LOSC, mon LOSC
S'il remporte un titre cette saison, le club lillois brisera-t-il l'histoire qui l'unit aux plus amoureux de ses supporters?
Auteur : ni.com
le 11 Avr 2011
Cela fait bien longtemps que je ne t’ai pas écrit et je ne le fais aujourd’hui que poussé par le désespoir. Parce que je vois bien que tu m’échappes, inexorablement. Tout avait pourtant si bien commencé. Tu te souviens de ces lettres où je te décrivais ce qui nous unissait toi et moi? (lire "Pourquoi je supporte Lille") J’aurais tellement voulu que cette relation dure toujours.
Mais je vois bien que tu n’es plus la même. Bien sur, il y a eu des précédents, de petites crises comme en connaissent tous les couples, comme quand ce technicien bosnien ou ce ténébreux Tarnais t’ont fait miroiter une vie de strass et de paillettes. Mais nous avons fait face et ensemble, nous avons repris notre vie ordinaire avec ses défaites imméritées et ses matches nuls frustrants.
J’ai été naïf et je n’ai pas voulu voir que tu m’éloignais et pourtant, l’année dernière déjà, j’ai eu peur de te perdre quand tu as enchainé des prestations flamboyantes qui ont attiré sur toi des regards envieux. Par chance, tu as retrouvé tes esprits lors de notre week-end de mai en Bretagne, et tu as rejeté ce destin doré qui n’attendait que toi.
Cette fois-ci, je ne veux pas me voiler la face: tu sembles résolue à aller au bout de ton aventure, celle qui va te mener tout en haut et qui va sans doute nous séparer, moi qui n’aime rien de plus que tes défauts, ta malchance et ton aptitude à te saborder… Chaque week-end passé ensemble, chaque ville que nous visitons, le fossé se creuse entre nous: 2 puis 4, bientôt 6 et 8 points d’avance [1]. Tu deviens un papillon étincelant là où je te rêvais chenille. Je te parle d’Arles, Nancy et Brest, et tu me réponds Milan, Madrid ou Londres…
Nos amis du CVT (Comité Valeurs et Traditions) ne te reconnaissent plus. Les trop nombreuses couvertures de la presse t’ont fait tourner la tête. Tu as renié nos années de recrutements en Scandinavie ou en Amérique du Sud. Tu ne sais même pas ce que sont devenus nos compagnons de toujours, les Valois, Sauvaget ou Rollin.
Tu sais, moi aussi, j’ai été tenté par d’autres sirènes, comme cette Lyonnaise qui m’a poursuivi de ses assiduités pendant sept ans, cette bimbo du Sud-ouest ou encore la cagole marseillaise l’année dernière. Mais je te suis resté fidèle, t’accompagnant dans tes déceptions et tes rêves de grandeur.
J’aimerais tellement que tu ouvres les yeux et que tu t’aperçoives de la futilité d’empiler des titres. Avons-nous réellement besoin d’une Coupe de France ou d’un Hexagoal? Je ne t’en veux pas, ce rêve, tu le caresses depuis si longtemps. Un coup de pouce du destin, du Hazard comme tu le dis si bien avec tes yeux qui pétillent à la simple évocation de ta pépite belge…
Va, profite pleinement de cet avenir doré en faisant bien attention de ne pas te brûler les ailes comme ta cousine lensoise. Dans quelque temps, tu iras vivre dans cette grande maison que tu attends depuis longtemps. Je viendrais te voir mais nous serons si nombreux que je doute que tu t’aperçoives de ma présence.
Tout est bientôt fini, je le sais.
[1] NDLR: texte écrit avant ce week-end. La lose n'a pas dit son dernier mot.