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Un peu plus loin sur la droite

Quand Lilian Thuram invite des sans-papiers au Stade de France, des élus de droite profitent de l'occasion pour fustiger l'attitude du défenseur...
Auteur : Eugène Santa le 8 Sept 2006
Dernière réaction : le 17/09/2006 à 18h49

 

Un bon footballeur est un footballeur de droite, dont les opinions politiques se limitent à la critique de la fiscalité française. C’est probablement ce que doivent penser les caciques de l’UMP (avec Philippe De Villiers en guest-star) qui n’ont visiblement pas goûté l’initiative de Lilian Thuram.
Mercredi soir, le néo-Barcelonais a en effet invité au Stade de France quelques dizaines de sans-papiers de l’ex-squat de Cachan, à l’occasion du match contre l’Italie, histoire de leur offrir quelques minutes de bonheur après les rudes semaines qu'ils viennent de passer. Nos élus de la République n'ont pas apprécié le geste, et l'ont fait savoir. Avec une bonne foi et une franchise confondantes...


Yves Jégo (député UMP et ami de Nicolas Sarkozy)

> "Quel message donne-t-on aux Français de dire qu'en gros ceux qui ont fraudé, qui n'ont pas respecté la loi se voient en quelque sorte récompensés" (1).
Probablement le même que celui qu’Alain Juppé, à nouveau maire de Bordeaux depuis le début de la semaine, donne aux citoyens français après avoir été condamné à une peine d’inéligibilité dans l’affaire des emplois fictifs du RPR. Rappelons par ailleurs que Nicolas Sarkozy aurait pour sa part décidé de "récompenser" le repris de justesse en lui octroyant un poste de président de l’assemblée nationale, dans l’hypothèse de son élection en 2007 (source: Libération). Selon que l'on est puissant ou misérable...

> "La politique, ce n'est pas seulement la médiatisation. Et d'instrumentaliser des gens en difficulté pour mener des combats politiques, ça ne me semble pas très digne".
On ne sait toujours pas, à l’heure qu’il est, si Yves Jégo a été exclu de l’UMP pour cette critique explicite envers la ligne politique menée par le président de son parti, qui instrumentalise depuis de longs mois les immigrés pour grignoter des parts de marché au Front National.

> "Ce qui est dommage, c'est que de grands sportifs ainsi deviennent de petits porte-parole du Parti socialiste"
En revanche, il semble tout à fait admirable, pour Yves Jégo, que d’aussi grands artistes que Doc Gynéco ou Johnny Halliday deviennent les porte-parole de l’UMP, comme l’a démontré leur soutien à Nicolas Sarkozy lors de la dernière université d’été du parti conservateur.


Jean-François Lamour (ministre UMP des sports)

> "Les joueurs sont libres d'inviter qui ils veulent. Je tiens simplement à dire à la Fédération française de football qu'elle soit vigilante à ce qu'un match de l'équipe de France ne soit pas instrumentalisé".
En refusant, par exemple, que les élus de la République profitent d'une rencontre de football pour faire leur publicité, passer à la télévision, serrer les mains des héros du peuple et se faire offrir des maillots floqués à leurs nom? Ou que l'équipe de France soit reçue à l'Elysée par le chef de l'Etat?


Philippe de Villiers (minorité ethnique)

> "Il est toujours curieux de voir des milliardaires donner des leçons à la société".
Il est également curieux de lire une telle diatribe anti-milliardaires de la part d’un ex-colistier, aux élections européennes de 1994, de Jimmy Goldsmith: l’homme d’affaires anglais a passé sa vie à engranger des fortunes colossales en achetant et revendant diverses entreprises durant toute sa carrière. Manifestement, les "milliards" accumulés en tapant dans un ballon semblent moins respectables, aux yeux du président du MPF, que ceux emmagasinés par un requin de la finance. Il faut dire également qu’au contraire de Jimmy Goldsmith il y a dix ans, Lilian Thuram n’a pas décidé de financer la future campagne électorale du président du conseil général de la Vendée.

> "Les footballeurs sont faits pour jouer au football"
En tant que citoyens, ils sont aussi fait pour donner leur opinion. Et en tant qu’hommes, ils ont le droit d’avoir du coeur. À moins, évidemment, que Philippe de Villiers considère que les footballeurs ne sont ni vraiment des citoyens, ni vraiment des hommes. Un peu comme il considère les sans-papiers, finalement.



(1) Toutes les citations sont tirées de dépêches de l’Associated Press.

Réactions

  • El Jarvo le 09/09/2006 à 01h17
    Zinédine météconté a écrit :
    "et aujourd'hui, la France est pleine."
    Encore un qui ne connaît pas la diagonale du vide. Non, la France n'est pas pleine. Ca veut rien dire !
  • thibs le 09/09/2006 à 01h18
    > Barbaque : mais oui, solidarité mondiale, humanisme, bien sur !
    Mais en ce moment, y'a une famille d'immigrés clandestins qui frappe à TA porte. Les gus sont là et, en tant que français, c'est ton devoir de décider ce qu'il faut en faire. La question n'est pas de savoir ce qu'il est moral de faire et même pas décider à long terme. T'as des gens sur les bras, et tu sais que si tu les accueilles les bras ouverts, y'en a deux fois plus qui arrivent le lendemain. Tu vas leur faire un discours sur le partage des richesses dans le monde pour les faire patienter ?

    Et je veux bien qu'il y ait de la stratégie électorale dans les discours, mais à ce que je sache, les africains qui tombent des trains d'atterissage, qui débarquent en radeau sur les plages d'Europe, ou qui vivent dans des immeubles insalubres, c'est pas des figurants payés par l'UMP. Je t'invite à aller leur expliquer qu'ils sont un "non-problème".

    > PW : 1/je trouve que tu extrapoles vraiment beaucoup et 2/Ca m'etonnerait que ce soit la France toute seule dans son coin qui réussisse à résoudre ce problème.

    > maloney : bien sur qu'il faut rester humain. Mais ce que tu decris n'a rien à voir avec les idées que je développe, alors c'est pas facile de discuter...
  • El Jarvo le 09/09/2006 à 01h25
    tant que l'union européenne sera ce qu'elle est, l'Afrique ne sortira pas de sa merde. Quand le prix du blé importé de France est moins cher sur le marché de Dakar que celui cultivé par le paysan sénégalais, y a de quoi se poser des questions. Quand les tomates des huertas espagnoles sont cultivées par des Marocains clandestins importés par les patrons espagnols qui les payent 4 € de l'heure... Y a un problème dû à l'UE. Le problème de l'UE c'est son idéolgie bornée, ie celle de la démocratie libérale. J'en viens à me demander si le problème n'est pas la démocratie elle-même.
  • Philou Vercruysse le 09/09/2006 à 09h54
    Save Our Sport - vendredi 8 septembre 2006 - 21h00
    Ce serait cool que chloe vienne te botter le c** tient !
    ;-)


    Je n'ai pas l'honneur de connaitre Chloe mais, ce qui serait surtout cool, c'est que quelqu'un de gauche m'explique comment elle (la gauche "plurielle") compte résoudre la question des sans-papiers et de l'immigration.

    Et cela au lieu de taper systématiquement et toujours avec les mêmes arguments sur NS

    Bon we
  • barbaque le 09/09/2006 à 10h32
    >>thibs
    Effectivement, il s'agit avant tout d'un problème humanitaire, qui devrait plus mobiliser notre humanisme que notre tolérance à l'égard de politiques qui consistent essentiellement à exploiter l'égoïsme, les peurs et le rejet de l'autre à des fins avant tout électorales, tant elles ne résolvent rien.

    Mais de grâce, ne m'oppose une pseudo-rationnalité, s'agissant de produire des simplifications aussi grossières que ces immigrés "qui tombent des trains d'aterrissage", qui "frappent à ma porte" et qui "seront deux fois plus nombreux le lendemain"!

    Le problème est plus large, bien réel, et effectivement on ne le résoudra un jour qu'avec de l'humanisme appliqué à l'économie mondiale. On peut s'y attaquer dès aujourd'hui, à condition de sortir de nos visions ethnocentriques, soumises à des intérêts qui ne représentent vraiment pas l'intérêt général et sont imprégnées d'un fatalisme idiot dont le seul projet est de faire de nos contrées des forteresses (1).

    Un pas de recul suffit à avoir une juste vision des choses sur le rapport entre nos pays et les autres (sans sombrer dans le manichéïsme qui excluerait la responsabilité des pays pauvres eux-mêmes, ou plutôt de leurs dirigeants). On peut être sûr que l'histoire jugera, et qu'elle sera impitoyable pour nous et nos minables idéologies.

    (1) Marrant, d'ailleurs, de voir que ce sont les déclinologues apôtres de la soumission de la France à la mondialisation, les "risquophiles" qui veulent casser nos "acquis", que ce sont eux qui préconisent en la matière un repli sur soi en s'appuyant sur une mentalité de vieillards apeurés.
  • Reiz le 09/09/2006 à 10h37
    Pitoyable..... Votre article est pitoyable..... Une prise de position politique au sein même des cahiers du football, mensuel "de football et d'eau fraîche"?????
    On dépasse les bornes. Il est possible de prendre en dérision interview, actes et décisions de nos très chers acteurs du monde du football, mais il me semble bien loin de vos prérogatives de sanctionner les réactions d'hommes politiques à l'invitation de Thuram.
    Vous étalez votre idéologie politico-sociale au travers de ces lignes, ce qui est selon moi lamentable.
    Et pourtant pas une ligne sur les bras des supporters italiens dans les travées du SDF tendus en hommage à B.Mussolini au moment de l'hymne national.
    Faire les choses en plein ou ne pas les faire, il y a là un sacré choix à faire.
  • animasana le 09/09/2006 à 11h21
    il y a eu un sujet sur le racisme en espagne il y a peu de temps, la prise de position des cdf ne date pas de cet article
    on m'aurait menti?
  • la rédaction le 09/09/2006 à 11h30
    Reiz :
    A moins que l'humour de votre post ne nous ait totalement échappé, permettez-nous de vous signaler que le parti pris consistant à ne pas considérer le sport comme un sanctuaire "dépolitisé" est né en même temps que les Cahiers du football et que nous n'avons jamais fait mystère de nos opinions - choisissant délibérément de solliciter l'intelligence de nos lecteurs lorsque nous les exprimons, en tâchant toujours de les argumenter.

    Une simple consultation de nos archives (rubriques "La politique et le droit" et "Les stades et les supporters") et des sommaires de nos parutions en magazine aurait également suffi à vous renseigner sur ce point, ainsi que sur la constance que nous avons toujours eu à aborder les questions ayant trait au racisme dans le football.
  • eskimo le 09/09/2006 à 11h31
    Reiz tu dois assez peu connaître les cahiers pour te laisser aller à ce genre de propos réducteurs et partiaux.

    Oui les cahiers annoncent la couleur dès le numéro papier n°1, et la politique va des regles des transferts, aux salaires des joueurs, en passant par la redistribution des droits télé, la médatisation du foot, chirac dans les vestiaires, etc etc.

    Après tu peux être en désaccord, pas de souci, mais certainement pas nier le droit des cahiers à se saisir de tout sujet qu'ils trouvent utiles de traiter.

    Ne parlez pas de ca : curieux hein reiz comme injonction !
    "Loin de vos prérogatives" : en fait toujours cette même question : qui a le droit de décider les sujets de discussion autorisés ? Toi Reiz ?
  • eskimo le 09/09/2006 à 11h32
    oups désolé la rédaction ...

La revue des Cahiers du football