Chaque reprise du championnat est l'occasion d'apprécier les prouesses graphiques des équipementiers et des sponsors, avec la certitude de n'être jamais déçu. Textile, c'est la chronique de mode annuelle de Pierre Martini, notre Spécial maillots de bain à nous.
La FIFA envisageait récemment de réglementer l'apposition des sponsors sur les maillots des équipes professionnelles, et de les limiter à un seul par équipe. Cette mesure ne serait pas inutile dans un championnat de France qui a parfois tendance à faire ressembler les footballeurs à des cyclistes, short moulant en moins. Par contre, les équipementiers continueront à bénéficier d'une liberté quasi-illimitée pour inventer un "nouveau maillot" à chaque saison et vendre du tissu très cher au kilo. Cette année, la tendance pour les maillots "extérieur" confirme l'abandon définitif du gris au profit du noir. En déplacement, les équipes porteront le deuil de leurs illusions ou celle de leurs adversaires?
Revue des collections 2002/03
Deux saisons après l'abominable maillot Goldorak, le RC Lens abandonne la précédente trichromie corrosive jaune-orange-rouge pour un doré au goût incertain, qui semble issu des surplus d'Arsenal. L'ensemble restant toutefois sobre, les photos en noir et blanc seront jolies.
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Les Troyens n'ont pas de cheval, mais ils portent toujours des jeans. Leur sponsor est bien parti pour remporter le concours du placard publicitaire le plus laid, car il présente le double atout d'être jaune (sur fond bleu métallisé) et énorme.
Les joueurs du Racing Club de Strasbourg (marque déposée) arborent toujours un radiateur sur leur calandre. Pourquoi faut-il toujours que les équipes qui jouent en bleu arborent d'ignobles logos rouges? On demandera aux Havrais et aux Bastiais.
Comme les Alsaciens, les Rennais sont affligés d'une imposante diagonale façon packaging de produit laitier, écharpe de maire ou casaque de jockey. Notons que ce sont deux marques différentes qui ont eu la même idée saugrenue.
Les Sochaliens revêtent un bleu de pompiste, puisque Peugeot a choisi Esso.
Le maillot noir de Montpellier est doté de bandes oranges. C'est pour que les joueurs soient bien vus la nuit quand ils rentrent chez eux à vélo?
La tunique auxerroise fait toujours l'unanimité, du moins à en croire le sondage du site officiel de l'AJA qui affiche 80% de taux de satisfaction. La sobriété, ça paye et le blanc, ça aide. L'OM en est convaincu, et adopte le presque monochrome maillot à moustiquaire popularisé au Mondial — qui n'a toujours pas provoqué la mort par étouffement d'un buteur essayant de le remettre.
Nantes occupe la catégorie des fantaisies chromatiques, avec un maillot jaune et… rouge (sponsor, numéro et nom des joueurs). Ah si, il y a de tout petits liserés verts sur les manches et le col.
Nike aime voir le Parc des Princes fleuri de banderoles d'insultes à son égard. La marque maintient sa bande latérale (comme une 205 Junior), mais en plus, le PSG évolue à l'extérieur avec… le maillot de Lyon. Il fallait y penser.
Le maillot lillois est vilainement tartiné de rouge, suscitant la crainte que les années 2000 soient aussi laides que les années 80.
Mais nous avons gardé le plus beau pour la fin car tout n'est pas laid en ce monde. Le magnifique maillot de l'OGC Nice, encore vierge de tout sponsor, sans motif inutile, fait honneur à la L1 et fait ressurgir, intacts, les albums Panini de quand on était petit.