En vous connectant, vous certifiez n'avoir jamais trompé votre club favori. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Avoir la balle et perdre ses moyens

Injouable depuis plusieurs mois, Manchester City a montré de grosses lacunes mentales à deux reprises en une semaine. Un trait de caractère en partie lié à son style de jeu, qui le place toujours en position dominante.

Auteur : Christophe Kuchly le 9 Avr 2018

 

 

Huit mois pour monter sur un piédestal, une semaine pour en descendre. Ainsi va la saison de Manchester City, vainqueur de la League Cup et futur champion, mais tout proche de la sortie en Ligue des champions et battu dans le derby mancunien samedi. Une saison dont la conclusion risque de laisser un goût doux-amer, comme ces films qui s’arrêtent d’être brillants lors des deux dernières scènes. Et qui met en évidence une caractéristique trop courante chez les équipes qui aiment tenir le ballon: l’absence d’esprit de révolte. De mental dans les moments plus difficiles.

 

 

Les buts, c'est comme le ketchup

La première fois, on peut évoquer la théorie de l’accident. Mais quand le même schéma se répète, c’est sans doute qu’il y a autre chose. Cette saison, City, battu six fois, a concédé trois buts en neuf minutes à Liverpool en championnat (3-4) puis en dix-neuf en Ligue des champions (0-3), deux buts en six minutes à Donetsk (1-2) et, samedi, trois en seize minutes face à United (2-3). Les deux autres défaites? Un but concédé en contre et à dix dans un match ultra dominé contre Wigan (0-1) et l’anecdotique réception de Bâle après une victoire 4-0 en huitième de finale aller de C1 (1-2). Pour battre les Skyblues, le plus important n’est donc pas tant de marquer que de mettre une énorme pression dans la foulée du but.

 

 

Mais Manchester City n’est pas la seule équipe à avoir ce travers. Dominateur face au Bayern Munich le mardi, le FC Séville avait immédiatement nettement baissé le pied après avoir concédé l’égalisation, s’inclinant finalement 2-1. Et samedi en Liga, les hommes de Vincenzo Montella se sont effondrés au Celta, lâchant totalement l’affaire en seconde période. Une défaite 4-0 qui rappelle le 4-0 pris à Valence, le 5-0 au Real, le 5-1 à Eibar ou le 5-2 contre l’Atlético. À chaque fois, cette équipe pourtant talentueuse a subitement perdu le fil. Son jeu, basé sur une patiente construction des actions, devient alors une arme pour l’adversaire, qui peut plus facilement provoquer l’erreur une fois en confiance. La semaine précédente, les Sévillans, qui se procuraient des occasions de buts à chaque attaque, s'étaient déjà fait remonter de deux buts en une minute par une équipe de Barcelone jusque-là inoffensive (2-2).

 

 

Deux mi-temps, deux ambiances

Pendant quarante-cinq minutes samedi, le dernier Manchester Derby de la saison a ressemblé à une leçon, les Red Devils rentrant au vestiaire avec deux buts de retard et sans avoir tiré alors que City n’avait pas conclu ses quatre meilleures occasions. Un week-end comme un autre pour les hommes de Pep Guardiola, habitués à tuer toute forme de révolte chez l’adversaire à force de redoublements de passes. Et une nouvelle preuve que la Premier League, loin d’être une forteresse imprenable pour les adeptes du jeu de position, est – à condition d'avoir l'effectif adéquat – un championnat assez simple à conquérir une fois que le style est fonctionnel, aucune équipe hormis Tottenham et Liverpool n’étant capable de bien presser. Surtout qu'à part peut-être Bournemouth, beaucoup de "petits" refusent systématiquement le jeu face au "Big Six".

 

Sauf que les choses ne peuvent pas toujours être aussi simples que prévu, et que face à une opposition de qualité, mieux vaut tuer le suspense quand on en a la possibilité. Après le premier but de Paul Pogba, ManU a subitement haussé son niveau d’agressivité, l’euphorie du moment changeant le rapport de force dans les duels et incitant les hommes de José Mourinho à aller chercher City beaucoup plus haut. Sans tout bien faire, ce qui est logique tant le pressing nécessite de travail de coordination en amont et ne peut s’improviser, mais en mettant suffisamment les Citizens sous pression pour les pousser à la faute. Des erreurs qui, dans les moments chauds, sont plus faciles à obtenir de Kompany et Otamendi que de Ramos et Varane.

 

 

Responsabilité civile

Le salon de Guardiola est rempli de trophées mais sa carrière est aussi parsemée de ces moments de flottement, les plus célèbres étant les défaites en demi-finale de Ligue des champions avec le Bayern où le Real (4-0, deux buts de Sergio Ramos en quatre minutes) et le Barça (3-0, deux buts de Lionel Messi en trois minutes) avaient sonné une équipe habituée à imposer son rythme sans être trop dérangée. C’est seulement avec le FC Barcelone que le jeu de position, malgré quelques faux pas, semblait imperméable aux spirales négatives. Question d’habitudes de jeu, peut-être.

 

 

Car au plus un effectif découvre cette façon ambitieuse mais très particulière de jouer, où la prise en compte du style de l’adversaire sert à ajuster les circuits de passes mais pas la volonté de jouer proprement, au plus il est fragile quand il est sorti de sa zone de confort. Nicolas Otamendi, devenu très bon relanceur sous les ordres du Catalan, n’est ainsi responsabilisé avec le ballon que depuis un peu plus d’un an. Pas suffisant pour être toujours lucide quand il est mis sous pression et privé de temps. Responsable du troisième but pris à Liverpool, auteur de quelques dégagements sans queue ni tête (dont un drôle de retourné) il avait aussi sombré avec l’Argentine contre l’Espagne. Une défaite 6-1 où il avait marqué dans une première période aux actions construites magnifiques mais inabouties, puis multiplié les cadeaux en seconde.

 

 

Échec et matches

On le sait, le souci de ce qu’on appelle souvent le tiki taka est de confier des tâches risquées à des joueurs qui n’ont pas le niveau technique individuel suffisant – en particulier dans le secteur défensif où une erreur peut immédiatement amener un but. Mais il existe une autre menace, plus sournoise: l’aisance. La trop grande habitude de maîtriser son sujet, difficile à combattre quand on multiplie les victoires aisées avec 70% de possession en déroulant parfaitement le plan de jeu prévu. Et, avec elle, le sentiment de supériorité qui peut naître, accentué par une préparation de match censée rendre le succès logique. Juste.

 

Contrairement à la majorité des entraîneurs, qui s’adaptent logiquement aux qualités des joueurs qu’ils ont à disposition, les partisans du jeu de position sont souvent des intellectuels qui se reposent sur des concepts transdisciplinaires et croient dur comme fer à la viabilité de leur projet – une nécessité quand il s’agit de convaincre son groupe. S’ils ne dénigrent pas ouvertement les autres approches (quoique, Quique Setien du Betis a dit à l’intéressé et aux médias qu’il n’aimait pas la façon de jouer des équipes de Diego Simeone), ils voient le football comme un jeu d’échec où une parfaite exécution apporte une victoire certaine. Et où l’imprévu est déjà prévu puisqu’il existe un plan A, B et C, selon ce qui est susceptible de se passer.

 

 

Le beau et le but

Samedi, Manchester United a une nouvelle fois rappelé que le football ne fonctionnait pas comme ça, en tout cas pas à chaque fois. Qu’il suffit d’un but pour que la dynamique change de camp et que les duels physiques, que les équipes de possession cherchent à éviter, deviennent prépondérants quand on ne reste pas en bloc bas à les regarder jouer. Que tout faire à fond vaut parfois mieux que de tout bien faire. Une démonstration déjà effectuée l’an dernier par l’OL de Bruno Génésio, demi-finaliste européen en faisant basculer tous ses matches dans un joyeux n’importe quoi, où le hasard et le réalisme comptaient plus que la construction.

 

Contrairement au FC Séville de Jorge Sampaoli l’an dernier et au Betis cette saison, dont le jeu est basé sur le déséquilibre offensif et qui acceptent de prendre des buts dans leur mission d’en marquer plus que l’adversaire, City et le Séville de Montella jouent à un tempo lent. Une patience qui ralentit le jeu et permet de bien quadriller le terrain, chacun étant dans la meilleure zone pour créer l’espace et récupérer le ballon s’il est perdu… mais qui fractionne l’intensité, nécessaire uniquement sur quelques sprints.

 

En s’éloignant du combat physique, ces équipes offrent des symphonies de jeu collectif qui magnifient ce sport. Elles peuvent aussi devenir des caricatures d’elles-mêmes, tellement formatées que leurs faiblesses footballistiques (la gestion du pressing adverse) et mentales (la difficulté de tenir son plan de jeu quand les choses tournent mal) sont aussi prévisibles que leur jeu. Un football total(itaire) qui ne les met à peu près jamais en position de faiblesse, ces moments où le combat vaut parfois mieux que la réflexion. Même si, après tout, arriver en avril avec seulement six défaites au compteur...
 

Réactions

  • hulumerlu le 10/04/2018 à 13h35
    Le barca de Guardiola avait des joueurs qui adhéraient totalement au projet de jeu, tout en gardant des personnalités capables d'avoir ce supplément de sang froid ouce supplément d'âme quand ça tourne mal.

    Le City actuel a peut être moins de joueurs dots de ce type de personnalité. Il y en avait dav là

  • hulumerlu le 10/04/2018 à 13h37
    Le City actuel a peut être moins de joueurs dotés de grosses personnalités. Il y en avait davantage au Bayern ceci dit...

  • Radek Bejbl le 10/04/2018 à 13h56
    Paul Paquebot
    aujourd'hui à 10h53

    Ceux de Barcelone n'ont pas été formatés par Guardiola mais par les éducateurs qui ont eux mêmes permis à Pep de jouer dans ce style. Je pense que ça fait une énorme différence d'apprendre à relancer sous pression à 10 ans plutôt qu'à 27, ce qui est le cas de pas mal de joueurs de City ou Barcelone. Et que même si tu apprends à Otamendi comment faire une passe, tu ne peux pas le mettre en situation de réagir correctement dans les moments compliqués s'il ne l'a jamais expérimenté plus tôt. D'ailleurs j'ai eu un retour de coach amateur ce matin qui m'a dit qu'il avait, à son niveau, le même souci avec son équipe très lien puis, forcément, la question des personnalités se pose. Surtout que Guardiola a besoin de gens n'ayant pas un ego démesuré parce qu'il leur réapprend quelque part à jouer alors qu'ils ont atteint un haut niveau en faisant parfois totalement autre chose. Les rares mecs avec qui il s'est brouillé (Eto'o, Zlatan, Mandzukic) étaient offensifs mais, dans l'idée, ce sont ces joueurs qui peuvent avoir le supplément d'âme et fédérer dans la tempête.

  • Ba Zenga le 10/04/2018 à 14h35
    Merci Christophe pour cet éclairage. Il tombe à point nommé pour moi, parce que je me posais des questions sur ce craquage soudain de City. Ne les ayant pas trop suivis, vu de loin, je me demandais pourquoi et comment ils en étaient arrivés là...

    J'ai encore une question stp. Guardiola disait de son équipe de Barcelone en 2011 (j'ai un doute avec 2009, mais je crois bien que c'est 2011, 'fin bref) qu'elle était horrible sans le ballon et dans les phases défensives. J'ai toujours trouvé cette assertion étrange, quand je voyais la préparation physique monstrueuse des mecs, le pressing intense qu'ils fournissaient (surtout dans les fameuses six premières secondes suite à la perte du ballon) et la qualité individuelle des joueurs (comme dit plus haut). Surtout, je ne les trouvais pas spécialement plus affolés que ça les rares fois où ils n'avaient pas le ballon.

    Mais ma mémoire me joue peut-être des tours... Toujours est-il que je me demande si d'une part son City avait fourni cette saison un tel niveau de pressing à la perte du ballon (tu y réponds peut-être déjà quand tu dis qu'ils dominent tellement des équipes plus faibles qu'ils n'ont même pas à le faire), et si d'autre part, comme soulevé par d'autres à propos du formatage et du niveau des joueurs, il pouvait tout simplement encore l'appliquer avec cette équipe. Merci d'avance.

  • Radek Bejbl le 10/04/2018 à 16h57
    Je n'ai pas souvenir de cette décla précise mais je crois qu'il a plusieurs fois dit que le pressing à la perte était une réponse au fait que son équipe ne sache pas défendre sans. Et qu'il exclut donc le pressing de sa remarque sur la partie défensive, la considérant comme une phase intermédiaire. Par contre effectivement je pense qu'il était un peu dur sur le côté "le Barça ne sait pas défendre sans le ballon" parce que même s'il y avait de la possession défensive pour endormir l'adversaire, c'était assez difficile de bouger Barcelone une fois replié. J'imagine qu'il se basait surtout sur les rares confrontations contre les équipes de valeur égale, notamment le Real, contre qui ne pas avoir la balle sur de longues séquences aurait été gê lien le pressing, je trouve que City est tellement bien déployé en phase offensive et, surtout, les équipes anglaises tellement mauvaises avec le ballon en règle générale qu'il est rarement nécessaire de faire courir plus d'un ou deux joueurs. En gros, quand City perd la balle, soit l'adversaire va tenter un contre avec une longue passe risquée, soit se contenter de la rendre (cette saison ça revient au même, il n'y a quasiment aucun contre qui fonctionne), soit il va vouloir essayer de garder le cuir.

    Sauf qu'à ce moment-là, la plupart des joueurs sont pris et il n'y a qu'une solution, souvent le numéro 6, et donc une passe pas forcément simple à faire. Si la passe est mal ajustée, on arrive sur une autre situation où l'adversaire rend immédiatement la balle. Si elle est bonne, De Bruyne recule et Fernandinho avance, de sorte que le 6 sera souvent pris en sandwich. Les deux sont très physiques à l'épaule et, si jamais Fernandinho sort trop tard, il faut quand même résister à KDB à la course. En gros, c'est quasiment injouable, sauf à tout faire en une touche et servir par exemple un joueur de couloir marqué au départ qui arriverait lancé.

    Parfois, la récupération adverse est suivie de l'élimination d'un joueur pourtant au marquage, un latéral gauche qui éliminerait Sterling par exemple. Là, c'est super dangereux parce que toute une partie du terrain devient vide et les compensations ne feraient qu'en libérer d'autres. D'où le fait que City fasse énormément de fautes tactiques, avec beaucoup de joueurs qui tendent le pied une fois éliminé. Et comme c'est discret et à 70m de ton but, il n'y a pas de lien ça pour dire que, comme je l'écris dans l'article, l'intensité est ultra fractionnée et que City doit rarement utiliser un plan B où c'est l'adversaire qui est maître du jeu. Naples a été très chiant à jouer mais une équipe comme Arsenal, qui aime construire ses attaques et presser, est trop mal organisée dans les phases offensives. Tu peux te permettre d'aspirer les Gunners, puisque les lignes se disloquent il y a des brèches qui s'ouvrent. Il y a un ou deux buts comme ça de mémoire sur le dernier City-Arsenal en championnat, notamment une sortie d'Arsenal au pressing très légèrement à contretemps et qui, après une conservation de très très haut niveau de City, aboutit sur un but.

  • Ba Zenga le 10/04/2018 à 17h27
    Waouh, merci Christophe d'avoir pris le temps et la peine de développer cette réponse à ma question. Très instructif!

  • Paul Paquebot le 10/04/2018 à 19h09
    Oui, merci beaucoup pour tes réponses Christophe.

La revue des Cahiers du football