Aux lecteurs et aux réacteurs
Avec une certaine insistance ces derniers temps, il nous est reproché pêle-mêle de ne pas parler assez de football, de ne pas être différents des autres finalement, de donner des leçons, d'être catastrophistes ou passéistes, partisans... Les auteurs de certaines réactions nous jugent parfois sur un seul article, ou bien oublient d'aller voir nos archives, mais certaines remarques sont assez fondées.
Nous n'allons bien sûr pas regretter de nous soumettre à la contradiction, et nous avouons même prendre un certain plaisir à susciter la polémique, mais quelques précisions peuvent être utiles.
Avant tout, nous revendiquons le droit de nous tromper, de nous contredire, d'être excessifs, pas drôles, moyens, prétentieux, de mauvais goût ou de mauvaise foi. Les Cahiers du foot n'ont pas vocation à brosser dans le sens du poil, ni l'obligation de respecter les convenances journalistiques, pas plus que d'être infaillibles. Sur chaque sujet, nous essayons se secouer les idées reçues, sans confondre nos opinions avec une vérité révélée et en restant fidèles à certaines convictions.
Nos lecteurs sont libres de ne pas être d'accord, ils sont même invités à le dire. Nous espérons qu'en dépit des irritations régulières que nous leur causons, ils reviendront tout de même nous lire (peut-être parce qu'au moins nous ne les prenons pas pour des cons).
Nous ne parlons pas assez du jeu en lui-même, c'est vrai. On peut regretter que les niveaux d'analyse soient aussi limités dans les journaux comme à la télé, mais il est un peu injuste de nous reprocher à nous de ne pas pallier ce manque. Nos moyens ne sont pas illimités, il faut donc faire des choix, comme celui de ne pas traiter en profondeur ces aspects... L'Equipe, TF1 ou Canal+ devraient assurer ce travail bien avant nous, non?
Cependant, si certains volontaires veulent constituer une cellule d'études tactiques et statistiques, qu'ils se manifestent, nous serons ravis de les accueillir.
Les Cahiers sont nés d'un constat: la dramatique carence en sens critique et en sens de l'humour dans le paysage du journalisme de football. Ils ne prétendent pas remplir à eux seuls ce grand vide, mais au moins montrer qu'il est possible de trouver une alternative, en parlant de foot sur un autre ton et en abordant les aspects politiques, économiques et médiatiques de notre sport préféré. Pour cela et pour nos positions assez claires à l'égard du foot-business (que nous considérons comme une calamité mais pas comme une fatalité) nous espérons bien être différents dans le désert environnant. Pour la langue de bois, les banalités commerciales, les enthousiasmes de commande et le libéralisme triomphant, l'offre nous semble gigantesque, sur Internet et ailleurs.
Evidemment nous n'en ferons jamais assez, et nous sommes les premiers à le regretter. Pour éviter d'être confondus avec une start-up et noyés dans la marée des sites à pognon, les Cahiers ont choisi d'évoluer à leur rythme. Très imparfaits, ils ont donc encore besoin de votre indulgence, et de votre participation...