Des barrages afro-électriques
Sur les 32 nations qui se disputeront la Coupe du monde 2014, cinq seront africaines. Et cinq confrontations vont décider lesquelles.
Lundi 16 septembre au Caire, le tirage au sort du dernier tour des éliminatoires pour la Coupe du monde 2014 a rendu son verdict. Le Sénégal affronte la Côte d’Ivoire dans la rencontre au sommet de ces barrages. Outre le derby de l’Afrique de l’Ouest, les autres matches de ce dernier tour seront Burkina Faso-Algérie, Ghana-Égypte, Éthiopie-Nigeria et Tunisie-Cameroun. Ces barrages aller-retour se dérouleront du 11 au 15 octobre et du 15 au 19 novembre.
Les meilleurs ennemis
Sénégal-Côte d'Ivoire, c'est le derby de l’Afrique de l’Ouest, et le match couperet par excellence. Une confrontation teintée du mauvais souvenir des qualifications pour la CAN 2013 émaillées par des heurts entre supporters. Tarif? Une suspension du Stade Léopold-Senghor, seul stade homologué FIFA du pays, au grand dam de Sénégalais écartés par des Éléphants plus incisifs.
La gestion des éternels conflits d’ego au sein de la sélection ivoirienne n’a pas empêché le jeune Sabri Lamouchi de mener son équipe à la première place du groupe C, devant le Maroc, pour prétendre au statut de favori au regard de son effectif. Certes, le jeu des poulains de Lamouchi ne rassure pas les plus sceptiques, mais la Côte d’ivoire a toujours constitué une bête noire pour le Sénégal d’Alain Giresse.
Sélection algérienne à la sauce burkinabaise
La crainte (extra-sportive) d’un tirage face à l’Egypte désormais aux oubliettes, laisse place à une opposition moins feutrée mais tout aussi redoutée. Les Étalons du Burkina, vice-champions d’Afrique, arrivent au grand trot et avec Pitroipa, pour affronter des Fennecs solides et enfin organisés tactiquement. Éliminée au premier tour de la dernière CAN malgré un jeu attrayant, l’Algérie a progressé et présente, avec son contingent "étranger", un groupe de qualité et plus expérimenté. Elle aura l’avantage de recevoir lors du match retour, avec un public qui sera comme à son habitude totalement acquis à sa cause.
En face, la sérénité des Burkinabés est relayée par le capitaine Kaboré, vielle connaissance phocéenne, convaincu que l’équipe passera le cap d’Alger. Méthode Coué ou certitude justifiée, l’équipe est soutenue par les instances militaires et le président de la FBF qui, conscients de l'importance de l’événement, envisagent une prime spéciale pour leurs ouailles. Le dernier match disputé entre les deux nations remonte à juin dernier, un match amical joué à Blida remporté deux buts à zéro par les Verts...
Des Blacks Stars à l'horizon des Pharaons
Après avoir survolé le tour précédent (18 points et meilleur total du second tour), les Pharaons sont tombés sur un os puisqu’ils ont hérité du Ghana dont les cadres (André Ayew, Sulley Muntari, Kevin-Prince Boateng et Michael Essien) font leur retour sous la houlette de James Kwesi Appiah. Fort de leurs individualités, les Ghanéens pourront aussi compter sur leur prolifique buteur, l’ancien Rennais Asamoah Gyan qui fait aujourd’hui les beaux jours d’Al Ain.
Défaits en finale de la CAN 2010 en Angola par l'Égypte, ils sont annoncés comme de redoutables adversaires. Leur large victoire (3-0) lors d'une revanche en match amical en janvier 2013 à Dubaï préfigure un barrage alléchant. Côté Rouge et Blanc, l’heure est plutôt à la vigilance malgré l’autocongratulation et l’optimisme de la presse locale, tempérée par le sélectionneur Bob Bradley et son adjoint, Diaa El Sayed.
Une Éthiopie sans complexe face au Nigéria
Le chemin sera épineux pour le Nigeria champion d’Afrique en titre, invaincu au deuxième tour, qui devra sans doute hausser son niveau de jeu pour se défaire de surprenants Éthiopiens, tombeurs de l’Afrique du Sud au tour précédent. La perspective d’une place en phase finale de Coupe du monde au Brésil devrait transcender des Éthiopiens difficilement manœuvrables à Addis Abeba, capitale la plus élevée d’Afrique.
À ce jour, ces deux équipes se sont rencontrées à sept reprises et le bilan est très en faveur du Nigéria qui l’a remporté cinq fois pour une défaite. Avantage, donc, au Nigéria dont Stephen Keshi a déjà dévoilé la liste des vingt-trois joueurs retenus pour se rendre en Ethiopie. L’homme fort des champions d’Afrique en titre peut compter sur la totalité de ses cadres, du gardien Vincent Enyeama, aux attaquants Emmanuel Emenike et Victor Moses, en passant par John Obi Mikel, Sunday Mba et Ahmed Musa.
La Tunisie au rattrapage, le Cameroun en rodage.
Miraculeusement repêchée puisque l’exploit du Cap Vert en terre carthaginoise n’aura été que de courte durée [1], la Tunisie peut profiter des luttes intestines qui gangrènent la sélection camerounaise pour participer à sa cinquième Coupe du monde.
À l’issue de la qualification du Cameroun pour les barrages, un combat de coq a opposé le sélectionneur Volker Fink à Samuel Eto’o: le technicien allemand n’aurait pas toléré que ce dernier lui impose des joueurs dans son onze... Eto'o a décidé de quitter le navire et n’aura pas la chance de croiser Issam Jemaa, meilleur buteur tunisien en activité, qui pourrait donner des sueurs froides à l’arrière garde camerounaise.
De ces confrontations à haute tension sera issu le plateau d'équipes qui représenteront le continent au Brésil, et tâcheront de faire au moins aussi bien que le Ghana en 2010, resté à la porte des demi-finales sur les coups du sort que l'on sait. Attendue dans le dernier carré mondial depuis longtemps, une nation africaine ferait, en y parvenant, acte d'histoire. L'histoire commence le 11 octobre.
[1] La Commission de discipline de la FIFA a décidé, le 12 septembre, de sanctionner la Fédération cap-verdienne de Football (FCF) pour avoir aligné Fernando Varela, non qualifié puisqu'il n'avait pas purgé l’intégralité d'une suspension de quatre matches, lors du match disputé le 7 septembre 2013 contre la Tunisie. Cette dernière a été déclarée vainqueur de ce match par forfait sur le score de 3-0, se qualifiant ainsi pour le troisième et dernier tour des qualifications.