La Gazette, numéro 44
Monday I Have Wednesday on My Mind
Les milieux défensifs français internationaux se sont fait remarquer dans le courant de la semaine et du week-end: gros matches de Lamouchi, Karembeu, Makelele, Petit, Vieira, mais seuls les trois derniers ont été retenus par le sélectionneur dans le groupe de dix-huit qui va affronter le Portugal. Plus loin des postulants de première ligne, Dacourt aussi fait dire du bien de lui, et même Dalmat a marqué pour l'Inter (il a peut-être signé un avenant à son contrat pour inscrire des buts spectaculaires). A l'occasion d'un intense Parme-Juve (0-0), Thuram, avec une performance impressionnante, n'en finit pas de relancer le débat sur la charnière centrale des Bleus. Dans le climat de défiance qui entoure Lebœuf, nombreux sont ceux qui souhaitent le recentrage du Parmesan aux côtés de Marcel Desailly. On est bien d'accord, mais même si Thuram est meilleur dans l'axe que sur le côté, le problème est de trouver un arrière droit de son niveau...
Djorkaeff a marqué son premier but de l'année, puis son deuxième, sans empêcher Kaiserslautern d'aligner les dérouillées. Lemerre l'a rappelé en sélection, au grand dam de ceux qui s'imaginaient être déjà débarrassés du Snake, à la faveur de ses blessures répétées et des faibles performances de son club. Il en faudra plus pour en venir à bout. On pressent d'ailleurs quelques interviews à paraître dans les jours à venir.
Ce France-Portugal serait justement une revanche idéale pour Youri, qui n'avait pas digéré d'être resté sur le banc lors de la demi-finale de l'Euro 2000. Occasion de revanche pour les Portugais surtout, qui ont eux aussi connu une digestion difficile au soir du 28 juin (une longue rééducation leur a néanmoins permis d'acquérir une meilleure définition de la "main dans la surface"). Après la douche espagnole, les Bleus auront certainement blindé leur motivation, afin d'éviter une deuxième déception de suite. Voilà qui annonce un beau match mercredi soir.
Ah, stéroïdes !
En repassant par le sommet de Serie A évoqué plus haut, on dira qu'Edgar Davids n'a pas craint de prêter le flanc au soupçon de dopage qui ferait de lui le huitième joueur professionnel du Calcio à subir un contrôle positif à la nandrolone, selon la Gazetta dello Sport. Alors que les instances italiennes s'apprêtent à sanctionner Fernando Couto (Lazio), Davids a réalisé un match énorme, avalant les ballons et les espaces de manière particulièrement insolente. Si cette affaire était confirmée, la Juve apparaîtrait à nouveau mêlée aux instructions sur le dopage qui se sont multipliées depuis 1998. Et si le Calcio est bien le terrain où apparaissent toutes les affaires dont nous héritons par la suite, il y a de quoi s'inquiéter de ce côté-ci des Alpes.
FIFA : projets et urgences
Sepp Blatter est prévoyant, il désire obtenir un deuxième mandat pour mener à bien toutes ses missions, comme cette regrettable idée d'une Coupe du monde tous les deux ans, qu'il semble de pas avoir abandonnée (L'Equipe 20/04). Depuis plusieurs années, le football met en œuvre une constante politique de dévaluation de ses moments forts, en les multipliant. La Ligue des champions a prouvé comme elle pouvait vite banaliser des affiches qui étaient mythiques parce qu'elles ne se produisaient que deux fois en dix ans. En France, la Ligue a doublonné les Coupes et veut revenir à vingt clubs en première division… Blatter veut peut-être utiliser cette menace pour faire pression sur les clubs, les ligues professionnelles et les fédérations qui semblent avoir oublié que le calendrier harmonisé (une meilleure idée) entrait en vigueur début 2002. Si les dates prévues pour les rencontres internationales ne sont pas respectées, les clubs ne pourront plus pleurer parce leurs internationaux s'absentent.
Dans la catégorie des oublis, on ne sait trop s'il faut interpréter comme un phénomène de refoulement collectif la totale inconscience actuelle des clubs et des médias quant à la nouvelle réglementation des transferts. La réforme devrait être validée lors du Congrès de la FIFA à Buenos Aires début juillet, et entrer rapidement en application. Tous les contrats conclus avant cette mise en application iront à leur terme durant la période de transition, mais on peut s'étonner que les clubs —auxquels sont déjà attribués des transactions qui continuent à se chiffrer en centaines de millions de francs— ne semblent pas tenir compte de la prochaine déflation du marché.
ISMM/ISL, menacé de mise en faillite compromet les contrats signés pour les Coupes du monde 2002 et 2006 (voir La Coupe du monde en morceaux) et contraint la FIFA a des solutions d'urgence. Le déficitaire plus grand groupe de marketing sportif du monde risque bien d'être avalé par Vivendi-Universal et Bertelsmann, alliés pour la circonstance. Cette acquisition confirme la concentration de l'économie du sport, et du football en particulier, sous le contrôle de multinationales qui finiront par être actives dans tous les secteurs en cumulant la propriété des clubs, celle des droits (télé et marketing) et celle des médias. Le seul espoir pour sauver le foot, c'est celui d'un krach massif. La banqueroute d'ISMM montre que l'hypothèse n'est pourtant pas si folle.