Au Brésil, le social plus fort que le football
Une Balle dans le pied – L'opium du foot ne suffit plus à anesthésier le peuple: la Coupe du monde 2014 sera-t-elle le moment d'une déflagration politique?
Des manifestations d'une ampleur et d'une portée inédite depuis des décennies, partout dans les grandes villes, des slogans inspirés qui rappellent les grandes mobilisations internationales récentes, des heurts violents avec les forces de l'ordre... Les organisateurs de la peu prestigieuse Coupe des confédérations qui se tient actuellement au Brésil, comme une répétition de la Coupe du monde de l'an prochain, ne s'attendaient probablement pas à ce qu'elle obtienne une publicité mondiale excédant très largement les enjeux sportifs et l'actualité des stades. C'est d'ailleurs à l'extérieur de ceux-ci que l'action se déroule.
UN OPIUM FRELATÉ
En 1998 en France, à la veille du Mondial, l'annonce par certaines confédérations syndicales que la compétition pourrait être le moment de mouvements sociaux avait scandalisé: il ne fallait pas "gâcher la fête" ni donner l'image d'un pays éternellement en grève osant souiller de revendications corporatistes la pureté de la compétition (bien entendue menacée de "prise d'otages"). À cette occasion encore plus que pour une autre, le sport devait resté sanctuarisé, apolitique, ne surtout pas servir à d'autre message que celui de la FIFA et de sa cohorte de sponsors. Comme si le tournoi devait s'accompagner d'une suspension des droits démocratiques [1]. Rien de notable ne s'était produit sur le front social et quinze ans plus tard, on pouvait s'attendre à ce que la Coupe du monde organisée au Brésil ne soit pas autre chose qu'une façon de ranger le pays derrière la passion nationale et une occasion de célébrer son unité.
Las, le social et le politique font leur retour précisément là d'où on veut les chasser, et l'idéologie de la communion sportive se retrouve submergée par une expression qui prend certes prétexte de l'événement, mais qui procède d'aspirations plus puissantes que l'appel à succomber à la "fête du football".
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