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De quoi Benzema est-il le symptôme ?

Une Balle dans le pied – En se compromettant dans l'affaire de la sextape, Karim Benzema relance une vindicte qui n'avait pas attendu sa faute pour l'accabler. Et son procès ne sera pas seulement celui de ses actes.

Auteur : Jérôme Latta le 2 Dec 2015

 

 

Karim Benzema s'est donc mis dans de beaux draps, ceux de Mathieu Valbuena, avec son intervention dans le "chantage à la sextape" de ce dernier. L'affaire fait immanquablement grand bruit, alimentée par de multiples fuites dont le sens aura d'abord été contradictoire, avant d'accabler – selon l'expression consacrée – l'attaquant du Real Madrid.

 

L'instruction et le probable procès préciseront sa responsabilité, avec peut-être plus de nuances que le traitement médiatique actuel. Mais en attendant, sur le plan sportif, l'affaire met d'ores et déjà en difficulté l'équipe de France et son sélectionneur, tandis quelle prend dans l'espace public des proportions et une teneur prévisibles : ce qu'elle déchaîne, c'est un opprobre qui n'avait pas attendu du joueur une faute de cette nature, et qui est significative de ce qu'on lui a toujours fait porter.

 

LE FOOTBALLEUR ET CEUX QU'IL OBSÈDE

 

On sent bien que Karim Benzema voudrait ne représenter que lui-même. Il décline en cela, sur un mode mineur, l'égocentrisme poussé à son extrême par Nicolas Anelka (autre matrice nationale de la détestation, mais d'une détestation que lui aura délibérément cultivée). Il y entre, pour une part, l'envie légitime de ne pas être emmerdé, pour dire cela vulgairement, c'est-à-dire de ne pas être poursuivi pour ce qu'il est, d'être simplement un footballeur qui fait – bien – son travail. Cette attitude comprend aussi, pour une autre part, le refus d'assumer des responsabilités qui sont pourtant inhérentes au statut contemporain du footballeur ; en d'autres termes de ne pas accepter les contraintes ("obligations") qui accompagnent indissociablement les avantages de ce statut : notoriété et contrats lucratifs. (…)

 

Lire l'article :

Réactions

  • Jamel Attal le 03/12/2015 à 10h58
    @syle
    Merci pour ton post, il est très chouette. Et je partage tout ce que tu y dis, en particulier ça: "Je crois qu'il y a pas mal de raisons de ne pas apprécier Benzema, sans tomber dans les mauvaises raisons dénoncées dans l'article."

    Je pense que l'on peut tenir les deux discours, l'un n'excluant (et ne contredisant) pas l'autre

  • José-Mickaël le 03/12/2015 à 12h10
    Syle, j'ai adoré ton message ! C'est plein de remarques judicieuses, notamment cette idée qu'on puisse en vouloir à un joueur qui montre trop qu'il n'est pas le héros qu'on espérait (quand bien même on pourrait s'en douter).

    Et puis tu parles du sport comme j'aime l'entendre. (Tu ne voudrais pas être ministre des sports ?...)

  • Kara Bourré le 03/12/2015 à 17h07
    Merci pour la réponse de Jamel et pour le post de syle qui résume bien mon sentiment vis à vis de Benzema.

  • Raspou le 04/12/2015 à 00h35
    @Jérôme

    Merci de ta réponse. Je ne suis pas un spécialiste de la notion de violence sociale, donc ma réponse va plus relever de l'intuition que d'une réflexion très aboutie, mais j'ai l'impression qu'il ne faut quand même pas la mettre à toutes les sauces.

    La violence sociale existe, elle se manifeste de manière "objective" par la précarisation des emplois, la gentrification qui pousse des gens à habiter à perpet', l'évitement scolaire, mais aussi de manière symbolique par le mépris de classe, la condescendance polie, l'indifférence qui rend invisible, etc.

    Je ne doute pas que les "surclassements" que comporte le football soient porteurs d'une forme de violence symbolique exercée sur des sportifs soumis au jugement et aux railleries de commentateurs bien plus éduqués qu'eux. Je ne suis pas sûr, tous autant que nous sommes, après des années à railler la syntaxe de Luis ou de Ribéry, que nous ayons beaucoup de leçons de maintien à donner sur le sujet, mais c'est un autre débat (à ce propos, ça m'a rappelé un post du Glas où tu servais de punching ball: lien ).


    Ensuite, parler de "violence sociale" quand il s'agit de réprouver des comportements crapuleux, je crains que ça ne brouille le message. Je maintiens que personne ne reproche à Benzema d'être resté fidèle à ses potes d'enfance, fussent-ils passés par la case prison: franchement, si cette affaire n'avait pas éclaté, qui serait allé reprocher à Benzema de voir Zenati? ou de lui verser 3 SMIC par mois?

    En revanche, effectivement, on lui reproche, je te cite, de ne pas avoir rompu "avec tout un système de valeurs que la bonne société réprouve, mais qui sont des valeurs quand même". Je sais qu'une partie de la gauche française est fascinée par les marges, mais de là à mettre la réprobation du chantage et de l'extorsion sur le compte de valeurs émanant de la "bonne société", avec tout le mépris que comporte l'expression, c'est un peu marcher sur la tête. Ce n'est pas comme s'il y avait des "milieux populaires" dont les valeurs incluaient le recours à l'extorsion et au chantage sur coéquipier, et une bonne société bourgeoise qui trouvait que ce n'était pas très bien élevé. Et qu'on pouvait qualifier de "violence sociale" le fait de réprouver la pratique du chantage.


    Sous réserve que l'enquête le confirme, il est à craindre que Benzema ait eu un comportement de petite frappe dans une affaire de chantage sordide. Ce n'est pas plus du moralisme "surplombant" de dire ça que ce n'est du sociologisme excusant de dire que les natifs du Bron Terraillon présente un risque relatif plus élevé que ceux de la Presqu'île de pratiquer le trafic de drogue. Tu as raison de dire que l'analyse sociologique ne doit pas être disqualifiée sous prétexte qu'elle servirait d'excuse, mais à l'inverse la condamnation morale n'a pas à être proscrite non plus. J'ai même tendance à me dire qu'une gauche un peu plus vertueuse (par-delà les incantations modernistes) et un peu moins relativiste retrouverait quelques clés pour s'adresser à des classes populaires qui l'ont depuis longtemps désertée.


    Pour finir, je dirais que s'il y a une part de la population française qui est fondamentalement hostile aux gens vivant en ZUS (je laisse tomber le "cités qui craignent" pour hausser mon niveau de respectabilité journalistique), que ce soit par racisme, xénophobie ou fantasme essencialisant 4 millions de Français sous l'étiquette de "racaille", il y a aussi énormément de gens qui reconnaissent la difficulté, et donc le mérite, qu'il y a à s'en sortir. Une évaluation quantitative de l'impact de l'introduction du CV anonyme sur les choix de recrutement d'entreprises volontaires (donc non discriminantes, a priori) a ainsi donné des résultats inattendus: l'anonymisation du CV a diminué les chances d'embauche pour les candidats à noms étrangers ou résidant en ZUS. Il y a chez les recruteurs a priori non discriminants une bienveillance plus grande pour les candidats perçus comme "méritants", qui ont fait des efforts pour s'extraire de leur "malédiction sociologique".

    Similairement, je pense qu'il y a plein de gens qui sont ravis quand un gamin des quartiers réussit. Mais, effectivement, c'est mieux s'il dit bonjour à la dame: ce n'est pas être un "Arabe de service" que d'intégrer les codes de politesse du reste de la société, ce n'est pas trahir ses amis d'enfance que de vouloir se sortir, et si possible les sortir, de leurs comportements de petits délinquants... Arrêtons d'héroïser les marges.

    Je finis en musique, avec Akhenaton le sage:
    lien

    Plein de bisous

  • Jean Luc Etourdi le 04/12/2015 à 01h02
    "Je sais qu'une partie de la gauche française est fascinée par les marges"

    ==> Voire un peu trop complaisante, et c'est un facteur d'agacement de dérive droitière chez des électeurs qui auraient pourtant intérêt à voter à Gauche, ai-je constaté.

  • Roger Cénisse le 04/12/2015 à 09h03
    Un très très gros plein de +1 pour ce post
    "Raspou
    aujourd'hui à 00h35"

    Et tout particulièrement ce passage qui me tient réellement à coeur :
    "Sous réserve que l'enquête le confirme, il est à craindre que Benzema ait eu un comportement de petite frappe dans une affaire de chantage sordide. Ce n'est pas plus du moralisme "surplombant" de dire ça que ce n'est du sociologisme excusant de dire que les natifs du Bron Terraillon présente un risque relatif plus élevé que ceux de la Presqu'île de pratiquer le trafic de drogue. Tu as raison de dire que l'analyse sociologique ne doit pas être disqualifiée sous prétexte qu'elle servirait d'excuse, mais à l'inverse la condamnation morale n'a pas à être proscrite non plus. J'ai même tendance à me dire qu'une gauche un peu plus vertueuse (par-delà les incantations modernistes) et un peu moins relativiste retrouverait quelques clés pour s'adresser à des classes populaires qui l'ont depuis longtemps désertée."

    Je ne saurais mieux formuler que ce qui a été dit par Raspou, donc je m'arrête là et je lui fais cordialement plein de poutous.

  • José-Mickaël le 04/12/2015 à 15h29
    Je n'ai pas trop aimé l'article, par contre j'aime beaucoup les réactions. Celle de Raspou est très intéressante (il parle bien !) et j'adhère complètement à sa conclusion.

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