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Nous ne serons pas championnes du monde

Pas cette fois du moins: le réalisme a fait la différence pour les Américaines, mais les Bleues ont gagné plus que de la considération en Allemagne.
Auteur : CHR$ le 14 Juil 2011

 

Le football est magique, il réussit parfois l’alchimie de transformer le plomb des résultats en or de l’image. L’emballement médiatique (y compris sur les pages des Cahiers du football) nous a vendu une équipe de France qui avait franchi un palier en se qualifiant pour la demi-finale et les JO, et qui produisait le plus beau jeu de la compétition. Mais la froideur des résultats livre une image nettement moins flatteuse, avec une victoire probante contre le Canada (dont la 60e minute restera donc le moment clé de la Coupe du monde des Bleues), deux défaites dès que les Bleues ont joué contre des équipes du top niveau mondial et deux résultats positifs obtenues à l’arrachée contre des équipes de seconde zone [1].
Bien entendu, la réalité est à mi-chemin. Le parcours des Bleues ressemble finalement assez à celui des garçons de 1982 [2], avec une accession en demi-finale confortée par le jeu produit, qui rehausse nettement la lecture des résultats match par match.

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Jeu de qualité et groupe attachant
Le devoir de mémoire envers les générations précédentes, emmenées par la sélectionneuse Elisabeth Loisel et les emblématiques Corinne Diacre et Marinette Pichon [3], empêche d’être dithyrambique sur la progression des Bleues. Lors de l’Euro 2005, l’équipe de France avait peut-être la meilleure équipe derrière l’Allemagne, mais elle tombe contre les Allemandes et les Norvégiennes, soit les deux meilleures équipes sur le papier, et loupe la demi-finale à la différence de buts.
Le premier mérite des Bleues aura été de savoir bénéficier des conditions favorables du tirage (en particulier l’Angleterre en quart de finales), et de savoir faire la différence contre le Canada, tout en développant un jeu de qualité et en affichant l’image d’un groupe attachant – une manne céleste pour les divers médias prompts à opposer ces jeunes femmes si sympathiques aux méchants joueurs professionnels vu un an plus tôt dans un bus.

Il reste un match qu’il ne faudra pas galvauder, mais il est déjà possible de se projeter sur la suite en analysant les qualités et les défauts affichés contre l’Allemagne et les Etats-Unis (car on va considérer qu’il s’agit maintenant du niveau à atteindre).

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Bussaglia-Abily, la clé de voûte
En dehors de la première mi-temps contre l’Allemagne, durant laquelle manquèrent Marie-Laure Delie et surtout Camille Abily, les Bleues ont globalement eu le contrôle du ballon. Elles le doivent à un milieu de terrain particulièrement efficace aussi bien dans la récupération que dans l’orientation du jeu. Les pièces maîtresses sont bien sûr Elise Bussaglia et Camille Abily, capables de jouer à la fois en pures récupératrices et en meneuses, voire en attaquantes (dans l’axe ou sur un côté), ce qui autorise une grande souplesse d’organisation. Plus offensives, Louisa Necib et Gaëtane Thiney ont apporté une touche technique nettement au dessus du lot, y compris chez les meilleures équipes de ce Mondial.

En dehors de Sandrine Soubeyrand (qui devrait malgré tout poursuivre jusqu’aux JO), les joueuses du milieu devraient servir de socle à l’équipe de France au moins jusqu’à la prochaine Coupe du monde. Cette qualité de jeu va permettre d’évacuer la question de la domination physique : il est certain que l’Allemagne et les Etats-Unis ont un côté rouleau compresseur qui finit par user l’adversaire. Mais les Bleues ont malgré tout eu largement l’occasion de remporter les matches, et elles ont également du répondant.


Défaut d'efficacité devant et derrière
Si la France a mieux joué, dominé et plus tiré (plus de cent tirs en cinq rencontres, le record), comment expliquer qu’elle n’ait pas gagné? La réponse est la même depuis la retraite de Marinette Pichon (et un peu avant aussi): parce qu’elle marque peu et encaisse beaucoup. En football, on gâche vite un bon match par une erreur de défense et la domination devient stérile quand on ne la transforme pas en buts.

La défense a connu des remaniements paradoxaux. Laura Georges a joué l’ensemble des matches, Sonia Bompastor n’a été économisée que contre l’Allemagne et Laure Lepailleur a occupé systématiquement le flanc droit à partir de son entrée contre le Nigeria (même si ce n’est pas son poste de prédilection). Mais le poste de deuxième défenseuse centrale a été occupé successivement par Wendie Renard, Sabrina Viguier et Ophélie Meilleroux au gré des blessures, ce qui a sans doute nuit aux automatismes et contribué aux diverses erreurs qui ont provoqué la plupart des buts encaissés.
On ne reviendra pas sur le rôle de la gardienne : on ne sait pas si une autre aurait fait mieux (même si Sarah Bouhaddi est sans doute plus à l’aise sur les balles aériennes), ni si un apport au projet de jeu aurait été néfaste au "projet de vie". Et si Laetitia Philippe a toute les qualités qu’on lui prête, elle devrait vite mettre tout le monde d’accord.

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Une révolution à faire
Les Bleues dominent et ne marquent pas, donc. Ce n’est pas un hasard si, en dehors de Marie-Laure Delie, les Bleues marquent principalement en dehors de la surface: elles n'y jouent quasiment pas et ont souvent le désir de se mettre dans une meilleure position, là où Inka Grings ou Abby Wambach tentent directement une frappe. À ce titre, le choix d'aligner régulièrement Gaëtane Thiney, voire Elodie Thomis en pointe lors des éliminatoires, était symptomatique.

Si, comme dans toute sélection, on peut regretter l’absence de certaines joueuses à l’efficacité reconnue (Laetitia Tonazzi ou Hoda Lattaf en particulier), la France dispose désormais de deux véritables buteuses avec Marie-Laure Delie et Eugénie Le Sommer. Alors, Gaëtane Thiney ou Camille Abily étant par ailleurs assez adroites devant le but, l’inefficacité chronique des Bleues n'est pas être attribuée à l'effectif. Il y a plutôt une révolution culturelle à réaliser pour faire entrer dans les esprits que dans les matches serrés, c’est l’efficacité qui fera le résultat. Mais cela, on le touche plus facilement du doigt dans ces duels contre l’Allemagne, l’Angleterre ou les États-Unis que dans les victoires faciles contre la Serbie ou l’Estonie.

Par ailleurs, quels que soient les mérites réels ou supposés de ces Bleues, l’engouement médiatique devrait donner un élan pour la suite et la confiance engrangée servira aux Bleues pour aborder avec confiance les JO. Et avant ça, il faudra jouer contre la Suède pour la troisième place, et tant pis (ou tant mieux) si c’est la Pologne des Bleues [4].


[1] Mais comme le fait remarquer Michel Platini, pour avoir des adversaires faciles, il faut déjà être plus forts qu’eux.
[2] En ne battant que le Koweït, l’Irlande du Nord et l’Autriche, les Bleus étaient quand même devenus des demi-finalistes de légende, et la confiance accumulée a sans doute joué dans la victoire à l’Euro 84 et le bon parcours de 86, contre des adversaires autrement plus relevés.
[3] Et avec pour le reste une bonne partie des joueuses présentes en Allemagne.
[4] En 1982, les réservistes de l’équipe de France avaient perdu 3-2 le match pour la troisième place contre la Pologne.

Réactions

  • Hok le 14/07/2011 à 23h54
    Je me joins au concert de louanges : les autres étaient bien aussi, mais là, cet article, c'est la cerise sur le gâteau.

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