as pu finir un de ses livres, et pourquoi t'être donné tant de mal.

    Les premières pages d'un texte dont on n'apprécie pas la manière et le fond devraient suffire? Pourquoi s'infliger les suivantes? Parce qu'au fond, l'espoir que ça change ou qu'on s'y fasse est tout de même bien mince ; je n'ai pas le souvenir d'oeuvres dont les premières pages m'auraient horripilé et qui m'auraient finalement plu. La vie est-elle si longue pour lire un Sylvie Germain consciencieusement jusqu'à la fin?

    Il y a les livres qui résistent : le plaisir n'est pas là mais on sent que ce n'est pas le bon moment pour les apprécier. On les reprendra plus tard. Et puis ceux qui d'emblée disent : « je ne suis pas pour toi ». (Récemment c'est l'effet qu'ont produit sur moi les premières pages du Pons conseillé ici même).

    Une remarque sur Sagan : il y a les 18 ans de l'auteur, mais il y a aussi la cruauté et la forme limpide du récit. Dans l'ensemble, cela m'avait paru plutôt mince mais tout de même pas si insipide.

    (Et j'aimerais bien poursuivre sur Sarraute, mais pour échapper à l'apparence de la mufflerie, il me faudrait longuement expliquer mes réticences - en gros, disons que son modèle anthropologique (en re-gros, les tropismes et la loi de la jungle appliqué aux relations humaines) m'a toujours paru limité alors même que sa technique est géniale)

  • Raspou le 02/10/2022 à 11h14
    Ca m'arrive d'arrêter de lire des livres, mais ce n'est pas si fréquent, et ce ne sont pas forcément ceux que j'aime le moins. Je crois que la dernière fois que je l'ai fait c'est pour "L'homme sans qualités", en constatant que je n'étais pas dans les dispositions pour continuer une oeuvre aussi longue et exigeante. Mais ça m'est arrivé deux fois pour la Recherche, et comme pour Musil j'ai arrêté en me disant "j'essaierai d'y revenir" - pour Proust, la troisième fut la bonne, pour mon plus grand bonheur.

    Des livres que j'arrête parce que je les trouve mauvais, c'est vraiment rare, parce que je lis relativement peu, et que je n'inclus dans ma pile de livres à lire que des ouvrages que je veux finir et dont j'ai vérifié qu'ils sont susceptibles de me plaire, généralement en lisant la première page et 2-3 pages du milieu prises au hasard. Le risque principal vient de livres que je choisis très principalement pour leur sujet, alors qu'ils correspondent peu à ce que j'aime en matière de littérature... Ce sont généralement des livres très récents, alors que je n'en lis pas beaucoup. Ainsi, je me suis retrouvé à lire "La diagonale Alekhine" d'Arthur Larrue, ou "Comme nous existons" de Kaoutar Harchi, que j'ai tous les deux trouvés mauvais mais que j'ai finis pour savoir ce que l'auteur voulait dire de leur sujet... Cela étant, c'est aussi comme ça que je me suis retrouvé à lire "L'art de perdre" d'Alice Zeniter, que j'ai trouvé remarquable, donc bon...

    Pour "Eclats de sel", mon erreur a clairement été que je ne voulais pas particulièrement lire ce livre mais que je voulais à toute force en lire un second de Sylvie Germain, "pour vérifier"... et c'est celui que j'avais sous la main. Mais j'aurais dû renoncer.

  • poiuyt le 02/10/2022 à 11h26
    Petite apparté, Alice Zeniter est à 95% du temps remarquable...
    Mais l'art de perdre devrait être obligatoire.

  • Milan de solitude le 02/10/2022 à 14h17
    Je trouve que "Bonjour Tristesse" vaut pour la finesse et la précision du style, bien que quelques paragraphes soient relâchés. Et les histoires de coucherie en vacances à la mer me plaisent bien. Seule la fin m'a déçu, excessivement dramatique et, d'une certaine manière, conventionnelle.

  • tes fessées le 02/10/2022 à 15h01
    Un bref message pour te féliciter chaudement Mitch pour ce nouveau livre. J'ai beaucoup aimé, en particulier la présence grandissante de la Guyane. Je n'en dis pas plus pour ne pas spoiler.
    J'ai trouvé aussi que la forme choisie (au-delà de son intérêt en soi qui résonne avec le propos) facilitait la lecture pour des personnes (comme moi) qui n'ont que très peu de temps pour se poser et lire un livre.
    Bref, lisez Ceux qui restent !

  • Pascal Amateur le 02/10/2022 à 19h53
    [Ceux qui restent] Pour ma part, et en prévenant des quelques possibles divulgations (assez peu, je crois), je voudrais parler du roman de notre ami Mitch, et dire surtout pourquoi je l'ai trouvé beau.
    Car c'est un beau roman – et je vais donner mes raisons ; ce seront les miennes, mais je veux les dire car c'est un putain de beau roman, ouais.
    Et pourtant, dirais-je, ça avait débuté avec des adjectifs surchargés, des graffitis délavés, des ombres patibulaires, la pluie qui griffe ; un peu plus loin on a du "jaunâtre" alors que le "jaune" aurait sans doute blessé davantage, on a même une enfant qui est "le rayon de soleil de leur maison". Mais c'est rare, et très vite, de fait, le texte se bâtit avec des mots simples, un vocabulaire sans afféterie – mais pas des expressions toutes faites, non, non ! Les expressions, la poésie, c'est Jean Michelin qui les construit, et qu'il y en a, de superbes passages ! On y passerait presque à côté, parfois.
    C'est un roman, ce que "Jonquille" n'était pas. Et pourtant, il y a des parentés entre ceux deux œuvres. J'avais dit de "Jonquille" qu'il était le livre de l'attente, sinon de l'ennui, comme "Le Rivage des Syrtes". Cela se retrouve ici, mais plus encore, ce roman est – non, faisons mieux, laissons l'auteur nous l'apprendre : "Ce n'était pas ce qu'il disait qui émouvait Stéphane, mais ce qu'il taisait." (p. 117) Voilà ! Ce roman serre le cœur par le talent de ses non-dits, de ses vite-dits, de tout ce qui reste dans ses silences, d'une densité folle. Deux autres exemples : "Avec le petit, là, j'ai oublié son nom, celui qu'a perdu une jambe et qui fait les trucs olympiques des blessés maintenant. Et puis", et puis on passe à autre chose (p. 143). Ou encore "Après, l'avion est arrivé et ils ont débarqué le… le cercueil, ce gros cercueil vert en plastique ou en résine, avec un drapeau dessus. On est allés", etc., mais il nous laisse, l'écrivain, avec ce cercueil en plastique, cette poubelle destiné au tri avec sa couleur. Dit en passant. Ce roman est court, parce qu'il est déchargé des miettes que l'auteur laisse sur le chemin, Petit Poucet des grandes horreurs – il y a encore une description des horreurs de la guerre, du monde, du quotidien ; un passage parmi les plus désespérants.
    L'auteur s'en défendra peut-être, mais oui, c'est un roman du désespoir, contenu dans des vies minuscules. Étreignantes vies minuscules ! Une fois encore, les silences et les allusions de ces personnages sont plus touchants, le plus souvent, que leurs échanges, leurs larmes obligatoires (obligatoires pour eux plus que pour le lecteur : comment ne pleureraient-ils pas ?). "Quinze ans de vie commune n'équivalaient pas à dix minutes sous le feu" (p. 46) ; roman d'hommes, où les femmes ont leur place, une place plutôt. Vies pleines ou vies tristes ? Pleines de tristesse, assurément, mais paradoxalement l'amour n'a jamais été aussi indispensable pour lancer des fils qu'on voudrait voir noués. Oh oui, on aimerait tellement qu'ils s'aiment, ces personnages, pour qu'enfin quelque chose tienne, fasse boule, concrétion ! Sens.
    "Ceux qui restent" est un texte plein de poésie ; de fait, le dénouement, la clef n'a pas tant d'intérêt ; disons qu'il clôt une énigme. Mais l'émotion n'est pas là, elle est dans des remarques ou des paroles fugitives, qui échappent – qui s'échappent. Elle est dans des fraternités dont on sent bien qu'elles n'ont d'autre but que de lier ce qui ne demande, en effet, qu'à s'échapper, se faire la malle. C'est triste, c'est beau.
    Bravo, monsieur Michelin, vous m'avez ému.