La Gazette, numéro 10
guerre psychologique chez les Rangers
Faute de pouvoir les écouter en version originale, nous ignorons sur quel registre s'expriment certains footballeurs à l'étranger. Ronald de Boer, recrue des Glasgow Rangers qui affrontent Galatasaray (et Monaco) dans leur poule de Ligue des champions assaisonne en termes choisis ses adversaires turcs. Extraits (BBC News 01/10/00):
"Hagi ne m'inquiète pas. Il est incapable de défendre correctement et disparaît des matches trop vite pour être vraiment utile à son équipe (...) Lorsqu'il est dans un mauvais jour, il se désintéresse du jeu, et c'est comme si Galatasaray devait jouer à 10. Parfois, ce sont les joueurs que l'on prend pour des stars qui sont en fait le maillon faible de leur équipe, et Hagi entre dans cette catégorie. J'ai regardé mon ancienne équipe, Barcelone, perdre contre le Milan AC, et Rivaldo est un autre exemple de ce dont je parle". Quant à Popescu, "il est vulnérable à l'arrière, et en un contre un, il est en grande difficulté..." L'attaquant néerlandais conclut en affirmant: "Ce dont nous avons besoin, c'est de leur mettre un peu plus de pression". C'est fait, non?
Sur Hagi, on pourra suivre de Boer, tant le génie roumain ressemble à un intermittent du spectacle, qui se repose le long de la touche pendant les rencontres et qui est suspendu un match sur deux. A propos de Rivaldo par contre, l'ex-Barcelonais semble régler quelques comptes et manquer un peu de lucidité. Rivaldo n'a pas été transféré à Glasgow, lui...
l'irrésistible ascension de Thierry Henry
Restons outre-tunnel sous la Manche pour une leçon d'Anglais: voici comment Reuters décrit le but de Thierry Henry contre Manchester: "Receiving the ball 20 metres out with his back to goal, the Frenchman flicked the ball up and in the same movement swivelled to volley a dipping shot into the top right-hand corner of international team mate Fabien Barthez's goal." Alex Ferguson, qui estimait que son équipe méritait le nul, ne s'en est pas tout à fait remis et a déclaré: "C'est incroyable. Il ne le refera jamais plus".
Peut-être pas, mais il en fera d'autres. Henry a pris une dimension exceptionnelle en moins d'un an. A pareille époque en 99, il arrivait de la Juve pour 10,5 millions de livres, après un séjour italien durant lequel sa carrière sembla perdre le fil, débarquant à Arsenal où l'attaque comptait déjà Bergkamp, Overmars, Kanu et Suker. Avec 26 buts toutes compétitions confondues, il a fait oublier Nicolas Anelka, auteur d'un parcours similaire avant son départ pour le Real, et enchaîné sur l'Euro que l'on sait. Même s'il aura du mal à rester sur le rythme infernal de sa saison dernière (son exploit contre MU mettant d'ailleurs fin à une période de 6 matches sans buts), on se demande où s'arrêtera l'ex-Monégasque. Physiquement il a progressé au point de renverser les défenseurs sur son passage, il excelle autant en passeur qu'en remiseur, peut jouer à n'importe quel poste de l'attaque et surtout, dégage une impression de facilité que l'on avait plus ressentie depuis Ronaldo. Les malheurs de ce dernier rappellent que la carrière des attaquants est très aléatoire, aussi faut-il garder quelque mesure. Mais nous avons peut-être trouvé, en attaque cette fois après Zidane au milieu de terrain, un joueur absolument hors norme. Un nouvelle étoile pour l'équipe de France.
indulgence et vieux espoirs
Pour en finir avec Albion, deux infos amusantes: la commission de discipline locale a décidé de ne pas sanctionner les internationaux Dennis Wise et Steven Gerrard, qui s'étaient pourtant sérieusement écharpés lors de Chelsea-Liverpool. A croire qu'elle ne sévit que lorsque Patrick Vieira est impliqué...
Enfin puisque l'on parlait avec Hagi des vieilles gloires qui ne veulent pas mourir, signalons que Paul Gascoigne (33 ans dont 10 d'âge mental), qui évolue à Everton, conserve encore l'espoir de jouer en équipe nationale. C'est même ce qui lui a permis de souffrir cet été pour retrouver un niveau et un poids convenables...