La Gazette, numéro 77
Il a parlé
Il avait dit qu'il ne parlerait pas, mais il n'a pas pu se retenir. Franck Lebœuf s'est associé à l'appel de ses collègues internationaux en faveur de la mobilisation deuxième tour de la présidentielle, mais il a fallu qu'il l'assortisse de commentaires choisis. Le défenseur central renchérit dans le discours sécuritaire flou qu'il avait déjà employé au lendemain de France-Algérie (Arrête Franckie, c'est pas bon). "Chirac va avoir cinq années très dures pour prouver aux gens qui ont voté Le Pen qu'ils ne doivent pas être deux fois plus nombreux dans 5 ans. C'est ce que je crains le plus. Il va falloir faire énormément bouger les choses (…) il faut une vraie police et une véritable sécurité pour nos enfants". On t'avait juste demandé d'appeler à voter, Franck. Ça nous apprendra à réclamer plus d'engagement politique de la part de nos vedettes à crampons, qui ont peur pour leurs enfants dans leurs quartiers résidentiels blindés.
Comédie
Revenons avec quelque retard sur un petit événement passé légèrement inaperçu. Il s'agit bien de cela justement: revenir rétrospectivement sur une action de jeu. Mickaël Landreau a été sanctionné pour l'incident qui l'avait opposé à Jérôme Leroy lors de PSG-Nantes, entraînant l'expulsion de ce dernier (qui avait voulu reprendre un peu brutalement le ballon au fond des filets après le but d'Okocha). La Commission d'appel et de l'éthique, sur la foi des images vidéo, a décidé de réduire la suspension du Parisien et surtout de punir la "simulation" dont le gardien nantais avait été l'auteur à cette occasion (modérément toutefois, d'un match de suspension avec sursis). Cette décision paraîtra injuste dans la mesure où elle est exceptionnelle, l'usage étant, même en cas de réelle agression (fût-ce une bousculade), d'en rajouter des tonnes, de se projeter violemment en arrière, de se tordre de douleur, de déclencher des convulsions d'épileptique etc. Difficile de faire le tri avec les pures mascarades (comme celle de Bilic sur Laurent Blanc en 1998), mais dans les deux cas la simulation et le comportement antisportif sont avérés.
A l'heure ou ce travers du jeu est l'objectif arbitral prioritaire de la FIFA, et où l'on parle d'utiliser enfin les images enregistrées pour sanctionner a posteriori les tricheurs en tous genres, l'incident annonce peut-être une politique plus volontariste des instances dans le sens d'une dissuasion des actes de comédie qui pourrissent le jeu.
Heures de foot
Restons dans les écrans. Le CSA vient de publier des données sur l'exposition du sport à la télévision en 2001. Le football écrase la concurrence et Canal+ arrive logiquement en tête avec près de 400 heures de football, contre 118 pour TF1, 45 pour l'ensemble du service public et 2h07 pour M6. 565 heures de foot sur les seules chaînes hertziennes, et l'on s'étonne des taux de divorce?
Jamel communique
Au vu de certaines réactions à l'article La presse sportive s'abstient…, il semble utile d'apporter une précision afin de résoudre ce que l'on voudra bien prendre pour un malentendu. Une phrase du dernier paragraphe est probablement mal formulée. Il va de soi qu'en évoquant "cette industrie [qui] ne serait pas le moins du monde perturbée par l'avènement d'un pouvoir fasciste", nous parlions bien de l'industrie (le secteur économique) des médias sportifs et non de la catégorie des journalistes sportifs, dont le silence est avant tout la conséquence des conditions sociales et économiques de leur activité.
Que l'on puisse interpréter ce propos comme une accusation de sympathie des journalistes avec les idées du Front National relève cependant soit d'une lecture très désinvolte, soit d'une volonté de se saisir de la moindre tournure imparfaite pour nous prêter les pires pensées. C'est très vilain.