Gaceta de la Liga : jornada 38
Tandis que le Real organise sa fête sur la dépouille de Levante, son président se fait secouer par les socios, Valence boycotte le balcon, Santander prend l'Europe et Saragosse tombe définitivement...
Auteur : Antoine Faye
le 22 Mai 2008
Les résultats
Séville – Athletic: 4-1
Real Madrid - Levante: 5-2
Valence – Atlético: 3-1
Majorque – Saragosse: 3-2
Racing – Osasuna: 1-0
Recreativo – Valladolid: 1-1
Getafe – Betis: 1-1
Deportivo – Villarreal: 0-2
Espanyol – Almería: 1-3
Murcie – Barcelone: 3-5
C'est terminé. La Liga a livré les derniers secrets de sa saison. Verdict : le Racing Santander, pour la première fois de son histoire, disputera la Coupe de l'UEFA. Quant à Saragosse, ils réussissent un parcours à lensoise: objectif, la Ligue des champions. Résultat, la relégation, à la différence près que personne ou presque ne regrettera une frange de son public, à commencer par Eto'o.
Racing Santander : Toral Recall
En quatre-vingt-dix minutes, ce dimanche, il ne s’est finalement “rien” passé. Le Racing de Santander a conservé sa sixième place, en venant à bout d’Osasuna (1-0), dans un match marqué par la nervosité contre des Navarres jouant leur survie. Les Cantabres se sont libérés grâce au but tardif (86e ) d'Ivan Bolado.
Équipe révélation de la Liga, Le Racing, habituel candidat au maintien, est le prototype du club limité dans ses prétentions sportives et économiques dont les rares accès d’exotisme l’incitent à recruter des joueurs évoluant en Norvège ou en Belgique... Et cette saison, le prototype de l’équipe modeste touchée par une année de grâce, qui a retrouvé le haut de tableau pour la première fois depuis les années 30...
L'été dernier, la bonne pioche fut la signature de Marcelino Toral, entraîneur capable de réaliser des miracles avec peu de moyens. Parvenant à hisser le Recreativo Huelva, promu, jusqu’à la huitième place la saison dernière, l’Asturien a – de nouveau – mené une petite écurie à une qualification européenne.
Toute la difficulté sera de confirmer au cours de la prochaine saison. Car Marcelino, l’artisan des résultats, a annoncé son départ bien que son désir d’entraîner "un grand d’Espagne" ne se réalise pas. Il faudra également à Francisco Pernía, le président cantabre, le pouvoir de trouver un peu plus que des mots pour conserver les rares joueurs de haut niveau dont il dispose. Premier dossier réglé: celui de Garay, qui s’engage avec le Real de Madrid contre une dizaine de millions d’euros, mais jouera prêté, au Racing, la saison prochaine.
Saragosse finit mal
Le hasard du calendrier faisant merveilleusement les choses, c’est à Majorque que la lutte pour l’UEFA croisait à nouveau celle de la descente. Les insulaires recevaient Saragosse, venu avec l’obligation de vaincre, est repartie vaincue (3-2)
Déluge sur Majorque
La relégation s’est longtemps refusée aux joueurs de Manolo Villanueva. Même le ciel a contribué à retarder l’échéance, en précipitant un véritable déluge sur l’île de Majorque, obligeant l’arbitre à retarder d’une heure le coup d’envoi du match, et par conséquent, des autres affiches pour éviter la relégation…
Mais l’inéluctable s’est tout de même produit. En dehors d’une dizaine de minutes (entre l’égalisation de Oliveira, et le deuxième but majorquin marqué par Webó), les Maños ont toujours laissé leur pied en deuxième division. Se ruant à l’assaut des buts de Moyà, Saragosse a négligé sa couverture et encaissé – dans les arrêts de jeu – un troisième but les reléguant définitivement. Après cinq années passées dans l’élite, Saragosse retrouve la Segunda
Sureffectif
Voulant fêter par une qualification européenne les soixante-quinze années d’existence du club et la tenue de l’Expo 2008, Saragosse a connu une saison catastrophique. Des résultats médiocres avec Muñoz, la blessure de Matuzalem, des problèmes de cohésion interne, le départ de d’Alessandro et une valse d’entraîneurs ont précipité la chute.
Le club va affronter un sérieux problème d’effectif. Avec des joueurs du calibre de Diego Milito, Aimar, Ayala, Matuzalem ou César, la masse salariale risque d’être insoutenable pour un club de deuxième division. Le risque étant de devoir brader ses joueurs devant la nécessité de s'en séparer.
Pendant ce temps, deux autres équipes, le Recreativo et Valladolid, livraient le match de la peur. Ouvrant le score rapidement, Valladolid a placé les Andalous au bord de l’abîme, avant que le but égalisateur d'Oliveira ne les y précipite. Seuls les attaquants de Majorque ont permis à Huelva de retrouver un semblant de sérénité, avant que Javi Guerrero n’égalise dans les arrêts de jeu, alors qu’à Majorque, tout était résolu.
Pour l’anecdote, signalons que Majorque et le Deportivo la Corogne sont les heureux bénéficiaires des places Intertoto, que les Espagnols rechignent souvent à disputer à cause des dates qui coïncident généralement avec le retour de vacances.
Madrid-Levante : pétard sur herbe
La grève a fait long feu. Mais le Real Madrid a finalement obtenu le droit d’étriller Levante, pour le compte de la dernière journée de Liga. Ce n’est qu’à 14 heures, le jour même du match, que l’effectif granota a officialisé sa participation à la fête du madridisme.
Pendant la semaine, le possible forfait des joueurs de Levante (lire "Le Real paye la prime de défaite") avait occupé la presse madrilène et suscité les commentaires souvent solidaires des membres du club merengue – à l’exception notable de Bernd Schuster, pas spécialement courtois pour les joueurs et le club qui, en 2005, l’avait limogé après une série de mauvais résultats.
C’est finalement Raúl qui a débloqué la situation. Le capitaine madrilène, appuyé par Xavi – du Barça – dans son initiative, a proposé aux joueurs de Levante l’organisation d’un match amical, le 21 janvier prochain, dont les revenus (recette, droits de retransmission) seraient reversés aux joueurs. Le Barça – sans spécifier de date – a dit banco et proposé d’en faire de même.
C’est une fois cet arrangement trouvé que les Granotas, par la voix de leur porte-parole, Rubiales, ont fait connaître leur intention de jouer le dernier match de la saison, permettant ainsi au Real Madrid de terminer la saison sur une victoire facile (5-2), et par un feu d’artifice pétaradant.
Coupe sombre pour Valence
Même quand tout va bien, le FC Valence réussit à faire en sorte que tout aille mal. Une fois obtenu leur maintien, les Valencians ont célébré leur titre de vainqueur de la Coupe du Roi, samedi, dans les salons de la mairie de et de la Communauté autonome.
Mais même dans la victoire, Valence est incapable de se débarrasser de la polémique… Alors que le maire, Rosa Bárbera, demandait aux joueurs de sortir sur le balcon pour présenter le trophée aux supporters, l’effectif s’y est refusé. Une attitude qui n’a pas plu du tout aux quelques centaines de supporters mobilisés pour l’occasion, ni à l'édile, furibarde.
Pour remédier à l’incident diplomatique, le capitaine de Valence, Rubén Baraja, après quelques heures, a signé un communiqué dans lequel il délivre la version des joueurs che: “Nous avions décidé de ne faire aucune célébration ostentatoire après l’année si difficile que nous venons de passer” avant de préciser: “Nous ne sommes pas sorti au balcon par respect pour la souffrance que les supporters ont connu tout au long de la saison”.
C’est finalement le lendemain, saisissant l'occasion du dernier match de la saison au stade de Mestalla (victoire contre l'Atlético, 3-1), que les joueurs valenciens ont effectivement présenté le trophée obtenu aux dépens de Getafe, et pris congé de Cañizarés, qui quitte le club après dix années de service.
Real : Calderón contre les socios
Volée de bois vert pour Ramon Calderón. Le président madrilène, qui réunissait dimanche dernier l'assemblée extraordinaire des socios, espérait que celle-ci vote la modification des statuts du club. Peine perdue, les “socios compromisarios” – délégués représentant chacun un groupe d’autres socios – ont rejeté massivement la proposition, agrémentant le vote de cris demandant la démission du dirigeant.
Pour Calderón, le revers est amer. Car après le maquillage du nom du club – qui n'a pratiquement pas fait débat – le président madrilène voulait réformer deux aspects cruciaux du fonctionnement du club: la désignation des socios compromisarios, et le vote par courrier.
Réforme électorale
Actuellement, un socio devient compromisario s'il obtient l'aval de trois autres socios, qu’il représente lors des assemblées. Une pratique sur laquelle pèsent les soupçons de fraude. À tel point que Ramón Calderón, lui-même accusé d’abuser du système, est l’objet d’une plainte depuis la mi-avril.
Le projet de Calderón visait à simplifier la nomination de ces délégués, en laissant au soin d'un tirage au sort leur désignation, supprimant ainsi la demande d'aval et les éventuelles fraudes pouvant découler d'une telle pratique. Les socios ont considéré que laisser au hasard la désignation des socios compromisarios était une manière pour les dirigeants de les contrôler.
Plus polémique encore fut la tentative de réforme du vote par courrier, véritable machine de fraude électorale. Lors des dernières élections à la présidence, les candidats – Ramon Calderón en tête – ont dû plaider devant les tribunaux civils pour que les dix mille votes épistolaires ne soient pas pris en compte.
Cette fois-ci, Ramón Calderón proposait l'application du code électoral espagnol pour le vote par courrier. Scandaleux pour bon nombre de socios compromisarios, trouvant aberrante l’idée d’envoyer un courrier avec accusé de réception.
Au final, malgré l'importance que suppose pour un club la modification du mode de scrutin, seul un tiers des socio-sénateurs s'est rendu à l'assemblée générale du Real Madrid. Sur les 896 votants, seuls 150 ont voté en faveur de la réforme. Cet absentéisme forcené et le résultat du vote démontrent, de manière éclatante, qu'en dépit des apparats du vote populaire, le Real Madrid reste une propriété privée.
Les prix
• Le prix Salva Ballesta de la lutte pour la patrie et contre les mauvais citoyens, délivré au socio – dont le nom n’est pas repris par la presse – qui a publiquement reproché à Ramon Calderón ses bonnes relations avec Joan Laporta, son homologue du Barça, qualifié "d'antiespagnol" et de "sécessionniste".
• Le prix Ségolène Royal du "c'est pas de ma faute" est délivré à Txiki Begiristain, directeur technique du Barça, qui assure ne "jamais avoir pensé à démissionner", considérant que l’entraîneur et les joueurs sont les seuls responsables des mauvais résultats. On se demande bien qui a décidé de recruter tous ces joueurs médiocres – sauf Touré – depuis le départ de Sandro Rosell.
• Le prix "Cité de la Peur" revient à Joan Laporta, dont la prestation de figurant dans le dernier film de Woody Allen – tourné à Barcelone – n’a pas survécu à la paire de ciseau des monteurs du réalisateur new-yorkais. Semaine dramatique pour Laporta qui, dimanche, livrait sur TV3 sa vision de la saison. Une prestation sans surprise, ni intérêt, qui a réalisé de très faibles scores d’audience (12,3% de parts de marché en Catalogne).
Publications des bancs
Si le marché des transferts connaîtra de nombreux rebondissements, il est par chance un secteur pour lequel la plupart des données sont déjà connues. La plupart des équipes de Liga connaissent leur entraîneur pour la prochaine saison. Principal changement, le départ de Frank Rijkaard, remplacé par Guardiola à la tête du Barça.
Autres mouvements: l’imminente signature d’Unai Emery (Almería) à Valence. Quant à Santander, il pourrait offrir son banc à Lopez Muñiz, l’entraîneur de Málaga. Peu d’autres mouvements à prévoir, sauf démission, possible d'Ernesto Valverde, de l’Espanyol.
En revanche, certains entraîneurs ont confirmé leur maintien: Javier Aguirre, courtisé par la sélection mexicaine, a annoncé qu’il resterait aux commandes de l’Atlético, pour raisons familiales, principalement.
Les chiffres
85. Le nombre de points accumulés par le Real de Madrid en cette Liga. Un record depuis que le championnat compte vingt équipes et distribue trois points pour la victoire.
3420. Ni blessés, ni malades, ni suspendus, ni remplacés: Fabricio Coloccini (Depor) et Stefano Sorrentino (Huelva) sont les deux seuls joueurs qui ont participé intégralement aux trente-huit matches de championnat.
60.000. En marquant d’un superbe lob son deuxième but personnel contre Murcie, Giovanni Dos Santos a marqué le 60.000e but de l’Histoire de la Liga.
Ils ont dit
• "Pour la première fois de la saison, nous avons joué un match sans pression. C’est agréable" – Michael Laudrup, après le match pour du beurre que disputaient Getafe et le Betis, son dernier sur le banc azulón.
• "On dirait que nous sommes l’une des pires équipes du monde" – Ernesto Valverde, entraîneur de l’Espanyol, incapable de comprendre comment le club a pu ne marquer que douze points au cours des matches retour.
L'équipe type de la 38e journée
L'équipe pauvre type de la 38e journée
Ces sélections sont établies sur la mauvaise foi des classements de la presse madrilène (AS et Marca, qui notent sur 4) et catalane (Sport, qui note sur 10) pour 50% de la note finale chacune.