Ballon de Plomb 2012, les candidats: Cris et Lugano
Faut-il tirer sur les glorieux papys à la peine, sur les défenseurs centraux débordés, au prétexte qu'ils ne trouvent plus leur place?
Cris, le policier en retraite
Les fins de carrière sont souvent fatales pour les joueurs qui vivent sur un statut sans plus le justifier, ni sur le terrain, ni en dehors. Soyons clair, Cristiano Marques Gomes reste un très bon joueur de football (malgré le poids des ans) même si le défenseur est nettement moins tranchant depuis cette grave blessure de l’été 2007 contre Toulouse qui le tint éloigné des terrains durant six mois: il est loin des niveaux catastrophiques de Philippe Christanval ou Ronald Zubar qui remplissaient davantage le critère du niveau intrinsèque dabs la catégorie défenseurs centraux.
Non, le problème de Cris reste que les supporters lyonnais auraient aimé garder des huit années du Brésilien le même souvenir émerveillé des longs séjours de ses compatriotes Sonny Anderson ou Juninho, plutôt que l’image d’une diva capricieuse, malgré les titres – 4 championnats et 2 coupes de France pour les plus significatifs. Promu capitaine au cours de la saison 2009-2010 d’un OL qui ira cette saison là dans le dernier carré de la Ligue des champions, il aura une conception très "Evraesque" de cet honneur, remettant tout le monde en cause à la moindre contre-performance, sauf lui-même. En fait, Cris a surtout trouvé un bouc émissaire: Claude Puel. L’ancien policier devenu délinquant du vestiaire aurait ainsi lancé un fameux "Il est nul le coach" à son président. Le hic, c’est qu’à force de se plaindre, on peut se faire entendre. Et Cris n’aura plus de fusibles à faire sauter une fois Claude Puel remplacé par Rémi Garde.
Résultat, c'est lui le coupable désormais. En match, le joueur n'avance plus et multiplie les situations embarrassantes. L'autorité du policier a disparu au profit de ses jérémiades. À l'intersaison, Jean-Michel Aulas s’emporte contre "les dinosaures ou les pharaons de vestiaire" dans les colonnes du Progrès: "Cris ne peut plus rester avec nous. S’il s’en va, on aura un plan B qui peut très bien venir du Brésil. Claude Puel avait fait resigner Cris car il le craignait. Pour Rémi la saison a été très délicate avec Cris. Le duo Koné-Lovren n’a pas trouvé ses marques car Cris a freiné leur évolution."
Poussé dehors, le pharaon en disgrâce rejoint Galatasaray et se plaindra du "manque de considération" de JMA, avant de louer cette "personne honnête" qui lui aurait "laissé la porte ouverte" de l'OL. Un club qui a retrouvé un état d'esprit et joue de nouveau les premiers rôles en championnat tout en brillant en Ligue Europa. Empesé sur le terrain, lourd sur la masse salariale: après l'âge d'or, Cris a fini à Lyon sur une vraie année de plomb.
Point fort
Un capitaine qui exploite sa situation pour faire chef de clan, sans montrer l’exemple sur le terrain, ça rappelle quelqu’un qu’on aurait aimé plomber en 2010 s’il avait évolué en France…
Point faible
Ça fait toujours bizarre d’être d’accord avec une analyse de Jean-Michel Aulas.
Le slogan de campagne
"Pour la sortie de Cris"
Diego Lugano, l'oublié
Arrivé au PSG en août 2011 en provenance de Fenerbahce, Diego Lugano est une des premières recrues de l'ère QSI du club parisien. Un transfert signé Leonardo. Le capitaine de la sélection uruguayenne, à peine vainqueur de la Copa America et idole en Turquie où il a passé cinq ans, vient alors se mêler à Mamadou Sakho, Milan Bisevac, Zoumana Camara ou encore Sylvain Armand dans la concurrence au poste de défenseur central. Depuis, les Brésiliens Thiago Silva et Alex sont venus le pousser un peu plus loin des terrains.
Rapidement moqué pour sa lenteur et ses interventions approximatives, il n'a besoin que de quelques matches pour devenir le bouc émissaire des supporters et des médias. Malgré son but salvateur face à Locminé en Coupe de France, il découvre peu à peu l'obscurité et la profondeur des placards nouvellement installés au club. Il y rejoint Peguy Luyindula et Siaka Tiené. Pour sa première saison au PSG, il dispute vingt-et-un matches et marque un but. À la fois victime et coupable de la défaite 3-0 subie à Marseille, il n'est plus qu'une ombre de l'effectif. Il n'a pas joué une seule fois cette saison et ne figure pas dans la liste des joueurs pour la Ligue des champions.
Trop vite laissé sur le bas-côté, pénalisé par un système tactique inadapté à ses caractéristiques, Diego Lugano ne mérite pas plus de condamnation. Dommage collatéral du nouveau PSG, l'Uruguayen n'a pas eu le temps d'exister dans la capitale. Comme sur la pelouse, le rythme d'un club à l'appétit exponentiel ne lui a pas convenu. Désiré par son directeur sportif et pas par ses entraîneurs, il est le premier échec du recrutement depuis 2011, le premier d'une longue liste si Paris devient un "grand club".
Le premier oublié, comme il devrait être oublié du suffrage. Professionnel, Diego n'a fait aucune déclaration tapageuse, un silence admirable. "Je n’accepte pas mon sort mais j’essaie de faire avec. Ca me fait de la peine, énormément de peine, mais je ne peux pas m’arrêter à ça. Il faut que je continue pour démontrer ma valeur, je n’en veux à personne. j’ai eu une discussion avec Leonardo. Je garde la tête haute et ma motivation", déclarait-il fin novembre à Téléfoot. Capitaine infatigable d'une équipe demi-finaliste de la Coupe du Monde et victorieuse de la Copa America, auxquels s'ajoutent des titres de champion en Turquie, en Uruguay, au Brésil, une Copa Libertadores et une Coupe du monde des clubs, Diego Lugano est bien trop sérieux pour le Ballon de Plomb. Il devrait rapidement retrouver un environnement où ses qualités brilleront.
Point fort
Quand il joue, le ballon a déjà l'air en plomb.
Point faible
Il n'a pas eu l'occasion de plaider correctement sa cause en administrant des tacles à l'uruguayenne.
Le slogan de campagne
"Essaie de voter pour moi, pour voir."