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  • Pascal Amateur le 09/11/2022 à 12h33
    EDIT : Merci pour le compte-rendu du livre de Yann (pas Yoan) Diener, il ne dit pas que des conneries. Il me semble à moi que le célèbre "stade du miroir", élaboré au tournant des lointaines années 1940, après avoir été réduit à un outil passe-partout façon psy de supermarché, retrouve logiquement de la vigueur aujourd'hui.
    Sur la morcellisation qui passe dans le langage, j'avais donné un exemple il y a longtemps, ceux que ça intéresse chercheront "le sein xy" avec la fonction recherche du forum.

  • Pascal Amateur le 09/11/2022 à 12h36
    Bien sûr, d'autant que l'approche kantienne du sublime se vit face à un paysage, c'est un tel grandiose, et non pas par exemple le désir de capturer des images d'un concert, de l'autre et/ou de soi. Très vaste question avec mille implications !

  • Red Tsar le 09/11/2022 à 13h02
    Je pourrais te répondre que ce que la photographie reproduit à l'infini n'a lieu qu'une fois, que la photographie est un acte de mort et que plus on photographie, moins on vit. Mais il y a déjà plein de faussaires sur le fil littéraire, donc plus prosaïquement :
    Quand une personne se promène le nez sur Gmap,
    Que, durant ce temps, même sans cliquer pour les ouvrir, elle a vu défiler une dizaine de notifications sur son écran,
    Qu'une fois arrivée sur un site elle prend une photo,
    Qu'elle la partage sur ses réseaux sociaux,
    Est-on certain qu'elle a travaillé son « sublime kantien » ?

    Et j'en profite pour partager cette magnifique pub entendue au début d'un podcast « sportif », assez parlante, je trouve, sur la manière dont les technologies reconfigurent notre rapport aux autres, au monde et à nous-mêmes. Verbatim : « Pendant que je vous parle, l'application Exercice sur [ma montre connectée] est en train de suivre toute ma course. Un capteur surveille ma fréquence cardiaque. Des algorithmes calculent le nombre de calories brûlées. Et un GPS, relié à un satellite en orbite, suit ma progression. » Le slogan du truc : « Le bien-être du futur dès à présent. »
    Ça fait rêver.

    [La nana a, bien sûr, une voix de plus en plus saccadée au fur et à mesure de l'annonce, laissant augurer un orgasme à venir].

  • Pascal Amateur le 09/11/2022 à 13h13
    Pour ma part, je cherchais juste à relativiser l'uniformité de la dénonciation, selon laquelle la technologie gâcherait tout. Ne serait-ce qu'une photographie, elle peut au moins avoir deux usages contraires :
    — une image prise pour soi, dont on peut se faire, disons un "objet transitionnel", quelque chose d'intime qu'on refusera de montrer, "une chambre à soi" ; (et j'envisage une image de quelque chose, non de soi, le selfie place toujours le regard qui capture ailleurs, vers soi, c'est aliénant) ;
    — une image pour les autres, à partager, pour démontrer, etc., et en ce sens elle sous-entend comme une dette, quelque chose à donner, à montrer, en tout cas dans un rapport à l'autre pas nécessairement apaisé ;
    Rien que pour cette simple distinction, il me semble qu'une photo peut alimenter ou au contraire résister à l'aliénation. Seul celui qui "capture" saura peut-être mettre les mots pour cerner son intention.

  • Red Tsar le 09/11/2022 à 13h34
    Tout à fait d'accord. Mon propos n'est pas d'être pour ou contre des technologies qui, de toute façon, sont là et massivement, mais de réfléchir à comment en garder le contrôle.

  • L'homme bus le 09/11/2022 à 13h50
    De toute façon, ça a commencé à partir en vrille à partir du moment où on a inventé l'écriture.

    "SOCRATE.
    J'ai entendu dire que près de Naucratis (56), en Égypte, il y eut un dieu, l'un' des plus anciennement adorés dans le pays, et celui-là même auquel est consacré l'oiseau que l'on nomme Ibis. Ce dieu s'appelle Theuth (57). On dit qu'il a inventé le premier les nombres, le calcul, [274d] la géométrie et l'astronomie ; les jeux d'échecs, de dés, et l'écriture. L'Égypte toute entière était alors, sous la domination de Thamus, qui habitait dans la grande ville capitale de la haute Égypte; les Grecs appellent la ville de Thèbes l'Égyptienne, elle dieu, Ammon (58). Theuth vint donc trouver le roi, lui montra les arts qu'il avait inventés, et lui dit qu'il fallait en faire part à tous les Égyptiens, Celui-ci lui demanda de quelle utilité serait chacun de ces arts, et se mit à disserter sur tout ce que Theuth disait au sujet de ses inventions, [274e] blâmant ceci, approuvant cela. Ainsi Thamus allégua, dit-on, au dieu Theuth beaucoup de raisons pour et contre chaque art en particulier. Il serait trop long de les parcourir ; mais lorsqu'ils en furent à l'écriture : Cette science, ô roi! lui dit Theuth, rendra les Égyptiens plus savants et soulagera leur mémoire. C'est un remède que j'ai trouvé contre la difficulté d'apprendre et de savoir. Le roi répondit : Industrieux Theuth, tel homme est capable d'enfanter les arts, tel autre d'apprécier les avantages ou les désavantages qui peuvent résulter de leur emploi; [275a] et toi, père de l'écriture, par une bienveillance naturelle pour ton ouvrage, tu l'as vu tout autre qu'il n'est : il ne produira que l'oubli dans l'esprit de ceux qui apprennent, en leur faisant négliger la mémoire. En effet, ils laisseront à ces caractères étrangers le soin de leur rappeler ce qu'ils auront confié à l'écriture, et n'en garderont eux-mêmes aucun souvenir. Tu n'as donc point trouvé un moyen pour la mémoire, mais pour la simple réminiscence, et tu n'offres à tes disciples que le nom de la science sans la réalité ; car, lorsqu'ils auront lu beaucoup de choses [275b] sans maîtres, ils se croiront de nombreuses connaissances, tout ignorants qu'ils seront pour la plupart, et la fausse opinion qu'ils auront de leur science les rendra insupportables dans le commerce de la vie.", Platon, Phèdre

    Le propos étant que l'écriture transforme nos capacités cognitives : il n'y a plus à mémoriser, puisqu'on a des moyens externes permettant la remémoration (c'est intéressant de noter que c'était l'un des propos de Mevatlav : les jeunes qui ne voient plus l'intérêt d'apprendre à cause d'un changement technique). Et en plus ça rend les gens insupportables parce qu'ils ont accès à des connaissances qu'ils ne maîtrisent pas, et ils croient posséder ces connaissances (ça c'est pour la préfiguration des réseaux sociaux je pense).

    Je n'en tire pas de conclusion particulière, mais je jette ça là.

  • Flo Riant Sans Son le 09/11/2022 à 13h58
    @Pascal et Red
    Merci pour les recommandations !

  • Pascal Amateur le 09/11/2022 à 13h59
    Je me souviens – c'étaient alors mes lectures universitaires – qu'Emmanuel Todd avait creusé cette hypothèse en 1998 dans "L'illusion économique" – mais sous un angle autre : il considérait les acteurs économiques (donc politiques) comme à l'origine de cette réduction du sujet à un outil ; à partir de là, ce qui était recherché était la maîtrise de langages de production (informatique en particulier), sans autre connaissance ou maîtrise (ou culture ou intelligence). C'est bien la question du devenir de l'enfant : en fait-on un citoyen et/ou un "acteur" du process économique, qui dès lors n'a qu'à connaître les fondamentaux, théoriques et pratiques, de son inclusion dans le monde comme économie. Cela rejoint la présentation de Red Tsar de ce matin, et des novlangues réduisant l'individu non à un sujet mais à un objet, un rouage, la pièce d'un mécanisme économico-social.
    (J'ajouterais que la dépression, lue comme fragilité par le monde du business toutes les flex-saloperies modernes, est aussi, souvent, une résistance – certes dommageable – pour ne plus appartenir à ces écraseurs contemporains.)
    (Et encore merci, Mister Red T., "LQI" commandé à mon libraire.)

  • Balthazar le 09/11/2022 à 14h04
    BAISE MA CHATTE DE ROBOT PAPA JE SUIS UN VILAIN MÉCHANT ROBOT.

  • Pascal Amateur le 09/11/2022 à 14h05
    Dépression, disais-je, ainsi que Troubles obsessionnels du langage, bien sûr.