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Feuilles de match et feuilles de maîtres

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  • Utaka Souley le 07/10/2022 à 22h15
    Oh ça va. Les deux étaient des lumières.

  • Pascal Amateur le 07/10/2022 à 22h24
    Jeu égal, aime ces deux.

  • Red Tsar le 08/10/2022 à 07h28
    Par curiosité (et surtout parce que j'aime lire des gens raconter leurs passions, c'est communicatif), as-tu le même élan pour L'Empereur d'Occident ou Les Onze que pour les Vies Minuscules ?
    Et au-delà de ces titres et des Vies minuscules, que conseillerais-tu de lire de Michon ?

    De mon côté, j'ai beaucoup aimé les Vies minuscules, mais j'ai trouvé ça parfois étouffant et le livre qui m'a le touché de Michon, c'est L'Empereur d'Occident.

  • John Six-Voeux-Berk le 08/10/2022 à 12h18
    Un bel entretien de Michon (avec l'une des sommités de la critique génétique, P.-M. de Biasi). On y aperçoit la part de bricolage sophistiqué (encyclopédisme et glanage) qui intervient dans son processus d'écriture.
    lien
    On y apprend notamment que La Grande Beune 2 est prête, et qu'un roman avec un héros « écrivain de type Houellebecquo-borgésien » (sic!) est en cours.
    Michon admet sa pratique du glanage, à une échelle industrielle : « il y a plein de trucs intéressants dont je me sers dans les bouquins qui paraissent, dans les séries, dans les films, ceux d'aujourd'hui et les classiques. Pour mon livre en cours, je viens de faucher une citation de Sérotonine de Houellebecq et une réplique d'Orson Welles, au début de La Dame de Shanghai. »

    Pour la rédaction elle-même, il me semble qu'un texte comme « Les Onze » a fait l'objet d'intenses reprises. Disons que Michon n'est pas Stendhal, mais penche plutôt du côté flaubertien de l'obsession.

    Tout ça pour insister sur le « génie » très particulier de ce grand auteur. Pour Ernaux, il faut lire les réflexions de « L'Atelier noir » pour saisir le type de problèmes qu'elle se pose et la manière dont elle les résout patiemment. Tout le contraire de la facilité.

  • Balthazar le 08/10/2022 à 15h45
    Merci John, je lirai ça avec plaisir.

    Red Tsar, avant de te répondre, je citerai deux contributeurs. Non que je sois entièrement d'accord avec eux, mais je trouve leur avis intéressant.

    D'abord ce pourfendeur de romantiques qu'est PlazaAthenee alias ParisHilton :

    « "Abbés" de Pierre Michon.
    Court roman construit comme un triptyque moyenâgeux autour de trois abbés en région du Marais poitevin aux alentours de l'an mille.

    Le coup de foudre. Je suis tombé littérairement amoureux de ce petit livre de 80 pages qui se lit comme se boit un vieux bourbon. Je n'en reviens toujours pas de la puissance d'évocation de cette plume, c'est magique. Certain passage sont si beau que je les relisais juste pour le plaisir des mots. Ca m'a donné envie d'en lire davantage, évidemment, du coup j'ai acheté "L'empereur d'occident". »

    Ensuite Julow alias Kireg :

    « Pour moi, Abbés est le meilleur, parce que l'écriture de Michon, ciselée et très belle, parfois trop précieuse à mon sens, presque nostalgique d'un passé de la langue (comme un Brassens, sur un mode plus lettré) trouve dans Abbé exactement son "sujet". Puis vient, à mon goût, Les Onze, puis La Grande Beune et Vies minuscules, qui sont très beaux aussi, mais moins marquants.

    Je n'ai plus beaucoup de souvenirs de L'Empereur d'Occident, si ce n'est qu'il faisait un peu "trop" Michon, à la limite du maniérisme – souvenir flou. A suivre.

    Michon parle très bien de son écriture, et je recommanderais aussi, si on aime le genre Le roi vient quand il veut : propos sur la littérature (c'est un recueil d'entretiens essentiellement) »


    Je partage l'avis de Julow sur « Le roi vient quand il veut ». Je crois avoir déjà eu l'occasion de le dire, à mon avis il n'y a guère que Borges qui soit aussi intéressant et plaisant à écouter (à lire). (Mais je me rappelle que tu n'es pas un adorateur de Borges... ni de Shakespeare... ni de Michon, donc... et tu aimes Annie Ernaux... J'en reviens à ma vieille hypothèse : tu serais pas un peu maso, Jo ?)

    Pour le reste, je n'ai pas lu tout Michon, mais je place les « Vies minuscules » nettement au-dessus de ses autres récits (ceux que j'ai lus, donc). Malgré le côté étouffant dont tu parles, que je perçois aussi, et qui est peut-être moins sensible dans d'autres livres. (Je veux dire que j'aime les « Vies minuscules » malgré cet aspect, pas à cause de cet aspect.) « Vies minuscules » doit figurer à la fois dans la liste des dix livres que j'admire le plus et dans celle des dix livres qui m'ont donné le plus de joie. Il faudrait que j'y réfléchisse, et puis ça peut un peu changer avec l'humeur, mais à part « À la recherche du temps perdu », « Moby Dick » et « Guerre et Paix », je ne suis pas sûr qu'il y ait d'autres œuvres que je mette dans les deux catégories.

    Maintenant, si je trouve les autres livres de Michon, inférieurs, ça ne m'empêche pas d'avoir beaucoup d'admiration aussi pour « Rimbaud le fils » (que je te conseille chaudement si la figure de Rimbaud t'intéresse), pour « Corps du roi » (mais c'est un recueil de petits textes, tout n'y est pas du même niveau) et pour « L'Empereur d'Occident » (que je n'ai cependant jamais relu). Je suis un peu plus réservé (mais encore admiratif) sur « Abbés », beaucoup plus réservé sur « La Grande Beune »… et je n'ai pas terminé « Les Onze », dont les premières pages doivent être les seules de Michon qui m'aient vraiment déçu.

    Je n'ai pas lu le reste, en tout cas pas intégralement (mais je ne résiste pas à l'envie de citer ce passage de « Maîtres et serviteurs » : « Dans sa jeunesse, ne pas avoir toutes les femmes lui avait paru un intolérable scandale. Qu'on m'entende bien – lui, on ne peut plus l'entendre : il ne s'agissait pas de séduire ; il avait plu, comme tout un chacun, à ces deux, sept, trente ou cent femmes qui à chacun sont imparties, selon sa taille et sa figure, son esprit. Non, ce dont il enrageait, dans la rue, dans les coulisses et les échoppes, à la table de tous ceux qui l'accueillirent, chez les princes et dans les jardins, partout enfin où elles passent, c'était de ne pouvoir arbitrairement décider de disposer d'une, épouse du mécène, fillette ou vieille catin, de l'index la désigner, qu'à ce geste elle vint et tout aussitôt s'offrît, et que la jetant là ou l'emportant ailleurs, tout aussitôt il en jouît. Qu'on m'entende encore : il n'était pas question de les y contraindre, qu'une loi ou quelque autre violence les y contraignît ; non, mais qu'elles le voulussent comme il les voulait, indifféremment et absolument, que ce désir leur ôtât tout discours comme à lui-même il l'ôtait, que d'elles-mêmes enfin elles courussent au fond du bois et muettes, allumées, sans le souffle, s'y disposassent pour qu'il les consommât, sans autre forme de procès. » A-t-on jamais mieux décrit la jeunesse de Raspou ?)

  • Balthazar le 08/10/2022 à 16h08
    Ah oui, et tant que j'y suis, j'ai un très bon souvenir de "Septentrion", Raspou. Je ne sais pas ce que j'en penserais aujourd'hui, mais c'est un livre qui a compté pour moi. "Au commencement était le Sexe" : la première phrase se retient bien.

  • Raspou le 08/10/2022 à 17h37
    Ma jeunesse est plus lointaine qu'elle ne fut folle, sans doute; il ne me semble pourtant pas qu'elle ait comporté tant d'imparfaits du subjonctif.


    Bon, mon idée de jeu:

    Depuis longtemps, j'ai une relation particulière avec le poème "Le voyage", de Baudelaire: lien
    Je suis allé jusqu'à l'apprendre intégralement par coeur; je me le récitais le matin, dans le métro, en allant au bureau, du temps où la ligne 13 bondée était mon quotidien - on a souvent dû m'y voir comme un grand type un peu bizarre qui marmonnait tout seul.

    Il y a certaines strophes que j'aime énormément, à commencer par la première:
    "Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes,
    L'univers est égal à son vaste appétit.
    Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
    Aux yeux du souvenir que le monde est petit !"

    Ou bien:
    "Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote ;
    La fête qu'assaisonne et parfume le sang ;
    Le poison du pouvoir énervant le despote,
    Et le peuple amoureux du fouet abrutissant ;

    Plusieurs religions semblables à la nôtre,
    Toutes escaladant le ciel ; la Sainteté,
    Comme en un lit de plume un délicat se vautre,
    Dans les clous et le crin cherchant la volupté ;"

    Mais pour autant, il y a d'autres passages qui me frustrent, soit qu'ils soient un peu emphatiques, soit qu'ils aient trop de références antiques pour le lecteur moderne, du genre:
    "A l'accent familier nous devinons le spectre ;
    Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous.
    " Pour rafraîchir ton coeur nage vers ton Electre ! "
    Dit celle dont jadis nous baisions les genoux."

    "J'aurais bien vu la même strophe sans Pylade et Electre", me suis-je dit un jour de clairvoyance... Et ça m'a amené à me dire que j'avais envie de réécrire ce poème... mais genre intégralement, en changeant ce qui me plaît moins, en coupant si besoin (il est très long)... Et du coup je me demande si on pourrait en faire, sinon un concours, du moins un jeu: la réécriture de textes qu'on aime. Soit on planche tous sur "Le voyage", mais si on est nombreux ça risque d'être fastidieux d'en lire 25 versions, et puis il y en a sans doute parmi vous à qui ce texte ne parle pas... Soit on choisit 3-4 textes et on se répartit en autant de groupes... On peut même avoir un système de vote avec vainqueurs de groupe et finale sur un nouveau texte. Evidemment, il faut que ce soit des textes un peu longs: pas la peine de proposer de changer trois mots à "Mon rêve familier". L'adaptation pourrait être très proche de l'original ou très éloignée, sans aucune contrainte d'aucune sorte. Le vote se ferait sur un double critère de 1/ le nouveau texte est-il clairement une réécriture du précédent (ne vous pointez pas avec un texte qui n'a rien à voir) et 2/ est-il bien?

    Ca branche certains d'entre vous?

  • Balthazar le 08/10/2022 à 17h59
    Ouais, mais attends deux secondes.

  • Balthazar le 08/10/2022 à 18h00
    [« Ceux qui restent », de Jean Michelin]
    Je remets ci-dessus le commentaire de Pascal, qui me semble quasi parfait et décourage toute velléité de faire aussi bien. (Bon, il y a bien cet assaut sur diptère non consentant à propos de « jaunâtre », mais ça doit être comme pour Milan avec « surchauffé », c'est pour faire ressortir le reste.)

    Mitch m'ayant autrefois lu avec indulgence, je dois avouer que j'ai commencé son livre avec de l'excitation, mais aussi un peu d'appréhension. Comme chacun sait, dans l'édition, le retour d'ascenseur est une règle absolue. Je savais donc déjà que j'allais dire du bien de son roman (comme j'ai dit du bien de la nouvelle de Raspou, « Rouge ») ; la question était de savoir si j'allais pouvoir être sincère. J'ai vite compris que oui. Ouf. Oui, « Ceux qui restent » est un bien beau livre, et sans vouloir vous commander vous devriez tous le commander. Et le lire.

    Pascal a tout dit. On pourrait à la rigueur insister sur le fait que c'est un livre difficile à lâcher, mais c'est évident, donc c'était bien de souligner le reste. L'émotion, bien sûr. Sans que l'auteur en fasse des tonnes, sur un sujet qui s'y prêterait, on lit plusieurs passages avec la gorge nouée. La poésie : comme tes fessées il y a quelques pages, j'ai notamment trouvé marquante la description de la forêt, tant à travers les mots tout simples de Lulu qu'à travers ceux du narrateur. La consistance des personnages, chez qui tout sonne vrai : Marouane, Stéphane, Aurélie et les autres sont doués de vie et de profondeur, ce qui est d'autant plus remarquable que le récit est relativement bref. Les relations, en particulier, telles qu'elles se nouent dans ce monde de l'armée et alentour, sont très bien décrites, ou plutôt montrées (pour autant que je puisse en juger, moi qui suis étranger à ce milieu).

    Je laisse de côté la fin pour le moment, on en parlera peut-être plus tard. Si ma première réaction a été négative (pourquoi, mais pourquoi, mais pourquoi ?), je me suis aperçu depuis que j'y repensais souvent, et qu'elle contribue à ancrer le souvenir de tout le livre, puisqu'elle oblige à en reconsidérer plusieurs points.

    « Malheur au livre qu'on peut lire sans s'interroger tout le temps sur l'auteur », dit quelque part Cioran. « Ceux qui restent » échappe à cette malédiction ; et je crois que cela vaudra pour ceux qui ne connaissent pas du tout Mitch, pas même par l'intermédiaire d'un forum. Pour ma part, en tout cas, j'ai beaucoup pensé à l'auteur en lisant son livre, j'ai interrogé plus d'une fois son air mélancolico-goguenard sur la photo de la quatrième de couverture* ; et je finirai par cet aveu non-littéraire (qui certes éloignera les céliniens et raspoutiens forcenés : tous ceux qui se persuadent qu'un surcroît de talent est dévolu aux salopards) : je me suis dit que ça devait vraiment être – en plus – un gars bien.

    * Ah oui, à ce sujet, il faut quand même que je te le dise, Mitch. Un jour où ton livre était posé sur la table du salon, ma compagne me dit : « Regarde la photo à l'envers, il ne te fait penser à personne ? » Je retourne le livre, je te vois donc à l'envers, et un nom me vient tout de suite. Ma compagne : « C'est incroyable, non ? Les filles m'ont dit la même chose ! et pourtant, à l'endroit il ne lui ressemble pas du tout. »
    Eh, si c'est pas un bon jeu pour ton Twitter, ça ! À qui ressemble Jean Michelin – mais seulement à l'envers ?

    PS pour Mitch : « empathie brutale avec le monde ordinaire », mais c'est le fond même des « Vies minuscules » !

    PS pour les autres : un entretien très intéressant : lien

  • Pascal Amateur le 08/10/2022 à 19h27
    Bon, il est facile ce rébus, mais j'aime bien :
    lien