Expliquons à Loïc Féry pourquoi il est contre l'arbitrage vidéo
Le président du FC Lorient a fulminé contre une prétendue erreur arbitrale sur le but de Gomis, réclamant "l'arbitrage vidéo". Il pourtant devrait y réfléchir plus de dix secondes...
Loïc Féry est un homme pressé, aussi est-ce sur Twitter et dans l'instant qu'il a poussé son cri de révolte: "Arbitrage vidéo?", avec une richesse dans l'argumentation évoquant les meilleurs titres de L'Équipe sur le sujet ("Et la vidéo, alors?", "La vidéo, vite", "La vidéo, enfin!"). Victime d'une infamie arbitrale, qui a valu à Gomis d'inscrire pour Lyon un but comme un camouflet au visage de la Justice, Loïc Féry a vu la vidéo, en tribune présidentielle du Moustoir. Il a donc vu l'image ci-dessous, qui semble indiquer un hors-jeu d'une chaussure pour l'attaquant lyonnais.
Ce que réclame le président lorientais, c'est que l'on annule un but – fort joli, avec une centre de volée de Lacazette qui met hors de position la défense orange bien plus sûrement que le placement de Gomis – pour un hors-jeu de vingt centimètres. Vingt centimètres, c'est-à-dire moins que la marge d'erreur d'un révélateur placé au bon vouloir du réalisateur et dont les imprécisions sont légendaires. Vingt centimètres, c'est-à-dire rien qui ne donne un avantage décisif à l'attaquant, mais au nom desquels on va annuler des buts en donnant l'avantage à la défense.
Homme pressé mais moderne, Loïc Féry a tout de même pris le temps de donner son point de vue dans une vidéo sur le site du FCL. Magnanime à l'égard des arbitres, il explique qu'il n'est plus possible, "si l'on veut avoir des gens qui investissent dans le foot", que des matches "se décident sur des petites erreurs d'arbitrage", invoquant même "une période de difficultés économiques".
À cet instant, il faudrait que Loïc Féry :
- admette qu'il faut avoir un raisonnement très simpliste pour penser qu'une décision d'arbitre décide à elle seule d'une rencontre, comme si celle-ci n'avait pas eu lieu.
- nous dise à quoi vont ressembler les matches quand on interrompra le jeu des dizaines de fois pour le plaisir d'annuler des buts après avoir laissé les actions se dérouler.
- imagine qu'un jour, un arbitre vidéo refuse exactement le même but pour son équipe, contre Lyon par exemple (ou tout autre club doté d'investisseurs plus gros que lui).
- nous explique comment les investisseurs vont gagner plus d'argent s'il y a moins "d'erreurs" arbitrales.
- comprenne que le football avait l'air beaucoup moins malade (entre autres choses, de l'arbitrage) à l'époque où il se passait (très bien) de sa caste d'investisseurs (qui n'ont qu'à investir dans d'autres secteurs si l'aléa sportif les contrarie).
Merci, Loïc Féry, pour ce plaidoyer contre l'arbitrage vidéo.