Une petite chute pour Fiorèse, un grand pas pour l'arbitrage?
Les trois matches de suspension infligés à Fabrice Fiorèse en raison d\'un abus de pantomime pourraient marquer le début de l\'utilisation rétroactive de la vidéo pour sanctionner les tricheurs, soit une petite révolution…
Est-ce une jurisprudence ou une date presque historique dans l'histoire de l'arbitrage en France? Le décision de la Commission d'appel et de l'éthique d'annuler la sanction prononcée par la Commission de discipline à l'encontre de Fabrice Fiorèse (deux matches de suspension) et de la remplacer par une autre (trois matches de suspension) a des conséquences potentielles de grande importance.
D'abord parce que contrairement à une attitude qui était presque systématique il y a quelque temps, non seulement cette instance d'appel n'a pas réduit la punition initiale, mais elle l'a même alourdie. Elle imite en cela les pratiques de l'UEFA, qui dissuade les recours depuis longtemps — ne nous étonnons pas que les compétitions européennes connaissent moins de problèmes de discipline que nos joutes nationales. En France, elle a longtemps fonctionné comme l'instrument d'un laxisme organisé envers les joueurs et les clubs, car il s'agissait aussi bien de la discipline sur les terrains que dans les tribunes. Ensuite, en donnant paradoxalement raison à Laurent Perpère qui contestait la légitimité de la Commission de discipline pour juger d'un problème d'éthique, c'est-à-dire en annulant son verdict, la Commission d'appel et de l'éthique s'est clairement définie comme compétente pour ce type d'affaires, qu'elle prétend donc régler à l'avenir. Enfin, la sanction de trois matches pour un acte de ce genre établit d'ores et déjà un barème nettement dissuasif, qui devra être confirmé dans la pratique.
Les tricheurs dans le collimateur
Il faudra encore déterminer plus clairement les modalités de saisine et d'utilisation des images, et notamment confirmer dans ce domaine les prérogatives du Conseil national de l'éthique présidé par Dominique Rocheteau, qui fut à l'origine de l'affaire Fiorèse en transmettant le dossier, après visionnage, à la Commission de discipline de la Ligue. Le CNE s'est peut-être trouvé une mission, qui serait d'impulser enfin l'usage de la vidéo a posteriori (et de confier les jugements à la Commission d'éthique)… Sans ignorer les difficultés, par exemple sur le mode de sélection des incidents qui devra être le moins arbitraire possible, un pas significatif pourrait ainsi être franchi. Après s'être livrés à de jolis exercices de déresponsabilisation et de communication (voir J'ai fait un rêve) Fabrice Fiorèse et Laurent Perpère ont sagement pris acte de la décision et fait contre mauvaise fortune bon cœur, reconnaissant sa légitimité et manifestant leur désir qu'elle ne soit pas sans suite.
Car pour échapper à ce type de reproches, cette politique devra en effet s'appliquer désormais avec la même intransigeance aux simulations et aux tricheries diverses qui lui seront présentées. Si la Ligue imite en cela les arbitres, qui ont tenu leur ligne autoritaire amorcée du début de saison, on mesurera enfin les effets dissuasifs des sanctions rétroactives. Et la disparition d'une large frange des tricheries ordinaires pourrait constituer une fameuse éclaircie pour le jeu…