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Just Wanadoo it

Bonus-web. Comment les grandes marques s'offrent-elles les faveurs des médias? En offrant des voyages de presse aux journalistes. Reportage à Bordeaux – aux côtés de Doc Gynéco et de M. Navarron – en complément de l'article du n°20.
Auteur : Rémi Belot le 15 Nov 2005

 

Ça commence par un coup de fil : "Bonjour, Cinthia (1) de Wanadoo. Participerez-vous au voyage de presse que nous organisons à Bordeaux, à l'occasion de la finale de notre "Challenge" qui se déroulera à la mi-temps du match entre les Girondins et l'OL, le week-end prochain ?"
Normalement, c'est à ce moment précis que le radar du journaliste portant sa déontologie en bandoulière se met en branle : "voyage de presse"... le terme n'a pas bonne presse dans le métier. Et pour cause. Il s'agit en fait, bien plus prosaïquement, d'une virée promotionnelle organisée par une grande société pour amadouer ceux qui sont susceptibles d'évoquer, un jour ou l'autre, l'action de cette dernière dans les médias (lire à ce sujet l'article "La presse menée en bateau", dans notre numéro 20 actuellement en kiosques). Mais, pour les vils Cahiers du football, c'est surtout une occasion rêvée de vivre du côté de la coulisse une opération de relations publiques, telle qu'organisée par l'un des plus gros sponsors du foot français...

Des allures de voyage organisé
Samedi 17 septembre, 7h du matin, gare Montparnasse. Sur le quai, un comptoir du fleuron du groupe France Télécom : coiffés de très seyantes casquettes rouges, les hôtesses et stewards de la boîte accueillent la trentaine de journalistes parisiens qui ont tout de même accepté l'invitation. Des journalistes, mais aussi leur famille : on trouve ainsi un couple d'ados ravis de passer un week-end en amoureux aux frais des actionnaires de la société ou de jeunes enfants impatients de découvrir leurs premiers émois footballistiques en live... De quoi donner des allures touristiques de voyage organisé à ce week-end. Sauf que le tour-opérateur ne s'appelle pas Pacha ou Nouvelles frontières. Et, surtout, que les frais du séjour ne sont pas à la charge des participants : l'organisateur fournit les billets de TGV (avec petit déjeuner à bord à l'aller et dîner au retour), paye l'hébergement dans le centre de Bordeaux à l'hôtel Mercure, assure les déplacements des convives...

Malgré tout, si la plupart des journalistes sont venus passer du bon temps dans la capitale aquitaine, Wanadoo ne perd pas de vue son objectif professionnel : une pochette contenant un communiqué et un dossier de presse détaillant le contenu de l'opération est distribuée aux journalistes présents. Histoire de leur permettre de se faire une idée de ce qu'est le fameux Challenge de la marque. Du moins pour ceux qui auraient réussi à échapper au matraquage publicitaire mis en oeuvre par l'entreprise depuis plusieurs années maintenant : à la mi-temps de chaque match de championnat des équipes partenaires de Wanadoo, des bâches aux couleurs de l'entreprise sont en effet déployées sur les pelouses et les speakers des stades hurlent le nom de cette dernière à chaque but marqué par les gamins participant au concours...


Doc Gynéco au Haillan
Le train arrive vers 10h30 en gare Saint-Jean. Grand ciel bleu, temps frais. Rien n'a été laissé au hasard : un car attend la délégation, pour l'amener au château du Haillan, siège du club des Girondins ou une conférence de presse doit être donnée en fin de matinée. À bord du véhicule, Bernard (1), le "GO" de Wanadoo, prend le micro. Tel un guide touristique, il commente d'un ton goguenard la traversée de la cité bordelaise. Ambiance décontractée : on est entre amis. Arrivée à destination, la bande de journalistes "made in France" se voit adjoindre un cortège de confrères venus d'Espagne et des Pays-Bas, deux pays dans lesquels des accords commerciaux ont également été conclus avec les ligues professionnelles du cru. En provenance de Madrid et Amsterdam, ils débarquent d'un vol privé affrété par l'organisateur de l'opération...

wanadoo2

Quelques minutes plus tard, agitation au château. Quoi que le terme soit un peu inopportun pour évoquer l'arrivée d'un Doc Gynéco l'air passablement endormi (il n'est que midi). La présence du chanteur enfumé peut paraître décalée dans l'univers très clean du Haillan. La "star" débarque en fait avec le statut de "parrain" de l'opération. Il est accompagné du non moins célèbre "monsieur Navarron", directeur du pensionnat de Chavagne sur M6 : la conférence de presse peut commencer.



Rires jaunes chez les officiels
Tour à tour, les responsables de Wanadoo, puis Jean-Louis Triaud, président des Girondins, prennent la parole à la tribune pour exprimer la beauté du projet, la joie de cette coopération fructueuse entre football professionnel et nouvelles technologies (!). On vante, en Français et en Anglais, les mérites du Challenge, mais aussi des dernières nouveautés de la gamme de produits de la marque. C'est toujours ça de placé dans l'oreille des journalistes. On loue également les "valeurs communes" entre le sport le plus populaire du monde et la société qui organise l'opération : "proximité", "solidarité", "innovation"... c'est particulièrement ronflant. Heureusement, vient le moment ou les parrains doivent expliquer leur engagement de soutenir cette opération, par d'autres arguments que celui du versement d'une grosse poignée d'euros sur leur compte en banque. Doc Gynéco saisit le micro et assène, laconique et sarcastique : "Toutes les valeurs que vous avez évoquées, ça fait bien longtemps que je les ais perdues en fréquentant les Bains-Douches". Quelques rires francs dans la salle. Rires, jaunes, chez les officiels. Le chanteur n'en dit pas plus. Il ne tient visiblement pas à jouer la comédie, et assume totalement le caractère parfaitement intéressé de sa venue à Bordeaux. "Monsieur Navarron", lui, essaye de rattraper le coup, à base de discours moralisant dont il s'est fait la spécialité sur la chaîne de télévision qui l'emploie (et qui est aussi le propriétaire du club qui accueille l'opération). Très politiquement correct. L'honneur est sauf.

Il est temps de passer à l'exercice des questions-réponses, entre un parterre d'une grosse cinquantaine de journalistes et les dirigeants de Wanadoo. C'est une conférence de presse, les interrogations devraient fuser... Ce n'est pourtant pas le cas. Devant le silence total qui envahit les salons du Haillan, Jean-Louis Triaud, gêné, est obligé de jouer les animateurs, et de poser lui même une question à Doc Gynéco, qu'il relance courageusement sur sa pratique juvénile du football. Un épisode qui révèle la vraie nature de ce voyage : chez les journalistes, personne n'est vraiment venu pour travailler.


Tribunes aux couleurs de la marque
15h30 : après avoir ingurgité un buffet de produits locaux (foie gras, charcuteries, vins du cru...), il est l'heure de partir pour le Parc Lescure. Les demi-finales du fameux Challenge doivent avoir lieu avant la rencontre, alors que la finale, elle, se déroulera à la mi-temps du match opposant Bordeaux au quadruple champion de France. La délégation est d'abord emmenée dans des tribunes encore vides pour assister à la première partie de la compétition. En fait, les gradins ne sont pas exactement vides : pour marquer le coup, Wanadoo a eu la présence d'esprit de disposer une documentation publicitaire à l'effigie de la marque sur les 33.000 sièges que compte le stade. Ainsi que des "tam-tam", boudins gonflables permettant aux spectateurs d'encourager leur équipe. Malin.

wanadoo1Deux heures plus tard, quand les équipes entrent sur la pelouse pour le début des hostilités, l'ensemble des quatre tribunes (ultras du virage Sud exclus) agitent leurs ballons rouges. Et tant pis si ces derniers, aux couleurs de la marque, sont également aux couleurs de l'équipe que sont censés affronter les protégés des spectateurs présents. Le pari de la visibilité est déjà gagné : le match est retransmis sur Canal+, les quelques millions de fans qui suivent la rencontrent mangent eux aussi du Wanadoo sans même s'en apercevoir. À la mi-temps, la fameuse finale du "Challenge" a enfin lieu, sous les yeux des spectateurs n'ayant pas décidé d'aller siroter une bière à la buvette. Elle s'achève par la victoire anecdotique d'un club mosellan...

Le match prend fin sur le coup de 19h. Les dix petites minutes qu'ont duré le Challenge, et qui motivaient l'organisation de ce rendez-vous aquitain, sont passées très vite. Mais Wanadoo n'abandonne pas sa délégation de journalistes pour autant : une grande soirée est organisée dans un restaurant branché des bords de la Garonne. Avant une virée dans le vignoble bordelais, du côté de Saint-Émilion, le lendemain. De quoi sceller définitivement quelques solides liens fraternels entre la société et ses hôtes d'un week-end...


(1) Les prénoms ont été remplacés.

Réactions

  • anahuf le 15/11/2005 à 15h59
    >> bebito
    D'accord, mais je te renvoie à mes questions de fin de post. Faut-il accepter - d'un point de vue personnel, voire "éthique" - certaines pratiques sous prétexte qu'elles sont généralisées (alors qu'elles tiennent pour beaucoup à l'ignorance des publics et au "hors-champ" de la communication)? Pour dire ça autrement, est-ce la fonction des journalistes est de fonctionner comme des relais presque passifs des opérations de communication des entreprises?

  • Larry Poste le 15/11/2005 à 16h07
    Dans la mesure où le journaliste tient à être présent au prochain gueuleton, il a tout intérêt.

  • Clivier1 le 15/11/2005 à 16h08
    Larry Poste - mardi 15 novembre 2005 - 15h46
    Malgré l'image écorchée par les médias, Total avait à l'époque enregistré un record dans ses bénéfices, peut être qu'ils ont raison Clivier1 & garavou.
    ---------------

    Et tu oses ecrire "peut etre"?

  • Larry Poste le 15/11/2005 à 16h10
    C'est parce que je doute énormément que les bénéfices engendrés par total soient le fruit des médias, Clivier1.

  • anahuf le 15/11/2005 à 16h11
    Les bénéfices de Total cette année-là ne sont pas dû à leur médiatisation, soyez sérieux... Les bénefices (ou déficits) d'image ne se mesurent pas au travers d'indicateurs financiers immédiats. Vu ce que Total investit pour passer pour une entreprise citoyenne et responsable, les dégâts de l'Erika leurs sont aussi retombés dans la gueule. En d'autres termes, ils auraient probablement pu gagner encore plus d'argent...

  • Larry Poste le 15/11/2005 à 16h11
    Et tel carolizba, rien à secouer de l'accord de l'adjectif.

  • goom le 15/11/2005 à 18h13
    "Personne n'est dupe, de toute façon."

    C'est une vision très idéaliste de quelqu'un qui sait comment ça marche, mais à mon avis, 75% des gens "normaux" ne sont pas au courant de ses pratiques et ne remettent pas en cause les dires d'un journaliste.

  • vendek1 le 15/11/2005 à 20h47
    De là, à ce que je fasse des ronds de jambe à ces messieurs-dames, c’est pas gagné.


    On t'a reconnu, Doc!

  • Brunouf Basto le 15/11/2005 à 21h25
    Je ne pensais pas qu'un article aussi inintéressant susciterait autant de réaction. Juste une petite précision aussi intéressante que l'article en lui-même : la "documentation publicitaire" fournie par Wanadoo dans les gradins n'est autre que le poster des Girondins de l'année 2005-2006. Faudrait pas être de mauvaise foi non plus, ils le filent tous les ans.

  • Larry Poste le 15/11/2005 à 21h53
    T'as tout compris du principe interactif, Brunouf, à article moyen, réactions moyennes.

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