Isère, Isère, c'est toujours sur les pauvres gens…
Matchbox: PSG-Grenoble, 0-1. Après le maillot vert de la semaine dernière, McFadden en a enfilé un orange pour persécuter Mickaël Landreau...
Auteur : José-Karl Bové-Marx et Vincent Ribalet
le 29 Sept 2008
But: Akrour (77e)
La nalyse : le PSG en langage Basic
0-1, 1-0, 1-1, 1-0, 1-0, 2-1, 0-1, 1-0, 0-1… Les résultats globalement positifs enregistrés depuis le début de la saison par un PSG makelelelisé cachent une évidence: ce Paris-là n'a aucune marge. S'il encaisse peu de buts, il n'en marque pas beaucoup non plus. En neuf matches officiels, l'armada parisienne n'a réussi à inscrire deux buts qu'une seule fois – au fin fond de l'Anatolie. Dès lors, quand le PSG encaisse un but, cela sent le sapin.
Il est vrai que, même lestée de l'épouvantail Sammy Traoré, la défense articulée autour de Camara est solide. Mais comme tous les joueurs de Ligue 1 ont vu France-Écosse, ils sont à présent nombreux à tester Landreau de loin. Avec succès. Après le Stéphanois Dabo lors de la journée précédente, c'est le Grenoblois Akrour qui signe le but de la semaine. Bref, quand Paris joue, il y a peu de buts, mais ceux qu'il encaisse sont jolis. Pas sûr que cela console les supporters, mais ça fera toujours les affaires de Dailymotion.
Jacques a dit: "tous ceux qui voient le PSG sur le podium se mettent le doigt dans l'oeil".
90% de transpiration, 10% d'inspiration
Quand le PSG a le ballon, on peut cataloguer les joueurs en deux catégories. La première se compose de neuf ouvriers spécialisés qui accomplissent des tâches précises. Les deux défenseurs centraux relancent court sur les latéraux et les milieux défensifs; ceux-ci transmettent la balle aux milieux offensifs excentrés, qui se débrouillent pour la passer aux attaquants, à charge pour ces derniers de marquer.
Le dépassement de fonction est aussi rare que le dépassement du milieu de terrain balle au pied par Zoumana Camara. C'est carré comme la mâchoire d'Armand, net comme une passe en retrait à trois mètres de Clément, réfléchi comme le positionnement de Kezman à la retombée d'une déviation de Hoarau.
Et puis, il y a la deuxième catégorie, qui est composée de Stéphane Sessegnon. Sessegnon ne fixe pas ses adversaires, il les dribble. Coincé le long de la ligne de touche, il ne remet pas sagement derrière lui, il tente une roulette-démarrage. Voyant un partenaire démarqué à soixante mètres, il n'en cherche pas un autre dix fois plus près: il le sollicite directement d’une énorme transversale. Alors, évidemment, il y a du déchet dans son jeu, sinon il ne s'appellerait pas Stéphane mais Steven et pas Sessegnon mais Gerrard.
Il fait cependant partie des rares joueurs capables de trouer les doubles rideaux des équipes qui défendent bas et coulissent intelligemment comme le GF38. Cela n'a pas marché samedi, mais l'opiniâtreté et l'inventivité de l'ancien "Requin de l'Atlantique" (du nom de son club au Bénin, avouez que ça tape encore plus que "Aigle des Açores") devraient lui valoir les faveurs longue durée du Parc des Princes. Reste à savoir, maintenant, si son positionnement dans le 4-4-2 gwenien ne bride pas le Béninois, privant l’entrejeu parisien de son indispensable rayonnement, et les attaquants de leur meilleur soutien.
> Plus de nalyse sur Grenoble dans la prochaine Gazette.
Bosser le week-end pour gagner pareil? Claude dit stop. Il préfère rester aux 35 matches et profiter des RTT que lui offre la Commission de discipline.
Les gestes du match
• Le lob du droit de vingt-cinq mètres, après un missile du gauche de trente mètres contre Rennes, et une tête victorieuse contre Sochaux. Bel hommage d’Akrour aux matches de Platini contre la Yougoslavie à l'Euro 84.
• L'enchaînement de rêve à une touche de balle Rothen-Kezman-Hoarau-Giuly au milieu de la première mi-temps, qui s'achève par une belle volée cadrée de vingt mètres de l'ex-Lyonnais. Satisfait, il ne touchera plus la balle de la rencontre.
• L'action galactique Battles-Courtois, avec un long coup franc du premier pour la volée piquée du gauche du second, identique à celle marquée par Roberto Carlos sur service de Zidane face à l'OM il y a quelques années. Enfin non, pas vraiment identique en fait.
• Le remplacement de Jemmali, trente-deux ans, par Regragui, trente-trois ans, afin de donner un peu plus de maturité à l'équipe grenobloise.
• La preuve que s'entraîner avec Sessegnon porte ses fruits, Pancrate est l’auteur d'une superbe talonnade qui décale joliment Hoarau pour la deuxième grosse occasion parisienne.
Les antigestes du match
• La série de jongles de la tête d'Akrour le long de la ligne de touche, qui s'achève par une balle perdue, alors qu'un partenaire attendait tout seul à trois mètres de là.
• Le tacle dans le vide de Kezman qui montre que quand il rate son match, il rate même ses attentats.
• Les multiples tentatives d'interception de Sammy Traoré, où il manque certes le ballon, mais attrape parfaitement le courant d'air qui passait par là.
• Les huées du Parc à l'encontre de Traoré au moment de son remplacement. Pourrir un joueur qui vient de faire un match calamiteux, c’est le meilleur moyen pour qu’il revienne gagner ici avec Grenoble l'an prochain.
• La preuve que s'entraîner avec Makelele porte ses fruits, Clément et Sessegnon ont tous les deux été sanctionnées d'un jaune pour brutalité.
Posez vos mains sur les cuisses, relevez votre tablette, rentrez la tête entre les épaules. La compagnie Fly Emirates vous souhaite bon vol et surtout bonne chance sur cette relance de Sammy Traoré.
Les observations en vrac
• Si le match avait été retransmis par Pink TV, les Grenoblois auraient sans doute joué en rose.
• Il a trente-sept balais, il mesure près de deux mètres, mais il est mince comme un adolescent. Il arrête tous les tirs, il s'impose sur les balles aériennes, et il dégage un calme souverain qui rassure ses défenseurs… C'est sûr, avec Grégory Wimbée, la France tient son Edwin van der Sar.
• À quelques minutes de la fin du match, Dja Djedje a été remplacé par Baning. Aucun des deux n'a marqué. Réjouis-toi, Paris, la malédiction est levée.
• En vieillissant, Laurent Batlles ressemble de moins en moins à Zinédine Zidane, et de plus en plus à Laurent Batlles.
• Le président du GF38, Kazutoshi Watanabe, a fait rire tout le monde en parlant la Ligue des champions pour 2014, mais on doit admettre que ce Grenoble-là nous rappelle par moment le chatoyant LOSC de Claude Puel.
• Énorme soupir de soulagement du côté des supporters de Grenoble: il n'y a pas de Daniel Moreira dépendance.
• On a compris l’utilité des tatouages de Kezman: c'est pour lui éviter d'être transparent.
• Pierre Ménès a dit des Parisiens qu’ils avaient fait preuve "d’une affligeante nullité", mais au-delà de la brillante saillie de l’homme de lettres, on sent l’amertume de celui qui a encore raté son Loto Foot.
Les titres auxquels vous avez échappé
• Sessegnon, c'est d'jà Jay-Jay
• Akrour d'idées
• GF38 dtc PSG75
• Paris plonge dans le cauchemar de la crise qui va le détruire ; on va tous crever (on le laisse au Parisien)