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Feuilles de match et feuilles de maîtres

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Un conseil de lecture ? Une bonne librairie ? =>> "You'll never read alone", le Gogol Doc: http://bit.ly/11R7xEJ.

  • Raspou le 24/02/2023 à 10h37
    Il n'y a plus de vrais maoïstes et John est un amour.

  • John Six-Voeux-Berk le 24/02/2023 à 10h42
    Mais, mon cher Classico, en tout cas, je ne dis pas le contraire. Et je te renvoie aux expériences de "perplexité morale" que peuvent susciter les oeuvres. La question est plutôt comment surgit cette liberté si on ne l'a pas instituée comme telle ?

    Pourquoi être moral ? parce qu'on se pose la question et que celle-ci nous a été chuchotée d'abord par d'autres.

    Et contrairement à ce que tu sembles affirmer, les "gens bien" sont bien souvent des gens qui ont été socialisés dans cette perspective, et qui se sont renforcés dans cette voie (je renvoie à un vieux truc que je radote : Terestchenko, "Un si fragile vernis d'humanité" : où il faut voir la "banalité du Bien", et donc la plus haute morale, celle des Justes, non comme le surgissement inexpliqué d'un "désir actif" mais plutôt comme le résultat complexe d'une socialisation digne. Et ce sans que quiconque soit avili par une programmation inhumaine, tout au contraire).

    Je lis ton message comme cartésien (la volonté qui peut à tout moment choisir, souverainement, le bien), alors que pour moi Aristote est infiniment plus juste et efficace pour rendre compte de nos choix moraux (l'habituation comme origine de la vertu).

  • Pascal Amateur le 24/02/2023 à 11h00
    Puisque le sujet n'est pas complètement clos, je vais tenter d'y ajouter quelques mots, selon une approche peut-être un peu différente.
    À propos de Flaubert (et de sa traduction), Jean-Pierre Lefebvre écrit : « Il faut par exemple s'être affranchi de certains réflexes langagiers et de l'autorité du consensus orthonymique, si on envisage de traduire Madame Bovary en anglais. Il faut notamment avoir produit pour soi ou emprunté à autrui une interprétation de l'œuvre de Flaubert pour se dire que dans le chapitre sur le bal, on ne peut pas, comme le voudrait l'usage ordinaire, renoncer aux multiples déictiques (les articles définis) que contient cette page, sans évacuer du passage le fait que pour Emma toute cette situation a déjà été pensée, imaginée, intérieurement verbalisée, fantasmée comme on dirait aujourd'hui. Sans les déictiques, Emma va au bal comme la petite Martine dans les livres pour les petites filles. Elle n'a pas d'histoire. Elle voit des fleurs, des gens, des robes, des ceci, des cela, des, des, des … Il faudra que le traducteur soit devenu spontanément vigilant devant ces éléments aussi permanents du discours que sont les déterminants dans les deux langues, et plus généralement devant ce qu'on appelle les "mots vides". Et cette vigilance, pour être effective, doit s'appuyer sur une confiance critique que seule la pratique de l'interprétation au sens large finit par valider et entretenir. »
    Il s'agit de transcrire par les mots, écrit-il ailleurs, ce qu'Emma Bovary a « désiré » : et je crois cet aspect essentiel, si l'on prend Roald Dahl aussi. Ses personnages sont de même porteurs d'un désir, d'affects — c'est en ce sens, je dirais, qu'une « correction » du texte pourrait être, pour moi, envisageable, dès lors que le personnage garde sa cohérence, s'il est porté par la même fantasmatique. Ce qui laisse une fenêtre entrouverte davantage qu'ouverte à tous les vents.
    Toutefois se pose ici un problème : car l'intention de nombre de personnages, notamment principaux, qu'est-ce ? Une violence, une certaine cruauté. Le « bon à faire un régime » évoqué ici peut s'entendre comme une phrase déconnectée de notre réalité actuelle, mais aussi, avec évidence, comme une injure. Or qu'est une injure, sinon l'anéantissement de l'autre, par un propos qui ne permet pas de réponse, et l'annihile donc comme interlocuteur. C'est en ce sens aussi que le « gros » Obélix ne saurait être convoqué ici, il est un bon gros géant, qu'on prend en sympathie, et jamais intention il y a de le réduire à néant.
    Néanmoins, je voudrais insister sur un point : il s'agit d'œuvres écrites. Or l'écriture, je crois, a pour nature même de contenir, pacifier toute une violence, disons pulsionnelle, désir d'emprise, de destruction, de l'enfant (puis de l'adulte). Cruauté du chien explosé, oui, mais les mots, écrits, humanisent cette cruauté, permettent de la tenir à distance, voire de s'en détourner, ou d'en rire. Ce serait oublier le destin du langage que de penser, me semble-t-il, qu'on livre là de la méchanceté brute et imitable ; au contraire, tout ce jeu féroce est tenu — fût-ce fragilement, avec incertitude — en laisse par les mots. Il y a même une confrontation possible à un monde fantasmatique qui interpelle par sa brutalité, mais que l'écriture permet de vivre sans passage à l'acte.
    Or aujourd'hui — puisqu'il est question de « protection de l'enfance », que constate-t-on ? Le tome 1 de « Mortelle Adèle » met un chat dans un micro-ondes ; le tome 2 lui fait recevoir des coups martiaux. Les ventes ? Des centaines de milliers. Que voit-on ? Des enfants se délectant des « Squid Games ». Des images dans les deux cas, la BD étant certes un mi-chemin, mais se distinguant par son jeu de regard. Alors oui, bien sûr, la surveillance des écrans est essentielle et devrait être un enjeu de santé public. Mais ça ne l'est qu'à petits pas. Et c'est là l'hypothèse que je propose, que j'interroge : une société qui déplace le plaisir de la cruauté du monde des mots (contenu globalement) vers le monde des images — brut, qui fascine, méduse, ne fait pas filtre. Un « grand remplacement » du vécu émotionnel et de ses expériences déroutantes (confrontation à de la violence, de la sexualité, un au-delà du comportement « normal »).
    Les raisons sont sûrement multiples : gains financiers énormes de Netflix, Disney+, etc., facilité d'une construction mimétique, ressembler à l'autre, réassurance de former communauté, s'organiser autour de dénominateurs communs (en excluant souvent ceux qui ne les possèdent pas). Oui, il me semble aussi que le regard, l'apparence — disons : la société du spectacle, de la monstration, sont désormais privilégiés, avec l'agressivité, sans pare-feu, qu'ils portent en eux.
    Mais c'est là où, moi, je n'achète pas le discours sur la « protection de l'enfance », car l'enfant n'est pas protégé : il me paraît dirigé vers un autre régime de gestion (i.e. non-gestion, soumission, jouissance) de ses émotions les plus « sauvages ». C'est un abandon plus global à un spectacle sans le filtre du langage.

  • Aulas tique le 24/02/2023 à 11h12
    "Véronique Perry, linguiste féministe et angliciste à l'Université de Toulouse 3, interroge : "Quand un dominant (homme blanc, ndlr) crée son monde, avec ses caricatures, ses stigmates et ses boucs émissaires, doit-on reproduire et traduire son texte avec les schémas sexistes, grossophobes et homophobes qu'il contient ?".
    .......................
    "Si c'est dans un cadre d'apprentissage, pour apprendre à lire à des très jeunes, pourquoi ne pas réécrire le texte ?", répond Auphélie Ferreira, docteure en Sciences du langage et chargée de cours en linguistique française à l'Université Sorbonne Nouvelle. On l'a déjà fait pour rendre accessible Le comte de Monte Cristo" à un niveau collège/lycée par exemple. Et d'ajouter : "Ce qui peut être intéressant est de commencer au CP avec la version réécrite par exemple et de travailler plus tard sur la version originale pour comparer et former l'esprit critique." Un parent qui a aimé ce texte et veut le faire lire à son enfant dans une version plus inclusive pourrait aussi y trouver son compte."
    "Le problème est que les textes de Roald Dahl sont teintés d'ironie et de métaphores. "L'auteur se moque à partir de stigmates classiques. Transformer son discours, c'est donc quelque part trahir son histoire, poursuit la linguiste. C'est une forme de 'consumérisme angélique pour plaire', une stratégie de séduction où les enfants doivent se reconnaître dans leurs livres."
    "Les réécritures qui ne sont pas réalisées par l'auteur lui-même posent problème, ajoute Auphélie Ferreira. Qui s'en charge et les termes choisis sont-ils vraiment moins connotés ?"
    lien

  • Balthazar le 24/02/2023 à 11h17
    Bon, les amis, maintenant que la paix est revenue dans le village, ne serait-il pas temps d'organiser un grand banquet au cours duquel, après avoir ligoté Julow, nous nous empiffrerions de sangliers ?

  • Le génie se meurt ? Ah mais l'mage rit le 24/02/2023 à 11h28
    @aulas

    J'adore quand on cite des linguistes mais bon, encore faut-il que la linguiste citée soit du domaine.
    lien

    En gros c'est de l'enseignement de langue étrangère pour adulte (et c'est indiqué dans l'article)
    Même chose pour la seconde linguiste ( lien), les enfants de cet âge (primaire) ne sont pas dans son champs d'étude.

    C'est un peu comme si on demandait à un ophtalmo de réaliser une chirurgie du cœur.
    Les réflexions de ces deux personnes sont intéressantes mais elles doivent être prises pour ce qu'elles sont et donc ne pas être prise comme parole d'autorité. En vrai, j'en veux un peu aux journalistes de prendre n'importe quel-le linguiste de sa liste de contact alors que le sujet ne correspond pas forcément à la spécialité de la dite personne. (comment ça on a vu pléthore de cas pendant la période Covid).

    Pour rappel, Charlie n'est conseillé qu'à partir de 10 ans (CM1). Si un éditeur souhaite en faire une version pour enfant de 6 ans pourquoi pas, mais ce ne sera pas le même texte du tout. On ne sera pas dans le cas qui nous occupe depuis quelques jours.

  • Cush le 24/02/2023 à 13h16
    "Puisque ça serait acceptable de le faire maintenant, pourquoi ça ne serait pas acceptable de le faire dans quelques années quand, suite à un grand courant de bigoterie ou de traditionalisme, on en reviendra(it) à dépeindre les gays comme malades, au point de trouver intolérable d'exposer des enfants au spectacle de deux personnes de même sexe qui s'aiment ?"
    --
    Ce que tu décris existe déjà dans certains Etats américains conservateurs, et là les oeuvres "problématiques" ne sont pas réécrites, elles sont simplement supprimées des écoles et bibliothèques. Encore une fois, ce que j'ai défendu ici, c'est la possibilité d'éditer une oeuvre modifiée à condition qu'elle soit présentée comme telle et que l'originale reste accessible. Je ne pense pas qu'on puisse parler de censure dans ce cas.


    "Et je n'ai pas envie qu'on ouvre la porte un peu plus à la réécriture d'œuvres artistiques sous prétexte de principes moraux qui nous paraissent bons actuellement parce que ce sont les nôtres (je vous ai dit que je ne croyais pas à l'idéal intangible du Bien et du Mal ?), car le jour où les principes moraux en vogue ne nous conviendront plus parce que ce ne sont plus les nôtres, au nom de quoi nous battrons-nous pour empêcher la censure ?"
    --
    Je suis relativement en phase avec ça. Peut-être après tout que le respect absolu du texte original, à supposer qu'il y ait un consensus établi sur sa nature, est un garde-fou efficace face à des dérives possibles. Mais j'ai tendance à me méfier de cet argument de la boîte de Pandore, de la litanie des calamités qui ne manqueraient pas de s'abattre selon certains dès qu'on propose la moindre initiative vaguement progressiste. Ma réserve par rapport à la réécriture tiendrait plutôt au fait que, dans une société de surinformation où on est vite submergé de signaux contradictoires et où les multiples outils pour déformer ou falsifier le savoir rendent plus difficile le consensus sur ce qui est admis comme vrai, on n'a peut-être pas intérêt à ajouter encore un peu plus de flou et de perte de repère cognitif sur la nature des écrits d'un auteur et ce qu'on perçoit collectivement comme leur authenticité.

    Mais tout ça n'évacue pas le débat sur les valeurs et le type d'écrits qu'on propose aux enfants, qui auront immanquablement un effet sur le développement de leur personnalité, et quand bien même cet effet est difficile à prévoir (et là il faudrait peut-être aller du côté de la sociologie de la réception pour comprendre ce qu'ils assimilent vraiment de ces contenus). Entre les différents choix possibles - faire lire l'original, une version modifiée, ou autre chose en laissant Dahl tomber dans l'oubli - il n'y en a selon moi aucun de plus moralisateur qu'un autre, juste des valeurs transmises différentes selon l'option choisie.

  • Julow le 04/03/2023 à 00h43
    Youyou, vous connaitriez une bonne biographie de Schubert ? Merci !

  • Moravcik dans les prés le 04/03/2023 à 10h44
    Si t'as du temps, celle de Brigitte Massin. 1400 pages.

  • Pascal Amateur le 04/03/2023 à 10h45
    Comme ça, je ferais confiance à Brigitte Massin, même s'il faut peut-être dénicher l'ouvrage d'occasion. Ce sera un peu froid dans la narration (c'est pas Tubeuf), mais tu auras sans doute les infos plus qu'essentielles.
    EDIT : Voilà, quoi.