No Satisfaction
Matchbox - USA-Ghana: 1-2 (ap). Sous les yeux de Bill Clinton et Mick Jagger, les Black Stars livrent leur meilleur match de la compétition.
Auteur : Bernard Fat
le 27 Juin 2010
Royal Bakofeng Stadium, Rostenburg
Buts : Donovan (62e, sp) pour les Etats-Unis ; Boateng (5e), Gyan (93e) pour le Ghana
États-Unis : Tim Howard; Steve Cherundolo, Jay DeMerit, Jonathan Bornstein, Carlos Bocanegra; Landon Donovan, Michael Bradley, Ricardo Clark (Edu, 30e) , Clint Dempsey; Jozy Altidore (Gomez, 90e), Robbie Findley (Feilhaber, 46e).
Ghana : Richard Kingson; John Pantsil, Jonathan Mensah, John Mensah, Hans Sarpei (Addy, 73e) ; Anthony Annan, Samuel Inkoom (Muntari, 112e), Kevin-Prince Boateng (Appiah, 77e), Dede Ayew; Kwadwo Asamoah, Asamoah Gyan.
Arbitre: Viktor Kassai
La nalyse
Le match part sur les chapeaux de roues quand Prince-Boateng montre pourquoi il tente des frappes de n’importe où depuis le début de la compétition: il est capable de les mettre au fond. A la 5e minute, le milieu ghanéen, parti du rond central, approche de la surface et élimine d’un crochet les deux défenseurs. Bien qu’excentré et en bout de course, il n’hésite pas: la frappe du gauche du droitier ne laisse aucune chance à Tim Howard, dont le placement pose question.
Donovan inoffensif
Comme prévu, les Américains sont bien en place, mais l’animation offensive ghanéenne est loin d’être ridicule. Le positionnement très bas d’Asamoah, derrière Gyan, densifie le milieu africain et les Américains peinent à construire, privés du ballon. Les Ghanéens, dominateurs, tombent toutefois rapidement dans la facilité et Asamoah, isolé dans la surface sur une percée menée avec Boateng, vendange complètement une occasion. Des deux côtés, on cherche une solution de loin en ne pénétrant qu’exceptionnellement dans la surface. Et c’est dommage. Lors d’une de ses premières incursions, Findley ne doit qu’à Kingson de voir son tir repoussé. Asamoah réplique aussitôt: là encore, le portier s’interpose.
Progressivement, les Américains retrouvent un peu d’emprise sur le jeu, notamment grâce à Bradley qui distribue efficacement. Les Ghanéens, de leur côté, continuent à montrer de très belles choses offensivement, à l’image du festival de Boateng dans la surface, conclu par une talonnade. Donovan, très attendu, ne parvient pas à repiquer dans l’axe. Cantonné au flanc droit, il est inoffensif.
Changement de tendance
Au retour des vestiaires, les États-Unis montrent plus de choses, et les Ghanéens durcissent le jeu. Les premiers sont récompensés de leurs efforts quand Dempsey passe Jonathan d’un petit pont et force Mensah au penalty. Donovan transforme avec l’aide du poteau. Habitués à faire de meilleures secondes mi-temps, les Etats-Unis confirment la tendance.
Le match devient décousu et les Américains remettent le pied sur le ballon grâce à un triangle Dempsey-Bradley-Altidor. Ce dernier trouve l’ouverture à la 80e sur une mésentente de la charnière centrale, mais pousse Mensah avant de s’écrouler dans la surface. Les Ghanéens marquent un peu le pas, notamment parce que Gyan, qui a beaucoup donné, est moins actif.
Ayant récupéré à la pause ou conservé des ressources insoupçonnées, Gyan donne l’avantage à ses partenaires dès la 93e. Lancé par Ayew et bousculé par son partenaire de club Bocanegra, l’avant-centre contrôle de la poitrine et trompe Howard du gauche. Cet avantage est heureux pour les Ghanéens qui restent dominés par des Américains étonnamment frais après les efforts consentis dans le temps réglementaire. Ils se contentent donc de temporiser et de défendre quand leurs adversaires pressent et se montrent dangereux, notamment sur corner, confisquant le ballon et s'appuyant sur les qualités défensives dont ils ont déjà fait preuve. Le Ghana, plaisant comme jamais en Afrique du Sud, ira en quarts affronter l'Uruguay.
Les gars
Kingson a malheureusement étalé quelques insuffisances au court de la compétition. Sur ce match, pourtant, il est étincelant: sortie dans les pieds, prise de balle aérienne… Rassurant pour sa défense, impassable dans le jeu, le remplaçant de Wigan a livré un match admirable. Gyan a été un excellent point de fixation, ne ménageant jamais ses efforts. Il est récompensé par un but splendide.
Inconstant, Prince-Boateng a le mérite d’avoir ouvert le score, il s’est montré brillant par à-coups. Ayew a été très précieux techniquement et confirme ce qu’il avait montré jusqu’ici.
Côté américain, Donovan était très attendu, mais n’a jamais pu poser son jeu – une déception. Bradley a pesé sur le jeu américain mais il a mis beaucoup de temps à se lancer. Altidore s’est montré dangereux mais a été inexplicablement remplacé par Gomez, transparent comme depuis le début de la compétition.
Le joueur à suivre
Trop maladroit, Kwadwo Asamoah n'a pas affolé les compteurs jusqu'à présent. Pourtant, le jeune attaquant vaut mieux que son inefficacité offensive le laisse supposer. D'abord parce que, même s'il les rate, il se crée des occasions... Son gros volume de jeu, associé à une grande qualité technique, lui permet d’être dangereux sur toute la largeur du terrain et de beaucoup décrocher, surtout pour alimenter Gyan. À vingt et un ans, le jeune attaquant a une carrière devant lui pour apprendre à cadrer.
Les observations en vrac
• Les deux attaquants qui s’appellent Asamoah et les deux défenseurs Mensah, c’est par égard pour Thierry Rolland?
• Deux Rennais en huitièmes de finale, des maillots prêtés par l’intendance du racing club de Lens… Cette Coupe du monde est discréditée.
• Jonathan Mensah qui fait une tête en retrait à Kingson c’est la naïveté de la jeunesse ou il n’a jamais vu un but de Premier League?
• Faire commenter un match du Ghana à Desailly donne un bon aperçu de ce que donnerait un Pau-Bayonne commenté par Larqué.
Le match de Canal+
• Prix "Les Noirs dansent bien" à Marcel Desailly pour : "Difficile de mettre un Africain sous pression".
• Marcel, toujours : "Ouh là là là là là là, ce tacle, c’est dangereux, c’est dangereux… [après ralenti] Superbe tacle à la Beckenbauer, c’est magnifique".
• Stéphane Guy : "Il vaut mieux jouer l’Uruguay que l’Argentine". Dans les deux cas, il vaut surtout mieux ne pas être la France, hein.