La Gazette de la Ligue 1 // épisode 15
Le classement en relief • Les gestes • La bannette • Les minutes • Le quiz de la bobine • Le poids des mots, le choc des poteaux • L'interview de crise • Coupet intact • Erratum de Savoie • Comment Bazdarevic va mystifier le monde • Les observations • Quiz, la réponse • L'envers du championnat
Auteur : Le Feuilleton de la Ligue 1
le 2 Dec 2009
Le Classement en relief
>> Retrouvez le vrai classement en relief et le générateur de classement.
Les résultats de la 15e journée
Lille-Valenciennes : 4-0
Paris SG-Auxerre : 1-0
Sochaux-Nice : 1-0
Toulouse-Boulogne : 1-0
Lens-Marseille : 1-0
Lorient-Grenoble : 2-2
Le Mans-Saint-Étienne : 1-1
Lyon-Rennes : 1-1
Nancy-Bordeaux : 0-3
Monaco-Montpellier: reporté
Les 2 gestes de la journée
• Les deux slaloms de Gervinho et Wendel. Ce n’est pas parce que la saison de ski est ouverte qu’il faut vous contenter d’aussi maigre, messieurs.
L’antigeste de la journée
• L’auto-fracture de la cheville avec déchirement des ligaments en n’évitant pas le corner, par Grégory Coupet. C’est plus glorieux que son entaille index-majeur de 2006 au terme d’une rencontre homérique avec une étagère, plus spectaculaire aussi que sa rupture des ligaments internes du genou en s’emmêlant dans ses filets en 2007. Mais ça reste insuffisant pour détrôner la rupture du tendon de Cañizares résultant de son fameux contrôle de la bouteille de parfum avec le pied en porte-manteau à quelques jours de la Coupe du monde 2002, toujours numéro un au classement des blessures à la con des gardiens de buts (juste devant la contracture de Lionel Letizi lors d'un partie de scrabble).
"Revoyez l’action, vous verrez que pendant une demi-seconde, Grégory Coupet ferme les yeux. Il ferme les yeux parce qu’il se demande: «Est-ce que je dois vraiment aller la chercher? Après tout, un corner, c’est pas si grave. Et si ça se passait mal? Suis-je prêt à sacrifier mon intégrité physique pour éviter un corner à l’équipe? Et si c’était le tout dernier ballon de ma carrière?» Et il se lance. C’était inévitable".
La bannette
Le joueur qui s'éclate
Sylvain Armand (psgteam.net) : "C'est le point noir de la soirée".
Le joueur qui chambre Kezman
Zoumana Camara (psgteam.net) : "Ça fait jamais plaisir de voir son coéquipier comme ça par terre avec le pied un peu de travers".
Le langage des signes pour manchots
Mamadou Niang (omplanete.com) : "Nous n'avions pas forcément les jambes pour répondre".
Le joueur qui a travaillé les préliminaires
Abdoulaye Diallo (goal.com) : "Ce n'était que du plaisir. On m'a mis à l'aise dès l'échauffement. Je m'étais préparé et ça s'est bien passé".
L’entraîneur à la Leonard De Vinci
Laurent Blanc (webgirondins.com) : "On a beaucoup beaucoup beaucoup créé de choses".
L’entraineur qui se projette déjà vers 2012
Didier Deschamps (rmc.fr) : "C'est difficile de lutter contre la nature".
Le joueur qui a bien compris le sens du Ballon de plomb
Benoît Pedretti (L'Équipe TV) : "Ça sert à rien de vouloir quitter la France à tout prix pour jouer la 15e place en Angleterre".
L'oraison de la colère
Alain Perrin (AFP) : "Je devrais être en colère ? Vous dîtes que j'aurais des raisons d'être en colère ? Non, je n'ai pas le droit d'être en colère. Parce que quand on est un entraîneur en colère, on est sanctionné donc ne vous attendez plus à ce que je sois en colère. Je devrais avoir le droit d'être en colère, mais je n'ai plus le droit".
L'entraineur qui envoie la sauce
Alain Perrin (Le Progrès) : "D'habitude, on secoue le truc".
Le Top Tape
1. Mamadou Niang (foot01.com) : "On tape le gardien, on manque le dernier geste, avec un peu de chance ça fait but, mais en ce moment, cela ne veut pas".
2. Robin Leproux (psgteam.net) : "D'habitude, on se congratule et on tape sur les tables".
3. Pablo Correa (goal.com) : "On avait marqué sur notre seule occasion. Vous ne pouvez pas savoir le plaisir que me donne ce genre de match. C'est ce que je veux même si je dois me faire taper par les gens du club".
Les minutes
La minute de l'éternel retour de Jean-Michel Aulas
"On avait cinq objectifs cette saison : passer le tour préliminaire de la Ligue des champions, battre Saint-Étienne pour la énième fois, se qualifier pour les 8es de finale de la C1 et proposer du spectacle. Les trois premiers ont été réalisés. Et le cinquième objectif, c'est de battre le champion de France, Bordeaux: vous n'avez plus longtemps à attendre". (AFP)
La minute cyborg de Grégory Coupet
"Je suis dans une certaine euphorie, parce que c'est quand même une expérience à vivre. C'est un mal pour un bien. Si ça ne tenait qu'à moi, je serais sur le terrain dès demain". (France Football)
La minute feedback de Jean-Louis Triaud
"Les matches de la 3e journée de la Ligue des champions sont tout aussi importants et décisifs que ceux de la 6e journée. Est-ce le retour des petits arrangements entre amis?" (francefootball.fr)
La minute qu’on se pince pour y croire de Didier Braun
"De la tribune de presse, la hauteur et la distance par rapport au terrain donnent de la distance et de la hauteur au jugement" (L’Équipe).
Le quiz de la bobine
Mais qui diable s'est trimballé une bobine pareille?
• Indice n°1. En revoyant ce cliché, il a avoué: "Oui, j’avais une drôle de tronche, à l’époque".
• Indice n°2. Il a une tronche tout aussi drôle aujourd’hui.
• Indice n°3. Tout dépend de ce que l’on entend par drôle.
Le poids des mots, le choc des poteaux
Petite tarlouze, mais costaude tarlouze.
L'interview de crise
Véritable spécialité du journalisme sportif, l'interview de crise ne demande pas d'effort particulier à celui qui pose les questions. Il s'agit juste de mettre de l'huile sur le feu (ou du sel sur les blessures dans le cas stéphanois) en posant à un entraîneur des questions auxquels on est déjà sûr de n'avoir aucune réponse intéressante, tellement elles incitent naturellement à la langue de bois. Exemple, la veille du match de Saint-Étienne au Mans dans Le Progrès, avec Alain Perrin.
"- Est-ce que votre équipe a du caractère ?
- Êtes-vous inquiet ?
- Ce match s'apparente à un quitte ou double. Si vos joueurs ne
réagissent pas, ça voudra dire que leurs promesses étaient des paroles
en l'air ?
- Voilà un an que vous êtes là et que vous ramez avec votre équipe.
N'êtes-vous pas usé ?
- Vous avez véritablement foi en ce groupe ?
- Est-ce que vos joueurs vous aiment ?
- Avez-vous le soutien de vos dirigeants ?
- Vous sentez-vous menacé ?"
Sans surprise, Alain Perrin répond à chaque fois par des banalités de sorte que cette interview aurait pu rejoindre les centaines d'autres faites avant elle jusqu'à la réponse du coach des Verts à la dernière question du journaliste :
"- Vous semblez avoir une forme de détachement par rapport à la situation. Vous êtes 17e mais vous avez le sourire…
- Ce n'est sûrement pas la situation qui me fait sourire, plutôt vos questions saugrenues".
Ça n'empêchera sûrement pas Le Progrès de recommencer la semaine prochaine, dans dix jours, dans un mois ou dans un an mais au moins, on se dit qu'on a pas tout perdu en allant jusqu'au bout de cet entretien-là.
Coupet intact
Pour repenser à Grégory Coupet sans penser orthopédie, on peut revoir ce reportage de France 3 Rhône-Alpes daté de 1995 et portant sur un jeune gardien stéphanois, à la veille de connaître son premier derby [signalé sur le fil "En vert et contre tout"].
Erratum
À propos de la question du jour de L'Équipe, il ne fallait pas lire, comme précisé lundi:
Mais bien sûr:
Toutes nos excuses à ceux qui ont dépensé 0,34cts d'euro + le coût d'un SMS.
Comment Bazdarevic va mystifier le monde
On s’est longtemps demandé à quoi pouvait donc jouer Grenoble, honorable promu de la saison dernière, qui a pulvérisé le record de France de départ arrêté cette saison. Depuis ce week-end, on y voit plus clair: Mecha Bazdarevic est juste plus organisé que ses collègues. Il veut faire les choses proprement, dans l’ordre.
Il a commencé par se débarrasser des défaites. Onze consécutives, ça pique un peu, mais on est rigoureux ou on ne l’est pas. Monaco (4e), Lyon (2e), et Lorient (4e) (1) devaient en toute logique continuer la série, mais on a compris: le plan de route prévoyait alors de se débarrasser des matches nuls, quelle que soit l’opposition, et quelle que soit la physionomie de la rencontre – ce que confirme le match de Lorient le week-end dernier. Toulouse, Sochaux, Le Mans, Nice, Paris, Saint-Étienne, Bordeaux et Rennes, peuvent bien essayer, rien n’y fera: ils seront contraints de partager les points avec les Isérois, qui en compteront 11 au classement fin janvier. Même la situation du Havre était moins désespérée à pareille époque la saison dernière.
Final en roue libre
Mais c’est alors que la grande stratégie prévoit la première victoire de la saison. Bien vu: pile au moment où tout le monde s’y attendra le moins. Le 6 février, Auxerre comblera Bazdarevic de points. Puis Montpellier, Valenciennes, Nancy, Le Mans, Lille, Monaco, Lyon, Lorient, Toulouse et Sochaux s’inclineront inéluctablement.
Nous serons le 17 avril. Avec 44 unités, Grenoble comptera le même nombre de points qu’au terme de la saison dernière, et aura surtout officiellement assuré son maintien à cinq journées de la fin, suscitant l’admiration de tous. Resteront cinq rencontres de gala à disputer. En roue libre, les Grenoblois pourraient allonger la série victorieuse, et finir le championnat avec 59 points aux alentours de la septième place. Ou laisser filer en jouant bourrés au Champomy, et se contenter du treizième rang qui leur avait sied la saison dernière. Personne ne leur reprochera alors la rigueur de leur tableau de marche, parfaitement respecté.
(1) Classements avant la confrontation avec les Grenoblois.
Les observations en vrac
• La pesanteur est elle différente au Parc des Princes par rapport au reste de la planète, pour que même Rothen parti, les coups francs et corners soient toujours tirés au ras du sol?
• On a encore un peu de mal à s'en remettre, mais on a vu deux bons débats sur Domenech et sur l'arbitrage vidéo dans 100% Foot.
• Frédéric Antonetti n'a pas pu assister au match face à Lyon à cause de la grippe H1N1. C'qu'elle va prendre…
• Au bout de combien de temps est-ce que faire venir les arbitres dans tous les médias pour admettre qu'ils se sont trompés cessera d'être original, et donc couru par tous les journalistes?
• S'il continue à rater des occasions aussi énormes sur un rythme hebdomadaire, Helstad pourrait bien devenir un de nos nouveaux chouchous.
• Le journaliste de L'Équipe qui a fait un article sur les remplaçants "décevants" de l'OM n'a pas cru bon de préciser que Koné et Hilton revenaient de blessure. La maquettiste qui a choisi des photos où les joueurs ont une jambe strappée, si.
• Montrée quatre fois dans Jour de foot, sept fois dans Canal Football Club. Êtes-vous sûr d'avoir bien vu la blessure de Grégory Coupet?
• L’AJA n’a pas réussi à remporter sa huitième victoire consécutive. Szarmach était peut-être moins bien coiffé que Jelen (sauf au-dessus de la lèvre supérieure), mais lui il avait réussi, en 83.
• Dans les rangs des supporters parisiens, les premiers nostalgiques de Le Guen commencent à se faire entendre. Patience, Raymond. Patience.
• "Adepte de la musculation, il continuera à renforcer le haut de son corps" révèle L'Équipe au sujet de Grégory Coupet. Si le sourire aux forceps, c’est le haut du corps, on peut s’attendre au pire.
Quiz de la bobine : la réponse
On t’a reconnu, Jean-Claude. Ton large sourire t’a trahi.
L’envers du championnat
Au Moustoir, c’est grand soir. Sur le papier, les leaders possèdent une confortable avance sur des Lorientais empêtrés dans les méandres du classement. Avance qui peine trop longtemps à se concrétiser au tableau d’affichage pour l’impatient César, qui profite de la brèche ouverte à la force du poignet par Le Crom pour s’imposer avec autorité face au but vide.
Hélas, la concentration défaillante de Matsui anéantit l’avance Grenobloise, avant que Capone ne renverse carrément la tendance, en déposant le ballon dans les pieds de Juan, qui peut difficilement faire autrement que de le projeter dans les larges filets des Merlus. Bazdarevic doit une fois encore s’en remettre à un exploit individuel, et ses hommes étant pleins de vertus, l’exploit survient. L’orgueil aérien de Le Crom, un bon vieux cafouillage de cour de récré, et la catastrophe est évitée.
Toutes ces années de travail, de sacrifices, on les consent avant tout dans l’espoir de jouer un jour ces rencontres-là, accéder ne serait-ce que le temps d’une soirée au tout, tout haut niveau. Vous sortez le match de votre vie, et êtes à deux doigts de devenir à jamais les premiers à faire tomber le All Stars Grenoblois 2010. Mais Grenoble, c’est plus fort que toi, et c'est dur, à la longue…
Les journalistes vont pouvoir en faire des caisses sur le beau jeu à la lorientaise: leurs buts sont à montrer dans toutes les écoles de football à l’envers. La dernière place provisoire au classement général est évitée de justesse, mais on ne peut s’empêcher de penser aux larmes du peuple lorientais qui pensaient l’exploit en poche avant de devoir se contenter d’un nul toutefois valorisant, comme le confirme Christian Gourcuff: "Il n'y a rien d'infamant à faire un nul contre Grenoble".
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