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La France aux Français (qui gagnent)

Sur l'équipe de France, les clubs ou les joueurs, les discours du FN et du MNR sur le football professionnel donnent une idée de la propagande à laquelle notre sport préféré peut servir, et quelles métaphores et amalgames douteux il peut inspirer aux nauséabonds de service…
Auteur : Eugène Santa le 14 Fev 2002

 

Les mouvements d’extrême-droite français entretiennent un rapport particulier avec le football: outil évident de propagation de leur nationalisme, il constitue aussi un excellent instrument de manipulation populiste, tout autant qu’un vecteur efficace pour diffuser d’autres idées réactionnaires. Les déclarations et productions écrites des Le Pen, Mégret et autres regorgent ainsi d’appels plus ou moins cachés à la discrimination raciale, au retour aux "valeurs traditionnelles", au régionalisme et à l'ordre moral…

L’équipe de France : une relation ambiguë
Des drapeaux tricolores flottants sur les Champs-Élysées, la "Marseillaise" chantée à tue-tête par des millions de personnes aux quatre coins de l’hexagone: la mise en avant de tels symboles nationaux, lors du Mondial 98 et de l’Euro 2000, ne pouvait a priori que remporter l’adhésion des édiles du FN, MNR et autres partis extrémistes français. Dans un communiqué de presse en date du 3 juillet 2000, le Front National saluait ainsi "la superbe victoire que l’équipe nationale de football [avait] offerte à la France" lors de l’Euro 2000. Et en novembre dernier, Bruno Mégret annonçait sa candidature aux Présidentielles depuis le stade de France, "symbole de la victoire française lors de la Coupe du Monde 98" (1).

Pourtant, cet enthousiasme de façade n'a pas été exactement spontané… Il faut tout d’abord se rappeler qu’en 1996, à une époque ou les deux partis — désormais ennemis — distillaient leurs "idées" au sein d’une seule et même structure, le soutien à l’équipe de France n’était pas réellement de mise. Dans un élan de populisme qui lui est caractéristique, Le Pen avait ainsi surfé sur le mécontentement suscité par une compétition que les Bleus allaient forcément rater (encore une victime de L'Equipe). Le Président du Front National s’était clairement positionné en affirmant qu’il était "artificiel que l’on fasse venir des joueurs de l’étranger en les baptisant équipe de France". Dans le même ordre d’idées, le leader d’extrême-droite avait dénoncé le fait que les joueurs ne chantent pas la Marseillaise lors des hymnes en début de match. Même si elles avaient suscité une vive polémique dans le milieu politique, ces déclarations trouvaient à l’époque un certain écho dans une partie de la population, prompte à suivre le FN dans sa lutte contre l'Antifrance.

Avec les victoires de 98 et 2000, et l’incroyable popularité, entre autres, des buteurs Trézéguet, Zidane, ou Wiltord — respectivement immigré, fils d’immigré et antillais d’origine — FN et MNR se sont vus dans l’obligation d’adapter leurs discours. Plus question d’attaquer de front les icônes nationales sous peine de se voir durement sanctionner par l’opinion publique. Un sondage Ifop, paru juste après le Mondial, indiquait ainsi que seuls 11% de la population trouvaient justifiée l’opinion que Jean-Marie Le Pen avait développée deux ans plus tôt sur la composition de l’équipe de France. C'est à peu près la proportion de son électorat, mais au sein même du FN les troupes étaient partagées, puisqu’un tiers de celles-ci jugeait cette déclaration maladroite et 15% l’estimaient ridicule. A la suite de l’Euro 2000, Le Pen s’est donc résolu à souligner "l’excellence des hommes et des qualités physiques et morales exceptionnelles" qui ont permis aux Bleus de l’emporter. Bel exercice de démagogie.

Les clubs : le mythe d’un football "pur"
Les mouvements nationalistes s’expriment finalement assez rarement sur les compétitions de clubs. Si les équipes nationales constituent un terrain évident pour alimenter leurs vues xénophobes, le football de club est plus difficile à manier en terme d’idéologie. Il ne faudrait cependant pas croire que celui-ci leur est totalement étranger: les partis d’extrème-droite n’hésitent jamais à infuser leur fiel quand l’opportunité se présente.

La première des critiques qui est faite au football professionnel de club reprend l’idée d’une perte d’identité du football français, et surfe sur la libéralisation des règles de nationalité. Un récent communiqué du Mouvement National de la Jeunesse, émanation "jeune" du parti de Bruno Mégret, vantait ainsi les mérites de Sylvain Kastendeuch, digne représentant de la "fidélité à une équipe, à une région et à des couleurs avec lesquelles il [avait] remporté de nombreux titres". On peut déjà souligner le fait assez risible que l'excellent libéro du FC Metz n’a remporté pour tout titre qu’une Coupe de France et une Coupe de la Ligue avec les Lorrains. Par ailleurs, si l’ex-défenseur des Grenats a effectivement vécu de nombreuses saisons dans ce club, il avait également porté les couleurs de St Etienne, de Toulouse ou du Red-Star par le passé. Mais dans leurs tentatives régulières de mobiliser la population, les partis d’extrème-droite ne sont jamais à une approximation près (quand on voit la taille de leurs "détails", on comprend).

La deuxième des critiques, assez prévisible dans le cadre de la libéralisation européenne, est la dénonciation du football-business. Dans ce même communiqué à la gloire de l’ex-capitaine mosellan, "Anelka, Wiltord et consorts" sont ainsi présentés comme "des gamins richissimes et irresponsables pourri-gâtés de la société de consommation". Cette désignation laisse entendre que soit les jeunes mégrétistes n’aiment pas la Danette, soit ils n’aiment pas les Noirs… En fait le choix de ces deux joueurs cache un argumentaire nettement plus tendancieux. Si Zidane, Djorkaeff ou Desailly, tous trentenaires, échappent à l’ire du MNR — alors qu’ils changent de club et participent à des pubs de la même manière — c’est pour diagnostiquer l’impossible intégration des jeunes d’aujourd’hui dans la société. Suite à un France-Algérie qui fut du pain béni pour son camp, un conseiller régional de ce parti soulignait ainsi "la honte peinte sur le visage de certains Algériens plus âgés qui, dégoûtés par le comportement de leurs jeunes générations, [avaient] préféré ranger leur drapeau". Cette affirmation n’est pas anodine: elle tend à démontrer que le péril vient des "jeunes", qui plus est originaires de banlieue. En conséquence, cette généralisation, condamnant "la racaille", justifie insidieusement une répression plus importante dans les banlieues. Bref, le football au service d’un discours sécuritaire beaucoup plus général, dont nos amis n'ont malheureusement pas le monopole…

Enfin, visiblement très gênés par le fait que les Bleus, équipe cosmopolite (mélange de blacks, de blancs, de beurs et autres Arméniens), réussissent aussi bien, les nationalistes ont longtemps cherché un contre-exemple. Ils l’ont trouvé en 2000, avec l’épopée calaisienne en Coupe de France. Jean-Yves le Gallou, idéologue du parti mégrétiste se réjouissait ainsi des résultats d’un club "représentatif des valeurs de la France profonde dans la mesure ou il [n’était] pas touché par (…) le politiquement correct qui voudrait que seul l’hypothétique "France métissée" puisse accéder aux podiums et aux micros". Notons dans ces propos deux déformations notoires de la réalité, dans la plus pure lignée de la propagande et de la désinformation propre aux régimes fascisants. D’une part, la réussite du cosmopolitisme est censée être présentée comme inéluctable. Pourtant, personne n’a jamais prononcé de telles affirmations: présenter le cosmopolitisme comme une chance n’a rien à voir avec le fait de le désigner comme une condition sine qua non de réussite. Ensuite, le petit club est censé avoir été éloigné de tout soutien médiatique. Cette thèse du complot, récurrente dans le discours de l’extrême-droite française, est tout de même grotesque au regard du battage médiatique qui a accompagné l’épopée des amateurs Nordistes en Coupe de France. En présentant les faits de la sorte, le MNR entend établir un parallèle avec sa propre situation (prétendue) et justifier ainsi la nécessité d’un égal soutien populaire à sa cause… Il doit prouver également un soit-disant comportement anti-français des médias nationaux, évidemment infirmé par les faits.

Les supporters de foot doivent donc rester vigilants quant à l’utilisation qui est faite de leur sport favori. Le danger n’est pas uniquement dans les stades, il est aussi dans les mots.

(1) On notera le peu de scrupules du Consortium du Stade de France, prêt à manger à tous les râteliers — des subventions d’Etat aux partis extrémistes — pour faire fonctionner la caisse enregistreuse…

Réactions

  • Resist le 18/02/2002 à 09h14
    désolée mille fois zz. évidemment, no comment quand à ce cas...

    juste pour compréhension (surtout pas pour te convaincre) que le phénomène extrême-droite dépasse les frontières du seul racisme ambiant : les attaques violentes et reprises au niveau international par les groupes extrémistes de droite de cliniques et d'hôpitaux pratiquant l'ivg. la lutte contre cette politique instaurée par mme weil (qu'on soit d'accord ou pas contre l'ivg d'ailleurs,) relèvent-t-elles de l'antiracisme. les attaques contre les cinémas y jouant 1 film relatant la vie de jésus (j'ai oublié lequel) relèvent-t-elles de l'antiracisme.
    le journal le "réverbère", vendu dans le métro et dans les rues par les sdf, a repris un texte inspiré d'un tract publié par "la vieille taupe", librairie négationniste. il s'agissait de défendre notre b bardot nationale, "traînée devant les tribunaux". y sont évoqués le "lobby sioniste", le "triomphe de l'inquisition judaïque" ou encore la "pax judaica qui doit régner sur le monde entier".
    directrice d'1 salle de ciné de vitrolles, régine juin avait programmé 10 courts-métrages dont les thèmes étaient : le sida, la séropositivité, l'homosexualité. c. mégret exige l'annulation des projections. régine refuse de déprogrammer et est licenciée pour"refus d'obtempérer". le film était déjà passé sur canal, arte et dans 48 autres villes.
    les exemples foisonnent... c'est 1 politique aujourd'hui encore marginale, mais qui sait...

  • mollows le 18/02/2002 à 09h30
    S'agissait du film de Scorsese : 'La Dernière Tentation du Christ', je l'ai pas vu, mais je fus de la manif' qui faisait suite a l'incendie de l'Espace Saint-Michel (yavait d'ailleur eu des incident pour raison de diffusion de tract supposés antisémites a l'interieur de la manif me semble, pour rebondir sur les taupes...).
    Pour memoire, il y a avait eu un mort les jours precedents suite a un incident cardiaque d'un spectateur lors d'un gazage en pleine seance à Montpar'.

  • harvest le 18/02/2002 à 09h44
    ZZ, je me suis dans doute mal expliqué. Faire taire est un raccourci ( chers amis cdfistes , vous l'aurez remarqué , je suis adepte des raccourcis qui frappent).
    Ce que je veux dire c'est qu'il faut éviter de donner la parole aux fachos , comme ça , à la télé , en prime time , sans explication de textes et illustrations.
    Avec des journalistes devenus responsables plutôt que se voulant "objectifs" , ça pourraient amener les questions précises et embarrassantes , rappeler les faits ( c'est pas ce qui manque).

  • ZZ le 18/02/2002 à 10h24
    Resist, on est d'accord, je ne crois pas le contraire (de ce que tu écris)... Je pense juste que dire "on les empêche de s'exprimer", est une solution insuffisante et non satisfaisante parce que ça ne résoud en rien le problème et que si les extrêmes peuvent tenir de telles positions et trouver du crédit auprès de certains citoyens, c'est que de notre côté, on ne les combat pas de la bonne façon et là, je rejoins Harvest (nous étions finalement d'accord) : il faut les réduire à néant par la démonstration de leur connerie, et de leurs lacunes...mais pour faire ça, il faut que de notre côté, on se montre un peu plus irréprochable...
    Il ne suffit pas de dire : "ils sont dangereux, donc on les écarte".

    Pour grossir les faits, dans les scrutins, on a souvent le choix entre l'escroc et l'escroc facho... Moi, j'ai pas de mal à choisir mais avouons que le choix pourrait être plus jouissif...

    Sans entrer en campagne, je prends un exemple ;-)) : proposer Chirac comme candidat alors que, s'ils s'appelait monsieur tout le monde, il serait derrière les barreaux, c'est faire le jeu des extrêmes... Ma résolution 2002 pour les gens de droite : arrêtez de manger des pommes !!! :-)))

    Mais, c'est difficile d'être clair sans en discuter de vive voix et en utilisant les raccourcis que l'on est forcé de prendre... Ma position doit faire un peu trop "oui -oui au pays des merveilles :-) C'est pour ça que je regagne ma réserve... (enfin, j'essaie :-)

    Sinon, je suis d'accord avec je ne sais plus qui : Bruno M. est bien plus dangereux que le borgne... C'est qd même l'un des théoriciens du mouvement, le mari de la pouffe, et sa démarche toute aussi exécrable est plus intelligente...

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