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Nous nous sommes tant aimés

C'est un peu plus que le Mondial 2002 qui s'achève pour les Bleus et leurs supporters, au matin de ce 11 juin. Mais si un chapitre se referme, il ne faudrait pas étendre l'ombre de cette élimination sur les quatre années extraordinaires qui viennent de s'écouler, et non de s'écrouler.
Auteur : Jamel Attal le 11 Juin 2002

 

Les raisons auxquelles on peut attribuer cette élimination sont si nombreuses que chacun privilégiera la sienne. On a déjà pu constater dans cette Coupe du monde que les écarts s'étaient resserrés entre les ténors présumés et les autres. Dans un tel contexte, une légère baisse de niveau est fatale et aucune force magique n'a permis de renverser un destin qui a semblé plombé dès la première mi-temps de France-Sénégal.


Un verdict sans appel
Les facteurs négatifs se sont multipliés avant la compétition: blessures tragiques de Pires et Zidane, accumulation de la fatigue sur quatre saisons et non seulement sur la dernière, vieillissement des cadres, perte d'éléments essentiels, éparpillement au travers des sollicitations médiatiques, défection de la chance... Ces sombres précurseurs ont été suivis d'une nouvelle accumulation de sorts contraires au cours de ce premier tour… Peut-être était-il devenu impossible, dans un contexte profondément transformé par la consécration sportive elle-même, de préserver l'esprit irréprochable qui avait prévalu jusque-là. Des ressorts invisibles se sont cassés, expliquant l'absence de rebond entre les matches et de réaction décisive au cours de ceux-ci.

On cherchera donc des références historiques plus lointaines que les deux derniers tournois internationaux, si brillamment remportés. On ne peut ainsi s'empêcher de penser à l'Euro 92 en Suède, lui aussi abandonné sans victoire par une équipe qui semblait pourtant avoir tous les atouts en main, mais incapable d'enclencher une dynamique positive. C'est à un tel engrenage que nous avons assisté depuis le 31 mai, et c'est l'hypothèse d'une mort à petit feu qui l'a emporté (voir Précipice and love).

Faisant le constat douloureux de l'absence de but comme, logiquement, de victoire, c'est une immense frustration qui domine, car à aucun moment nous n'avons vibré, sinon de peur, à aucun moment nous n'avons pu nous lever pour crier une joie même fugace. Voir les autres équipes marquer parfois abondamment est une expérience cruelle, qui en retour souligne durement l'impuissance générale des Bleus. Cette frustration s'accompagne d'une certaine incompréhension qui renvoie plus à une défaillance collective qu'à une responsabilité individuelle. On peut se repasser le film de quelques instants précis, comme ce but bizarre de Bouba Diop, comme les cinq montants qui ont repoussé les occasions les plus nettes des Bleus, comme l'expulsion d'Henry, comme cette erreur de marquage de Candela sur le but de Rommedahl… Mais manifestement, les Bleus n'avaient ni le carburant, ni la solution.


Ouvrez les procès, dressez l'échafaud
Ce bilan comptable déprimant, alors que la sélection comptait dans ses rangs les meilleurs buteurs italiens, anglais et français, placera l'essentiel des responsabilités dans les choix de Roger Lemerre, qui n'a pourtant fait que maintenir sa confiance dans un groupe et un système qui avaient déjà réalisé des miracles. Mais on a toujours tort quand on perd, et toutes les explications auront l'air valable, toutes les alternatives paraîtront meilleures rétrospectivement, qu'il s'agisse du choix des joueurs comme du schéma tactique, de la préparation.

On attend maintenant avec anxiété le défilé des procureurs revanchards, qui vont enfin pouvoir ouvrir les vannes de leur ressentiment, surtout à l'encontre d'un sélectionneur qui les a tournés en ridicule plus souvent qu'à leur tour. Ceux qui ont été mortifiés en 98 réussiront-ils à cacher leur satisfaction, ou à la travestir suffisamment pour ne pas avoir l'air de trop se réjouir? Triste suspens… Ils surferont de toute façon sur la vague de mécontentement, sur la légitime exaspération devant l'omniprésence médiatique et publicitaire des internationaux. Ils ne manqueront pas dire qu'ils avaient prévu le fiasco, que l'unanimité obligée a empêché les remises en cause, que Lemerre a été incohérent etc. Ils ne se priveront pas de retourner dans la plaie le couteau qu'ils avaient dans la manche. Ce triomphe des défaitistes sera certainement le moment le plus difficile à vivre.


Ni amnésie, ni nostalgie
Prenons bien garde à ne pas dénaturer les bonheurs infinis de 98 et 2000 au jour de cet échec, même s'il jette une lumière de crépuscule sur cette fabuleuse génération. Remercions celle-ci à la hauteur de ce qu'elle nous a apporté, à l'aune des titres conquis. Aujourd'hui, les images de ce passé si proche, si lointain, se colorent d'une teinte acide, semblent ternies par un épilogue indigne, mais elles retrouveront bientôt leur véritable éclat. Simplement, nous aurons une conscience affinée de leur valeur, notre expérience, trempée dans la déception, étant désormais complète.

Une page se tourne toujours sur une nouvelle. L'équipe de France a encore un titre à défendre, Zidane est toujours le meilleur joueur du monde, Vieira, Henry et Trezeguet sont jeunes et nous avons tant d'espoirs…

Réactions

  • CELTIC BHOY le 11/06/2002 à 11h42
    Non, mais Israël ne nous a pas toujours souri. Pour moi, le France-Israël est plus "honteux" que le match contre une Bulgarie qui finit en demi. Et la perf d'une équipe israëlienne en coupe de l'UEFA est à prendre au sérieux.
    La Slovénie a certes manqué son mondial, mais aps l'Euro 2000. De plus, elle a fait de bonnes choses en éliminatoires, et l'EdF n'avait pas eu une partie de plaisir en amical face à eux.
    Un nul à Chypre, ce n'est pas de la science-fiction non plus, c'est du déjà fait !

    C'est clair que ce n'est pas un groupe de la mort, mais ce n'est pas gagné du tout. OK, ce ne sont pas le Sénégal, l'Uruguay et le Danemark, mais qu'aurions nous fait contre des adversaires moins relevés ? On ne le sait pas !

  • Moser le 11/06/2002 à 11h51
    Dans le sillage de Piem je voudrais juste dire qu'on est toujours dur avec un être aimé quand il vous déçoit…
    Pcq ce qui n'a pas été rappelé c'est 2 défaites, 1 nul aucun but marqué !!
    De plus le battage publicitaire était vraiment insupportable (c'est peu de le dire) et les déclarations de certains joueurs d'une prétention extraordinaire…alors oui je trouve cette fin indigne pcq j'aimais cette équipe et que moi aussi je n'oublie pas ces qques années de bonheur footbalistique qui malgré tout compte plus que le reste…

  • taivince le 11/06/2002 à 12h04
    "nous nous sommes tant aimes"

    cette formule n'est-elle pas un cri d'amour?

    "je t'aime quand meme!"

    ( :'-/ )

  • Dreadlocks le 11/06/2002 à 12h29
    Imagine... Tu es footballeur, champion du monde, champion d'Europe. Admiré
    et envié dans le monde entier. Tu t'es hissé au sommet de l'Olympe,
    accueilli par d'autres demi-dieux scintillant de mille feux comme autant de
    joyaux sur toutes les terres où le ballon fait loi.
    Mais quelque chose te gêne...
    Ta notoriété finit par atteindre les coins de la société les plus éloignés
    de l'univers sportif. On te cite en exemple ici, on chante tes louanges là.
    Tout le monde veut t'approcher, te toucher, s'approprier un peu de toi comme
    pour attirer une part de cette réussite qui te va comme une seconde peau.
    Pourtant quelque chose te gêne...
    Les médias se prosternent devant toi, quémandant ton avis à propos du
    proche-orient ou de la taxe Tobin, les sponsors affluent en se flattant de
    ne rien savoir te refuser. Partout tes paroles sont bues, retranscrites
    comme autant d'oracles...
    Mais quelque chose te gêne...
    Parce que tu sais... Tu sais ce que les vrais supporters savent aussi. Que
    la dévotion dont tu fais l'objet est aussi fragile que disproportionnée. Que
    les foules sont aussi versatiles que le dé du hasard qui peut faire des
    héros de l'an 2000 les parias de demain.
    Alors, tu voudrais leur dire, aux autres, à tous les autres, d'attendre
    encore un peu, de ne pas donner au destin l'impression qu'on le prend pour quantité négligeable, que le théâtre des exploits bruyamment
    annoncés est jonché de cadavres de rois déchus, que tous les Waterloo du
    monde ont pour corollaire quelques certitudes trop profondément ancrées. Tu
    parles mais déjà, plus personne ne t'entend ; la victoire ne sera qu'une
    formalité. Tu réalises soudain l'ampleur du quiproquo, installé
    insidieusement entre toi et tes nouveaux admirateurs. Et du haut de ton
    piédestal, tu comprends que la victoire leur est due !! Que tu es chargé
    d'une mission consistant à fouler une aire de jeu pour simplement leur
    ramener leur second trophée mondial sans autre forme de procès !!
    Et tu te racles la gorge pendant que défilent dans ta tête ces images
    oubliées d'échafauds dressés pour les traîtres à la patrie...
    Alors tu pleures...

  • Resist le 11/06/2002 à 13h04
    j'adore ton post dreadlocks...

  • uhu le 11/06/2002 à 13h20
    Ah bon ? C'est qui ?
    Recoba ? Figo ? Pirés ? Un autre ?
    Donaldinho ?
    Tous ces joueurs médiatisés dont aucun ne sort du lot et qui n'arrivent pas à la cheville du grand maître du jeu qu'est Zizou.
    Avec lui, le footbale est un art.

  • moul le 11/06/2002 à 13h35
    Que du bonheur...enfin!!! C'est la fin des tracasseries qui nous ont miné pendant 3 pitoyables matchs. La plaisanterie avait assez duré, notre future dernière place du mondial est largement méritée. Qui étaient donc ces joueurs incapables de mouiller le moindre bout de chaussette, mais assez suffisant pour se faire humilier par 3 équipes qui étaient, jadis, à notre portée??
    Qu'est-ce qui nous attend?? Des années de disette avant de relever la tête pour l'Euro 2012?? Des têtes qui tombent?? Non, une prise de conscience générale qui nous permettrait enfin d'éradiquer cette maladie franco-française, qui veut qu'une fois au sommet, et reconnue au niveau international, l'on retombe dans la suffisance, puis l'oubli!!

  • ZZ le 11/06/2002 à 13h57
    moi je les aime encore... enfin, pas tous :-)

  • El mallorquin le 11/06/2002 à 14h44
    En quoi elle est franco-française cette maladie, moul ?
    Moi ce que je trouve franco-français (pour ne pas dire français, tout simplement), c'est le genre de contrib' que tu postes...

  • harvest le 11/06/2002 à 14h46
    Jamais un article des cahiers du football ne m'a paru plus lucide . La situation y est décrite avec une justesse de ton et une émotion retenue auxquelles j'adhère sans réserve.
    Merci Jamel . Et merci l'EdF pour ces années de bonheur.

La revue des Cahiers du football