Premier League et foot anglais

Le rendez-vous des amateurs du foot venu d'Angleterre, qui sent la sueur de pub et la bière chaude.

Mangeur Vasqué le 04/07/2022 à 21h47

[Disparition d'Andy Goram]

PART 1/2

Je viens de vérifier car je ne n'avais plus en tête l'identité des trois gardiens écossais à France 98, toufoulcamp (c'était Leighton en #1, Neil Sullivan – j'avais raconté cette anecdote marrante sur lui (fin de poste), du vécu : lien – et Jonathan Gould, sélectionné au pied levé en remplacement d'Andy Goram).

Goram aurait dû être de France 98 mais, cô l'explique Tonton en substance, y'a eu comme un problème... Par contre Tonton, le Wiki français a tout faux : Goram n'a pas été écarté ou viré de la sélection, il l'a quittée en claquant la porte, nuance - voir ci-dessous (les rédacteurs du wiki français auraient dû copier le wiki anglais où l'on donne la bonne version : "Brown then selected Leighton for France 98 which prompted Goram to walk out of the squad completely, fifteen days before Scotland were scheduled to play Brazil in the opening game of the tournament.").

D'après ce que je viens de lire pour m'rafraîchir la mémoire, Andy Goram et Jim Leighton, dans la période milieu-fin années 1990, étaient grosso modo à égalité pour le poste de gardien titulaire. Pour l'Euro 1996 en Angleterre, Craig Brown, le sélectionneur écossais, avait finalement opté pour Goram, à la surprise générale car Leighton avait fait quasiment tous les matchs de qualif et donné satisfaction. Mais Goram était en super forme avec les Rangers et ça s'était joué à pas grand chose.
Toutefois, au printemps 1998, Leighton (40 ans, comme l'écrit Toni) avait fait quasiment toutes les qualifs en livrant une bonne copie, et Goram était un peu instable, problèmes dans sa vie privée. Bref, non seulement Leighton semblait légèrement meilleur que Goram juste avant France 1998 mais Brown ne sentait pas Goram capable d'encaisser la pression et d'assumer le statut de number 1 et peut-être même #2.

Ce qui s'est passé, selon Goram (confirmé par Brown), c'est qu'environ deux semaines avant France 98, alors que les Écossais étaient en préparation aux USA, deux entraîneurs de la sélection ont dit à Goram qu'il serait sur le banc en France, voire pire (#3). Ça l'a rendu vénère et il a quitté l'effectif aussi sec, après avoir écrit une "lettre de démission" à Brown. Pas question de cirer le banc pour lui il se considérait #1 ou #1bis et non #2 et encore moins #3.

Goram a également expliqué que s'il était resté faire la préparation pré France 98 après avoir appris qu'il ne jouerait pas en France, il aurait augmenté les risques de se blesser et cô il n'avait plus de club (contrat Rangers terminé), il ne voulait pas risquer à 34 ans de se retrouver sans club (ou dans un petit club de D2-D3 écossaise). Donc il préférait assurer et quitter la sélection.

Mais comme l'évoque cet article d'époque de la BBC lien, il y a toutefois peut-être d'autres raisons (j'y crois moins cependant), liées à sa turbulente vie personnelle et ses rapports conflictuels avec les médias. Dans sa lettre de départ, Goram écrit : "It's plain to see that stories are being fabricated to upset me or our World Cup Preparations. Myself, Craig Brown and the players don't need this!! […] The last thing the Scotland squad need is controversy off the Park. They have an objective, they don't want anything to divert their focus on what really matters: the World Cup."

Quelques jours auparavant, le Scottish Sun avait en effet publié un article hardcore sur sa vie privée, comme quoi il trompait sa femme avec une employée du Celtic qu'il avait "imprégnée" cô on dit en anglais, et qu'elle avait dû avorter.

Possible que ces polémiques causées par la presse tabloïde rejaillissant négativement sur le groupe etc. ne sont qu'une justification de façade et que la réalité est à chercher ailleurs, du côté de son amour-propre par exemple. Si Brown lui avait fait miroiter la place de #1 ou #1bis ou lui avait parlé de l'aligner en France si la prép se passait bien etc. et que Goram apprend ensuite de la bouche de tiers que ça ne saura pas le cas, possible qu'un sanguin cô lui ait décidé d'envoyer tout balader pour cette raison. Les ragots du Scottish Sun ont peut-être joué dans sa décision, mais c'est probablement un lointain facteur secondaire.

Goram donne en tout cas sa version dans cette interview notamment lien, en épinglant au passage les médias & tabloïds qui le pourrissaient sans cesse, selon Goram mais on le croit volontiers vu l'abjection de ces torchons – pas que les charognes traditionnellement pointées du doigt d'ailleurs (le Sun, Le Daily Express, feu le crapuleux News of the World & Co) mais aussi les journaux dits "de qualité", des broadsheets cô le Daily Telegraph ou le Sunday Times se sont mis au diapason depuis, ère des haters oblige.
Mangeur Vasqué le 04/07/2022 à 22h03

PART 2/2

A ce sujet, lire par exemple ce récent article du Guardian lien – "Hate mail and death threats: how the right wrecked one man's life for its culture war" – sur l'ignoble campagne de haine menée par les médias de droite & alt-rightistes, dont les "sérieux" Daily Telegraph, Times & Sunday Times – assistés d'une meute de député.e.s & ministres et bien sûr des rézosocios – contre Matthew Katzman, un Américain de 25 ans.

Année académique 2020-21, Katzman était un simple étudiant-chargé de cours en informatique à Oxford qui osa demander (dans le cadre d'un collectif étudiant, il était donc loin d'être le seul impliqué dans l'histoire même si apparemment il présidait un comité quelconque), qu'on retire le portrait de la reine d'une salle commune de sa fac, Magdalen College… Y'a par ailleurs un tas de portraits de la reine et d'autres membres de la famille royale dans Magdalen College – prononcez "Maudlin" –, c'est pas comme si la représentation iconographique des Royals en aurait souffert d'une photo en moins sur les murs.

Mais cet étudiant et d'autres pensaient que la salle commune de Magdalen devait rester "neutre" et qu'il était donc préférable de ne pas afficher tout ce qui était portraits un peu controversés, Royals, politiciens et autres. Enfin, un "portrait" selon les médias mais il s'agissait en fait d'une simple photocopie vieillie. Les mensonges et calomnies à son égard furent légion bien sûr (un Juif en plus, étranger et issu d'un milieu aisé, ça s'est encore plus déchaîné contre lui).

Katzman a fini par être obligé de quitter l'Angleterre pour raisons de sécurité, après des mois d'une intense campagne de haine, menaces de mort & co.

Non, mais le niveau d'hystérie totale des surpuissants médias de droite et alt-rightistes pour des conneries dans ce pays c'est kekchose hein, surtout si t'es étranger évidemment. Même la presse dit "sérieuse" et "de référence" n'a parfois rien à envier aux égouts du Net. La "cancel culture" et le wokisme 3.0 sont essentiellement stupides et contre-productifs dans leur radicalité mais la cancel culture et l'anti-wokisme de droite sont également très vivaces et menaçants hein. Et ça ne se passe pas dans les viscères de la Toile, ces médias ont plus que pignon sur rue, le quartier leur appartient.

Bon, revenons à notre Andy. Goram a eu une vie chaotique, très alcool sex & rock and roll et liens supposés avec l'IRA, et la presse de caniveau ne le lâchait évidemment pas. Les médias pardonnaient beaucoup plus à Jim Leighton – plus posé, plus fiable, pas du genre à coucher avec des porn stars comme Andy quoi – qui pourtant, toujours selon Goram, avait traité la sélection bien plus cavalièrement que lui (y'a ce mot de Brian Clough, que je viens de découvrir au hasard du Net : "Jim Leighton is a rare bird – a Scottish goalkeeper that can be relied on.").

Dans cette interview lien accordée à BBC Radio Scotland, Andy Goram explique pourquoi il a quitté la sélection sur un coup de tête et règle un peu ses comptes avec les sélectionneurs, la presse et Jim Leighton, extraits :

"There's no point in me sitting on the bench, nearly a 40-year-old. I would rather a young kid came in, like I did in Mexico as a young lad, and go and learn your trade that way. I took the decision and retired. I spoke to Craig, and to be fair he didn't put up too much of a fight. I thought I was good enough to play in France. I had never played in a World Cup, but I thought I was good enough.

To get told you're not playing is fine, you've got to accept that, but I didn't want to risk getting injured just by training when I had no club, as that would have been my livelihood.
Jim Leighton did the same thing ahead of a double-header, two days before a qualifying game. And, yet, he retired in the press's eyes.

Even now, Andy Goram walked out on Scotland, but Jim Leighton retired. At least I gave them three weeks to bring reinforcements in, but did it two days before, and he retired gracefully. But the two of us were tarred with two different brushes."
Mangeur Vasqué le 04/07/2022 à 22h30

En réponse à balashov22 le 04/07/2022 à 08h59
(voir le message)

Je crois aussi que Man United espérait un peu plus de Ronaldo en termes de leadership et d'apport d'expérience. Si c'est le cas, peut-être avaient-ils tort d'espérer que Ronaldo se mue soudain en leader-mentor altruiste mais c'est ce qu'il se dit en tout cas, dans les médias anglais et émissions foot.

Ten Hag est aujourd'hui aux manettes et son système sera sans doute basé sur un jeu à forte intensité, avec pressing constant et ça a dû lui traverser l'esprit que Ronaldo aura du mal à donner satisfaction sur ce plan (évidemment, officiellement Ten Hag affirme qu'il a besoin de Ronaldo, et ce n'est sans doute pas faux. Il en aura besoin... s'il ne recrute aucun buteur à 15-20 unités).

Comme le rappelle Jonathan Wilson dans le Guardian de samedi lien, hormis les arrières centraux, Ronaldo a été le joueur de champ le moins performant niveau pression dans les cinq + gros championnats européens ("Ten Hag is a classic Ajax coach; he plays hard-pressing football. Excluding centre-backs, Ronaldo attempted fewer pressures than any other outfield player in Europe's top five leagues last season. ").

A son actif, Ronaldo est toujours prolifique – 18 buts en championnat et des perfs/buts cruciaux en LdC – et peut toujours changer le cours d'un match à lui seul, et il combine bien (encore faut-il qu'il ait les coéquipiers adéquats). Trouver un buteur de sa trempe sur le marché, sans pouvoir offrir la LdC comme appat, c'est évidemment très difficile.

Maintenant, l'issue du différend dépendra aussi du recrutement. Si Ten Hag peut recruter un buteur à 15-20 buts "assurés" par saison, il aura moins besoin de Ronaldo, qui jouera alors les bouche-trous (et c'est donc ce qu'il se dit, que Ten Hag lui aurait fait part de cette éventualité cirage de banc et que Ronaldo n'aurait partagé sa vision). Évidemment, sans LdC ça risque d'être très compliqué de recruter le mouton à 5 pattes. Va falloir proposer un énorme salaire, du type celui que touche Ronaldo... (qui donc, en giclant, rendrait ce volet plus facile).

Hormis l'aspect sportif et tactique, Jonathan Wilson souligne aussi deux possibles avantages dans le départ de Ronaldo. D'ordre financier d'une part (CR7 émarge à 500 000 £/semaine) et niveau personnalité. Il fait de l'ombre, ne goûte pas/plus trop les entraînements rébarbatifs et tout ça bordélise parfois le vestiaire : "If Ronaldo does leave, freeing up the budget and making it easier to impose the new manager's philosophy, it will surely come as a relief. […] But it's not just a matter of style. Ronaldo is so big he dwarfs any club he plays for. Even Manchester United became FC Ronaldo. Everything is sublimated to him. There are numerous stories of him last season disrupting drills on shape because he found them boring, insisting practice should be fun. He clashed with Harry Maguire over the captaincy. "

Bon, espérons qu'il n'atterrisse pas à Chelsea...
Mangeur Vasqué le 11/07/2022 à 20h04

De retour avant-hier d'un "residential" avec des élèves dans le sublime Lake District. Peut-être en repartance vers Édimbourg d'ici quelques jours, on verra (problèmes de personnel. Les enseignants, du public, bossent jusqu'à fin juillet ici, 22/07 cette année, dans mon rectorat en tout cas, ça diffère un peu selon les endroits en Angleterre & Pays de Galles).

Et ben, encore une semaine sympa en Angloiserie. "Never a dull moment" ici, comme on dit en faisant la moue.

Elle a l'air charmante notre nouvelle ministre de l'Éducation, Andrea Jenkyns. On la voit ici par exemple mettre un doigt d'honneur – clip lien – à une centaine de personnes (amassées devant le 10 Downing St pour le discours de démission de Johnson), en braillant lien "He who laughs last, laughs the loudest. Wait and see!".

Y'a pas à dire, la classe, raffinée la lady. On a hâte de recevoir ses consignes pour l'enseignement du gros module "Modern/Fundamental British Values", que les établissements scolaires doivent enseigner dès le primaire depuis 2014, dans le cadre d'une matière intitulée "SMSC", Spiritual, Moral, Social and Cultural development (voir par ex. le "scheme of work" - programme - de cette matière sur ce site de ce collège-lycée de Bristol, pris au hasard lien. Les programmes varient selon les établissements).

Il nous faudrait en particulier des éclaircissements sur l'éternel débat "deux doigts lien ou l'index lien ou même les deux index lien ?".

Jenkyns pourra donc nous aider. Ouf, Ofsted (les services d'inspection. Des Dieux vivants : leur verdicr peut doubler les effectifs – donc le budget de l'école – si excellente note ou faire fermer une école si l'inverse) est super hot sur cette matière des British Values donc le corps enseignant est ravi de voir que la nouvelle ministre est visiblement une experte sur ces questions. Une regrettable confusion s'est installée avec tous ces brassages, cette européanisation, etc. et on a quelque peu perdu la tradition britannique des deux doigts, ergo ça sera bien d'avoir les conclusions des toutes dernières recherches pédagogiques en la matière. Never mind le Brexit et toutes ces âneries sans importance, faudra bien un jour éclaircir ce débat digital.

Un speech de démission durant lequel Johnson n'a pas prononcé une fois le mot "démission", ça va d'soi.

Johnson est vénère contre Rishi Sunak. Le gendre idéal lui a mise bien profonde à Johnson la semaine dernière. Une banale histoire de vengeance. (Sunak, leader de la rébellion anti-Johnson et à l'origine de la démission en cascade de 60 ministres/secrétaires d'État/sous-secrétaires d'État (sur 122) la semaine dernière, est favori chez les bookmakers pour succéder à Johnson.

Y'a vraiment de tous dans la dizaine de prétendant.e.s (tous ministres ou assimilé), mais y'a surtout du Randien (Javid), de l'ignare de base (Truss), de l'anti-woke obsessionnel (Badenoch), de l'exilé fiscal (Zahawi – 20 millions £ placés en offshore) et de la pourriture (Braverman). Mais il semble qu'aucun des susnommé.e.s n'ait vraiment une chance, sauf peut-être Liz Truss, celle qui confond Mer Baltique et Mer Noire lien, pas mal pour une ministre des Affaires étrangères.

Penny Mordaunt est cependant en embuscade lien, selon les bookmakers (lien apparemment mis à jour aujoud'hui mais qui a un bon métro de retard car Ben Wallace s'est désisté y'a 48 h. Le pauvre est un Remainer convaincu et on a dû lui faire comprendre qu'il n'avait donc aucune chance).

Les 365 députés conservateurs de la Chambre des Communes voteront à partir d'après-demain. Un candidat est éliminé à chaque vote en gros, pour n'en garder que deux. Y'a d'autres règles et le processus pourrait être accéléré car manque de temps avant la suspension du parlement en fin de semaine prochaine mais je vous la fais succincte. En principe on connaîtra les deux élus jeudi en huit, juste avant le "recess" donc, la suspension du parlement jusqu'à début septembre. En août y'aura une série de petits meetings et rencontres entre les deux candidats et les membres du Parti conservateur dans une quinzaine de villes, avec séances Questions-Réponses, etc. Et fin août les 200 000 encartés du Parti conservateur voteront (par courrier) pour élire le winner. Si vous voulez devenir membre du Parti conservateur et influencer les débats, l'adhésion est à 25 £. Le nouveau premier ministre sera en principe annoncé le 5 septembre. Après, faudra faire sortir Johnson et sa femme du 10, ça va être coton, le bar est bien approvisionné et le jardin très sympa pour les partys.

Mordaunt, élue "députée la plus sexy du pays" vers 2012 par les tabloïds, est une Tory endurcie, ardente Brexiter, super patriote (background militaire, son père, parachutiste ; mère disparue alors qu'elle avait 15 ans), etc. mais elle est de milieu working-class et semble moins ravagée du bulbe que la plupart des autres prétendants.

Enfin, tout est relatif, elle n'a pas l'air trop nette non plus. Paraît qu'elle est tellement dilettante – glandeuse sur les bords disent les mauvaises langues, "on ne la voit jamais" – que son surnom est "Penny Dormant". Elle a aussi toujours refusé de se rendre à l'étranger, même en train ou bateau, ce qui pour son poste actuel, ministre du commerce, peut constituer un certain handicap. Elle a par exemple refusé récemment de se rendre aux USA pour signer un important accord et a envoyé un "minion" (subalterne) à sa place, ce qui aurait rendu le gouvernement furax. Ces deux dernières caractéristiques (working-class et pas trop ravagée) étant un désavantage au R-U par les temps qui courent, elle est # 2 chez les bookies mais c'est clair qu'elle ne part pas favorite. Souvent attaquée par son propre camp et les médias de droite comme étant "woke", car vue comme trop "pro trans" (son frère, gay, est impliqué dans les campagnes droits LGBTQ+).

Donc ouais, notre nouvelle ministre, Andrea Jenkyns, une ceintrée alt-rightiste. Libertarienne ou "anarchiste de droite" comme ils aiment dire (jamais bien saisi la différence profonde, trop subtil pour moi sans doute. Please, laissez-moi mariner dans mon ignorance). C'est une cumularde : ayatalloyate du Brexit, supportrice de L'Union Populaire Républicaine d'Asselineau lien, ex gauleiter du comiquement nommé "European Research Group" (les principaux architectes du Brexit, tous atteints d'ultracrépidarianisme, la terrible maladie de Dunning-Kruger, envoyez vos dons), grande pourfendeuse de la conspiration planétaire ourdie par les "leftie woke mobs", etc. Bref, elle promet.

Sauf qu'elle giclera sans doute au re-re-remaniement dans quelques semaines/mois, lorsque Johnson aura fini de squatter le 10 Downing Street. Ou "le 10" comme on l'appelle ici. J'aime bien ce surnom, le 10, ça me rappelle ce chouette bar du quartier Odéon à Paris, Le Dix/le 10 lien, où j'aillais bcp étant jeune années 1980, superbe sangria et juke-box. Fab place, à l'époque en tout cas, je n'y suis jamais retourné. On fétarde et picole plus au 10 londonien, it goes without saying.

Tweet de David Lammy, l'un des députés Labour les plus connus (circo de Tottenham), également présentateur radio sur LBC lien : "Is it too much to ask in @BorisJohnson Britain that the new Education Minister set an example to our nations children and not show the general public her middle finger." Il est marrant Lammy, il compte sur les Tories pour montrer l'exemple. Haha, il n'a décidément jamais perdu son innocente âme d'enfant l'ami David, admirable.

Jenkyns a beau avoir le titre trompeur de "minister", elle n'est que numéro 2 dans l'ordre protocolaire à l'Éducation, son boss est le Secretary of State for Education, quasiment toujours abrégé en "Education secretary", et familièrement "Educ Sec" (autre titre trompeur, car SSE > minister. On appelle souvent ces derniers "under-secretary" pour éviter la confusion).

Pas moins de trois ministres de l'éducation (education secretary) se sont succédés la semaine dernière… Celle du milieu – Michelle Donelan – nous as fait un Leroy Rosenior (manager de Torquay pendant… 10 minutes lien) en ne restant en poste que 35 heures.

Mais la vie n'est pas trop ingrate pour cette caste-là car elle touchera 17.000 £ pour cette dure journée et demie de labeur ( lien "Minister who quit after 35 hours is in line for £17,000 payout. Michelle Donelan is one of 28 ex-ministers who resigned or were sacked in coup and are set to earn a combined £240,000 in redundancy money).
Mangeur Vasqué le 11/07/2022 à 20h30

Ah, petite précision sur la fight Johnson vs Rishi Sunak. Comme je l'écris plus haut, c'est purement une histoire de vengeance.

Les raisons de Sunak pour avoir fomenté l'énorme révolte la semaine dernière, qui a donc poussé Johnson à la démission, n'ont absolument rien à voir avec "des questions de principes" et de quelconques "désaccords sur la politique, la taxation etc. entre les deux hommes", cô les journalistes nous expliquent lolesquement des deux côtés de la Manche. Et ils expliquent ça sans éclater de rire, sont balèzes (je sais pas comment ils font pour ne pas se pisser dessus en disant des conneries pareilles, ça doit être une technique qu'on enseigne dans les écoles de médias ou qu'on acquiert avec l'expérience. Chapeaux bas en tout cas).

Y'a trois mois, une affaire sort de nulle part. On apprend que la femme de Rishi Sunak, Akshata Murty, fille d'une des plus grosses fortunes d'Inde, est une "non-dom" au Royaume-Uni, comme environ 80 000 personnes (officiellement), voir ici lien. Pour faire simple, elle escroque le taxman (impôts), grave, en toute légalité. Ces gens-là escroquent en toute légalité, ce sont d'honnêtes escrocs. Ce statut sympa de non-dom lui aurait évité de payer 20 millions £ en impôts lien et elle aurait régularisé depuis… mais une petite niche sympatoche magouillée dans les Fifties entre le Royaume-Uni et l'Inde lui permet encore d'entuber les impôts britanniques, à hauteur de 280 millions £, ça commence à chiffrer lien "Chancellor Rishi Sunak's wife could save herself £280m in UK tax thanks to a loophole created by a treaty between the UK and India dating from the 1950s".

Affaire qui éclate alors que l'ambitieux Sunak a le vent en poupe tandis que Johnson est englué dans de multiples scandales, au plus bas dans les sondages et sur le point de se prendre un vote de défiance des parlementaires Tories. On se demande qui pourrait avoir intérêt à plomber Sunak et faire diversion du même coup… Hum, on se demande vraiment qui… lien.

Précisons que Sunak, qui en tant que Chancellier de l'Échiquier (ministre des finances) créchait jusqu'a peu au 11 Downing St, avec vue sur les jardins du 10, portes communicantes, etc. avait été un temps soupçonné d'être derrière la masse de révélations du Partygate – et les photos compromettantes, prises des étages, dont de bureaux du 11… –, cô je l'avais expliqué vers janvier dans le filpo. Ou complice, avec Dominic Cummings par exemple qui semble s'être juré de passer le reste de sa triste vie de cloporte à faire chier Johnson.

On peut donc légitimement penser que Johnson a toujours soupçonné Sunak ou le tandem Sunak-Cummings d'être derrière les révélations & photos du Partygate. Environ 200 personnes travaillent aux 10 & 11, et davantage ont un pass d'accès. Donc pas mal de monde auraient pu prendre ces photos et rapporter les détails mais on voit mal des sous-fifres/administratifs/conseillers/etc. risquer potentiellement gros pour ça, même s'ils ne goûtent guère Johnson.
Jah fête et aime dorer Anne le 11/07/2022 à 20h59

En réponse à Mangeur Vasqué le 11/07/2022 à 20h30
(voir le message)

Tout cela me donne envie de re-regarder la série Château de Cartes (la britannique de 90) ainsi que The Thick of It.
Mangeur Vasqué le 12/07/2022 à 20h31

[erratum : le majeur bien sûr pour le doigt d'honneur, pas l'index]

Je n'ai pas souvenir d'avoir vu la version british de "House of Cards" mais "The Thick of It" oui, série bien foutue et marrante. Joanna Scanlan est dedans, excellente dans une autre série culte (jamais diffusée en France), "Getting on" lien), sur le quotidien d'un service gériatrique dans un NHS en crise (le Service National de Santé), tout ça sous un angle humoristique. Ça rappelle parfois "The Office". Y'a Jo Brand aussi dans le casting (considérée comme "national treasure" au Royaume-Uni). Y'a eu un remake américain, diffusé en France via HBO, je ne sais ce qu'il vaut.

Le daddy britannique de ces séries politiques est "Yes Minister" (années 1980 lien), forcément un peu désuète aujourd'hui mais toujours drôle. Régulièrement rediffusée sur la TNT britannique, avec Paul Eddington dans le rôle du premier ministre. Il avait connu un gros succès auparavant dans un sitcom culte au Royaume-Uni intitulé "The Good Life" lien).

J'avais évoqué "The Good Life" notamment ici (1er paragraphe lien), en parlant des débuts du mouvement environnemental au Royaume-Uni, dans les Seventies et Eighties, l'engouement pour l'écologie et une vie plus verte, moins matérialiste, qui venait en contrepoint de la vague consumériste lancée dans les années 1960. C'était une forme de contre-culture, dans la veine hippie (un peu l'ancêtre du mouvement bobo). "The Good Life" raconte les tribulations d'un couple middle-class en grande banlieue cossue londonienne (Surbiton, devenue célèbre grâce à la série), qui essaient d'être auto-suffisants et montent une mini ferme dans leur jardin, au grand dam de leurs voisins.

"The Good Life" surfait sur la vague écolo, sur le besoin d'espace, le retour à la nature et aux valeurs simples, etc. qui attire tant de britanniques en France (largement à conjuguer au passé aujourd'hui), vu qu'acheter une propriété avec du terrain en campagne, et a fortiori quelques hectares, est très difficile (cher) en Angleterre ou Écosse, ou alors faut acheter le terrain d'abord, 3 000 m2 mettons et construire soi-même sa maison (ça se fait, ça s'appelle le "self-build", mais c'est pas courant). Mais bon même ça c'est pas donné (pire encore en Écosse je pense, les terres étant aux mains de latifundiaires, 300 familles environ. Un peu plus faisable au Pays de Galles mais toujours très cher). Options bcp trop chères par rapport au Limousin, centre-Bretagne, Normandie, Poitou, etc.
Tricky le 13/07/2022 à 12h44

(The New Statesman aussi, MV, non ?)
Mangeur Vasqué le 13/07/2022 à 19h46

Le daddy des séries politiques est "Yes Minister" comme je l'ai écrit (lancé en 1980) mais oui, "The New Stateman" (1987) est dans les pionniers au R-U, à ma connaissance en tout cas, tu fais bien de le mentionner.

Bon, la campagne à la succession de Boris Johnson, une sorte de primaire qui accouchera de 2 finalistes jeudi prochain. Ils étaient une bonne douzaine de candidats jusque y'a deux jours mais 4 ou 5 n'ont pas réussi à réunir les 20 parrainages minimum nécessaires de la part de député.e.s Tory (appelés des "backers" ou "endorsements"), donc ils n'étaient plus que 8 ce matin, et ne sont plus que 6 survivors ce soir, le premier vote ayant eu lieu cet aprèm.

12-15 candidats, ça peut paraître bcp mais la plupart d'entre eux voulaient surtout se mettre en vitrine et rappeler qu'ils existent après les tourments de ces dernières semaines. Il s'agissait de faire passer un message fort aussi (histoire d'être dans le prochain gouvernement ou d'hériter d'un poste ministériel, et y'en a 112 donc y'a de quoi distribuer). Le coeur du message étant : vous pouvez comptez sur moi, je n'ai pas ramolli contrairement à certain.e.s, je suis encore plus bitch/bastard qu'avant. Comme par exemple la no-hoper Kemi Badenoch, l'Anti-Woke Queen, voir cet article du Guardian lien "Culture warrior Kemi Badenoch is already a winner with Tory right. Former minister surfing anti-'woke' wave is unlikely to become PM but should land plum cabinet role".

La série de votes dégagera 2 finalistes, qu'on connaîtra dans 8 jours. Il faut au minimum 30 votes pour passer un tour. Tout comme la règle des 20 parrainages, cette règle des 30 votes a été nouvellement adoptée pour accélérer le processus car cô je l'écrivais le vote doit être bouclé avant la suspension parlementaire jeudi prochain.

Premiers votes des 358 députés Tories aujourd'hui donc. Voir les résultats ici lien. Deux éliminés : Nadhim Zahawi (25 votes) et Jeremy Hunt (18 votes seulement), ex ministre à trois reprises depuis 2010, mais qui n'avait vraiment aucune chance en tant que Remainer et à peu près sain d'esprit (pour un Tory). Et en plus Hunt a un golden labrador, ça l'a plombé encore plus.

Campagne éclair donc ça blitze de toute part. Et ça raconte vraiment n'importe quoi. Enfin, c'est une campagne, faut donc s'attendre niveau affabulation à ce qui se fait de mieux à Moncrabeau lien ou à Santon Bridge lien, en bien plus toxique.

Comme les speechs et déclas de Penny Mordaunt ces derniers jours, wow, on croirait qu'elle brigue la direction de UKIP. Mais ça reflète bien ce qu'est devenu le Parti conservateur, un parti libertarien alt-rightiste et post-truthien.

Et si Mordaunt parvenait en finale, selon le dernier sondage yougov lien (institut de sondage d'ailleurs créé en 2000 par l'un des 8 candidats, Nadhim Zahawi, enfin ex-candidat car il n'a pas passé le 1er tour). Voir les résultats ici lien. Deux éliminés : Nadhim Zahawi (25 votes) et Jeremy Hunt (18 votes seulement), ex ministre à trois reprises depuis 2010, mais qui n'avait vraiment aucune chance en tant que Remainer et à peu près sain d'esprit (pour un Tory). Et en plus Hunt a un golden labrador, ça l'a plombé encore plus.

Campagne éclair donc ça blitze de toute part. Et ça raconte vraiment n'importe quoi. Enfin, c'est une campagne, faut donc s'attendre niveau affabulation à ce qui se fait de mieux comparativement à Moncrabeau lien ou à Santon Bridge lien, en bien plus toxique.

Comme les speechs et déclas de Penny Mordaunt ces derniers jours, wow, on croirait qu'elle brigue la direction de UKIP. Mais bon, ça reflète bien ce qu'est devenu le Parti conservateur.

Et si Mordaunt parvenait en finale, elle torcherait n'importe quel autre finaliste selon le dernier sondage yougov lien (institut de sondage d'ailleurs créé en 2000 par l'un des 8 candidats, Nadhim Zahawi, enfin ex-candidat). Les 150-200 000 adhérents du Parti conservateur voteront mi-août ou fin août, dates non encore arrêtées à ma connaissance.

Après, pas sûr qu'elle parvienne en finale mais c'est ça semble probable. Ce genre de sondage est de nature à influencer pas mal de député.e.s, surtout s'ils pensent avoir une chance d'être dans le gouvernement que le nouveau PM formera en septembre. (Après, pas impossible non plus que des cabales en coulisses, de ses principaux concurrent.e.s, cherchent à lui savonner la planche.)

La popularité de Mordaunt est en forte hausse depuis une semaine. Elle est "one of us" (blanche et britannique "de souche"), background militaire (ce qu'elle rappelle sans arrêt, "faut un chef fort" etc.), ardente patriote et Brexiteuse 4 étoiles, contrairement à Liz Truss.

Truss est également souchienne et blanche mais elle traîne quelques casseroles, une réputation moyenne et surtout, tare fatale, Truss est une ex Remainer – devenue Leaver post référendum mais purement par opportunisme politique. Pour beaucoup, c'est une"traître". Pis Truss a quelques boulets parmi ses "backers", dont les toxiques Rees-Mogg et Dorries, ce qui rebuterait quelques députés Tories auparavant chauds pour voter pour elle. L'un deux a déclaré (anonymement) que "la décision de Liz Truss d'être parrainée par Jacob Rees-Mogg et Nadine Dorries a été le coup de grâce pour moi, je pensais voter pour elle mais pas question maintenant."
Mangeur Vasqué le 13/07/2022 à 20h00

(désolé pour les redites - bugs)

Et Mordaunt est montée en puissance. Comprendre : elle s'est radicalisée ces derniers jours, ce qui évidemment plaît à pas mal de député.e.s Tory et évidemment à la base, surtout les 150 000-200 000 encartés qui voteront en août (des hommes en majorité, d'un certain âge, à 97 % blancs et majoritairement sudistes. Même si comme le montre diverses études, leur vote n'est pas monolithique, voir ici par exemple lien. Notons que Ben Wallace, qui avait de peu la faveur des encartés, avec 13 %, s'est désisté depuis la parution de l'article. On peut donc penser que Mordaunt est désormais #1 parmi les adhérents, hypothèse confirmée aujourd'hui par le sondage yougov que je viens d'évoquer lien).

Le clip de campagne de Mordaunt (mama mia…), est "soaked in nostalgia", comme a analysé un commentateur (tout comme le Brexit donc), et ça a fait tilt. Ses discours et interventions alt-rightistes du moment plaisent beaucoup.

Par exemple celui sur les "succès du Brexit" (marrant ça, elle n'a donné aucune précision ; aucun journaliste non plus pour lui demander de les lister) et ces sinistres Albanais, Monténégrins, Nord Macédoniens, Serbes, Turcs & co qui auraient envahi le Royaume-Uni si on n'avait pas eu la lumineuse idée de brexiter, "en inondant le pays de criminels car ces pays étaient sur le point d'adhérer à l'UE avant le référendum".

(de toute manière, le R-U avait un véto, comme tous les autres pays, ce que Mordaunt a nié - pendant la campagne du Brexit, et nie toujours, affirmant que "l'UE aurait trouvé le moyen de nier ce véto au R-U", ou un truc du genre).