De quoi Benzema est-il le symptôme ?
Une Balle dans le pied – En se compromettant dans l'affaire de la sextape, Karim Benzema relance une vindicte qui n'avait pas attendu sa faute pour l'accabler. Et son procès ne sera pas seulement celui de ses actes.
Karim Benzema s'est donc mis dans de beaux draps, ceux de Mathieu Valbuena, avec son intervention dans le "chantage à la sextape" de ce dernier. L'affaire fait immanquablement grand bruit, alimentée par de multiples fuites dont le sens aura d'abord été contradictoire, avant d'accabler – selon l'expression consacrée – l'attaquant du Real Madrid.
L'instruction et le probable procès préciseront sa responsabilité, avec peut-être plus de nuances que le traitement médiatique actuel. Mais en attendant, sur le plan sportif, l'affaire met d'ores et déjà en difficulté l'équipe de France et son sélectionneur, tandis quelle prend dans l'espace public des proportions et une teneur prévisibles : ce qu'elle déchaîne, c'est un opprobre qui n'avait pas attendu du joueur une faute de cette nature, et qui est significative de ce qu'on lui a toujours fait porter.
LE FOOTBALLEUR ET CEUX QU'IL OBSÈDE
On sent bien que Karim Benzema voudrait ne représenter que lui-même. Il décline en cela, sur un mode mineur, l'égocentrisme poussé à son extrême par Nicolas Anelka (autre matrice nationale de la détestation, mais d'une détestation que lui aura délibérément cultivée). Il y entre, pour une part, l'envie légitime de ne pas être emmerdé, pour dire cela vulgairement, c'est-à-dire de ne pas être poursuivi pour ce qu'il est, d'être simplement un footballeur qui fait – bien – son travail. Cette attitude comprend aussi, pour une autre part, le refus d'assumer des responsabilités qui sont pourtant inhérentes au statut contemporain du footballeur ; en d'autres termes de ne pas accepter les contraintes ("obligations") qui accompagnent indissociablement les avantages de ce statut : notoriété et contrats lucratifs. (…)