Gaceta de la Liga : jornada 36
Les gestes • Barça : la haie d’horreur • Nihat met Villareal sur orbite • Getafe au moral • La bataille Navarre • Manif à La Corogne • Ronaldinho, grand corps malade • Marca l'ombre • Ils ont dit • Les chiffres •
Les équipes types
Les équipes types
Auteur : Antoine Faye
le 9 Mai 2008
Les résultats
Real Madrid - Barça : 4-1
Getafe - Almería : 4-2
Majorque - Osasuna : 2-1
Deportivo - Levante : 1-0
Valence - Saragosse : 1-0
Betis - Valladolid : 1-1
Murcie - Athletic : 1-2
Recreativo - Villarreal : 0-2
Espanyol - Atlético : 0-2
Racing - Seville : 0-3
Les gestes de la journée
• La main ferme d'Iker Casillas pour détourner la frappe enroulée de Lionel Messi qui prenait la direction des filets.
• Des nombreux gestes de classe réalisés mercredi par Juan Carlos Valerón, retenons arbitrairement la délicieuse passe lobée amenant le seul but galicien du match.
• La participation, en tête de file, de Frank Rijkaard à la haie d’honneur faite au Real Madrid: rien ne l’obligeait pourtant à s’inclure dans ce protocole.
Les antigestes de la journée
• Le défaut de fair-play de Majorque, qui inscrit un but décisif alors qu’un des joueurs adverses est à terre. À comparer avec l’attitude, plus noble, de Sergio, du Deportivo La Corogne, contre Levante
• Le duo de Capoeira entre Marcelo et Valdés.
Barça : la haie d’horreur
Invité d'honneur de la grande fête du Real, le Barça a joué les parfaits convives. Exécutant poliment la haie d'honneur – préférant renoncer à afficher leur soutien à Gabi Milito, blessé pour six mois – les Catalans ont tout fait pour que les Madrilènes, en plus du titre, connaissent une célébration mémorable (4-1).
Ce n'est pas la haie d'honneur qui a humiliés les Barcelonnais, c'est leur jeu. Dans un match où ils n'avaient pour objectif réaliste que la sauvegarde de leur orgueil, ils ont démissionné. Une prestation honteuse, à la limite du ridicule, sans doute la plus déshonorante des dernières années, et qui – à peu de choses près – aurait pu s’achever sur une correction historique.
Pire, face aux micros, quelques joueurs s'abritaient derrière l'arbitrage. Certes, Undiano Mallenco n'a pas eu la main heureuse sur les deux premiers buts madrilènes et beaucoup d'autres choses: mais en aucun cas, la passivité de la défense barcelonaise, l'écart abyssal entre les lignes, le refus manifeste d'aller au contact ou d'épauler Messi ne relève du pouvoir de l'homme en noir.
Un goût d'humiliation
Et le Real n'en demandait pas tant : mis à part peut être lors de la réception de Valladolid, jamais les Merengues n'avaient dominé un match aussi copieusement. Car au-delà des quatre buts, Valdés a réalisé une bonne série d'arrêts et le Real s'est créée d'autres situations chaudes. Côté catalan, seules les chevauchées de Messi ont créé le danger et Iker Casillas, comme à son habitude, a sorti, parfois avec brio, les ballons passant à sa portée.
Par chance, le but de Henry a refroidi quelque peu les ardeurs d'un Real beaucoup trop professionnel pour le Barça. Mais il ne lui permettra pas au Français de faire oublier une prestation aussi transparente que sa saison. En perdant au Santiago Bernabeu, non seulement le Barça a ajouté à la défaite un goût d'humiliation, mais il vient aussi de se jeter tête en avant dans une crise plus profonde qu'elle ne l'était hier. Le club peut annuler ses matches exhibition d'avant saison puisque les Catalans sont désormais mathématiquement envoyés au tour préliminaire de la Ligue des champions.
Rijkaard au casse-Pep
Pire, la réaction du public promet d'être extrêmement houleuse. Furieux du comportement de l'équipe en Liga et du manque de volonté affiché par certains joueurs, la relation entre l'équipe et ses supporters passe par une phase critique. À tel point que les joueurs s'entraîneront à huis clos jusqu'à samedi, au moins. C'est alors que le Camp Nou livrera sa sentence.
L'avenir de Frank Rijkaard – déjà scellé depuis une bonne semaine – est donc officiellement connu. Josep Guardiola prendra les rênes de l’équipe. Objet de vives critiques ces dernières semaines, et sans doute d’une prochaine motion de censure, le président Joan Laporta a donc joué l’effet d’annonce pour éviter la démission. Espérons seulement, pour l'intérêt du club, que la crise n'accouchera pas de décisions précipitées.
Nihat : L’homme qui bosse fort
Deux ans après avoir quitté la Ligue des champions, Villarreal retrouve l'élite européenne. En s'imposant 0-2 à Huelva (buts de Nihat et Guille Franco), les joueurs de Manuel Pellegrini se sont offert des vacances anticipées – et prolongées puisqu'ils s'épargneront les joutes du tour préliminaire. La grande fin de saison de Nihat n’y est pas étrangère.
En soi, cette performance confirme la progression constante du club dirigé par Fernando Roig. Car si ce modeste club s'est déjà fait connaître en Europe, le sous-marin jaune obtient cette saison le meilleur classement de son histoire en Liga. De surcroît, le jeu élégant et inspiré des joueurs de Pellegrini a eu le mérite d'éviter la déprime des amoureux du beau jeu, au cours d'une saison dominée par l'ennui.
En dominant nettement Santander (0-3), Séville a écarté un adversaire direct dans la course à la C1. Mais l’Atlético Madrid n’a pas tremblé et s’est imposé à Montjuïc, face à un Espanyol de Barcelone en perdition. Quant au Racing, équipe révélation de la saison, il est désormais talonné par Majorque (vainqueur d'Osasuna, 2-1) pour une qualification en Coupe de l'UEFA.
Getafe au moral
Le ventre mou du classement engraisse chaque semaine un peu plus. Au cours de cette 36e journée, ce sont deux vieux amis, Valence et Getafe, qui ont gagné leur maintien. En battant Saragosse (1-0, but de Silva), Valence a mis fin à une saison douloureuse, compensée par la victoire en Coupe du Roi. Mais l’avenir est sombre: en proie à de grosses difficultés financières, Valence ouvrira sans doute la porte à ses joueurs-vedettes.
Quant aux joueurs de Getafe, ils ont finalement retrouvé le goût de la victoire après deux mois de famine. Et pourtant, Almería ne leur a pas facilité les choses (4-2), car les visiteurs menaient 0-2 après seulement onze minutes de jeu. Sous l'impulsion, notamment, de Manu Del Moral – auteur d'un doublé – les Azulones n'ont pas renoncé et ont fini par renverser la vapeur. Leur maintien n'est que justice.
Touché-coulé : la bataille Navarre
La course à la descente est l’affaire de quatre équipes. Certes, Valladolid, qui a pris un point face au Betis (1-1 à Séville), peut se mettre à l’abri dès la semaine prochaine en recevant Getafe. Ce serait d'ailleurs préférable pour les joueurs de Mendilibar, car ils se déplaceront à Huelva pour le compte de la dernière journée. Les trois points de marge qu'ils enregistrent sur le Recre et Osasuna, premier relégable, ne les préservent pas de la chute.
Plus à vif est la lutte entre Saragosse (41 points), le Recre et Osasuna (40 points). Ces trois équipes, défaites mercredi, n'ont plus que deux journées pour desceller leur avenir. Saragosse n'aura pas une partie facile, puisque son prochain adversaire sera le Real, en quête du record absolu de points en Liga. Huelva, défait par Villarreal, peut profiter de son déplacement à Almería, qui n'a rien à gagner ni à perdre pour tenter de prendre des points.
Enfin, Osasuna pourra enrager de sa défaite à Majorque (2-1). Dans les arrêts de jeu, alors qu'un joueur Navarre est à terre, les insulaires poursuivent leur action et marquent, grâce à Trejo. Ce but oblige les joueurs de Ziganda à réaliser un miracle: s'imposer à domicile ce dimanche.
Manif à La Corogne
Grâce à Levante, un souffle rafraîchissant parcourt la Liga. Si sportivement, l'équipe est déjà reléguée de longue date, son professionnalisme laisse pantois la totalité du public espagnol. Pour son déplacement à la Corogne, les joueurs Granates ont mis au point une forme originale de protestation.
Après être entrés sur la pelouse, vêtus d'un T-shirt – rien de très original, convenons-en – les joueurs de José Ángel Moreno se sont regroupés autour du rond central au moment du coup d'envoi. Et les joueurs de La Corogne d'observer – médusés – leurs adversaires plantés sur la pelouse alors que le ballon roulait déjà.
Sergio, milieu du Depor, se résout dès lors à expédier le ballon hors du terrain. C'est seulement à ce moment que les joueurs de Levante ont regagné leurs positions. Dans les tribunes, quelques minutes plus tard, les supporters galiciens venaient à la rescousse de l'effectif levantin, en chantant “Qu'ils soient payés!”
Ronaldinho, grand corps malade
C’est une jolie rupture de la loi du silence qu’a opérée ce lundi le journal ADN, en publiant des informations alarmantes sur l’état de santé de Ronaldinho. À vrai dire, une partie de la classe journalistique connaissait depuis près d’un an l’état de santé très dégradé du Gaucho, sans jamais s'en faire écho.
"Bien pire"
Jusqu'alors, le Brésilien avait passé ses examens sous la supervision directe ou indirecte du Barça, soit au centre médical du club, soit dans des cliniques dûment affiliées. Mais cette fois, Ronnie a réalisé un check-up dans une clinique placée hors du contrôle au club blaugrana, à l’invitation – sans doute – d’un club milanais dont le président affirme aujourd’hui ne plus avoir besoin de ses services.
C'est en jouant sur le caractère privé de cet examen qu'ADN – un journal gratuit, vivant plus des dépêches d'agences que des demandes d'accréditation – peut publier ces informations. Les allégations sur l’état de santé du Brésilien, "bien pire que ce que tout le monde peut imaginer", et ses sorties de plus en plus alcoolisées en boite de nuit ne vont sans doute pas aider le Barça à s’en débarrasser.
Marca l'ombre
Avec le titre du Real Madrid, la Liga a perdu un peu de son piquant. Pendant le début de semaine, outre le récit détaillé des festivités triomphales du Real, la presse madrilène – Marca. en tête – a livré un impressionnant battage médiatique pour que le vaincu barcelonais fasse la haie d’honneur au Real. Photomontage, salves de questions en conférence de presse, litres d’encre, tous les moyens ont été mis en œuvre au service de cette idée.
Fausse coutume
Mais en oubliant sans doute que cette coutume n’en est pas une – Villarreal ne l’avait pas réservée au Barça voilà trois ans –, le principal organe de presse du royaume madrilène a perfidement ajouté au triomphe merengue la dose d’humiliation indispensable au plaisir de son lectorat, en rappelant à l’envi l’obligation morale des Barcelonais à rendre “sportivement” hommage au nouveau champion, devant le public et l’équipe honnis.
C’est ainsi qu’est né le “Clásico de la haie d’honneur”, comme l’a subtilement baptisé Marca. Si le bon goût et la demi-mesure n'ont jamais envahi la rédaction de cet important organe de presse, l’arrogance avait disparu des “unes” depuis le fameux “Tu vas prendre une valise” lancé à l’adresse du portier de l’Arabie Saoudite lors de la Coupe du monde 2006 (victoire fleuve 1-0 des Espagnols) puis la mise à la retraite prématurée de Zidane avant les quarts de finale. À voir la manière dont le quotidien sportif a présenté le Clásico ce mercredi, on a compris que cette tradition-là ne serait pas éteinte de sitôt.
Ils ont dit
• “Nous nous sommes maintenus deux semaines plus tôt que l'an dernier” – Chaparro, entraîneur du Betis, réagit au maintien mathématique de son équipe.
• “Le Real Madrid détruit le Barça le plus décevant depuis des décennies“ – Marca.
• “Vous avez déshonoré le maillot du Barça“ – Sport, en une.
Les chiffres
12. Nombre de points pris par l’Espanyol de Barcelone au cours des matches retour. Sur 48 possibles, c’est très faible pour une équipe qui ambitionnait l’Europe.
17. Nombre de points séparant le Real Madrid et le FC Barcelone après 36 journées de championnat.
3.817. Prix – exprimé en euros - d'une minute de jeu de Lilian Thuram depuis son arrivée au Barça.
L'équipe type de la 36e journée
L'équipe pauvre type de la 36e journée
Ces sélections sont établies sur la mauvaise foi des classements de la presse madrilène (AS et Marca, qui notent sur 4) et catalane (Sport, qui note sur 10) pour 50% de la note finale chacune.