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Habitus baballe

Pour causer socio, éco, sciences-po, anthropo, histoire-géo, philo, épistémo, Adorno, filporno, Bernard Pardo...

  • Balthazar le 10/06/2022 à 18h08
    Les gens risquent de rigoler quand tu vas te pointer sur le terrain de golf avec ta queue.

    (Ceci n'est pas une blague salace.)

  • Pascal Amateur le 10/06/2022 à 18h13
    Un terrain de golf bien tondu, c'est un vrai billard.

  • Red Tsar le 11/06/2022 à 12h34
    Messieurs les faux experts, j'ai parlé de boules. Et au billard, on joue avec des billes, pas avec des boules. Sinon, ça s'appellerait un boulard. D'accord, j'ai dit queue un peu vite. Mais je sais bien que le golf, ça se joue avec une canne, ça va, hein.

  • Red Tsar le 14/06/2022 à 07h53
    On en parlait il y a quelques mois sur ce fil, dans la suite de discussions sur la guerre d'Algérie. Orient XXI met en ligne un article intitulé : "France. Les racines coloniales de la violence policière".
    lien

  • Red Tsar le 14/06/2022 à 16h23
    J'ai fini il y a peu la lecture de Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin, de Benoît Coquard (2019). Le terrain d'étude est « un des cantons dépeuplés du Grand-Est de la France ».
    Je vous copie-colle ici les extraits « foot » :

    [pour l'anecdote, deux petites citations d'abord :
    - « ''Fais pas le Rabiot'', dit-on dans plusieurs villages à la ronde pour désigner une attitude qui consiste à récolter le fruit du travail des autres », en référence à une famille locale qui porte ce nom, pas au joueur de foot,
    - « ''Je suis un Ramos, moi ! Tu connais pas le Paul Ramos, toi ?'' hurle Nicolas pour invoquer son père agriculteur, alors qu'on lui refuse fermement l'entrée d'un bal monté dans un petit village de son canton », sans lien non plus, semble-t-il].

    - Sur les ronds-points des Gilets jaunes : « À la fin de cette première journée, quelques participants pensent que « ça ne changera rien ». « Lundi, tout le monde repartira au boulot », me lance un ouvrier trentenaire pour tempérer mon emballement lorsque je lui dis que c'est « du jamais vu ». Cette même phrase du cycle implacable de la reprise du boulot qui vient « calmer tout le monde », on l'entend aussi sur les terrains de foot le dimanche lorsqu'il s'agit de mettre un terme à une bagarre ou de critiquer un excès d'engagement qui pourrait entraîner une blessure. Sur le terrain comme sur le rond-point, on rappelle que « sauver l'honneur » est un impératif, mais que d'autres contraintes nous ramènent à la réalité lorsque l'on veut sortir de sa condition [...]. Pour les Gilets jaunes comme pour une grande partie des jeunes ruraux rencontrés, c'est par cet investissement dans le collectif que l'on en vient à être connu et reconnu alors même que l'on appartient à des classes sociales objectivement dominées, à « sauver l'honneur », comme l'ont dit certains. Cette expression, je l'ai entendue dans le vestiaire de l'équipe de football de district qui perd 4-0 à la mi-temps, mais cherche à repartir la tête haute, parce que les joueurs connaissent presque toute l'équipe adverse et que la défaite, ou plutôt la manière dont nous allons perdre avec plus ou moins d'orgueil, va nous suivre dans les commérages et potentiellement entacher nos réputations. »

    - L'importance de la réputation : « Toutes les nanas potables foutent le camp d'ici », estime Jérôme, trente-trois ans, célibataire et technicien chez EDF. Celui-ci, au cours d'une longue conversation, m'explique ses difficultés à trouver une compagne qui ne soit ni « l'ex d'un pote » ni déjà « collée d'un ou deux gosses ». D'autres hommes avancent des explications qui tiennent plus à la force d'attachement liée au style de vie masculin, rural et populaire : « Les mecs, on a le foot, les copains, tout ça. Ça fait que t'as envie de rester, alors que les nanas, elles se font un peu chier ici, faut dire ce qui est, pour elles, y a rien », constate Corentin, trente-deux ans, commercial chez un concessionnaire automobile […]. Partir, c'est donc prendre le risque d'être oublié, d'être un ouvrier comme un autre au sein d'une grande ville ou un étudiant qui « coupe les ponts » avec toute sa « bande de potes ». Par opposition, si vous restez vivre ici, on vous appelle par votre surnom, on reconnaît vos enfants dans le journal, ce sont vos exploits au football ou à la chasse qui donnent une mémoire à vos actes. On peut donc comprendre que ceux qui restent ne sont pas disposés à remettre en cause leurs propres normes locales d'accomplissement pour adhérer aux logiques extérieures du jeu scolaire dans lequel ils seraient perdants. »

    - Les logiques de sélection en club : « Pouvoir disposer de son temps renvoie à des logiques de domination masculine dans les couples. En effet, cela implique de décider de ses fréquentations, et ce parfois contre l'avis de sa compagne. Une configuration rencontrée dans la « bande à Boris » l'illustre parfaitement, avec le cas d'un nouveau membre qui vient se greffer au cercle existant. Franck, vingt-neuf ans au moment de l'enquête, est ouvrier spécialisé en CDI dans une grande entreprise située, comme souvent, à plus de trente kilomètres du village où il habite. Il évolue depuis sa jeunesse dans le club de foot local, ce qui est assez rare en comparaison des autres joueurs qui peuvent changer plusieurs fois de club selon les destinations des « potes ». C'est certainement le joueur du club qui dispose de la meilleure condition physique mais aussi qui semble, sur le papier, présenter les plus fortes ressources en autochtonie, lui qui appartient à une famille très nombreuse d'origine immigrée (italienne) présente dans ce canton depuis quatre générations désormais. Pour ces raisons, il était très probable que la prise de pouvoir de la « bande à Boris » lui déplaise fortement, lui, le vrai produit du club. Alors qu'il sèche les premiers entraînements de la saison, Franck demande explicitement à jouer dans la nouvelle équipe B qui vient de se créer, alors qu'il n'a jamais joué à un niveau si bas – qui ne correspond pas du tout à son statut de meilleur joueur senior du club. Boris et d'autres joueurs de l'équipe lui ont exprimé à maintes reprises leur volonté de le voir les rejoindre en équipe A, car, même s'il ne fait pas a priori partie de la bande, il « peut gagner le match à lui tout seul » et faire briller toute l'équipe. Mais il a toujours refusé pendant toute la première partie de saison. Ce statut d'exception a fait d'emblée grincer des dents ceux qui s'impliquent énormément pour faire partie du groupe d'amis qui joue en équipe A. Ils savent que l'appartenance à la bande les place en position de titulaires, tout simplement parce que celle-ci regroupe seulement des hommes proches de la trentaine, fiables (dont on dit qu'ils se lèveront le dimanche et prendront leur propre voiture), « vrais potes » ayant « bonne réputation », et sur lesquels le coach, qui n'est autre que Boris (entraîneur-joueur) durant cette première année, peut compter sans problème. À l'inverse, les joueurs les plus jeunes et les plus précaires sont voués à évoluer en équipe B. La sélection des joueurs dans les équipes seniors du club de foot local est donc davantage sociale que purement sportive. Pour être reconnu comme un « bon » joueur, il ne suffit pas de savoir jouer de la manière valorisée, il faut surtout faire preuve d'un savoir-être qui s'apprend seulement au contact des autres et qui est le résultat d'une longue socialisation aux normes en vigueur dans ces petits cercles. Comme l'observait à raison Jean-Michel Faure, dans ces contextes populaires ruraux : « L'intégration à l'équipe ne passe pas par l'entraînement, mais par les normes de la sociabilité populaire qui définissent des manières d'être ensemble. »

  • Red Tsar le 14/06/2022 à 16h24
    [Suite et fin]

    - Du territoire aux réseaux, de nouvelles logiques d'appartenance : « Le fait que ces amis se fréquentent chaque semaine tout en résidant dans une vaste zone géographique témoigne d'une transformation profonde des logiques d'appartenance, lesquelles deviennent plus amicales que territoriales. Avant les grandes délocalisations industrielles des années 1980 qui ont entraîné l'exode en milieu rural, ce sont les collectifs de travail locaux qui structuraient le plus fortement la sociabilité amicale masculine, comme en témoignent les liens qui existent encore entre femmes et hommes de cette génération ouvrière. Ces groupes d'amis étaient à la fois plus ouverts à de nouveaux venus et plus localisés que le « clan » : typiquement, ils étaient liés à une localité définie. Les salariés d'une même entreprise, résidant dans le même canton, voire dans le même village, se fréquentaient constamment dans la sphère du hors-travail. Ce type de sociabilité se reflétait notamment dans le recrutement des clubs de foot : dans l'un des bourgs enquêtés, les ouvriers de l'ancienne usine du village composaient la quasi-totalité de l'équipe, alors sponsorisée par cette entreprise et évoluant, malgré ce recrutement localisé, à un niveau régional bien plus compétitif que celle d'aujourd'hui, recrutant sur une cinquantaine de kilomètres à la ronde. En effet, les transferts des joueurs des clubs de districts départementaux – le mercato local – se font désormais selon des logiques d'interconnaissance. Évidemment, les jeunes qui ne disposent pas du permis de conduire vont jouer à proximité de chez eux, mais, pour les adultes, il s'agit plutôt de rejoindre un groupe de copains via un club qui n'est pas forcément le plus proche de chez soi. Les joueurs de foot évoluent désormais dans des bourgs où ils sont connus et potentiellement reconnus, plutôt que là où ils résident.
    Cette dissociation entre le groupe d'amis et le lieu de résidence conduit à interroger la définition de l'autochtonie. En effet, si les sociabilités des groupes d'amis observés se retrouvent parfois dans des structures localisées, comme les clubs de football ou d'autres lieux de loisirs masculins (société de chasse, groupe de motocross, club de fléchettes, etc.), leurs compositions ne sont en revanche pas limitées à l'espace villageois. Elles suivent plutôt les déplacements engendrés par la scolarité, le travail et les loisirs, déplacements qui se sont allongés ces dernières décennies dans les campagnes en déclin, en même temps que l'emploi se raréfiait en se disséminant sur un vaste périmètre […].
    Aussi les hommes et femmes de la « bande à Boris » (les femmes vont s'occuper de la logistique, des transports des joueurs, des comptes rendus de match, des rapports avec le district de football départemental) vont relancer un club de football qui a connu deux années de mauvais résultats et de crise de recrutement, ayant même conduit aux forfaits des équipes engagées au début de saison. Avec la relance d'un club par le simple fait de « rameuter les copains », les membres de la « bande à Boris », même s'ils n'habitent pas sur place (certains ont cependant été scolarisés dans ce village ou y ont de la famille), endossent un rôle majeur dans la vie locale. Ils organisent des événements festifs à la salle des fêtes pour récolter de l'argent pour le club, prêtent main-forte lors des opérations de nettoyage des déchets dans la rivière ou sur les chemins de promenade, assurent les entraînements de la nouvelle école de football pour les enfants, etc. Par l'intermédiaire du club de foot, le groupe d'amis s'affirme ainsi localement alors que son recrutement ne l'est pas […]. Ce type de configuration d'un club de football dirigé par une « bande de potes » est devenue très commune dans les petits districts de football des départements des campagnes en déclin. Or, comme lors des scènes d'apéritifs racontées plus haut, elle place les hommes au premier plan, à l'instar aussi de situations observées au sein de la sphère professionnelle ou du champ des loisirs en général (chasse, motocross, boxe, etc., soit des loisirs qui n'ont pas d'équivalents féminins sur les espaces ruraux enquêtés). Au football, il est évident que ce sont eux qui occupent les rôles les plus visibles, et leur entourage (femmes, enfants, famille, groupe d'amis) se déplace et les assiste lorsqu'ils disputent des matchs. Toute cette inégalité symbolique, à nouveau, ne saurait se comprendre sans tenir compte du fait que, dans l'espace professionnel, ces hommes ont des métiers généralement plus stables que leur conjointe, et qui leur permettent de travailler à l'extérieur (on les « voit » travailler), souvent en équipe, tandis que les femmes ont des métiers plus individuels depuis les délocalisations de l'industrie textile et manufacturière locale, des métiers qui se déroulent souvent dans les domiciles des personnes âgées ou dans des espaces fermés (hôpital, école, maison de retraite, call-centers), tandis que les métiers de service avec des interactions (coiffeuse, vendeuse en boulangerie, fleuriste par exemple) ont tendance à être regroupés dans les petites villes des environs.
    Dans la période ayant précédé la désindustrialisation de cette zone rurale, les espaces de valorisation des hommes – et plus encore des collectifs masculins comme les clubs de football – avaient des équivalents féminins. Pensons par exemple à l'importance des clubs de majorettes dans ces villages et bourgs. Ces clubs, jusqu'à la fin des années 1980, contribuaient grandement à rendre la jeunesse féminine plus visible. Autre exemple : dans l'un des villages enquêtés, où les femmes étaient pour la plupart ouvrières, ces dernières avaient fondé un club de gym et une équipe de football évoluant dans des championnats réguliers, à l'instar de leurs homologues masculins. Quand l'usine de textile a fermé à la fin des années 1990, presque toutes ces structures de loisirs fondées sur le bénévolat ont disparu, faute d'encadrantes et de pratiquantes ; seuls les tournois amicaux de foot de fin de saison laissent l'opportunité aux femmes de monter une équipe « pour s'amuser ». Dans un autre registre, les concours de miss ont disparu, pour des raisons de ringardisation, d'évolution des consciences aussi sur la place des femmes, mais surtout du fait d'un manque de bonnes volontés bénévoles pour organiser les concours (alors que les concours de miss « pays » ou de département sont encore prisés). Ont disparu aussi de nombreuses fêtes patronales et celles organisées par les municipalités (dans lesquelles étaient organisés ces concours de beauté, avec dans les dernières années un concours « mister ») : c'est le cas par exemple des cavalcades (défilés de chars fleuris des associations, puis bal populaire), qui faisaient la part belle aux mises en scène de soi jusqu'à la fin des années 1990. »

  • OLpeth le 14/06/2022 à 16h39
    Super intéressant, merci. Je reconnais bien la bande à Boris, mais chez moi c'est la bande à Xave.

  • Pascal Amateur le 19/06/2022 à 09h51
    Le pseudo a été un peu altéré pour ne pas attirer les projecteurs, mais on reconnaît bien le bonhomme !
    lien

  • John Six-Voeux-Berk le 19/06/2022 à 10h22
    Merci pour cette fenêtre sur « le réel ».
    (Vraiment interessante cette mis en relation de l'espace, du marché du travail et des rapports entre genres ; l'idée que les « femmes potables » se fassent la malle pour échapper à ces horizons réduits est assez frappante)

  • Red Tsar le 20/06/2022 à 14h04
    Dans le bouquin de Renahy (Les Gars du coin), on retrouve les deux mêmes obsessions : la réputation/l'honneur et trouver/garder une femme (avec plein de critères à prendre en compte, notamment le fait qu'elle ne soit pas sortie avant avec un autre gars de la bande).

    Dans la suite de Ceux qui restent, est paru l'an dernier Celles qui restent : jeunes filles en milieu rural (pas encore lu) :

    lien



    @Pascal : une preuve de plus qu'il faut arrêter avec l'épilation. Vive le poil et les odeurs corporelles !