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Comment se faire éculer

En moins de quatre minutes, le "Buzz" du Canal Football Club enfile les clichés comme un ministre de la Culture les erreurs de communication.
Auteur : Pierre Martini le 22 Oct 2009

 

Nous devons présenter nos excuses à Canal Football Club et à ses responsables éditoriaux. En critiquant la séquence "Le Buzz" dans un article récent ("Liberté d'éructation"), il nous avait bêtement échappé qu'elle constituait littéralement un cas d'école, un exercice destiné aux écoles de journalisme, grâce auquel les élèves apprendront tous les travers que leur futur métier requiert. L'épisode de dimanche 18 octobre l'a bien montré, avec une accumulation forcément délibérée de ces bricolages intellectuels et de ces pensées pré-pensées auxquels les apprentis journalistes doivent se former.

Trois minutes trente de pure démonstration, une leçon en sept points.

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1. Choisir un sujet éculé et faire semblant de le mettre en question:
"Paris SG, inéluctable crise d'automne?"


2. Commencer avec une entrée dramatique sur fond de musique angoissante, en additionnant les poireaux et les carottes dans un style de rédaction de troisième:
"Sur le Camp des Loges cette semaine, les premiers froids d'octobre. Hoarau à l'écart, Erding au ralenti, signe d'une attaque décimée. Peguy Luyindula au sol, terrassé par un jeune coéquipier aussitôt viré de l'entraînement. Tout cela n'a rien de très rassurant. Au-dessus de ce club, qui passe si vite d'un excès à l'autre, du blanc au noir, planerait-il une vieille habituée des lieux? [crescendo dramatique de la bande-son] La crise d'automne" (1).


3. Interroger des personnes qui sont parties prenantes du problème, afin d'être sûr de ne pas avoir de recul. Les laisser avouer qu'ils parlent d'un phénomène qui est largement une vue de l'esprit:
• Jérôme Touboul (L'Équipe) : "C'est pas un phénomène scientifique qui fait qu'on peut être certain chaque année que le PSG sera en crise pendant l'automne. Mais bon, ça s'est produit suffisamment de fois ces quinze dernières années pour qu'on y voie parfois un peu un clin d'œil de l'histoire".


4. Passer du coq à l'âne et d'un marronnier à l'autre en embrayant sur les "tentations" parisiennes qui dévoieraient les joueurs.
"Et si la crise venait de l'air de Paris, qui peut transformer n'importe quel joueur, même le plus sage [image de Ronaldinho]?" L'expert digresse. Jérôme Touboul: "Pour peu qu'il y ait un bon début de saison, par exemple, il est courant que les joueurs prennent la grosse tête".


5. Passer de l'âne à la chèvre et du deuxième marronnier au troisième en embrayant sur la "pression" parisienne qui dévorerait les joueurs.
"Autre explication, la pression des supporters, des médias. Malgré les blessures, inévitables après deux mois de championnat [images de banderoles et de graffitis], les Parisiens n'ont pas de droit à l'erreur".

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En gage de crédibilité, l'expert sera placé sur fond de pelouse.

6. Interroger des personnes qui sont parties prenantes du problème, afin d'être sûr de ne pas avoir de recul. Les laisser avouer qu'ils parlent d'un phénomène qui est largement une création de leur esprit:
• Arnaud Hermant (Le Parisien) : "Au Paris Saint-Germain, il y a souvent un problème de temps. On tente des projets mais on laisse pas mûrir [image de Charles Biétry]. Les médias sont tout de suite, et nous les premiers, en émoi. On s'interroge, on dit 'Ouh là là qu'est-ce qui se passe, est-ce qu'il ne va pas y avoir quelque chose?' et voilà".


7. Revenir sur la lubie de départ pour faire croire qu'on ne parle que de ça depuis le début, en insistant bien afin de l'aider un peu à se produire (2).
"Ils en sont loin, c'est vrai. Mais échapperont-ils au syndrome? Depuis ce match contre Lille fin août, les Parisiens n'ont plus gagné. Trois nuls, une défaite à Monaco [image de Grégory Coupet]. Même si le club paraît plus stable que par le passé, méfiance".


* * *


"Et voilà", comme dit l'autre. On ne sait toujours pas si le PSG est plus sujet que d'autres clubs à un creux dans ses résultats automnaux (pour savoir cela, il faudrait se fader des statistiques et risquer de parvenir à une vérité décevante), ou bien s'il est juste meilleur sujet que d'autres clubs pour des journalistes ne reculant devant aucune porte ouverte et n'hésitant pas à traiter d'un phénomène avant même qu'il se produise.
 

(1) Non, vous n'êtes pas devant Stade 2.
(2) Imaginez le bordel si la notion de prophétie autoréalisatrice (une prédiction ou une croyance tellement martelée qu'on finit par la faire advenir) était enseignée au CFJ, selon la définition du sociologue Robert K. Merton: "C’est, au début, une définition fausse de la situation qui provoque un comportement qui fait que cette définition initialement fausse devient vraie". Les joueurs interrogés dans le reportage de Canal+ l'expriment très bien: "Si vous pensez à la crise au PSG, ça veut dire que vous êtes foutus" (Sylvain Armand).

Réactions

  • FPZ le 22/10/2009 à 16h01
    Tu l'as bien exprimé. La pression était pour que l'émission soit en clair. Pas sur l'horaire...

  • Tonton Danijel le 22/10/2009 à 16h04
    Ouais, enfin, il fallait que l'émission ait lieu le dimanche aussi. J'imagine mal Canal + sacrifier le tiercé, Dimanche +, la semaine des Guignols qui leur assure le plus d'audimat (sans compter que le dimanche après-midi, il y a les matchs amateurs). Donc à moins d'élargir leur plage 'en clair' (et donc réduire la plage cryptée), il ne leur restait pas des milliers de possibilité...

  • grattepoil le 22/10/2009 à 16h21
    En clair, cela montre, malgré le fait qu'il s'agisse d'une chaîne à péage (ce qui était un argument pour diffuser des programmes de qualité et sans publicité), que Canal construit ses grilles comme TF1, c'est-à-dire qu'elle se laisse piéger par sa propre recherche d'audimat...

  • Tonton Danijel le 22/10/2009 à 16h28
    grattepoil
    jeudi 22 octobre 2009 - 16h21

    Sur les grilles en clair, oui, vu que les programmes ainsi diffusés sont financés par la pub. Par contre, les résumés de Jour de Foot où des matchs de coupe d'Europe sont d'un tout autre niveau que ceux du CFC... On parle moins de l'Apoel Nicosie ou du Red Bull Salzabourg que des supposées 'grosses' écuries, mais le traitement des matchs est beaucoup moins déséquilibré qu'entre un OM-PSG et un Valenciennes-Grenoble dans le CFC.

  • Qui me crame ce troll? le 22/10/2009 à 16h52
    Même sur une chaîne à péage, tu es obligé de faire en fonction de l'audimat. Ce n'est pas pour rien que Marseille, Lyon et Paris sont les équipes les plus diffusées. Et il me semble que niveau cinéma, ils vont passer plus facilement une grosse production hollywoodienne qu'un film plus confidentiel.

  • Tonton Danijel le 22/10/2009 à 17h19
    C'est vrai, et en même temps Canal n'hésite cependant pas à programmer des films moins blockbusters. C'est pas sur TF1 que tu auras 'Valse avec Bachir' en prime-time, pour prendre le premier exemple qui me vient à l'esprit.

    Ils jonglent entre la nécessité de programmer de grosses affiches et des blockbusters pour attirer les abonnés, mais aussi d'avoir quelques programmes plus 'recherchés' afin de satisfaire des abonnés qui acceptent de payer s'il y a de la qualité au rendez-vous.

  • José-Mickaël le 23/10/2009 à 06h01
    FPZ
    jeudi 22 octobre 2009 - 14h04
    > Heu, l'horaire c'est eux qui l'ont choisi, hein.

    Et ils l'ont drôlement bien choisi : juste avant le grand match du dimanche soir, c'est-à-dire juste avant *le* produit foot qui encourage les gens à s'abonner. Je ne vois pas comment faire mieux. Du coupn, je pronostique qu'ils vont conserver cette émission longtemps...

  • morfal le 25/10/2009 à 12h57
    Hop,

    En avant pour la stat que je me suis fadé pour Poteau Rentrant :
    La crise d'automne au PSG, les stats exactes.
    lien

    M


  • Tonton Danijel le 25/10/2009 à 13h36
    morfal
    dimanche 25 octobre 2009 - 12h57

    Merci bien, superbe article. La conclusion supplémentaire qu'on pourrait en tirer est que la "crise d'automne" est en fait lié au ralentissement du nombre de points pris après un été exceptionnel?

    Si on raisonnait en terme d'accélération (au sens physique car là c'est plutôt une décélération), c'est entre l'été et l'automne que le ralentissement est le plus net. Et donc une crise liée à un gros coup de frein sur le nombre de points pris, ce coup de frein étant surtout significatif entre l'été et l'automne. De ce point de vue là le concept de crise 'automnale' n'est pas tout à fait erroné. Surtout si on fait un parallèle avec les crises économiques où le krach correspond à la période où le plongeon des indices est le plus brutal, pas à leur minima absolu.

  • morfal le 27/10/2009 à 14h16
    .

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