"La victoire est en nous", peut déclarer Jean-Michel Aulas, et en plus, il peut coudre sa deuxième étoile. L'avant-dernière journée était presque la dernière, le feuilleton est dans le ton.
La morale générale
Lyon est champion de France, conformément à ce que nous annoncions dès le 27 août dans l'
épisode tierce du feuilleton .
"T'es sympa Jean-Michel, mais arrête de manger de l'ail" |
Le choix dans la date
On se souvient que la Ligue de football professionnel (1) avait initialement programmé la fin du championnat un mercredi, soulevant l'ire des supporters hexagonaux (et accessoirement celle des Cahiers). En modifiant la date du dernier rendez-vous pour faire s'achever la compétition un samedi, les dirigeants du football français n'imaginaient sans doute pas que le vainqueur serait désigné à l'avant-dernière journée. Car paradoxalement, ce championnat, qui a été l'un des plus disputés de l'histoire dans la course au titre et aux accessits européens, a quasiment délivré l'intégralité de son verdict avec une journée d'avance (en tout cas dans le haut du classement).
Les supporters lyonnais, qui n'ont pu faire le déplacement dans l'Hérault, et ceux qui n'ont pu profiter de la nuit pour fêter le titre avec leurs joueurs, se souviendront sans doute de ce choix hasardeux. Didier Deschamps également, qui n'a pas manqué l'occasion de rappeler la fatigue de ses joueurs, trois jours seulement après une finale de Coupe de la Ligue remportée aux dépens de Sochaux.
Les dirigeants actuels du football français pourront se justifier en évoquant la pénurie de dates disponibles dans un calendrier surchargé. Ce dernier n'est finalement que l'un des derniers héritages de la présidence Bourgoin, qui avait accepté, pour des raisons fumeuses — et sous la pression ou avec l'aval de quelques présidents, dont Jean-Michel Aulas — de faire passer la L1 de 18 à 20 clubs. Coïncidence: Frédéric Thiriez, le successeur de Gérard Bourgoin à la tête de la Ligue, a répété dans le courant de la semaine qu'il est favorable au retour à une élite réduite…
(1) Notons que dans l'appellation, c'est le football qui est professionnel, pas la Ligue.
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Dans "incongru", il y a "gru"
Fabrice Jouhaud, nouveau rédacteur en chef football de L'Équipe, doit être en train de chercher des moyens de distinguer de ses prédécesseurs, d'acquérir une identité propre. Et pour un rédacteur en chef, le moyen d'expression privilégié est l'édito. Même court, un édito, ça vous pose un rédac chef — l'éditorialisme étant avec l'essayisme l'une des deux grandes plaies du journalisme français.
Fabrice s'est donc fendu mercredi d'un éditorial titré "Incongru", et qui a bien mérité son titre. En effet, ce texte nous rappelle tout à la fois "à la réalité, à l'esprit du sport et à l'éthique", car sombres idiots irresponsables que nous sommes, nous proclamons l'OL champion, alors qu'en vrai, il ne l'est pas encore, mathématiquement.
Qu'on imagine un peu. Samedi, les Lyonnais, encore pris dans les vapeurs de la fête continue qu'ils mènent depuis Montpellier, encaissent une sévère défaite (0-4) devant des Guingampais déchaînés, auxquels un journaliste a raconté qu'ils pouvaient encore accrocher la Ligue des champions en raison de la prochaine relégation administrative de Monaco. Pendant ce temps, en grève totale afin d'obtenir le limogeage d'Angel Marcos, les Nantais laissent l'OM enfiler les buts à la Beaujoire (0-16). Et paf, voilà Marseille champion et nous autres fort marris…
Blague à part, Jouhaud s'insurge de l'atteinte à l'éthique sportive qui consiste à annoncer prématurément le titre de l'OL (un "faux scoop", comme il dit), mais ne dit pas un mot sur l'accord tacite entre Montpellier et Lyon pour s'arranger du match nul. On peut comprendre la réaction des joueurs des deux équipes, mais quitte à s'insurger…
Ronaldinho est venu boire un petit café au Parc des Princes avec des amis. |
Les observations en vrac
Houllier à Furiani pour superviser Vignal et Essien. Il a abandonné Le Tallec et Sinama-Pongolle dans un bois?
Finalement, Liverpool ne prendra pas Florent Sinama-Pongolle et Anthony Le Tallec, mais Lamine Sakho et Ibrahima Bakayoko.
Ali Boumnijel a voulu surpasser son collègue Nicolas Penneteau en essayant en vain de casser les deux tibias de Trapasso.
Seul face au but, Dagui Bakari a failli nous offrir, à deux centimètres près, une vendange dont il a le secret.
Les Lyonnais et les Montpelliérains ont arrêté de jouer vingt minutes avant le terme du match. Un peu comme les Troyens, qui ont arrêté de jouer vingt matches avant le terme de la compétition.
Perez et Runje ont voulu nous faire une réinterprétation du but de Jérôme Leroy.
Ronaldinho indisposé par des ganglions. C'est une façon de dire que Fernandez lui fout trop les boules?
Didier Deschamps coache son équipe sous le regard amical de son président. |
Le droit de veto improbable
"Lyon va devenir sauf contre-ordre et pour la deuxième année consécutive champion de France" (Sport24). Quelqu'un a le numéro du mec qui peut donner le contre-ordre?
Le racisme anti-corse
S'ils veulent faire au moins une chose de positif cette année, les Strasbourgeois devraient avoir la bonne idée de renvoyer Ajaccio en L2.
Le doublé imprévisible
Sébastien Perez, une tête qui fusille Regnault, une passe en retrait qui trompe Runje.
La déclaration prévisible
Elie Baup (C+) : "Il faut se dire que là où on est, c'est notre place".
La déclaration moyennement fair-play
Guy Lacombe (L'É) : "Je suis très en colère, on nous a volé le match, il faut le dire comme ça et pas autrement". Pourtant, il y avait moyen de le dire autrement : "Lilian Laslandes a marqué un magnifique but et le résultat est équitable".
Le commentaire hasardeux
Alexandre Ruiz (C+), lors de PSG-Rennes: "C'est peut-être Alonzo que Ronald Koeman est venu superviser ce soir"
Si la personne qui a choisi le papier cadeau est la même que celle qui recrute, cela explique la situation sportive délicate du Racing Club de Strasbourg. |